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"Mais celui qui fait la guerre, n'aime pas forcèment la guerre. Dans le secret de son coeur, il est cet innocent aux abois qui voudrait oublier... Oublier cette injustice, cette malédiction...
Ce n'est pas par hasard que ce dernier mot revient plusieurs fois sous ma plume. C'est aussi le titre d'une nouvelle de Tennessee Williams, nouvelle que je considère comme un chef-d'oeuvre et qui exprime à la perfection les raisons de mes affinités avec les chats.
Un jeune ouvrier, Lucio, arrive dans une ville du nord des Etats-Unis et il y rencontre celle qui va devenir sa compagne : la chatte Nitchevo. " ... Ellle fut la première créature vivante qui sembla répondre à ses regards interrogateurs. Elle était couchée en haut d'un escalier et elle regarda Lucio cordialement, et vraiment comme si elle l'avait reconnu. C'est tout juste s'il ne l'entendit pas prononcer son nom : "Ho! c'est vous Lucio, semblait-elle dire, il y a très, très longtemps que je suis là à vous attendre..." Entre sa chatte et lui, le jeune homme sent qu'il y a un contrat qui durera la vie entière. Mais bientôt, Lucio est congédié, il tombe malade; et, lorsqu'il revient de l'hôpital et retourne à sa pension sordide, il apprend que Nitchevo a été chassée par la tenancière. Sombre, perdu, incapable de penser à rien, il sort de la maison ennemie. Le temps qu'il a passé sur cette terre lui semble un mauvais pélérinage de la chair. Les jeux sont faits... "Alors, il lui arriva soudain, et pour la dernière fois dans sa vie, d'accomplir un acte généreux et pitoyable : un acte divin." A l'entrée d'un ruelle, il aperçoit la silhouette boitillante et légèrement tordue de son amie perdue. Il se baisse, prend Nitchevo dans ses bras et constate qu'elle a une patte écrasée. Le ronronnnement qu'elle veut faire pour le saluer est un bruit imperceptible.
"Lucio savait que la chatte ne vivrait plus lontemps. Elle le savait aussi... Ses yeux se remplissaient de tous les secrets et tristesses qui sont les seules réponses aux questions incessantes du monde. La solitude surtout, la faim, l'inquiétude, la douleur. Il y avait tout cela dans ses yeux. Ils n'en pouvaient plus. Ils voulaient se fermer sur le monde, ne plus rien voir..."
Alors, Lucio porte la chatte le long de la petite rue pavée, vers la rivière. Au bord de l'eau, il lui parle : "Bientôt, murmure-t-il. Bientôt, bientôt, très bientôt." "Elle ne se débattit qu'un court instant; dans un moment de doute, elle lui griffa l'épaule et le bras. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Puis l'extase passa, et elle retrouva la foi. Ils disparurent l'un et l'autre dans la rivière, loin de la ville, comme la fumée que le vent emporte loin des cheminées."
C'était la liste de 1922 qui répertoriait les "personnes socialement inaptes » et stérilisables"
« Est socialement inapte toute personne qui, par son propre effort, est incapable de façon chronique, par comparaison avec les personnes normales, de demeurer un membre utile de la société. (.) Les classes sociales d' inaptes sont les suivantes : 1) les débiles mentaux ; 2) les fous ; 3) les criminels (y compris les délinquants et dévoyés) ; 4) les épileptiques ; 5) les ivrognes ; 6) les malades (tuberculeux, syphilitiques, lépreux, et autres atteints de maladies chroniques.) ; 7) les aveugles ; 8) les sourds ; 9) les difformes ; 10) les individus à charge (y compris les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents). » (Rapport du laboratoire psychopathique du Tribunal municipal de Chicago, 1922, cité par A. Pichot in La société pure, p. 215)
Appliquer la « sélection » au troupeau humain
Avant même l'arrivée d'Hitler au pouvoir, dans nombre de pays occidentaux, les sourds de naissance constituaient déjà une des cibles privilégiées de l' eugénisme (eugenics en anglais), la « science » des « bonnes naissances » (du grec eugénès, bien né). Inventée en 1883 par Francis Galton, cousin et ami de Darwin, l'eugénisme se voulait l'application scientifique du darwinisme et de la génétique à la société humaine. Traditionnellement, on distingue deux formes d'eugénisme ; un eugénisme négatif visant à entraver la prolifération des « inaptes » (les déficients mentaux, physiologiques, etc.), et un eugénisme positif visant à favoriser la reproduction des plus « aptes » (les génétiquement conformes). Mais dans les deux cas, il s'agit en fait d'un seul et même projet de « biologie politique » : améliorer le troupeau humain en le soumettant à une sélection artificielle, basée sur des critères « scientifiques » (la qualité des gènes). L'eugénisme, c'est le projet absurde, mais rationnel, d'une « biologie » appliquée à la résolution des problèmes sociaux et politiques. Interprétés comme des symptômes d'une dégénérescence raciale, la pauvreté, le crime, les maladies, la déviance, doivent faire l'objet d'un traitement médical approprié.
Les premières législations eugénistes apparaissent aux Etats-Unis dès 1907 (Indiana) et en Europe à partir de 1928 (Suisse et Danemark), donc bien avant les premières lois nazies (1933). Ces législations donnent lieu à un véritable activisme « médical » : internements, stérilisations, castrations, avortements forcés, et. premières « euthanasies ». André Pichot, philosophe et historien des sciences, le démontre avec une grande clarté dans son dernier livre : « Hitler n'a strictement rien inventé, il a mis en ouvre, jusqu'à leur aboutissement logique, des processus qui avaient été imaginés par d'autres que lui, bien avant lui. Et il les a étendu aux juifs pour qui ils n'avaient pas été initialement conçus » (La société pure « De Darwin à Hitler », éd. Champ Flammarion, 2000).
Explorer l'histoire des sourds sous le troisième Reich, c'est donc forcément s'interroger sur la place qu'ils occupent dans le programme d'hygiène raciale nazi. Témoins sourds, témoins silencieux constitue une véritable enquête historique. Un montage serré, très dense, combinant interventions de spécialistes, utilisation de documents d'archives et témoignages de sourds, permet de resituer la persécution des sourds par les nazis dans un cadre plus général : la mise en ouvre progressive, de 1933 à 1945, d'un plan d' extermination des « génétiquement inaptes » ; les malades mentaux, les handicapés, les homosexuels, les « dégénérés ». A partir d'un sujet en apparence très étroit, l'extermination des sourds, Stéphane Gatti et Brigitte Lemaine réussissent à interroger ce qui dans la biopolitique nazie ne relève pas de l'antisémitisme mais d'une autre idéologie meurtrière : l' eugénisme, idéologie partagée alors par l'ensemble des pays occidentaux (nous y reviendrons plus loin). On ne peut comprendre le caractère inédit et radical de l'antisémitisme nazi sans le rapporter à la logique eugéniste qui le traverse de part en part, et en fait un phénomène hybride, quelque chose entre la haine millénaire du Juif et le « génétisme » moderne (la discrimination des « génétiquement inaptes »).
La rationalité du « mal »
Le Kampf d'Hitler, c'est d'abord un combat pour la « santé » de la race aryenne, une lutte qui se situe, et c'est là sa nouveauté radicale, sur le plan biologique (« Mein Kampf », Mon combat, manifeste d'Hitler). Le pouvoir nazi s'exprime dans une langue médicale. L'existence de « tribunaux de santé héréditaire » (1700) où siégeaient des médecins, de « certificats de stérilisation », d'une « police de l'hygiène », d'« instituts d' uthanasie », tout cela témoigne de l'emprise exercée par la médecine sur l' appareil d'Etat nazi.
(ça vous rappelle pas l'époque actuelle ?...
Si le Troisième Reich n'était pas un Etat de droit, cela ne veut pas dire pour autant qu'il fonctionnait en dehors de toute légalité. Bien au contraire, c'était une sorte d'Etat médico-légal où tout, y compris les pires atrocités, était soumis à des procédures minutieuses, à des formulaires détaillés, à un méticuleux contrôle juridique, administratif et médical. Il n'y a pas d'Etat totalitaire sans le soutien d'une bureaucratie moderne et efficace, d'une police bien organisée, d'un système d'identification des citoyens fiable, de bases de données médicales, sociales, politiques (indispensables pour le recensement des Juifs, des communistes, des « anormaux ») régulièrement alimentées, de techniques de répression bien rôdées (camps d'internement, placement d'office en hôpital psychiatrique, bagne). « Les fascismes a utilisé et étendu les mécanismes déjà présents dans la plupart des autres sociétés. Malgrétoujours leur folie interne, ils ont, dans une large mesure, utilisé les idées et les procédés de notre rationalité politique », explique Foucault dans un de ses entretiens (« Le sujet et le pouvoir », in Dits et écrits IV). La « banalité du mal » dont parle Hannah Arendt (cf. Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal, éd. Folio) s'inscrit donc dans une rationalité politique que le nazisme pousse à son paroxysme. Il y a une pathologie propre à nos sociétés technologiques avancées, une sorte de « surproduction de pouvoir que le stalinisme et le fascisme ont sans doute manifestée à l'état nu et monstrueux » (Conférence de Foucault : « La philosophie analytique du pouvoir », Dits et écrits III).
Le Troisième Reich n'a pas détruit les structures juridiques et administratives qui lui préexistaient, il les a juste reconverties à son profit en y injectant sa « biologie raciale ». Jean-Pierre Baud, historien du Droit, caractérise le régime nazi par la mise en place d'un « système parfait de légalité scientifique » où « les juristes étaient conviés à faire fonctionner, en tant que juges (un juriste contre deux médecins) et avocats, des « tribunaux de santé » chargés de prononcer des « condamnations-diagnostics » pour les cas relevant de la stérilisation » (« genèse institutionnelle du génocide » in La Science sous le Troisième Reich). La médecine - sa norme (le partage du normal et du pathologique), son langage, ses experts - était indispensable au bon fonctionnement et à la légitimation de la machine à tuer nazie. Tout était très légal et très sanitaire ! Stérilisations, avortements forcés, gazages, crémations étaient des « procédures » soumises en permanence au contrôle médical.
