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10/07/2013

une larme bien oubliée, du temps où je savais pleurer

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01/06/2013

la main sur le coeur

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26/05/2013

un de plus beau poème de Roberts Frost

Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.





04/04/2013

Kafka

(Un autre livre qui mériterait de figurer parmi
les grands classiques de la littérature, c'est
La Course au mouton sauvage de Haruki Murakami)

Avez-vous lu « Le Château » ? Ce roman, le plus étrange, et en même temps le plus typique et le plus profond de Kafka qui commence par ce paragraphe inoubliable :
« Il était tard lorsque K. arriva. Une neige épaisse couvrait le village. La colline était cachée par la brume et par la nuit, nul rayon de lumière n’indiquait le grand Château. K. resta longtemps sur le pont de bois qui menait de la grand-route au village, les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides.»
Ce roman de 500 pages qui raconte les vains efforts d’un arpenteur, dont on ne sait rien qu’une initiale, K., pour obtenir un permis de séjour dans un village dominé par un mystérieux Château, est resté inachevé, par la mort de l’auteur (encore un symbole, même s’il est involontaire !) mais on sait comment il avait l’intention que finisse son roman :
L’« arpenteur » obtient finalement satisfaction, mais au moment où il meurt d épuisement. Autour de son lit de mort la commune se rassemble, et c’est à ce moment qu’arrive su Château une décision déclarant que K. n’a pas réellement droit de cité au village mais qu’on l’autorise tout de même à y vivre et y travailler par égard pour certaines circonstances accessoires.
Comme dit le procès-verbal de Momus :
« L’arpenteur K. devait d’abord chercher à se fixer au village. Ce n’était pas aisé, car personne n’avait besoin de ses travaux, personne ne voulait le recevoir, hormis l’aubergiste du Pont dont il avait surpris la bonne volonté, personne ne se souciait de lui. »
Si vous n’avez pas encore compris l’ami de Kafka, qui l’a édité, dit dans sa postface :
« on peut dire que ce « Château » où K. n’obtient pas le droit d’entrer et dont il ne peut même pas approcher comme il faut, est exactement la « Grâce » au sens des théologiens, le gouvernement de Dieu qui dirige les destinées humaines (le « village »), la vertu des hasards et des délibérations mystérieuses qui planent au-dessus de nous.
….
et comme l’homme épie, perplexe, tendant l’oreille aux bruits du monde qui ne répond que par le silence ou par les oracles les plus divers à son éternelle question concernant le bien et le mal, et comme pourtant l’espoir reste indéracinable au fond de son âme sur la seule voie  qui lui soit destinée ! Jeux de cache-cache de l’intuition, retards, obscurités, donquichotteries, difficultés, impossibilités de la condition humaine, … et ce pressentiment qui transparaît quand même à travers toutes nos erreurs, d’un ordre qui doit nécessairement régner dans des sphères plus hautes.
Il évoque aussi le rôle que jouent les femmes dans tout ça :  
Un passage du manuscrit, biffé (et c’est encore là une singularité de l’auteur : les passages supprimés paraissent aussi beaux que le reste, aussi essentiels), dit donc : «  Il était obligé de s’avouer que, s’il eût trouvé ici Pepi au lieu de Frieda et qu’il lui eût supposé la moindre relation avec le « Château », il eût cherché à presser le mystère sur son sein du même cœur qu’il avait pressé Frieda. »

Et conclut par :

Cet «à faux » des efforts que l’homme entreprend pour comprendre Dieu, cette impossibilité où se trouve sa raison de lancer un pont sur l’abîme, ne pouvaient se trouver mieux rendus
Kafka – pour m’exprimer avec sa discrétion – a « beaucoup vu », il a vu beaucoup de choses qu’on ne soupçonnait pas avant lui.
(Max Brod)

Quand à Camus, dont les personnages semblent dans la même situation que K. il dit dans « Le Mythe de Sisyphe » :
« Lorsque K… téléphone au château, ce sont des voix confuses et mêlées, des rires vagues, des appels lointains qu’il perçoit. Cela suffit à nourrir son espoir, comme ces quelques signes qui paressent dans les ciels d’été ou ces promesses du soir qui font notre raison de vivre. »

