03/12/2016
Un de mes poèmes en prose
Je crois que je vais commencer de mettre ici mes poèmes. Pour commencer, un poème en prose, paru en 2005 dans l'anthologie de l'association "Flammes Vives".
mais avant voici un poème de l'incomprable Edgar Lee Masters
Webster Ford
Rappelle-toi, Apollon de Delphes
la rivière à l’heure du crépuscule où Mickey M’Grew
hurla :" IL Y A UN FANTÔME !
et moi "L'APOLLON DE DELPHES !"
Rappelle-toi, ô mémoire de l’air,
je ne suis plus rien qu’un petit tas de poussières
ma forme physique
mais je suis l’auteur de ce livre.
Quel est le poids d’un corps / face à un livre de voix mêlées ?
Un corps ne pèse rien / face à un tel livre de voix.
Seul le fantôme écrit
TU le sais
parce qu’écrire est cela : revenir
rappeler au jour
ce qui, de la nuit, est au plus noir.
Seul le fantôme écrit
SEUL LE FANTÔME ECRIT
Images
Une vieille lessiveuse avec une chatte qui a fait ses petits dedans
Une bulle de savon
Un reflet de lune sur l’eau
Un curé qui, dans les années 70, parle encore de vie éternelle dans un sermon, pendant le carême
Une enfant qu’on envoie devant un psychiatre parce qu’elle dit qu’elle veut entrer au Carmel
18/11/2016
un très grand poète états-unien : Edgar Lee Masters
un très grand poète étatsunien : Edgar Lee Masters
parmi les poèmes qu'il a regroupé sous le titre "Spoon River Anthology" et qui sont les épitaphes imaginaires d'être humains d'une ville imaginaire, Spoon River, en voici un, qui est un vrai chef d'oeuvre de la poésie de tous les temps.
Benjamin Pantier
Ensemble dans ce trou gisent Benjamin Pantier, procureur,
et Nig, son chien, compagnon fidèle, consolation, ami.
Sur la route grise, les amis, les enfants, les hommes les femmes,
sortirent l’un après l’autre de ma vie, me laissèrent toujours seul
avec Nig comme partenaire, jusque dans le lit, jusque dans l’alcool.
Au matin de la vie, je connus les aspirations et vis la gloire.
Puis elle, qui m’a survécu, piégea mon âme
au collet, qui me saigna à mort,
au point que moi, qui avais une volonté de fer, je demeurais brisé, indifférent,
aux côté de Nig dans l’arrière salle d’un bureau minable.
Sous l’os de ma mâchoire se presse affectueusement l’os du museau de Nig
notre histoire se perd dans le silence. Tu peux bien continuer de tourner, monde débile !
08/11/2016
peut-être la meilleure définition de ce qu'est un "grand" film
Andreï Kontchalovski, cinéaste russe, vient de donner ce qui est peut-être la meilleure définition de ce qu'est un film, un "bon" film :
« Je ne voulais rien démontrer, juste fixer des visions en étant le plus libre possible. Sachant que la liberté n’est qu’un fantôme, une chimère… »
03/11/2016
Jules Laforgue encore
Triste, triste
Je contemple mon feu. J'étouffe un bâillement.
Le vent pleure. La pluie à ma vitre ruisselle.
Un piano voisin joue une ritournelle.
Comme la vie est triste et coule lentement.
Je songe à notre Terre, atome d'un moment,
Dans l'infini criblé d'étoiles éternelles,
Au peu qu'ont déchiffré nos débiles prunelles,
Au Tout qui nous est clos inexorablement.
Et notre sort ! toujours la même comédie,
Des vices, des chagrins, le spleen, la maladie,
Puis nous allons fleurir les beaux pissenlits d'or.
L'Univers nous reprend, rien de nous ne subsiste,
Cependant qu'ici-bas tout continue encor.
Comme nous sommes seuls ! Comme la vie est triste !
Jules Laforgue
01/11/2016
toutes les beautés du monde
Il y avait autrefois en Inde une coutume de marier es gens, surtout les filles, alors qu’elles sont encore enfants. Souvent un homme adulte prenait chez lui sa future femme encore enfant. Moeurs maintenant stigmatisées. Mais un peu d’ouverture intellectuelle et existentialiste fait toujours du bien. Donc admettons et mettons-nous dans ce contexte vécu. Le grand poète bengali Tagore se sert de cette situation pour en faire la parabole de Dieu, futur « Epoux » de l’âme humaine (c’est pareil dans l’Evangile, relisez), aussi il compare les jouets que le mari offre à sa future épouse encore enfant aux beautés du monde par lesquelles Dieu égaie et élève l’âme des hommes :
LXII
Quand je t’apporte des jouets coloriés, mon enfant, je comprends pourquoi ce chatoiement de l’eau, de la nue, et pourquoi toutes les fleurs sont peintes — quand je te donne des jouets coloriés, mon enfant.
Quand, pour que tu danses, je chante, je sais vraiment pourquoi cette musique dans les ramures, pourquoi le chœur des vagues pénètre jusqu’au sein de la terre attentive — quand je chante pour que tu danses.