Calquée sur le modèle de la loi eugéniste californienne de 1909, la première loi nazie traduit bien l'importance de la médecine dans le système politique et idéologique nazi. C'est une véritable ordonnance médicale : « Loi sur la prévention des descendances atteintes de maladies héréditaires ». Elle fut votée le 14 juillet 1933 et mise en application le 1er janvier 1934. En voici le premier article (à rapprocher de la liste des personnes stérilisables établie par le tribunal de Chicago en 1922 : lire encadré ci-contre).
« Toute personne, atteinte d'une maladie héréditaire, peut être stérilisée au moyen d'une opération chirurgicale si, d'après les expériences de la science médicale, il y a lieu de croire que les descendants de cette personne seront frappés de maux héréditaires graves, mentaux ou corporels.
Est considérée comme atteinte d'une maladie héréditaire grave toute personne qui souffre des maladies suivantes :
Débilité mentale congénitale ; schizophrénie ; folie circulaire ; épilepsie héréditaire ; danse de Saint-Guy héréditaire ; cécité héréditaire ; surdité héréditaire ; malformations corporelles graves et héréditaires. Peut être aussi stérilisée toute personne sujette à des crises graves d'alcoolisme ».
La stérilisation, un principe d'hygiène raciale
A la lecture de cette loi, on pourrait croire que la stérilisation se réduit à un banal acte thérapeutique. Dans Témoins sourds, témoins silencieux, Horst Biesold, un spécialiste de l'histoire des sourds, rappelle que « toutes les victimes de stérilisation sont passées par la mort psychique ». Stériliser, c'est un euphémisme médical qui recouvre un acte criminel, c'est une castration sophistiquée, une éviscération soft ! Elle aura beau être réalisée sous anesthésie, avec des instruments aseptisés, par des hommes portant des blouses blanches et des gants de latex, une mutilation restera toujours une mutilation. La violence chirurgicale de la stérilisation compromet de manière irréversible l'intégrité physique d'une personne. Les séquelles psychologiques et organiques sont considérables. Pour les hommes, les médecins SS procédaient à une vasectomie (ligature des canaux déférents), pour les femmes, ils amputaient l'intégralité de l'utérus. Ces opérations chirurgicales, qui entraînaient parfois la mort, étaient réalisées aussi sur des enfants. Dans le documentaire, une sourde explique comment elle a été contrainte avec son frère et sa sour, alors qu'ils n' étaient encore que des enfants (entre 8 et 12 ans), à être stérilisés. Dans les instituts pour sourds, des professeurs livraient aux hôpitaux des classes entières à stériliser. A chaque fois que Horst Biesold se rendait pour faire des recherches dans ces instituts, comme par magie, leurs archives disparaissaient.
La difficulté qu'on a à reconstituer l'histoire des sourds sous Hitler n'est donc pas liée au seul défaut de parole de ces derniers. Il y a aussi le silence délibéré d'institutions qui ont souvent fait disparaître tout ce qui pouvait les compromettre, tout ce qui pouvait révéler leur implication dans la persécution de ceux qu'elles étaient sensées protéger. Si on sait qu'un tiers des adultes sourds ont été stérilisés sous les nazis, on ne dispose pas d'estimations fiables pour les enfants. Pour l'ensemble des personnes dites malades mentales, handicapés, déviantes etc., c'est plus de 400 000 stérilisations qui ont été opérées. Il faut savoir que dans les hôpitaux(assainissement des lieux, pasteurisation des produits, stérilisation des objets) psychiatriques, des sourds étaient souvent internés du seul fait qu'ils étaient muets (ce n'est pas propre à l'Allemagne) ; ils étaient jugés « idiots » (en anglais Dumb signifie à la fois muet et stupide). Le terme de malade mental avait une acception très large, ce qui fausse les estimations aussi bien pour les sourds que pour les dits « malades mentaux ».
En tant que concept et pratique hygiénique par excellence, la stérilisation joue un rôle clé dans l'eugénisme nazi : la Rassenhygiene (hygiène raciale). Stériliser cela peut signifier deux chose : 1) Supprimer la capacité de procréer, rendre infécond. 2) Aseptiser, désinfecter, purifier par la destruction des toxines et microbes. L'eugénisme opère la synthèse parfaite de ces deux significations. Comment ? Par le renversement du principe même de l'hygiène moderne. Fondée sur la micro-biologie de Pasteur, celle-ci vise à prévenir les maladies par l'action sur le milieu de vie (assainissement des lieux, pasteurisation des produits, stérilisation des objets). Avec l' eugénisme, ce n'est plus le milieu (extérieur) dans lequel évolue l' organisme qu'il s'agit d'assainir, de purifier, mais l'organisme lui-même (l 'intérieur) et au-delà de lui-même la race, l'hérédité, le sang qui coule à travers tous les organismes individuels d'un même Volk (Peuple). Pour un médecin nazi, stériliser c'est certes détruire la capacité de reproduction d 'une personne jugée « génétiquement inférieure », mais c'est surtout prévenir une descendance « dégénérée », et donc stopper une infection qui menace la pureté du sang aryen. L'eugénisme, ce magma de théories délirantes (essentiellement anglo-saxones) sur l'hérédité génétique, permet de donner bonne conscience au médecin : « Je ne stérilise pas un individu, se dit-il, je soigne le peuple allemand ! ».
Tuer pour soigner
Faire de l'hygiène raciale un programme politique, c'est faire de la santé du Volk (peuple) l'objectif ultime du gouvernement des hommes (hygiène vient du grec hugieinon, santé). L'ennemi du peuple allemand n'est donc ni un ennemi politique, ni même un peuple mais la « maladie ». Dans l'idéologie nazie, le Juif c'est la figure, le phantasme, l'incarnation du mal biologique. La lutte ne peut donc être qu'une lutte à mort, celle d'un organisme sain contre les virus et infections qui le menacent. Il y a un rapport nécessaire entre hygiène raciale et extermination, santé des Aryens et « euthanasie » des « dégénérés » : on ne négocie pas avec une tumeur, on l'élimine. La logique purificatrice du programme nazi de stérilisation contient déjà en germe le génocide. En effet, dans l'extermination il s'agit toujours d'empêcher la reproduction des « sous-hommes », mais cette fois-ci en retranchant la vie elle-même et non plus seulement la faculté de se reproduire. « Dans l'esprit des nazis, le génocide des Juifs et des Tziganes était indissociable de la stérilisation et de l'« euthanasie » des « dégénérés » ; il s'inscrivait dans un ensemble de mesures sanitaires destinées à préserver la race » (« Genèse institutionnelle du génocide », J-P. Baud in La science sous le troisième Reich, éd. Seuil). L'hygiène raciale nazie va plus loin que l'eugénisme classique, elle ne se contente pas d'inverser le principe de l'hygiène en l'appliquant à l'hérédité, elle renverse le principe même de la médecine. Désormais, il faudra tuer pour soigner, tuer pour vivre. Dans le documentaire de Brigitte Lemaine, Yves Ternon (spécialiste de la médecine nazie) l'explique clairement : « L' inversion morale des médecins nazis et surtout des médecins SS était telle qu'ils tuaient en s'imaginant soigner la race allemande, le peuple allemand, le sang allemand ! ». Ce que confirment les propos du docteur Klein, un médecin SS qui supervisait des exécutions massives : « Mon serment d' Hippocrate me dit de faire l'ablation d'un appendice gangréneux d'un corps humain. Les Juifs sont l'appendice gangréneux de l'humanité. C'est pourquoi j'en fais l'ablation » (« genèse institutionnelle du génocide » in La Science sous le Troisième Reich, J-P Baud).
C'est en octobre 1939, que s'opéra le passage de la stérilisation à l' extermination des « malades mentaux ». Hitler signa le décret secret suivant : « Le Reichleiter (directeur) Buller et le docteur Brandt sont chargés d' étendre les attributions de certains médecins, à désigner nominativement, en vue d'accorder une mort de grâce (Gnadentod) à des malades qui dans les limites du jugement humain et sur la base d'un examen critique de leur maladie doivent être considérés comme incurables. » Dans le film de B. Lemaine, Claire Ambroselli rapporte l'origine de ce décret à un livre que lut attentivement Hitler alors qu'il était en prison, en 1923 : Die Freigabe der Vernichtung lebensunwerten Lebens [La libéralisation de l'extermination des vies indignes d'être vécues], un ouvrage écrit en 1920 par un juriste, Karl Binding, et un psychiatre, Alfred Hoche. On y lit par exemple qu'« un médecin doit avoir le droit d'utiliser l'euthanasie sur toute personne inconsciente et sans conséquences légales » ; qu'« il existe des individus qui sont sans aucune valeur pour la société. Parmi ceux-ci on peut classer les pensionnaires des établissements pour idiots (les asiles) qui sont non seulement sans valeur mais d'une valeur absolument négative » ; que « les idiots incurables qui ne peuvent donner leur accord ni pour survivre ni pour être tués devraient être tués ». Les nazis exauceront les voeux de ces eugénistes au-delà de toute espérance.
L'opération secrète d'élimination des « inaptes » fut baptisée Aktion T4 parce que son quartier général se situait au numéro 4 de la Tiergartenstrasse (rue), à Berlin. Témoins sourds, Témoins silencieux l' analyse en détail. Pour plus de confidentialité, la responsabilité du programme T4 était répartie entre trois entités séparées : le Reichsarbeitsgemeinschaft Heil und Pflegeanstalten, le groupe de travail du Reich sur les sanatoriums et les nurseries, qui avait pour objectif le recensement des patients à éliminer. La Gekrat (Gemeinnützige Krankentransporte), une société de droit privé chargé du transport, discret, des patients vers les centres de gazage. Enfin, le Gemeinnützige Stiftung für Anstaltspflege qui assurait dans les instituts d' « euthanasie » la construction des chambres à gaz, des fours crématoires, la formation des personnels et la gestion financière du programme T4.