Voici un passage du roman :

Olga :
« Il se tuait en pèlerinages et ces démarches qui, sans l’argent, eussent pris rapidement la fin qu’elles méritaient, traînaient en longueur grâce à nous. Comme on ne pouvait vraiment rien faire d’extraordinaire pour les suppléments qu’il payait, un secrétaire essayait quelquefois de lui donner un semblant de satisfaction en lui promettant une enquête et en laissant percer une allusion à certaines traces qu’on aurait déjà trouvées et qu’on suivait, non par devoir, mais par sympathie pour le père ; et le père, au lieu de se défier un peu plus, devenait un peu plus crédule. Quand il avait reçu ces promesses sans valeur, il revenait à la maison comme s’il nous eût apporté la bénédiction du Bon Dieu, et c’était supplice que de le voir grimacer derrière Amalia en ouvrant de grands yeux, en souriant d’un air fin et en nous la montrant du doigt pour nous donner à entendre que la réhabilitation de sa fille était sur le point de s’accomplir grâce aux efforts qu’il avait faits.
….
Il avait formé le dessein de se poster près du Château sur la grand-route à l’endroit où passaient les voitures des fonctionnaires et si l’occasion s’en offrait, de présenter sa demande de pardon. A parler franc, c’était un projet dénué de toute raison, même si l’impossible s’était produit et que sa prière fut parvenue jusqu’à l’oreille d’un fonctionnaire. ….. on peut passer des heures à la leur expliquer, ils remuent la tête poliment mais ils ne comprennent pas un mot. Et c’est bien naturel ; vous n’avez qu’à chercher à comprendre les petites questions administratives qui vous concernent personnellement, des affaires de rien du tout qu’un fonctionnaire règle d’un haussement d ‘épaule, cherchez à les comprendre à fond, vous aurez trouvé du travail pour toute votre vie et vous n’en viendrez pas à bout.
Les moindres détails extérieurs hurlaient l’impossibilité de l’entreprise.
….
Le récit d’Olga lui découvrait la perspective d’un monde si grand, d’un univers si invraisemblable qu’il ne pouvait s’empêcher de la confronter un peu avec ses petites expériences pour se convaincre plus nettement de l’existence de ce monde aussi bien que du sien.
-                     C’est possible, dit Olga, mais … en tout cas aucun d’entre eux n’a de temps à perdre avec le père. Et puis le Château a plusieurs entrées : une fois c’est l’une qui est à la mode et tout le monde passe par-là, une autre fois c’est une autre et les voitures y affluent. D’après quelles règles ces changements s’opèrent-ils ? On n’a pas encore pu le trouver. D’ailleurs, comme le lieu des sorties, le nombres des voitures varie constamment lui aussi suivant des lois impénétrables. Il se passe souvent un jour entier sans qu’on en aperçoive une seule, puis elles processionnent sans arrêt. Et maintenant, en face de ce défilé, représentes-toi notre père. Vêtu de son plus bel habit qui sera bientôt le seul qui lui reste, il quitte la maison chaque matin, escorté de nos bénédictions.  Il emporte un petit insigne de pompier – auquel, au fond, il n’a plus droit – pour l’arborer hors du village ; au village même il a peur de le montrer bien que cet insigne soit si minuscule qu’on ne le voit pas à deux pas ; mais le père s’imagine que ce brimborion va attirer sur lui l’attention des fonctionnaires qui passent au fond de leurs voitures ! Non loin de l’entrée du Château sont les jardins d’un maraîcher, un certain Bertuch, ce fut là, sur le rebord du mur étroit qui supporte la grille du jardin, que le père choisit une place.

Le père restait  donc assis là tous les jours ; l’automne était morne et pluvieux.

Par la suite il cessa de raconter ces détails, il n’espérait sans doute plus rien, ce n’était plus que par devoir, pour faire son aride métier, qu’il allait à-bas passer sa journée. Ce fut à cette époque que commencèrent ses douleurs rhumatismales.

