toutes les beautés du monde (01/11/2016)
Il y avait autrefois en Inde une coutume de marier es gens, surtout les filles, alors qu’elles sont encore enfants. Souvent un homme adulte prenait chez lui sa future femme encore enfant. Moeurs maintenant stigmatisées. Mais un peu d’ouverture intellectuelle et existentialiste fait toujours du bien. Donc admettons et mettons-nous dans ce contexte vécu. Le grand poète bengali Tagore se sert de cette situation pour en faire la parabole de Dieu, futur « Epoux » de l’âme humaine (c’est pareil dans l’Evangile, relisez), aussi il compare les jouets que le mari offre à sa future épouse encore enfant aux beautés du monde par lesquelles Dieu égaie et élève l’âme des hommes :
LXII
Quand je t’apporte des jouets coloriés, mon enfant, je comprends pourquoi ce chatoiement de l’eau, de la nue, et pourquoi toutes les fleurs sont peintes — quand je te donne des jouets coloriés, mon enfant.
Quand, pour que tu danses, je chante, je sais vraiment pourquoi cette musique dans les ramures, pourquoi le chœur des vagues pénètre jusqu’au sein de la terre attentive — quand je chante pour que tu danses.
Quand je tends de doux objets vers tes mains avides, je sais pourquoi du miel dans le calice de la fleur, pourquoi ce suc exquis dont se gonfle en secret le fruit — quand je tends de doux objets vers tes mains avides.
Quand j’embrasse ta face pour te faire sourire, mon enfançon chéri, je comprends avec certitude quel est ce plaisir qui ruisselle du ciel dans le matin lucide, et quel délice c’est que la brise d’été offre à mon corps — quand je t’embrasse pour te faire sourire.