« Euthanazie » : la préparation d'Auschwitz
Il y aura en tout six centres de mise à mort, chacun désigné par une lettre. A pour Grafeneck, B et Be pour Brandenburg/Bernburg, C pour Schloss Hartheim, D pour Sonnenstein et E pour Hadamar. C'est dans ces lieux dénommés pudiquement instituts d'« euthanasie » (euthanasia : mort douce en grec) que seront mises au point par les médecins SS les premières chambres à gaz et fours crématoires. Initialement prévue pour les seuls malades dits « incurables », la mise à mort (pas douce du tout !) fut étendue « aux vieillards séniles, aux alcooliques, aux impotents, aux grabataires et aux « asociaux » divers (indigents, vagabonds, prostituées, et autres) » (La société pure, Pichot). Bien sûr, les malades juifs étaient systématiquement éliminés.
Témoins sourds, témoins silencieux insiste à plusieurs reprises, et avec raison, sur la responsabilité énorme des médecins dans l'industrie de la mort nazie : « C'est évident que concevoir dans une institution médicale une chambre à gaz, c'est la première phase d'un crime contre l'humanité qui était déjà réalisé par les médecins ! » (Claire Ambroselli). Les médecins n' étaient pas de simples fonctionnaires se contentant d'exécuter les directives ; ils prenaient des initiatives, élaboraient des hypothèses et des dispositifs, et les expérimentaient sur les cobayes humains qui leur étaient confiés. Il y avait une véritable concurrence entre eux, c'était à qui découvrirait le moyen de stérilisation, d'avortement ou d'élimination le plus efficace et le plus économique.
L'opération T4, ce n'est pas un programme d'« euthanasie » mais la première extermination de masse hitlérienne. Elle a débuté en effet bien avant le lancement, en 1942, de la « solution finale » (l'élimination totale des Juifs et des Tziganes). Selon le rapport rédigé en décembre 1941 par le docteur Theo Lang, sur la seule période allant de janvier 1940 à août 1941, 200 000 « malades mentaux » ont été exterminés, à quoi il fallait ajouter au moins 75 000 vieillards (ces chiffres ont été retenus par le tribunal militaire international de Nuremberg cf. La société pure, Pichot, p. 267). Le rapport du Dr. Lang révèle à quel point les nazis avaient une conception large de la « maladie mentale » : « La façon de procéder suivante est utilisée avec les vieilles gens encore en parfaite santé et vivant chez eux ; un dirigeant politique les convoque, puis un médecin, généralement SS, établit que ces vieilles gens sont mentalement déficientes. Il suggère de les mettre en tutelle et de les envoyer à un établissement ; de là, ces vieilles gens sont envoyées aux chambres à gaz » (extrait de La société pure). Officiellement supprimée le 24 août 1941, sous la pression de l' Eglise catholique et de l'opinion publique, le programme d'extermination des « malades mentaux » se poursuivit sous un autre nom, « Aktion 14f13 » (numéro d'un formulaire administratif) et sous d'autres formes : « gazage dans des installations mobiles, injection de diverses substances toxiques ou privation de nourriture jusqu'à la mort (notamment pour les enfants) » (La société pure).
Témoins sourds, témoins silencieux se conclut en soulignant la continuité qui existe entre l'opération T4 et la « solution finale » : « ces médecins qui avaient terminé leur travail à Hadamar (institut d'euthanasie), ils avaient tué tous les handicapés ou soi-disant handicapés, ces médecins ont été mutés à Auschwitz. Là, il pouvaient continuer leurs expériences et le gazage des gens : les Juifs. Voilà la continuité de la loi de prévention des maladies héréditaires aux rampes d'Auschwitz. » (intervention de Horst Biesold).
Pour une « dé-eugénisation » de nos démocraties
Si on parle souvent de la nécessité d'une « dénazification » de l'Allemagne et de l'Autriche, on n'envisage jamais par contre la nécessité d'une « dé-eugénisation » de nos démocraties. Un tabou pèse encore sur l'histoire de l'eugénisme dont l'importance est systématiquement occultée par la plupart des historiens. Trop de personnalités (des scientifiques et intellectuels de premier plan), trop d'institutions (des hôpitaux, des firmes bio-chimiques, des fondations), trop de pays sont impliqués dans ce qui fut, à un moment donné, considéré comme la solution pratique idéale pour régler définitivement les problèmes sociaux. Trop d'intérêts sont en jeu, ceux de la génétique moléculaire et de ses puissants alliés (le lobby médical et les firmes biotechnologiques).
Pourtant, il est urgent de mettre au jour cette part refoulée de notre passé....Récemment encore, dans certaines de nos démocraties les plus progressistes, on stérilisait et internait à grande échelle les « faibles d' esprits », les « asociaux ». « Au mois de mai 1999, le Parlement suédois décidait d'indemniser les victimes de la politique de stérilisation forcée dans ce pays entre 1934 et. 1975 » (Laurence Jourdan, Eugénisme en Europe dans l'entre-deux-guerres, Le Monde diplomatique, octobre 1999). Une commission d'enquête parlementaire a établi qu'environ 63 000 personnes y ont été stérilisées, dont 90% de femmes ! Les trois-quarts des stérilisations eurent lieu après 1945 ! Pour justifier cette pratique, l' Etat suédois invoqua la nécessité d'une « sélection sociale » et le bénéfice d'une réduction des frais d'aide sociale.
Le cas de la Suède (il y a aussi celui de la Norvège, des Etats-Unis, de la Suisse où, selon un rapport d'une école d'infirmières zurichoise, on a stérilisé des femmes jusqu'en 1987 !) est particulièrement révélateur, il montre comment la logique criminelle de l'eugénisme peut fonctionner en dehors de toute référence à l'anti-sémitisme ou à une forme quelconque de racisme « ethnique ». Ce qui lui est essentiel c'est le phantasme d'une « société pure », c'est la volonté de purifier la société de tout ce qui est indésirable, que ce soit sur le plan biologique (maladies héréditaires ou supposées telles), sur le plan psychologique (maladies mentales, déficiences intellectuelles.) ou sur le plan social (alcoolisme, délinquance, « nomadisme ».). L'exemple de la Suède le montre à merveille, l'eugénisme c' est la superposition de deux logiques : une logique « biologique » d' amélioration du « patrimoine génétique », et une logique économique d'« élimination des vies inutiles, de ceux qui coûtent cher à la société et n' apportent rien » (extrait de Témoins sourds.).
L'« euthanasie du foetus »
17 novembre 2000 : le jeune Nicolas Perruche, un garçon gravement handicapé, en raison d'une rubéole maternelle non diagnostiquée à temps, a obtenu de la justice le droit d'être indemnisé du fait du préjudice de sa naissance. Bref, Nicolas a été indemnisé du fait de n'être pas mort, du fait de ne pas avoir été avorté. 28 novembre 2001 : la jurisprudence Perruche est confirmée par la Cour de cassation pour le cas de Lionel, un enfant atteint d'une trisomie 21 non détectée durant la grossesse et qui donc n'a pu être avorté. Une indemnisation lui a donc été accordée en réparation du préjudice que constitue sa naissance (sic !). La reconnaissance de cette sorte de « droit à ne pas naître » n'est pas sans rappeler le « droit à la mort » des eugénistes, la Gnadentod des nazis (la « mort de grâce » accordée à des handicapés qui ne l 'avaient pas demandé.) Comme le souligne André Pichot dans La société pure, l'eugénisme contemporain se fonde « sur les possibilités de dépistage prénatal des maladies héréditaires, dépistage éventuellement suivi d'un avortement. (.) on parle parfois, dans le cas du dépistage suivi d'un avortement, d'« euthanasie du foetus ». (.) ces nouvelles mesures correspondent tout à fait à la définition et au projet eugénistes (assurer la production d'êtres « bien nés ») ».
Et c'est ce qu'exprime très précisément le généticien contemporain Francis Crick, prix Nobel, avec J. Watson, pour sa découverte de la structure de l' ADN : « Aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d'avoir passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique. S'il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie » (cité par P. Thuillier, « La tentation de l'eugénisme », La recherche n°155, 1984). En cela d' ailleurs, il ne fait preuve d'aucune originalité puisque le psychiatre Alfred Plötz, fondateur en 1905 de la société allemande d'hygiène raciale, écrivait déjà en 1895 : « S'il arrivait que le nouveau né fût un enfant faible et d'espèce médiocre, une mort douce (euthanasia) lui sera procurée par le conseil médical, qui décide des papiers d'identité des citoyens de la société ; disons avec une légère dose de morphine. » Avec la prolifération des tests prénataux, des « kits » de diagnostic génétique - tous brevetés et lucratifs -, se profile une dérive possible vers un « eugénisme consumériste » : sous prétexte d'offrir aux parents une plus grande liberté de choix, on les incitera en fait à sélectionner les « génétiquement conformes ». Les associations d'handicapés l'ont compris, la traque au fotus « génétiquement inapte » réduit sans cesse la perception que nous avons de la normalité et aggrave par là-même le rejet de tous les handicapés.
(n'oubliez pas les aspects contemporains de toutes ces choses ... - encore une de ces vidéos qu'on ne peut pas intégrer dans un blog, because censure tous azimuts ! alors voilà le lien ! cliquez dessus :
au delà de la France même ! l'humanité la dignité, c'est un combat humain fondamental
regardez dans les rues ce que sont devenus les français : ils ont bien leur brassard avec lacroix gammée, replié sur le bras, mais bien là pour pouvoir le montrer à la Gestapo en cas de besoin ! (que celui qui a des oreilles entende)
ça fait plus de vingt ans que je voyait tout ça venir, vous n'avez pas voulu m'écouter, les français n'ont pas refusé, n'ont pas résisté, ont refusé de s'inquiéter, maintenant il est trop tard !