Jusqu’à ce qu’un beau matin le père ne put plus tirer hors du lit ses jambes raides ; il était désespéré ; il croyait voir dans son délire une voiture qui s’arrêtait justement devant chez Bertuch, un fonctionnaire qui descendait, le cherchait le long de la grille, et, dépité, remontait en hochant la tête dans sa voiture ;L père poussait alors de tels cris qu’on eût cru qu’il cherchait à se faire entendre du fonctionnaire de si loin et à lui expliquer combien il était peu coupable de son absence.
….
Et c’est fut alors que commença ce semblant de service dont je t’ai parlé. Barnabé pénétra pour la première fois au Château, ou , plus exactement dans le bureau qui est devenu pour ainsi dire le centre de ses opérations avec une facilité faite pour surprendre tout le monde.
….
Mais si moi, K., j’ai parfois dénigré ce service de messager, ce n’était pas dans l’intention de te tromper, c’était par peur. Ces deux lettres qui sont passées par les mains de Barnabé constituent depuis trois ans le premier signe de clémence qui ait jamais été adressé à notre famille. Ce revirement, si c’en est un et non une illusion – car ici les illusions sont plus fréquentes que les revirements – est en rapport avec ta venue.
….
- Pourtant, dit K., toi et Amalia, vous cherchez toutes deux à m'oter de plus en plus confiance dans les messages.
- Oui, dit Olga, c'est ce qu fait Amalia; et je l'imite. C'est l'effet de ce manque d'espoir qui nous accable. Nous croyons que l'absence d'intérêt des messages est une chose tellement évidente que nous ne risqons  de faire aucun mal en en parlant, et qu'au contraire nous nous rendons par là plus dignes de ta confiance et de ta pitié, les seules choses dans lesquelles nous espérions au fond; Me comprends-tu? Voilà comment nous raisonnons. Les messages sont sans intérêt, on ne saurait y puiser directemen nulle force, tu es trop intelligent pour t'y laisser tromper, et, si nous pouvions te tromper, Barnabé ne serait qu'un porteur de mensonges.

......
- Non, dit Olga, tu t'y trompes et peut-être s'y laisset-il prendre lui aussi; à quoi est-il donc arrivé? Il a le droit d'entrer dans un bureau, et encore cette salle où il entre n'a même pas l'air d'être un bureau, c'est peut-être tout simplement l'antichambre des vrais bureaux, et peut-être même pas, c'est peut-être une pièce où l'on retient tous ceux qui n'ont pas le droit d'entrer dans les vrais bureaux; Il parle avec Klamm, .. mais est-ce Klamm, N'est-ce pas plutôt quelqu'un qui ressemble un peu à Klamm? un secrétaire peut-être, en mettant les choses au mieux, qui ressemble  un peu à Klamm et qui travaille à lui ressembler encore plus, qui prend le genre endormi de Klamm et son air de rêver toujours; c'est par ce côté qu'il est le plus facile à imiter, aussi bien des gens s'essaient-ils de le copier en cela, laissant prudemment de côté le reste de l'original. Un homme aussi souvent recherché et aussi rarement atteint que Klamm prend facilement dans l'imagination des gens des sillouhettes différentes."


Quelques interprétations des symboles qu’on peut déduire du récit (la lecture de ce roman, comme vous vous êtes peut-être rendu compte, stimule l'intellect et l'intuition, et les met en recherche de significations symboliques cachées) :
l’Arpenteur = l’homme et sa raison
Barnabé : l’Église, les « Prophètes »
Les aides = les instincts
Klamm = Dieu
Sortini ? Le Christ ?
Momus  = le Pape
Erlanger = Vishnou endormi.

C'est un livre que certains jugeront sans doute ennuyeux et  plein de détails et de propos oiseux (c'est voulu !) mais que beaucoup d'autres liront avec passion, enchantés et retenus par le mystérieux "je ne sais quoi" qui s'en dégage, et  année après année toujours il éprouveront le désir de replonger dedans !

