Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/06/2018

une citation "incontournable" de CAMUS dans "le Malentendu"

 

«  Voici maintenant ma vieille angoisse, là, au creux de mon corps, comme une mauvaise blessure que chaque mouvement irrite. Je connais son nom. Elle est peur de la solitude éternelle, crainte qu’il n’y ait pas de réponse. »

 

malheureux ceux que cette citation ne visite pas au moins uns fois par jour...

 

23/06/2018

le temps de la vraie vie - profondeur du monde

Couplet du Trottoir D'été

Couchons-nous sur le pavé,

Par le soleil chauffé, par le soleil lavé,

Dans la bonne odeur de poussière

De la journée achevée,

Avant la nuit levée,

Avant la première lumière

Et nous guetterons dans le ruisseau

Les reflets des nuages en assaut.

Le coup de sang de l'horizon

Et la première étoile au-dessus des maisons.

 

par Robert Desnos

20/06/2018

voix fraternelles, pauvres voix humaines ...

Ce texte de René Grousset, humble note en bas de page, qui vient d'un livre ("Bilan de l'Histoire") qu'il a écrit, peut-être son dernier, en 1946; je n'existais pas encore alors, pas même à l'état de foetus; livre que j'ai moi-même acheté en 1978, du temps où je logeais dans une chambre d'hotel, et où tout mon équipement tenait dans une valise.

Ce texte, je ne l'ai jamais oublié, et je voudrais le faire inscrire sur ma tombe.
le voici:


Rappelons seulement l'émouvant ex-voto relevé par Chavannes sur une des stèles T'ang:
«Moi, serviteur du Bouddha, me voici abandonné seul, ayant perdu tous les miens. Devant un arbre agité par le vent, longuement je pense à eux et je questionne le ciel sans obtenir de réponse. Je voudrais me confier aŭ génies pour qu'ils m'arrachent de ce chemin solitaire. Alors je donne mes biens pour faire avec respect ces images du Bouddha. J'espère que par elles la paix se répandra sur les vivants et sur les morts. »
Est-il rien de plus près de nous que ces humbles voix qui, par-delà les siècles et les tombes, nous confient ainsi leur angoisse et leur invincible espérance? Voix en prière des profondeurs du passé, voix fraternelles, pauvres voix humaines...

 

11/06/2018

la femme des sables de Kobo Abé

les aides-soignantes et personnel de service du « home pour personnes agées » (mouroir) de Saméon, et les pensionnaires qui y étaient, vivent tout à fait comme les personnages de « La femme des sables » de Kobo Abé.

15/05/2018

un des plus beaux poèmes de la langue anglaise !

 Four Feet Kipling.jpg

Rudyard Kipling :

I have done mostly what most men do,
And pushed it out of my mind;
But I can't forget, if I wanted to,
Four-Feet trotting behind.

Day after day, the whole day through --
Wherever my road inclined --
Four-feet said, "I am coming with you!"
And trotted along behind.

Now I must go by some other round, --
Which I shall never find --
Somewhere that does not carry the sound
Of Four-Feet trotting behind.

30/03/2018

la morale de Don Quichotte

Tout le monde connait Don Quichotte, mais qui a lu le livre ? je veux dire, en entier ?
En Espagne presque tout le monde a le livre chez soi, mais presque personne ne l'a lu, sauf sous forme de morceaux choisis pour les enfants ! Et en France pareil ! à part l'histoire des moulins à vents qui connaît ce qu'il y a dans les 800 pages (800 pages ça fait, Don Quichotte !) du livre? hein?!
Moi j'ai eu la chance de recevoir (gratis en plus !) le texte complet traduit en Espéranto par Fernando De Diego. (et je l'ai lu ! toutes les 800 pages)
Mais je me contenterai ici de citer le passage peut-être le plus important du livre: c'est quand Don Quichotte libère toute une troupe de brigands, qu'il rencontre enchaînés et conduits aux galères. Bien sûr tout le monde le critique et se moque de lui, ce sont des criminels et non d'innocentes victimes qu'il a libéré là. Mais Don Quichotte répond alors par ces mots, d'une telle noblesse, qu'on ne peut s'empêcher de penser que secrètement l'auteur admire son héros:

 

 "Cela ne concerne pas les chevaliers errants et ne fait pas partie de leur devoirs de déterminer si les hommes affligés, prisonniers et enchaînés qu'ils rencontrent sur leur chemin, se trouvent en tel état à cause de leurs crimes ou bien par l'adversité du sort; leur seule tâche consiste en ceci: les aider, considérant non pas leurs méfaits, mais bien leur souffrance. J'ai rencontré un véritable rosaire d'hommes mornes et misérables et me suis conduit envers eux, comme ma religion me le prescrit. Le reste n'a aucune importance. "