Passez en revue toutes les innovations que depuis 30 ans les gens ont acceptées sans broncher, voire avec approbation, elles les habituaient à ce qui leur arrive maintenant.
un autre thème (et encore un des fléaux déclenchés par Macron d'ailleurs !) c'est celui de l'école à la maison, l'enseignement en famille. Qui était autorisé en France (mais interdit - comme toujours .... - en Allemagne ) et que Macron veut interdire. Et ces persécution peuvent engendre des drames ; voyez ce qui est arrivé en Suisse : https://fr.euronews.com/2022/03/24/suicide-collectif-quatre-membres-d-une-famille-se-jettent-d-un-balcon-en-suisse?utm_source=vuukle&utm_medium=talk_of_town apparemment la famille en question a décidé de se jeter, tous, depuis le 7ème étage et de mourir quand ils ont entendu la gendarmerie venir chez eux, sans doute pour leur enlever un enfant qui était éduqué en famille, (gâgeons que la presse du pouvoir ne donnera jamais de détails précis sur l'affaire, qu'elle cache déjà sous un discours administratif qu'il faut savoir décrypter pour comprendre ! Quand il y a eu le drame de Cestas, il y avait encore de la liberté et la presse a pu rendre compte de ce qui s'était passé, etc, on avait pu en discuter, mais maintenant la chape de plomb règne partout !
texte qui accompgnait une cèlèbre et impressionnante vidéo
:
"L’empathie, c’est une notion désignant l’aptitude à ressentir les sentiments et les émotions d’un autre être vivant, la faculté de s’identifier à quelqu’un et a ressentir ce qu’il ressent, prendre conscience de ses désirs, de ses joies, et en particulier de sa souffrance et de sa détresse.
Sentiment bien plus fort que les opinions et les différences, et permet d’entrer dans les perceptions de l’autres de sentir sa peur, de vivre sa vie et de s’y mouvoir avec délicatesse sans émettre de jugement, chercher les points communs avant les différences, et il y a toujours plus de points communs que de différences.
La chaleur humaine c’est quand on offre de soi sans rien attendre de l’autre, simplement pour ne pas gâcher une vie et venir en aide à ceŭ qui n’ont pas cette faculté, et malgré toutes les difficultés garder cette force, cette volonté, donner un coup de cœur à ceŭ qui ne l’ont pas volé ; juste un peu d’attention et donner à chacun le droit d’exister.
Sentiment supérieur à l’instinct et à la chaîne alimentaire, sentiment qui nous permet de prendre soin de l’autre et à partager le peu qu’on possède et s’aider à se tenir chaud, ou à se protéger, savoir partager le bonheur, la tendresse, la protection et la complicité.
On a tous besoin de chaleur humaine.
On a tous besoin d’affection, et de se reconnaître parmi des semblables, malgré les apparences, sans jamais se fier à l’habit, sans jamais se soucier du langage, puisque c’est quelque chose invisible à l’œil nu, mais qui n’est pas sans odeur."
(je profite de l'occasion pour rappeler mon billet intitulé "Paul Guth, auteur apparemment léger" :
dans son livre de 1976 "Le Chat Beauté" on trouve cette citation de Paul Guth (1910-1997)
"Le jour du mariage, nous avions promis de ne plus former qu'une seule chair, un seul esprit, un seul coeur, une seule âme. La chair avait suivi le cours du temps. Les trois autres éléments du quadrige lui avaient résisté. Ils maintenaient en nous un corps glorieux, échappant à la dégradation du corps périssable. Mais si, la nuit, dans le lit unique des longues traversées, j'avais pu toucher le corps périssable de Germaine avec mon corps périssable, ne nous aurais-je mieux empêchés de périr?")
et j'en profite aussi pour faire la réclame de mon livre de traduction en ESPERANTO de poèmes du monde entier sous le titre "en la lumoj de la ekmiroj" paru chez libroj de MAS, achetable par plein de boites, cherchez seulement sur internet. Parmi ces poèmes il y en a un de julos Beaucarne, ça donne ça :
(Julos Beaucarne)
Voyez comme il est bon comme il est doux D'habiter en frère, tous ensemble C'est comme une huile de prix sur la tête Qui descend sur la barbe, sur le col des vêtements, C'est comme une rosée Qui descend des montagnes. là est la vie à jamais, là est la vie à jamais.
Ses yeux restaient devant les miens, Il ne voulaient pas s'en aller. Je leurs disais "allez-vous en", ils restaient là, comme s'ils étaient plantés; Alors, je les ai chassé à coups de bâton, à coups de pieds; Mais il suffisait de les chasser pour les voir arriver au grand galop, pour les voir se replanter, devant mes propres yeux, devant mon propre nez. Alors j'ai été chercher de l'ail, j'ai pelé des oignons, et je les ai fait pleurer. Mais les yeux restaient, ils avaient pris racine, ils ne voulaient pas s'en aller. Alors comme je voyais que je ne pourrais pas les chasser, je les ai laissé entrer chez moi, ils ont mangé à ma table mon pain et ont partagé tout ce que j'avais, et surtout, tout ce que je n'avais pas. Alors, ces yeux là sont devenu les miens, et les miens sont devenus ceux-là.
Voyez comme il est bon comme il est doux D'habiter en frère tous ensemble C'est comme une huile de prix sur la tête Qui descend sur la barbe, sur le col des vêtements, C'est comme une rosée Qui descend des montagnes. là est la vie à jamais, là est la vie à jamais.
Vidu, kiel dolĉe, kiel bone estas ĉiuj kiel fratoj loĝi kune. Estas kvazaŭ rara oleo sur kapo fluanta malsupren sur barbon sur vestokolumojn. Kvazaŭ roso malsupreniĝanta el de la montoj. Tie kuŝas viv' por ĉiam, tie kuŝas viv' por ĉiam.
La okuloj restadis kontraŭ miaj, Ili ne volis foriri. Mi diradis al ili: « iru for! », ili restadis fikse senmovaj. Tial, Mi pelis ilin per bastono, per piedbatoj; Sed kiam ilin oni forpeladis oni vidis ilin tuj revenantaj galope, kaj vidis ilin sin posteni kontraŭ la proprajn okulojn, kontraŭ la propran nazon mian. Tial mi iris serĉi ajlon, mi tranĉis cepojn, kaj mi plorigis ilin ! Sed la okuloj restadis, enradikiĝintaj kiel plantoj, Ili nepre ne volis foriri. Tial, ĉar mi komprenis ke, mi ne povos ilin forpeli, mi lasis ilin eniri en mian domon. Ili manĝis ĉe mia tablo mian panon, kaj partigis ĉion, kion mi havis, kaj ĉefe ĉion, kion mi ne havis. Tial, tiuj okuloj iĝis miaj propraj, kaj miaj propraj iĝis tiuj.
Vidu, kiel dolĉe, kiel bone estas ĉiuj kiel fratoj loĝi kune. Estas kvazaŭ rara oleo sur kapo fluanta malsupren sur barbon sur vestokolumojn. Kvazaŭ roso malsupreniĝanta el de la montoj. Tie kuŝas viv' por ĉiam, tie kuŝas viv' por ĉiam.
pour finir cette année 2021 qui après 2020 a vu revenir à travers le monde tous les principes du fascisme (plus le plus criminel cynisme capitaliste, n'est-ce pas !), il est plus que jamais nécessaire (comme Michel Terestchenko dans son livre "Un si fragile vernis d'humanité") de brandir les actes individuels de résistance (et de bien montrer la profonde déchéance morale du peuple français - y'a qu'à voir leur propension à porter avec "citoyenneté" (sic) les masques du Gauleiter Macron ! - : Quelle est le nombre de gens qui se seront au minimum avancés vers cet homme , d'une dignité incommensurable, (Giuseppe belvedere : https://www.youtube.com/watch?v=peCPxB3YqFo ) pour lui serrer la main et lui dire "félicitations !" ? sans doute 0%, et combien qui feront comme lui ? encore pire ! il est vrai qu'en 33 après Jésus-Christ il n'y en avait pas beaucoup non plus à avoir compris le Sermon sur la Montagne, et en 1939 à part Mgr Van Galen combien d'allemands se sont levés contre l'Aktion T4 ? pas plus que de nos jours contre le génocide des ibis sacrés ou contre la mise à mort de Vincent Lambert, si ardemment voulue par le pouvoir que celui-ci a pratiqué un véritable ACHARNEMENT JUDICIAIRE, pas pour le sauver, mais pour, à tout prix, réussir à le tuer ! .....
)
une fois que vous saurez qui est Giuseppe Belvedere, sa vie, ce qu'il fait, ce que disent de lui les bourgeoises du quartier, et ce que la municipalité de Paris fait aux pigeons, seulement après ça, regardez la vidéo ci-dessous :
et sur le plan commentaire politique d'actualité, je récapepete depuis l'bédu :
la référence à Jésus n'est pas incongrue, car pensez à son esclandre sur les changeurs et les marchands de pigeons, du Temple, qui était le gros truc d'exploitation du peuple dans le monde hébreux de l'époque, et c'est à ce moment là que ceux qui en profitaient, les prêtres, ont conclu qu'il fallait le faire mourir.
Il y a aussi un aspect "anthropologique" (comme pour la vague fasciste 1.0 des années 30 et le fascisme 2.0 actuel, il y a un aspect Lutte des Classes, et un aspect psychopathologie du pouvoir suscitée par "l'esprit de la modernité" comme dit fort bien Zygmunt Bauman) c'est à dire Bauman justement ajoute "quand il n'y a rien qui le bride", qu'est-ce qui peut brider la psychopathologie de la modernité ? eh bien la morale ! ou plus exactement, car il ne s'agit pas, pas du tout, du tout, du tout ! de ce que le même Zygmunt Bauman appelle "la morale des sociologues", mais de la morale de ceux que Michel Terestchenko appelle "les inéduqués et inéducables", bref les valeurs du Sermon sur la Montagne (celle vécues par exemple de nos jours par Giuseppe Belvedere dans le Quartier Beaubourg de Paris).
et donc la Communion des Saints, on est en plein dedans. (je rappelle que la Toussaint c'est la fête de la Communion des Saints)
D'où vient l'homme?L'homme n'est rien moins que l'oeuvre d'une volonté lucide, il n'est même pas l'aboutissement d'un effort sourd et confus. Les processus aveugles et désordonnés qui l'ont conçu ne recherchaient rien, n'aspiraient à rien, ne tendaient vers rien, même le plus vaguement du monde. Il naquit sans raison et sans but, comme naquirent tous les êtres, n'importe comment, n'importe quand, n'importe où. La nature est sans préférences, et l'homme, malgré tout son génie, ne vaut pas plus pour elle que n'importe laquelle des millions d'autres espèces que produisit la vie terrestre. Si la tige des primates avait été sectionnée à sa base par quelque accident géologique, la conscience réfléchie ne serait jamais apparue sur la terre. Il est possible d'ailleurs que, dans le cours des siècles, certaines lignées organiques aient été éliminées qui eussent donné naissance à des formes plus accomplies que la nôtre.