24/03/2013

PORT-ROYAL

Henry de Montherlant (1895-1972) estis franca verkisto, kiu post verkinte en la periodo inter-du-militoj romanojn pri ŝato al taŭroludo, sporto, virecaj virtoj, virinoj, en la 40aj –60aj jaroj verkis serion da seriozaj teatraĵoj, el historiaj temoj, kiuj restas ĉiuj kiel ĉefverkoj de profundaj problemoj, historia skrupulo, psikologio, veraj tipoj de l’klasika gusto. Kaj kiel en ĉiuj «klasikaj» teatraĵoj, le por, la malpor kaj ĉiaj aliaj tezoj kaj antitezoj, estas sambone traktitaj kaj miksitaj. Unu el tiuj "La Mortinta reĝino" estis esperantigita de André Cherpillod.
En1972 li iĝis blinda. Tiam li memmortigis. En lia testamento li diris, ke oni bruligu lin, kaj disĵetu liajn cindrojn super la forumo de Romo. La turistoj, kiuj vizitas tiun lokon nun, eble tretas la cindrojn de lia kadavro !
En unu el siaj famaj teatraĵoj, « Port-Royal » li traktas eventeton el la religia historio de l’franca 17-a jarcento, pri la disputoj okazintaj ĉirkaŭ la jansenisma movado http://eo.wikipedia.org/wiki/Jansenismo
NB: la scenejo estas en la abatejo de Port-Royal jene prezentita sur la malnova 50 franka monbileto :

En tiu perfekte « klasikstila » teatraĵo li, viro de l’20-a jarcento, sukcesas paroli per la lingvaĵon de la 17-a jarcento, li ateisto paroligi kristaninojn kaj plenanime bildigi iliajn sentojn, kaj dum faranta kreadon de verkisto, resti skrupule fidela al la historiaj eventoj, ĝis en ties detaloj. Tiu historio pri religiaj disputoj 17-jarcentaj povus esti tute ekstertempiĝintaj (sed ĉu vere estas malvirto ? ĉu ne estas male plezuriga, kaj riĉiga, por ioma tempo eskapi al sia propra framo kaj fono kaj enigi sin en alian ? alilandan, aliepokan ?).
Sed fakte tiuj kunpuŝiĝoj, tiuj disŝiriĝoj foje montras sin imprese « aktualaj » temoj ! juĝu mem. Jen eltiraĵoj de la teatraĵo :


Iom en komenco de l’teatraĵo, la scenejo estas en la parlejo de l’abatejo de Port-Royal, de malantaŭ la krado fratino Gabrielo parolas kun vizitanto :
LA VIZITANTO :
Senrespektulino ! Ĉu al via patro vi parolas tiel ? Kaj ĉu via patro estas por vi « La mondo » ? Ha ! mi konjektas, ke malantaŭ via vualo vi certe akiris tiun pinĉitan buŝon kaj akrajn okulojn, kiun oni ekvidas post iom da tempo, kiam per hazardo ili malvualiĝas, ĉe tiuj, kiuj eniris tie ĉi. Nu do ! Jen mi do klarigos min. Vi, kiu donis vin al Dio de sufero, tio estas iel via sorto vivi en afliktado. Sed ni, kiuj ne forlasis la centjarojn(1), vi ne scias kiun kondiĉon estas farata al ni, kaŭze de vi, kaj la sinjoroj, kiuj kondukas vin. Ĉio fartis bone, ĉio plenumiĝis fide kaj glate. Kaj tuj abrupte, la rideto mallumiĝas, la paroltono frostiĝas ; la pordo fermiĝas, la afero maltrafiĝas, la proceso estas malgajnita, la fianciĝo malligita. Kio estas la tubero en la afero ? Kio okazis ? okazis, ke iu ligis al via nomo tiun vorton : jansenisto. Kaj cetere ne estas bone sciata en kio konsistas esti tio. Sed sufiĉas : la vorto diritas, kaj jen vi inter la favuloj ; rajtantaj apenaŭ nur la etan lokon, kaj l’ostojn kiujn oni ĵetas sub la tablon ; flanken, rubujen, klinanta l’dorson, tanĝanta l’murojn, kiel venkito en sia de l’malamik’ okupata lando …

FRATINO GABRIELO :
Koncerne pri ni, la fraŭlinoj de Port-Royal (2), povas esti dirata, ke reĝa mezuro estas al ni donata : ni estas samtempe miskomprenataj, furoraj, kaj abomenataj.