(Don Quijote 1-ére partie ch. 30 )


N'est-il pas en fait un héros moral ? à la manière d'Antigone,  avec l'autonomie personnelle et le courage de mettre ses principes en pratique que met en relief Michel Terestchenko dans son livre "Un si fragile vernis d'humanité", et aussi selon les principes de Zygmunt Bauman,  qui a montré que mettre la source de la morale dans la société,  et l'"éducation" qu'elle dispense, est une erreur (une erreur qui qui peut être tout à fait dramatique et criminelle, voyez l'Allemagne de 1933-45...) et que la vraie source se trouve, "quoi qu'on die", dans la conscience interne individuelle. C'est ce qu'avait découvert aussi Curzio Malaparte dans ses relations avec son chien Febo.

25/02/2018

Vous connaissez Jean Tardieu ?

si vous ne connaissez pas je vous conseille vivement de réparer cette lacune, et même d'acheter de lui "Monsieur Monsieur" .

mais je ne parlerai pas de lui, cherchez et lisez ses oeuvres.

Cet aparté c''est uniquement pour introduire un petit poème que j'ai écrit  :

 

POÈME PAS VRAIMENT À LA MANIÈRE DE JEAN TARDIEU

 

Après avoir parlé à mon chat à la manière de Jean Tardieu :

Pardon ! - après avoir bavé à ton rat à la tanière de banc de prie-Dieu

-  mais tu ne sais pas ce que c’est que la tort. A foin que… Est-ce que Poupounette savait ce que c’est que la tort quand… enfin avant …. Et Eliott quand il – Non, c’est indécent de parler de ça comme ça ! –

et Eliott quand il aboyait de peur et de douleur avant de devenir une charogne puante ?

 

 

 

13/4/2004

 

10/12/2017

La Douane de Mer

« - Le monde est une farce triste et une obscure splendeur que nous appelons realité. Les hommes l'habitent et n'y comprennent rien. Tu n'est pas le premier, ni le dernier, à t'interroger sur son histoire, ses mystères et son sens. La pensée sort du monde, et l'englobe. Le monde fait la pensée, la pensée fait le monde. Il n'y aurait pas de pensée s'il n'y avait pas eu de la matière, un soleil, des océans, des algues, des primates et des hommes. Y aurait-il un monde s'il n'y avait pas la pensée ?

(Jean d'Ormesson – 1993, La Douane de Mer)

05/11/2017

Et je vais suivre ceux qui m’aimaient

Lorsqu’un vivant nous quitte, ému, je le contemple;
Car entrer dans la mort, c’est entrer dans le temple
Et quand un homme meurt, je vois distinctement
Dans son ascension mon propre avènement.
Ami, je sens du sort la sombre plénitude;
J’ai commencé la mort par de la solitude,
Je vois mon profond soir vaguement s’étoiler;
Voici l’heure où je vais, aussi moi, m’en aller.
Mon fil trop long frissonne et touche presque au glaive;
Le vent qui t’emporta doucement me soulève,
Et je vais suivre ceux qui m’aimaient, moi, banni.
Leur oeil fixe m’attire au fond de l’infini.
J’y cours. Ne fermez pas la porte funéraire.

02/11/2017

la nuit des néants infinis

connaissez-vous Auguste Angellier ?

il fut un maintenant obscur universitaire nordiste, il a sa rue à Lille.
(rue où se trouvait cette Université Lille III où l'on pouvait, la France était alors un pays civilisé, entrer et se déplacer comme dans un moulin et que j'ai tant connue en automne 1973 .......)

Il écrivit des poèmes.

Il est mort en 1911

pour toujours

 

un poème qu'il a écrit :

Ainsi nous resterons séparés dans la vie,
Et nos cœurs et nos corps s'appelleront en vain
Sans se joindre jamais en un instant divin
D'humaine passion d'elle-même assouvie.

Puis, quand nous gagnera le suprême sommeil,
Ils t'enseveliront loin de mon cimetière ;
Nous serons exilés l'un de l'autre en la terre,
Après l'avoir été sous l'éclatant soleil ;

Des marbres différents porteront sur leur lame
Nos noms, nos tristes noms, à jamais désunis,
Et le puissant amour qui brûle dans notre âme,

Sans avoir allumé d'autre vie à sa flamme,
Et laissant moins de lui que le moindre des nids,
Tombera dans la nuit des néants infinis.