Quoi qu'il en soit, l'homme est apparu... D'une certaine lignée animale, qui ne semblait en rien promise à un tel destin, sortit un jour la bête saugrenue qui devait inventer le calcul intégral et rêver de justice. ... qui traverse la vie dans l'épouvante de la mort, qui s'attache sans mesure à d'autres créatures éphémères, qui, trop bestiale ou trop peu, souffre quand elle réprime ses instincts et ne souffre pas moins quand elle y cède, qui ne sait pas défendre son coeur contre les rêves que lui interdit sa raison...
C'est donc que, statistiquement tout au moins, les hommes préfèrent l'être au non-être. Et c'en est assez pour que triomphe l'optimisme, qui se contente de peu..
L'espèce humaine passera, comme ont passé les Dinosaures et les Stégocéphales. Peu à peu, la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante... Toute vie alors aura cessé sur la Terre. Alors, de toute la civilisation humaine ou surhumaine - découvertes, philosophies, idéaux, religions -, rien ne subsistera. Il ne restera même pas de nous ce qui reste aujourd'hui de l'Homme de Néanderthal, dont quelques débris au moins ont trouvé un asile dans les musées de son successeur. En ce minuscule coin d'univers sera annulée pour jamais l'aventure falote du protoplasma... Aventure qui déjà, peut-être, s'est achevée sur d'autres mondes... Aventure qui, en d'autres mondes peut-être, se renouvelera... Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrice des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l'échec final et à la ténèbre infinie...
Sera-t-il du moins permis à l'homme éphémère, englouti dans le cosmos démesuré, de se regarder comme le dépositaire d'une valeur privilégiée, qui défierait les normes de la durée ou de l'étendue ? Tout ce à quoi il tient, tout ce à quoi il croit, tout ce qui compte à ses yeux a commencé en lui et finira avec lui. Il est seul, étranger à tout le reste. Nulle part, il ne trouve un écho, si discret soit-il, à ses exigences spirituelles.
Tel est, semble-t-il, le message de la science. Il est aride. La science n'a guère fait jusqu'ici, on doit le reconnaître, que donner à l'homme une conscience plus nette de la tragique étrangeté de sa condition, en l'éveillant pour ainsi dire au cauchemar où il se débat.
"La culturec'est la qualité du jugement, l'exigence logique, l'appétit de la preuve, c'est l'habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d'opinion, la patience d'ignorer, la certitude qu'on n'a jamais tout le vrai en partage; c'est refuser tous les fanatismes et jusqu'à ceux qui s'autorisent de la raison ; c'est révérer le génie mais sans en faire une idole, c'est toujours préférer ce qui est à ce qu'on préférerait qui fût."
Jean Rostand
Jacques Prévert (1900 - 1977) - Paroles
Le désespoir est assis sur un banc
Dans un square sur un banc Il y a un homme qui vous appelle quand on passe Il a des binocles un vieux costumes gris Il fume un petit ninas il est assis Et il vous appelle quand on passe Ou simplement il vous fait signe Il ne faut pas le regarder Il ne faut pas l'écouter Il faut passer Faire comme si on ne le voyait pas Comme si on ne l'entendait pas Il faut passer presser le pas Si vous le regardez Si vous l'écoutez Il vous fait signe et rien ni personne Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui Alors il vous regarde et sourit Et vous souffrez atrocement Et l'homme continue de sourire Et vous souriez du même sourire Exactement Plus vous souriez plus vous souffrez Atrocement Plus vous souffrez plus vous souriez Irrémédiablement Et vous restez là Assis figé Souriant sur le banc Des enfants jouent tout près de vous Des passants passent Tranquillement Des oiseaux s'envolent Quittant un arbre Pour un autre Et vous restez là Sur le banc Et vous savez vous savez Que jamais plus vous ne jouerez Comme ces enfants Vous savez que jamais plus vous ne passerez Tranquillement Comme ces passants Que jamais plus vous ne vous envolerez Quittant un arbre pour un autre Comme ces oiseaux.
Roberto Ardigo, philosophe positiviste italien, qui a fini par se suicider :
« par suite du refroidissement progressif de la terre notre monde doit mourir, lui aussi, avec tous les êtres auxquels il donne vie ; et si c’est là le sort extrême de tous les mondes disséminés dans l’univers, à quoi sert donc l’élévation progressive de l’humanité ? à A quoi bon le culte de l’art, du Beau, du Bon ? La fièvre de savoir, de se consacrer à un idéal ? à quoi sert la vie ? A quoi servent tant de douleurs matérielles et morales, souffertes par les êtres auxquels a été accordé, sans qu’ils l’aient demandé, le don sadique de la vie ? »
Quelle immense déception pour une âme élevée telle que celle de Roberto Ardigo (ou celle de Miguel de Unamuno aussi, lisez le ! il est incontournable, et combien ça change des conneries sophistiques égoïstes et nécrophiles qu’on entend de nos jours) ! Il ne pouvait s’empêcher de contempler, épouvanté, l’abîme de la vanité infinie de tout. Il ne pouvait s’empêcher de se révolter en présence de cette ironie tragique du sort. Il valait donc mieux défier fortement la destinée de la seule façon permise à un vivant : se libérer, par le suicide, du supplice moral de contempler, impuissant, la tragédie de l’être, et sa propre prochaine disparition éternelle. Robert Ardigo a été conséquent avec lui-même. Les philosophes qui partagent ses convictions matérialistes, et qui, malgré cela, ne finissent pas comme lui par le suicide, sont heureusement inconséquents.
PEGUY
" .. sauver de l’Absence éternelle Les âmes des damnés s’affolant de l’Absence,"
« Alors, là nous sommes tous en plein cauchemar depuis l’instant où nous avons compris que nous étions vivants. Vous souvenez-vous, Monsieur Lenoir, de l’instant précis où, tout à coup, petit garçon, vous avez eu cette révélation : « Je suis un vivant, j’aurais pu ne pas exister, et je vais mourir. » Non ? moi, si. Et je me suis évanoui. C’était une charge intolérable sur les épaules de ce petit enfant. » (Armand SALACROU, in « L’archipel Lenoir »)
oui, j'ai toujours été ébahi, n'ai jamais compris comment se fait-il qu'il n'y ai pas plein d'enfants qui se suicident à l'age de raison (disons 12 ans)
comment peut-on vivre encore étant adulte, où théoriquement c'est pire, et toutes les autres sujets de douleurs métaphysiques, personnelles, sentimentales, et sociales qui vous tombent dessus ? et quand on est vieux ?
Ben, il y a un détail auquel je n'avais pas encore prêté attention, mais Simone de Beauvoir si ! il y a dans les mémoires de Simone de Beauvoir une remarque très importante et dont je prend maintenant conscience de la justesse, c'est quand elle dit « Quand je me jetais dans le malheur, c'était avec toute la violence de ma jeunesse, de ma santé, et la douleur morale pouvait me ravager avec autant de sauvagerie » etc eh oui ! C'est comme ça que ça se passe; et aussi comme quand on est enfant on est plus conscient, plus sensible, plus intelligent, plus en contact avec la réalité que les adultes, et ça va constamment en se dégradant quand on devient adulte, puis en vieillissant. Il y a aussi comme une fainéantise de la conscience, et de la douleur qui ravage tout. Et on souffre dans la même mesure qu'on est vivant en fait et qu'on en a la santé ! La santé. Même le désespoir et l'abattement demandent de la santé, quand on est trop engourdi on ne sait même plus être désespéré, que dis-je même plus être abattu.
n'empêche que c'est effarant à quel point comme disait Camus les gens font "comme s'ils ne savaient pas". Il règne sur ce sujet un tabou, j'te dis pas !!