LA VIZITANTO :
Subskribu, filino mia, subskribu tiun Formularon, kiu metos nin ĉiuj en pacon. Obeu vian Ĉefepiskopon. Kiom bone oni spiras, kiam oni faras nenion alian ol obei ! Kiom vivo subite fariĝas facila ! Kredu pri tio maljunan soldaton. Nu jen! ĉu vi promesas ĝin al mi?

(1) = la mondo, la reala ekstera vivo, la nereligia socio.
(2) la nomo signifas: Haveno Reĝa

Port-Royal.jpg





pli poste, en mezo de l'teatraĵo:

LA ĈEFEPISKOPO :

Aŭskultu min bone ; Estas la Papo, aŭ pli bone du Papoj, ĉar du papoj elparolis ; poste estas la Reĝ’, poste l’Episkopoj, poste la Fakultatoj, la Doktoroj, la religiaj komunumoj ; kaj ĉiuj kune samopinias, krom manpleno da fraŭlinoj, el kiuj kelkaj, kiaj vi mem, estas knabinoj, kaj kiuj volas dikti leĝon al la kleruloj kaj aŭtoritatuloj. Konsistigas tio ribelon, kiu estas netolerebla. Ĉiaterene kien ja irus ni, se ĉiu ekpensus per si mem ? Estas kredendaro, estas kanono, estas la superuloj kaj la malsuperuloj. Kaj kial do Dio metus homojn super niaj kapoj, se ne estus por tio, ke ni obeu ilin ? Ni vivadas, dank’al Dio, en reĝlando kie la subulo ĉiam restas sur la propra loko. Ĝis tien, kien estas en miaj kapabloj, ne estos dirata, ke tiu natura ordo estas falpuŝita. Neniam mi konsentos. - Kaj nu pensu, ke tiom malmulton estis petita al vi ! Estis al vi petita esti kiel la aliaj, ĉu aŭdas vi ? tutsimple kiel la aliaj !

FRATINO FRANSCISKO :

Ni estas malsamaj kaj, pravas, estas tio ununura la kulpigo, kiun oni havas kontraŭ ni. Ni estas malsamaj, sed kristanismo estas malsama, ĉefepiskopa Moŝto. Je mia parolvico mi diros al vi, ĉefepiskopa Moŝto : aŭskultu al mi, aŭskultu tion. En unu vilaĝo estis ekleziulo kiu daŭre legadis sian brevieron. Tiam en la vilaĝo ili komencis nomi lin jansenisto. En unu monaĥejo, estis pensioninetoj, kiuj ĉiam kun mallevitaj okuloj iradis : tiam oni finomis ilin jansenistinoj. En ĉiaj lokoj kie kristanismo estas rigardita kun seriozo iom pli ol en la aliaj, oni nomas jansenistoj tiujn, kiuj tiel ĝin rigardas, kaj oni pritraktas ilin kiel malbenitulojn kaj pestulojn. Estas tiu amo, kiun ni direktas al Dio, kiu havigas al ni la malamon de l’mondo. La mondo malamas nin tiel, kiel ĝi malamis Jesuon Kriston.

LA ĈEFEPISKOPO :

Nu jes ja, vi estas sanktulinoj ! – Sanktecon ! Sanktecon ! Vi, vivas vi, kun terenmallevitaj, aŭ kun ĉielenlevitaj okuloj. Estas mi devigita rigardadi je l’nivelo de homalto. Devas mi movigi la homojn. Mi devas uzi ilin. Mi devas laŭiri laŭ ili. Kaj ĉio-ĉi kiel eble plej kristanece. La arton vivi kun sia kunhomo oni ne ellernas en la nuboj, nek en la preĝado.