Quand je tends de doux objets vers tes mains avides, je sais pourquoi du miel dans le calice de la fleur, pourquoi ce suc exquis dont se gonfle en secret le fruit — quand je tends de doux objets vers tes mains avides.
Quand j’embrasse ta face pour te faire sourire, mon enfançon chéri, je comprends avec certitude quel est ce plaisir qui ruisselle du ciel dans le matin lucide, et quel délice c’est que la brise d’été offre à mon corps — quand je t’embrasse pour te faire sourire.
27/07/2016
eh oui surtout en été ne pas oublier que seul le NIHILISME le plus absolu et le plus désespéré est dans le vrai .....
Soleil, soleil !...Faute éclatante !
Toi qui masques la mort, Soleil,
Sous l'azur et l'or d'une tente
Où les fleurs tiennent leur conseil ;
Par d'impénétrables délices,
Toi, le plus fier de mes complices,
Et de mes pièges le plus haut,
Tu gardes les cours de connaître
Que l'univers n'est qu'un défaut
Dans la pureté du Non-être !
Soleil, qui suscites l’éveil
A l’être, et de feux l’acompagnes,
Toi qui l’enferme d’un sommeil
Trompeusement peint de campagnes,
Fauteur des fantômes joyeux
Qui rendent sujette des yeux
La présence obscure de l’âme,
Toujours le mensonge m’a plu
Que tu répands sur l’absolu,
O roi des ombres fait de flamme !
Paul Valéry, tiré de L'ébauche d'un serpent (1921)
11/06/2016
peut-être le plus beau poème de Wislawa Szymborska - le plus déchirant
Kato en malplena loĝejo
Morti - tion oni ne faras al kato.
Ĉar kion farus kato
en malplena loĝejo ?
Ĝi surgrimpus vandojn,
frotus sin al la mebloj.
Nenio ŝajnas ja ŝanĝiĝinta,
kaj tamen ĉio ŝanĝiĝis
Kvazaŭ ne ŝovita,
sed tamen aliloka.
Kaj en vesperoj lampo jam ne lumas.
Aŭdeblas paŝoj sur ŝtuparo,
sed ne tiuj.
Ankaŭ la mano, kiu metas fiŝon sur la telereton,
ne estas tiu de la iama metinto.
Io ĉi tie ne komenciĝas
en la kutima tempo.
Io ĉi tie ne okazas
kiel devas.
Iu ĉi tie estis kaj estis
kaj poste subite malaperis
kaj obstine forestas.
Ĉiuj ŝrankoj estas jam enrigarditaj.
La bretoj trakuritaj.
Per enpuŝiĝo okazis kontrolo sub-tapiŝa.
Eĉ estis rompita la malpermeso
disŝuti paperpecojn.
Kion pli multe oni ja povus fari.
Dormi kaj atendi.
Se li nur revenus,
se nur li aperus
Tiam li ekscios
ke tiel agi kun kato ne decas.
Tiam eblos aliri al li,
sed kvazaŭ tute pretervole,
malrapide,
sur tre ofenditaj piedetoj.
Kaj sen iaj saltoj aŭ pepoj komence.
Wislawa Szymborska
Publié dans Littérature - une outre de sang et de fade infini, mort | Lien permanent | Commentaires (0) |
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25/05/2016
original et très joli et très juste mignon petit poème
MI (KIAM EN LA KUNIKLEJO)
c'est le titre !
Mi (kiam en la kuniklejo de via sako
vi furioze fosas pro bileto, kiu
tre verŝajne jam eskapis)
amas vin.
(Kien, cetere, vi metis
mian koron?)
(Victor Sadler)

16/12/2015
un des poèmes que j'ai écrit
POEME EN PROSE N° 18
C’est un monde vrai, un monde sans bruit de voiture. Il fait chaud et moite. Le vent se lève, et l’air sent l’orage, mais on se sent bien. La terre, qui nous porte, semble se soulever comme une poitrine de chat qui dort. Au loin les collines dansent, et les cyprès, et dans l’ombre les pivoines. Puisses-tu vivre éternellement. On a vu que ce qui est arrivé était des maximes qui étaient dans leurs livres, ces sages ont dit le futur. Le vent soulève des tourbillons de poussière et le rossignol chantera jusqu’à l’aube sous le ciel tout gorgé d’étoiles, tandis que les personnages suivront la trace phosphorescente des escargots et feront l’amour avec passion, unissant leurs chairs ensembles, et leurs désirs, et leurs âmes, réunies par eux. Puisses-tu vivre éternellement !
15/12/2015
al mia filineto
Al mia filineto
Vi ja forpasis
kaj mi kun peno trapasis
la barieron de l'tempo.
Mi triste ploras,
ĉar via korpo...
sub blanka ŝtono
ripozas.
Aŭdas mi kiel la morto furoras,
kaj ekde nun mi tre solas
kaj sur la grunda tombejo
kie regas nur mistero
mi vin memoras
kaj per senlimaj larmetoj
mi malsekigas la teron
kie burĝonoj ekfloras.
Arquillos 24-10-14