· FRANCE, PAYS DES LUMIÈRES ÉTEINTES Mon enfant, Je t’écris cette lettre que tu ne liras sans doute pas, car je ferai en sorte que tu ne naisses pas. Par amour et responsabilité. Et même si j’aime énormément ta maman et que j’aurais rêvé que tu découvres cette merveille qu’est la vie et ce monde qui est si beau, te faire vivre dans cette société si immonde qu’on te prépare, toi qui n’as rien demandé, aujourd’hui, non, je te le refuse. Et quand tu ne liras pas cette lettre, tu comprendras mon choix. Crois moi, mon enfant, j’aurais adoré que tu puisses connaître ce que j’ai connu dans les années 50 et encore dans les années 70. L’insouciance. Le partage. L’ouverture. La famille unie. La culture accessible au plus grand nombre, et j’en passe… Et voir tes yeux émerveillés. Mais non, cela sera impossible. Car depuis quelques mois, je vois notre beau Pays basculer dans l’angoisse. Le chacun pour sa gueule. Les déchirures familiales. La fermeture. La culture sanctuarisée (et depuis longtemps déjà réservée aux plus riches ! le TNP , Jean Vilar, les stages musicaux à Tillloy-les-Moflaines, Malraux, c'est loin !)… Et ainsi, vois-je, voit-on, depuis quelques mois, des dérives sociétales majeures. Dangereuses. Irréversibles ? Car oui, mon enfant, sous couvert de sanitaire, gentiment on glisse vers le totalitaire. Sous couvert d’idées non partagées, on ne cherche plus à discuter. Et sous couvert d’économie, on n’a plus aucun mal à piétiner la déontologie. Par exemple, que dis-tu de cela ? Hier, dans une bibliothèque, un lieu de culture, un homme d’une cinquantaine d’années a été expulsé par des policiers. Son crime était immense, il n’avait pas apporté la preuve, à l’entrée du lieu, que son corps était « sain ». Pareil que les juifs autrefois. Coupable, levez-vous ! En même temps, à la télévision, de jeunes gens de plus ou moins mon âge étaient interviewés. Ils étaient beaux, insouciants, avec les dents propres (comme les anti-chavistes !) Sans doute même qu’ils sentaient bon. Et entre deux rires bêtas, ils exprimaient leur joie immense d’être assis dans ce bar qui leur offrait une bière parce qu’ils avaient reçu leur première dose de vaccin. Après tout, si se faire injecter permettait d’avoir une bière gratos, pourquoi se priver ? Sans doute, même, avaient-ils partagé, et c’était bien normal, cette joie avec leurs followers et avaient-ils reçu des centaines de likes pour cela… C’était bien normal, oui, car ces jeunes gens étaient tout comme il fallait. Ils ne lisaient pas, s’étaient fait vacciner pour une vraie raison sanitaire, retourner au bar, et donc, ils étaient « sains ». Champagne du pauvre. Bière. Aux insouciants la belle vie.Pendant ce temps de déliquescence, dans un temple de la démocratie qui s’appelle l’Assemblée Nationale, la vie parlementaire suivait son cours. Un projet de loi controversé était discuté, et à chaque tentative d’amélioration de celui-ci par différents amendements proposés par les différentes oppositions (certaines, nombreuses, pleines de bon sens), la majorité rejetait en bloc et sans écoute chaque proposition libertaire et adoptait en revanche chaque proposition liberticide. Ainsi, par exemple, était adopté un texte expliquant que désormais, il serait possible de licencier quelqu’un si la personne ne présentait pas de « pass sanitaire » à son employeur. Il y a six mois, pour une représentation et alors que j’allais, suite à celle-ci, me trouver en contact avec une personne fragile, je demandais, par prévenance, responsabilité et altruisme, s’il était possible que chacun des comédiens en présence au travail avec moi effectue un test PCR afin d’être certain de ne pas transmettre le virus à ladite personne fragile… Mon employeur m’avait alors rétorqué que cette demande était limite fasciste. « L’employeur n’a pas à connaître la santé de ses employés, Arnaud, car il y a une chose sacrée en France, c’est le secret médical. On n’a ni le droit de ne pas embaucher ni de licencier quelqu’un pour motif de santé. Ta demande est scandaleuse et irrecevable. »… Aujourd’hui, on aura désormais le droit de virer quelqu’un pour motif de santé. Autres temps, autres mœurs. Et c’est ainsi que le serveur qui travaille en bas de chez moi me disait la semaine dernière et alors qu’il refusait le vaccin, c’est ainsi, donc, que ce serveur me disait, les yeux pleins de larmes montantes, qu’il s’était fait vacciner à contre-coeur, qu’il en avait honte, mais qu’il avait trop peur de perdre son job, alors… Toujours pendant que nos bons souriants buvaient leurs bières, à l’Assemblée, alors qu’elle avait d’abord était rejetée, était finalement rediscutée pour être adoptée en deuxième lecture l’interdiction d’aller en EHPAD ou en hôpital sans « pass sanitaire » valide, et tant pis pour les familles des proches en fin de vie. De toute façon, mourir seul ou accompagné, quel intérêt pour le mourant et la famille dès lors que ce n’est qu’une question de jours ? Crevez, il n’y a plus rien à voir.Enfin, (oui, mon enfant ce n’est pas fini !), était acceptée la proposition d’imposer un « pass sanitaire » aux citoyens pour pouvoir aller voter, là où le même « pass sanitaire » ne serait pas imposé aux Sénateurs se rendant au restaurant du Sénat, ni aux Députés se rendant à l’Assemblée Nationale, le Ministre ayant eu peur que cela soit anticonstitutionnel puisque cela en priverait certains, de Députés, peut-être, de pouvoir voter… Et par « pass sanitaire » pour les citoyens, dans le cas présent, pour les élections, c’est vaccin ou test PCR déremboursé à 50€ le test, soit 100€.Oui, mon enfant, tu lis bien ; désormais, dans cette démocratie qu’est la France, si tu veux voter, ton choix sera simple, soit tu seras vacciné, soit il te faudra payer 100€.Et je m’arrête là, mais il y a encore plein d’autres choses. Et comme je t’aime, je n’ai préféré te faire qu’un concentré du meilleur… Alors je sais, mon enfant, si un jour tu naissais, lisais ces mots et vivais dans cette société que nous t’avons construite, tu me dirais : « mais Papa, la population, les gens, ils ont fait quoi pour éviter cela ? Et puis, ce n’est pas inconnu puisque tu as vu tout cela en direct à la télévision, c’est donc que l’information est accessible… Dis, Papa, vous avez fait quoi ? Vous ne pouvez pas dire que vous ne saviez pas… ». Alors, je te dirais, en baissant les yeux de honte : « Mon enfant, rien. Nous n’avons rien fait. On a laissé faire. Et tout est passé, sans grand remous. Certains, dont je fais partie, ont bien tenté d’alerter, mais en vain. Car ils faisaient un truc horrible, ces gens qui tentaient d’alerter, ils pensaient. Et ça, ça faisait chier plus qu’autre chose. La France, Pays des Lumières ne voulait plus réfléchir. Et nous sommes ainsi devenus le Pays des Lumières éteintes. »Tu serais alors légitimement outré et tu me demanderais ce que firent les centaines, les milliers d’artistes… Ceux qui crient au moindre taulé, pour un oui, pour un non. Avec légitimité parfois. Parfois, non, mais ceux qu’on entend régulièrement. Qu’ont-ils fait, ces artistes ? Qu’ont-ils fait les directeurs de lieux face à ces directives ? Et là encore, je te dirais « Rien, mon enfant. Aucun ne prit réellement la parole. Ils appliquèrent les décrets ségrégationnistes et communautaristes sans mot dire. De peur de se faire griller sans doute. » (comme en 40...) Coûte que coûte ils voulaient sauver l’économie et avalant des couleuvres, ils acceptaient tout, tranquillement sans bouger. Sur leurs théâtres, dans les textes défendus par leurs artistes, dans leurs notes d’intentions, on lisait des belles choses sur la Révolution, sur la nécessité d’aller contre les oppressions, l’ouverture et l’accessibilité aux publics empêchés et tout le blabla. C’était beau, ça faisait bien, c’était chic. Mais dans les faits, nombreux furent ceux qui jouèrent ce triste jeu de l’oppression, refusant en conscience à une partie de la population l’accès à leurs lieux, les privant de tout ce qu’ils disaient défendre. Pouvait-on leur en vouloir ? Oui. Et non.Voilà, mon enfant, ce que je voulais te dire, aujourd’hui.Tu ne naîtras pas car j’ai honte de te faire naître dans cette société. Et qu’avec tout l’amour que je te porte avant même que tu ne sois né, c’est un acte d’amour que de ne pas vouloir t’offrir « cela ». Tu sais, il faut que tu aies conscience d’une chose, c’est que ton arrière grand-père a été, pendant la Seconde Guerre Mondiale, un très grand résistant. Et coule dans mes veines le flot de ses combats. Alors puisqu’il paraît que nous sommes en guerre, sois rassuré, mon enfant, je vais me battre pour toi. Pour un jour pouvoir te raconter tout cela si tu venais, malgré tout, à naître. Et surtout, pouvoir me regarder dans une glace.En attendant, comme le dialogue et l’échange des idées n’est plus possible dans ce pays sans que l’invective et le boycott menacent, mais qu’il m’est impossible de ne pas te témoigner ce que, de mon temps, j’ai vu et n’ai pu empêcher, j’ai donc décidé, mon enfant qui ne naitra pas, de t’écrire cette lettre.Cette lettre que tu ne liras pas
Ces gendarmes ne sont plus humains (ils ne l'ont jamais été ! mais bien sûr, comme dans toute époque fasciste ça devient encore pire) Ils ne réfléchissent plus. Ils agissent comme des assassins. La milice est de retour Nos grands parents sont en train de se retourner dans leur tombe
Philippot, le plus proche du cœur français :Je le redis, j’ai ré-adhéré cette semaine, Ma femme a adhéré, mes collègues… Il faut soutenir financièrement si possible !! Bravo à vous Florian et bravo à tous ceux qui soutiennent les Patriotes !!
Droite, gauche, peu importe, tous contre l'Etat bourgeois ! Mais... il faut une suite, pas simplement l'abolition du contrôle numérique, il faut que le peuple prenne le pouvoir, le peuple doit s'emparer de l'Etat pour mettre en place une vraie démocratie et organiser la production industrielle avec la mise en place de conseils ouvriers/salariés. Il faut lire les conseils ouvriers d'Anton Pannekoek.
en France on revient à la "Gnadentod", destinée à réduire les dépenses de la sécu du Reich ! et ce n'est qu'un début ! une fois le tabou brisé vient l'emballement, la Belgique l'a bien montré !
Mais,au fait !
une question qui n'est pas posée c'est les infirmières qui FONT concrètement les ACTES (et absences d'actes) tueurs (car bien sûr le médecin, le "grand patron" d'hôpital, en général arrogant, oh combien ! dans ce milieu, se contente de donner les ordres à son personnel (et encaisser les gras honoraires) qu'en pensent-elles ? Ce sont pourtant elles qui donnent la mort. Mais bien sûr on ne leur demande pas leur avis, elles n'ont qu'à obéir "ac cadaver" sinon c'est la porte ! La ruine de leur vie, la maison achetée à crédit vendue par la banque, la clochardisation, etc ….
Et là, on ne peut s'empêcher de penser à ce cas : (paru sur la Midi Libre http://expressions.ecoutespirite.org/aux-frontieres-de-la-mort-revenus-dun-coma-ils-racontent/) celui de M. Joseph Garcia de Lagamas dans l'Hérault, à l'âge de 21ans il s'est retrouvé suite à un accident plusieurs semaines dans le coma, il dit entre autre : "Je sais aussi que malgré la fait que j'étais dans le coma je me rappelle très bien (en 2012, après 61 ans) du nom et du visage de l'infirmière en chef qui a désobéi au médecin pour continuer le bon traitement pour moi et qui m'a sauvé la vie. Comment j'ai pu connaître son nom ?"
Vincent Lambert n'a pas eu cette chance là ....
il n'y a pas eu d'infirmière qui a désobéi pour lui sauver la vie ...