(esperantigis R. Platteau 16/3/2009)



(ekzemple en le dua paragrafo anstataŭigu « jansenisto » per « teroristo », « ultra-gauche», «kontraŭsemidisto », "sekto", aŭ kiu ajn alia « diabliga » termino nuntempe furoranta ! hmm ?)




Une citation typique de Montherlant :
« L’homme … qui a vécu, et vécu avec intelligence, ne peut être qu’un « monstre de complexité. Mais il la cache d’ordinaire, car sa complexité, mieŭ connue, le rendrait insupportable au monde. »
et puis il a dit aussi :
« … ce que, depuis plus de quarante ans, je ne cesse de répéter dans mes livres…. Que le grand événement de la vie est d’aimer (non pas d’être aimé) … toutes ces formes (d’amour) ont quelque chose en commun : l’attrait de l’être pour l’être, et c’est lui le grand événement de la condition humaine… Quand je me retourne je ne dis pas : - voici ce que j’ai fait … mais voici ceŭ que j’ai aimés, et voici ceŭ que j’aime encore. »
antaŭ 5 jaroj.

 


citaĵo de Montherlant :
"Agado estas nura favo : oni gratas sin, tutsimple."
 
esperante la du citaĵoj supraj
"La homo ... kiu estas vivinta, kaj vivinta kun inteligento, ne povas ne esti "monstro" el komplekseco. Sed kutime ĝin li kaŝas, ĉar lia komplekseco, se ĝi estu konata, igus lin neeltenebla en la okuloj de l'socio."
"tion, kion de pli ol kvardek jaroj, mi daŭre ripetas en miaj libroj ... ke la granda evento de la vivo estas ami (ne esti amata) ...... ĉiuj tiuj formoj de amo havas ion komunan : altiro de estaĵo al estaĵo , kaj estas tio la granda evento de l'homa kondiĉo .... Kiam mi returan mian rigardo mi ne diras : jen tio, kion mi faris .... sed jen tiuj, kiujn mi amis, kaj jen tiuj, kiujn mi plu amas."

20/03/2013

VERCORS - Sylva

Parmi les innombrables émissions merveilleuses et inoubliables qu'il y avait autrefois à la radio, il y avait sur France IV, devenu, lors du commencement de la fin, "Inter-Variétés" au début de chaque fin d'après-midi à cinq heures une émission pour les femmes "Rendez-vous à cinq heures", et dans le cours de cette émission il y avait toujours un moment de lecture suivie d'un roman. J'en ai découvert plusieurs par ce moyen, et il y en a plusieurs que je n'ai pas oubliés, et que j'entends encore. L'un d'eux fut "Sylva" de Vercors. (NOUVEAU: il y a un site qui l'étudie de manière détaillée, ici http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/sylva.html) Roman sur le thème, central chez lui, de savoir quelle est la différence entre les hommes et les bêtes, qu'est-ce qui fait un homme? Dans ce roman il imagine qu'une renarde est devenue tout à coup, par un phénomène non expliqué, une femme.
Ce livre a en fait des défauts exaspérants: il pue le racisme social ainsi que les préjugés rancis de cette époque encore idéologiquement aveuglée au sujet des animaux par l'ideologie-Descartes/Malbranche et les rites verbaux (ah ce fameux "instinct"!) de plusieurs siècles de refus-de-voir crispé. Mais si j'y suis resté attaché, au point de l'acheter trente ans plus tard exprès ! ( c'etait l'édition originale, il n'a jamais été réédité, avec des pages à couper et il y en a que j'ai laissées en l'état) c'est bien sûr à cause du souvenir. Et puis aussi à cause de ce passage, qui m'avais bien sûr marqué à l'époque, quoiqu' il ne m'apprenait rien (justement parce qu'il ne m'apprenait rien, l'épouvante de la mort fut l'ombre majeure de mon enfance, et je ne comprends toujours pas, c'est une chose qui m'effare totalement, comment se fait-il que les gens puissent vivre "comme s'ils ne savaient pas" (A. Camus) et pourquoi il n'y a pas des milliers d'enfants qui se suicident à 10-13 ans, c. à d. une fois arrivés à l'âge de se rendre compte ?) le moment où Sylva, la renarde devenue femme, découvre la mort.
Voici, donc, justement, extrait de cette édition de 1961, le passage en question. Avec ce fameux et tellement classique "argument" pour rassurer les gens, le plus classique, et de loin le plus con ! - mais si souvent efficace, il se base sur la faiblesse infinie de l'intelligence humaine, et l'engourdissement encore plus infini de sa sensibilité (qui cause bien d'autres aberrations et inconsciences de la pensée, pas seulement celle-là !) parmi ceux qu'on nous sert pour "think positive !" sur ce sujet : celui qui ici appraît sous ces mots : "Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d’y penser ! "


« Quand nous la rejoignîmes un peu plus tard, elle avait en effet déterré le chien, mais elle ne l’avait pas touché. Après une journée passé en terre, il était devenu assez atroce : attaqué par les fourmis, les taupes, les nécrophores, il ressemblait déjà, au fond de son trou, à une vielle peau de bique toute mitée, usée, percée, au surplus maculée d’humeurs saignantes. L’odeur commençait à être peu supportable. Sylva regardait la charogne dans une immobilité impressionnante. Je m’approchai d’elle, l’entourai de mon bras, je dis doucement :

Tu vois, il est mort.


Sylva ne quittait pas des yeux son malheureux copain. Elle commença de trembler, très légèrement, mais sans arrêt. C’était plutôt un long frémissement interminable. Je la pressais bien fort contre moi. Enfin elle demanda, avec une espèce de difficulté, comme si elle avait eu du mal à faire usage de la parole :

- Plus… jouer… ?

Je dis avec autant de douceur que je pus :

- Non, ma petite Sylva. Pauvre Baron, plus jouer.

Sylva tremblait avec une intensité croissante. Et puis elle arracha son regard de la triste dépouille, et alors elle le posa sur moi. Ce n’était pas un regard questionneur. C’était plutôt une sorte d’examen aigu, étrangement aigu de mon visage. Comme une méditation profonde sur la signification d’une figure humaine. Mo, je la laissais faire, sans rien dire, n’osant ni tout à fait sourire, ni tout à fait montrer un visage trop grave, trop attristé. Je lui rendais son regard avec tendresse mais ce n’était pas mes yeux qu’elle regardait. C’étaient mon nez, mes lèvres, mon menton. Et à la fin elle demanda, mais sa voix était plate (1) et sans intonation :

- Bonny aussi, plus jouer ?

j’éclatai d’un rire discret, plus bas que haut, un rire émis seulement pour rassurer cette crainte singulière.

- Mais si, Bonny jouera encore. Il n’est pas mort, Bonny ! Il se porte tout à fait bien.


Et répéta, d’un ton impérieux :

- Bonny aussi, plus jouer ?


- Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d'y penser!

Et quand enfin elle retrouva son souffle, je crus que – comme un nouveau-né – elle allait se mettre à hurler. Et en effet elle se mit à hurler, mais elle hurlait des mots, des « Veux pas ! Veux pas ! … » sans fin avec des grimaces si douloureuses que son frais et charmant visage triangulaire devin d’une laideur simiesque (sic), tout plissé et tout cramoisi.


Elle avait murmuré : « Et Sylva ?… « et je n’avais pas osé répondre. D’ailleurs attendait-elle une réponse ? N’en était-ce pas une que sa question ? Elle dit « Et Sylva ?… » et regarda Nanny. Et en la regardant plutôt que moi, elle sentait bien, elle devinait bien, qu’elle se heurterait à une défense plus faible. Et en effet, sous ce regard, la pauvre Nanny faiblit, elle ne put cacher son émoi ni sa peine. Elle tendit vers Sylva ses deux bras avec une expression de pitié, d’affection consternées. Mais loin de se précipiter, la jeune fille bondit en arrière. Elle nous dévisagea l’un après l’autre, avec une espèce de haine. Sa bouche s’ouvrit, mais elle ignorait les injures. Alors elle tourna sur elle-même et s’enfui.