6 juillet 2019, réponses à dix arguments favorables à l’ « euthanasie » de Vincent Lambert :
1« Sa mère n’a qu’à prendre son fils chez elle et s’en occuper elle-même ! »
Ses parents le souhaiteraient justement !!! et plusieurs autorités médicales ont reconnu que Vincent Lambert pourrait tout à fait être hébergé chez ses parents.! Ils en ont fait la demande plusieurs fois auprès des juridictions françaises et cela leur a été expressément et systématiquement refusé ! C’est le premier problème fondamental et spécifique à cette affaire : Vincent Lambert n’est pas dans l’unité de soins adaptée à sa situation. Il ne devrait pas être dans un service de soins palliatifs mais dans une maison ou clinique adaptée et spécialisée pour son handicap. Certains hôpitaux et cliniques privés spécialisés pour ce genre de handicap ont proposé d’accueillir Vincent Lambert dans leurs structures. Cela fut également systématiquement refusé.
Dans une tribune collective du 18 avril 2018, 70 « médecins et professionnels spécialisés dans la prise en charge de personnes cérébro-lésées en état végétatif ou pauci-relationnel » affirment à propos de Vincent Lambert qu’« il est manifeste qu’il n’est pas en fin de vie. » La durée moyenne de séjour en unité de soins palliatifs en France est de 16 jours. Vincent vit dans une unité de soins palliatifs depuis 10 ans. Cela montre bien qu’il n’est pas en fin de vie.
« Personne ne voudrait vivre comme ça, ce n’est pas une vie ! »
Oui, personne ne voudrait vivre dans une telle situation. Il y a cependant un sophisme à conclure que l’on devrait euthanasier une personne vivant dans une telle situation.
En effet, ce n’est pas parce que l’on souffre d’un mal ou de plusieurs maux que l’on voudrait nécessairement mourir. Personne ne souhaite perdre un bras dans un accident de travail et se retrouver au chômage. Cependant, si une telle chose arrive, une personne ne perd pas nécessairement la volonté de vivre. La réponse d’une société empathique ne doit pas être de maintenir une personne dans sa peine en l’invitant à mettre fin à ses jours pour ne plus souffrir, mais à la soigner, et à l’aider à comprendre que la vie vaut la peine d’être vécue.
De plus, juger de la valeur d’une vie d’une personne est dangereux. Quels critères permettent de dire qu’une vie vaut la peine d’être vécue ? Sont-ils universaux et acceptés par tous ?
Il a dit qu’il ne voulait pas qu’on le maintienne dans un tel état, respectez sa volonté ! »
C’est un point discuté dans cette affaire. Dans les faits, il n’a pas rédigé de directives anticipées, bien qu’il fût infirmier et informé d’une telle possibilité.
De plus, seule son épouse prétend rapporter des propos qu’il aurait tenus, ainsi qu’un frère qui prétend faire état de ses « dernières volontés ». L’ensemble de ses autres frères, sœurs, et même le demi-neveu ont affirmé que Vincent ne leur avait jamais rien exprimé à ce sujet. Ils ont cependant tous déduit cette prétendue volonté de ne pas être maintenu en vie de sa personnalité. Est-ce fiable ?
La réalité, c’est que chacun d’entre nous a déjà dit à ses proches qu’il ne voudrait pas vivre handicapé ou diminué. Cela ne signifie pas que l’on veuille être euthanasié dans ce cas-là. Même en exprimant clairement une telle volonté lorsque l’on est en bonne santé, l’expérience unanime des soignants est qu’une fois l’accident survenu, la volonté évolue car la volonté de vivre est bien souvent la plus forte.
Vincent Lambert a eu son accident de voiture en 2008. Or, ce n’est qu’en 2013, après une longue conversation avec le Dr Kariger, favorable à « un chemin de fin de vie », que Rachel Lambert va dire que telle était la volonté exprimée par son mari. Elle n’avait pas fait part publiquement de ces propos.
Sur cette base, le Dr Kariger tenta cette année-là une première euthanasie de Vincent Lambert. Le docteur continuant de l’hydrater (250-300mL/jour), Vincent Lambert a survécu à la faim pendant 31 jours. Cette résilience, qui s’est maintenue jusqu’à présent, est un indice sérieux d’une volonté personnelle de vivre. C’est ce qu’affirment tous les soignants spécialistes de ces patients et selon leur expérience, les patients comme Vincent Lambert qui ne veulent plus vivre ou « qui lâchent psychologiquement » partent en quelques jours, voire en quelques heures, sans signes avant-coureurs.
Il n’a plus conscience de lui-même, c’est un légume ! »
La question est débattue mais les divers diagnostiques établis au cours de toute la procédure judiciaire indiquent que Vincent Lambert est dans un état chronique de conscience altérée qui regroupe les états allant de « végétatif » à « pauci-relationnel ». Il respire seul, dort et se réveille. Il est alimenté par une gastrostomie. Ses mouvements et expressions faciales sont difficiles à interpréter médicalement, mais il est certain qu’il y a une interaction possible avec des personnes, aussi minimes soient-elles. Par exemple, il tourne les yeux et la tête vers sa mère quand elle l’appelle. Plusieurs vidéos prises par sa mère attestent de réactions à des sollicitations et a minima d’un éveil clair de Vincent Lambert, démontrant qu’il n’est pas un « légume. »
Si l’on considère que Vincent Lambert est dans un état végétatif tel qu’il ne pourrait rien exprimer ni même avoir conscience de son environnement – ce que contestent ses parents, alors on ne peut pas prétendre connaître sa véritable volonté à ce jour et prétendre avec certitude qu’il voudrait mourir. Cela rend l’euthanasie de Vincent Lambert d’autant plus choquante : la sagesse traditionnelle veut que « dans le doute, on s’abstient ». Ici, dans le doute, on le tue. Et si d’ailleurs Vincent Lambert n’était plus qu’un légume qui ne ressent et n’a plus conscience de rien, pourquoi vouloir le sédater pour qu’il ne souffre pas ?
Nous sommes entièrement d’accord. Seulement, dans le cas de Vincent Lambert, il ne s’agit pas d’un traitement médical. Il ne prend pas de médicaments, ne subit pas de pontages réguliers, n’est pas branché à une machine d’assistance respiratoire. Il n’est pas en fin de vie. Le 21 novembre 2018, les experts médicaux mandatés par la justice affirment que les
« besoins fondamentaux primaires ne relèvent pas de l’acharnement thérapeutique ou d’une obstination déraisonnable » et que la situation médicale de Vincent Lambert « n’appelle aucune mesure d’urgence ».
Certes, son alimentation par gastrostomie se fait par une sonde. Le moyen d’administrer l’alimentation est bien infirmier. Mais ce qui est administré n’est pas un médicament, ni un traitement, ni un artifice : c’est de la nourriture, comme tous les êtres humains ont besoin. De plus, dans le cas précis de Vincent Lambert, il faut dire qu’il est capable de déglutir de petites quantités de nourriture. Cependant, ses médecins successifs n’ont jamais cherché à stimuler cette capacité en vue d’un recouvrement de ses facultés.
Ainsi, priver Vincent Lambert de son alimentation n’est pas le « laisser partir » ou le « laisser mourir », c’est le faire mourir. Il est erroné et gravissime de voir dans la simple alimentation assistée d’une personne handicapée « une obstination déraisonnable ». Il y a en France des milliers des personnes qui ne peuvent pas se nourrir seules, certaines sont même malades et âgées. Serait-il légitime de les laisser mourir en ne les nourrissant plus ?
« Je suis contre l’euthanasie, mais là… »
… Mais là, c’est bien d’une euthanasie dont il s’agit : la décision par un tiers, le Dr Sanchez, de priver délibérément d’eau et de nourriture une personne avec pour objectif final de le faire mourir. Refuser de nourrir et d’hydrater un handicapé pour provoquer sa mort car on estime que son handicap est trop grave constitue, pour un médecin, un reniement du serment d’Hippocrate.
Si l’on n’est pas ferme sur un principe moral général, alors on se place directement sur une pente glissante. Certes, la situation médicale de Vincent Lambert est terrible et difficile ; mais s’il peut faire l’objet d’une euthanasie par la volonté de sa tutrice et de son médecin, pourquoi des personnes dans le coma depuis plus de 20 ans ne devraient-elles pas, elles aussi, être accompagnées vers une fin digne ? Et pourquoi attendre 20 ans d’ailleurs ? Et si l’alimentation par sonde est un traitement, pourquoi ne pas arrêter le traitement d’autres personnes qui ne peuvent se nourrir seules ?
La direction de cette pente, c’est la Belgique, qui permet légalement aujourd’hui l’euthanasie à la demande de mineurs dépressifs.
« Sa mère est une catholique traditionaliste qui fait subir à son fils ses croyances, c’est ignoble ! »
Lorsque les gens disent qu’il vaut mieux l’euthanasier car « personne ne voudrait vivre dans une telle situation », ces gens prétendent eux-aussi imposer leurs convictions à Vincent. Dès lors que Vincent Lambert ne peut pas exprimer sa volonté, les actions entreprises sur lui sont nécessairement imposées, que ce soit la vie ou la mort. Pourquoi un païen qui ne croit pas en la vie après la mort serait-il plus légitime à imposer ses croyances à Vincent ? Il est tout à fait absurde que certains se moquent des croyances des parents de Vincent Lambert tout en assénant qu’une fois mort,
Vincent Lambert ne souffrira plus. Qu’en savent-ils ? À titre de rappel historique, seules les autorités catholiques s’opposèrent au programme hitlérien "Aktion T4" mis en place en 1939 dans le but d’éliminer les personnes handicapées. Selon le texte du décret du programme, le but était « d'accorder une mort miséricordieuse aux malades qui, selon les critères humains, auront été déclarés incurables après un examen critique de leur état de santé. »
« Quels coûts pour la sécurité sociale ! »[du Reich?]
Oui. Mais fonder un jugement sur la vie ou la mort d’une personne sur des considérations financières est dangereux… pour tout le monde. Que dire de toutes les personnes plongées dans le coma ? Celles atteintes de cancers graves, foudroyants ou lents ? Doit-on fixer un âge au-delà duquel vivre reviendrait trop cher à la société et justifierait qu’on euthanasie une personne trop âgée ? Cela va à l'encontre du principe fondamental de notre système de sécurité sociale : contribuer à hauteur de ses moyens et être soigné en fonction de ses besoins.
Dans le cas particulier de Vincent Lambert, celui-ci ayant eu son accident de voiture sur le trajet entre son domicile et son lieu de travail, il est financièrement pris en charge par la compagnie d’assurance de son employeur, et non véritablement « par nos impôts ». De plus, les frais journaliers dans un établissement spécialisé qui lui serait adapté sont deux à trois fois moindres que dans un service de soins palliatifs. Le transfert demandé depuis des années par ses parents réduirait d'autant les coûts.
« L’ONU n’a rien à voir dans cette affaire. Les exigences de ses comités n’ont aucune valeur en France »
Les Nations unies sont une organisation internationale que les États ont eux-mêmes créée et acceptée en ratifiant un traité constitutif. Or, selon notre Constitution et la jurisprudence du Conseil constitutionnel, les traités internationaux ratifiés par la France s’intègrent à notre ordre légal et ont une force juridique supérieure à la loi.
En l’espèce, dès lors que la France a signé la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son Protocol facultatif, elle s’est engagée, selon notre propre droit national, à reconnaître « que les personnes handicapées ont le droit de jouir du meilleur état de santé possible sans discrimination fondée sur le handicap » et à « Empêche[r] tout refus discriminatoire de fournir des soins ou services médicaux ou des aliments ou des liquides en raison d’un handicap. »
dès lors que les parents de Vincent Lambert ne sont pas parvenus à faire reconnaître le droit à la vie et aux soins de leur fils handicapé en France, il était légitime pour eux de saisir le Comité des droits des personnes handicapées chargé de veiller à la bonne application de ladite convention par la France.
La France a l'obligation de respecter la demande de ce Comité de ne pas faire mourir Vincent Lambert car elle a reconnu à ce Comité le pouvoir de
prescrire les « mesures conservatoires nécessaires pour éviter qu'un dommage irréparable ne soit causé aux victimes de la violation présumée ». En outre, le respect de ces mesures est une condition à l'effectivité du droit de recours individuel auprès des cette instance.
« Toutes ces années de procédures, c’est de l’acharnement judiciaire en plus de l’acharnement médical ! »
Personne ne s’engage dans des années de procédures judiciaires par plaisir et cela n’était ni ce qu’imaginaient, ni ce que voulaient les parents de Vincent Lambert.
Aux sources de cette volonté de protéger la vie de leur fils, il y a évidemment et en premier lieu l’amour parental ; mais il y a aussi la conviction de subir une injustice, d’œuvrer pour la protection de principes et de protéger la vie d’autres personnes qui sont dans des situations similaires à celle de Vincent Lambert.
C’est l’injustice et le scandale qui justifient moralement d’engager tous les recours possibles selon le droit français et international : voir leur fils handicapé être, pour ce motif, assoiffé et affamé jusqu’à la mort par décision d’un médecin et de la justice.
L’acharnement n’est ni thérapeutique, ni judiciaire, il est thanatologique
Maintenant un rappel historique : le 1er septembre on va fêter les 80 ans de lacréation officielle de l'AktionT4 Lisez bien bien des termes procédures et motivations de l'époque rappellent la notre ! (et n'oubliez pas le lien avec les valeurs du capitalisme ! de plus en plus preignant) :
Il y a 80 ans débutait l’opération Aktion T4
C’est à l’été 1939, il y a quatre-vingt ans presque jour pour jour, qu’a été mis en place par le IIIe Reich le dispositif Aktion T4 destiné à éliminer les handicapés physiques et mentaux d’Allemagne.
Si le début officiel de l’opération est le 1er septembre, au commencement de la guerre, la décision avait été prise antérieurement et il est vraisemblable que son exécution a été préparée tout au long de l’été. L’opération, pilotée par la Chancellerie, a reçu le nom de code T 4 parce que l’ administration dédiée a été installée dans une villa confisquée à une famille juive au 4 de la Tiergartenstrasse (rue du Jardin zoologique), une des avenues les plus huppées de Berlin.
C’est là que fut recrutée une équipe restreinte dirigée par Philip Bouhler, destinée à réaliser cette élimination, en liaison étroite avec le Dr Karl Brandt, médecin personnel du führer[1].
Dès avant son accession au pouvoir, Hitler avait ce projet en tête. Il découlait de son idéologie préconisant l’élimination des faibles et des tarés, à la fois pour améliorer la race et pour débarrasser le pays de la charge des improductifs. Il ne fallait pas trembler pour le faire car, selon lui, le monde appartenait aux forts aptes à surmonter les sentiments de pitié. Cela n’a cependant pas empêché Hitler de déclarer que l’opération visait à infliger « une mort miséricordieuse » à des gens dont la vie ne valait pas la peine d’être vécue. Entre les deux-guerres, l’idée d’une élimination des tarés, portée par la philosophie de Nietzsche[2], était déjà dans l’air du temps, non seulement en Allemagne mais aussi dans le monde anglo-saxon.
Dès 1933, les nazis avaient pris des mesures d’« hygiène raciale » : stérilisation obligatoire des porteurs de maladies héréditaires, légalisation de l’avortement dans le cas où un de parents en serait affligé. Mais pour des raisons politiques, Hitler préféra attendre la guerre pour aller plus loin tout en préparant les esprits par une propagande insistant sur le coût social des handicapés. A partir de 1938, la même propagande prétendit que des parents de handicapés de plus en plus nombreux écrivaient pour demander leur élimination.
La difficulté à surmonter était la résistance prévisible des familles et des Eglises. Tout se fit donc dans le secret. Si l’opération débuta avec la guerre de Pologne, c’est que le régime espérait que le bruit médiatique lié à la déclaration de guerre la couvrirait.
On commença par les enfants : dès le 18 août , une circulaire imposa aux médecins et sages-femmes de déclarer (de nos jours on dit "signaler" !) ceux qui naissaient handicapés. Les parents étaient informés de leur transfert dans des unités dispensant des soins spécialisés ; ils devaient signer une autorisation. L’opération fut très vite étendue aux adultes : furent particulièrement visés les psychopathes, les alcooliques, les infirmes, les faibles d’esprit, les incurables. L’inaptitude au travail était le critère déterminant (l'absence de "d'efficience" quoi !).
L’opération se fit hors des hôpitaux psychiatriques, dans six centres spécialisés, dont des châteaux isolés, répartis sur tout le territoire. Les malades y étaient amenés dans des autobus gris aux vitres opaques de la société d’Etat Gekrat. Ignorant leur destination, les familles recevaient plus tard un faire-part de décès pour cause d’épidémie et quelquefois une urne funéraire.
La majorité du corps médical était au courant comme l’a montré le procès des médecins qui s’est tenu à Nuremberg en 1948. Après avoir essayé les piqures de morphine ou scopolamine, l’administration du T4 jugea plus expéditif le recours au monoxyde de carbone, suivi d’une crémation.
On estime que, pendant les deux années (août 1939-août 1941) où elle se déroula, l’opération fit environ 75 000 victimes. Mais l’élimination des malades mentaux ou enfants handicapés se poursuivit hors de l’opération T4, dépassant au total les 100 000 victimes.
Le secret presque absolu dans lequel elle fut menée fit que les réactions furent lentes. D’autant qu’en régime totalitaire, les familles sont isolées les unes des autres et sous surveillance policière. Quand la chose filtra, des pasteurs protestants et de prêtres catholiques écrivirent à la Chancellerie. La protestation la plus spectaculaire fut celle de Mgr Clemens-August von Galen, évêque de Munster qui, à l’été 1941, saisit la justice et interpella avec véhémence le gouvernement du haut de sa chaire. Que l’opération ait cessé peu après est-il l’effet de cette interpellation ou cette phase de l’opération était-elle terminée ? Toujours est-il que l’évêque fit mis au secret et plusieurs de ses prêtres déportés.
Une autre raison de mettre fin à l’ opération, était qu’à l’automne 1941, après l’invasion de la Russie, commençait l’élimination des juifs, d’abord par balle dans les terres occupées de l’ Union soviétique puis, de manière plus « scientifique », dans des camps. L’Aktion T4 aura servi en quelque sorte de terrain d’expérimentation à cette autre opération, prévue elle aussi depuis longtemps. Le personnel qui avait été recruté pour éliminer les malades mentaux fut en partie transféré dans les camps d’extermination.
(source : Roland HUREAUX - agrégé d’histoire)
[1] Condamné à mort à Nüremberg ; Bouhler s’est suicidé en prison. [2] Le philosophe a à plusieurs reprises recommandé l’élimination des tarés.
à 1H 1min : "mais dans quelle société de barbares vivons-nous ? Jusqu'à quand on va accepter ça ? Jusqu'à quand on va accepter de vivre dans une société de barbares dans laquelle la fumée des crématoires ne gêne plus personne ! Tout le monde habite à côté des crématoires, on sent la fumée, et tout le monde dort paisiblement la nuit." "on sera responsables devant nos enfants, nos petits-enfants,
et c'etait pout pouvoir déclencher un projet général, la preuve, regardez maintenant après vincent Lambert ils passent à Tafida Raqeeb:
Et maintenant quand on pense aux ordres qui ont été donnés dans les EHPAD, on se dit que d'habituer l'opinion publique à l'euthanasie c'était vraiment un axe de leur plan d'action (en anglais ça se dit "agenda", mais pas en français !)
oui c'est une mise à mort, et les gens qui ont donné ces ordres devraient être pendus, comme les nazis à Nüremberg
eh oui ! dans un monde normal il y aurait un grand proès de Nüremberg pour ces politiques, et aussi pour les médias (propriétés de 9 milliardaires, on a compris leurs interêts de classe !). Mais Bertholt Brecht le sait : le fascisme est là pour empêcher ce qui se serait passé dans un monde normal ! c'en était le but dans les années 20 et 30, ça l'est encore à notre époque.