VERCORS « Sylva » - 1961 – p.222-2

09/03/2013

la plej romantika renkonto - Traduction en Espéranto d’un texte Fondamental de Curzio Malaparte sur la morale

"De ĝi, multe pli ol de la homoj, kun ilia kulturo, kun ilia gloramo, lernis mi, ke moralo estas senutiliga, ke ĝi estas al si mem sia celo, ke ĝi ne nur intencas savi la mondon (ne nur savi la mondon !) sed nur ĉiam elpensi novajn pretekstojn al ĝia neprofitemo, al ĝia libera disvolviĝo mem. Renkonto de iu homo kaj iu hundo ĉiam estas renkonto de du liberaj mensoj, de du specoj de digneco, de du senutiligaj moraloj. La plej senutiliga kaj plej romantika renkonto."


jen (unua beletra teksto de mi esperantigita, en 2001) paĝo de Curzio Malaparte pri sia hundo FEBO, kiu akompanis lin dum liaj jaroj da ekzilo kaj malliberigado (far la tiama faŝisma registaro itala). Tiu korŝira teksto, krom sian ravigan belecon, kunportas al ni gravegajn instruojn, kaj pri la hundoj, kaj pri kio estas moralo.



FEBO

« . . . mia hundo Febo, kiun mi estis akceptinta malsatmortantan sur la plaĝo Marina Corta , en insulo Lipari, kiun mi estis fleginta, nutrinta, vartinta en mia morta domo en Lipari, kiu estis mia unika kunulo en la daŭro de tiuj ekzilaj jaroj en tiu trista insulo, tiom kara je mia kor’ !

Neniam amis mi virinon, fraton, amikon tiel, kiel mi amis Febon. Ĝi estis hundo tiel, kiel mi. . . . Tiu estis nobla estulo, la plej nobla estulo, kiun mi iam ajn renkontis dum mia vivo. Ĝi estis el tiu rara kaj delikata familio de leporhundoj, ĝisvenintaj el la bordoj de l’Azio kune kun la unuaj ioniaj migradoj, kaj kiujn la Lipari-aj paŝtistoj nomas cerneghi. Tiujn-ĉi hundojn la helenaj skulptistoj skulptis sur la bareliefoj de la tomboj. « Ili forpelas morton », diradas la Lipari-aj paŝtistoj.

Ĝia felkoloro estis luna, roz- kaj or-kolora, la koloro de l’luno sur la maro, koloro de l’luno sur la malhelaj kaj glimaj folioj de l’citronujoj kaj oranĝujoj . . . Ĝi estis de la koloro de l’luno sur la helena maro de Lipari . . . La koloro de la morta luno, iom da tempo antaŭ l’matenruĝo. Mi nomadis ĝin Lunhundo.

Ĝi neniam malproksimiĝis de mi. Ĝi min sekvis kiel hundo. Mi jes diras, ĝi min sekvis kiel hundo. Ĝia ĉeesto en mia mizera domo Lipari-a, senĉese vipita de l’vento kaj maro, estis mirinda ĉeesto. Dumnokte la varmeta brilo de ĝiaj lunaj okuloj lumigis mian nudan ĉambron. Ĝi havis la okulojn iel palbluaj tiel, kiel la kolor’ de la mar’, ĉe la kliniĝanta lun’. Ĝian ĉeeston mi sentis tiel, kiel tiu de ombro. Ĝi estis kiel la respegulaĵo de spirito mia. Sufiĉis ĝia helpa ĉeesto, ke mi ritrovis tiun malestimon je la homoj, kiu estas la precipa kondiĉo de la trankvilo kaj saĝeco en la homa vivo.

De ĝi, multe pli ol de la homoj, kun ilia kulturo, kun ilia gloramo, lernis mi, ke moralo estas senutiliga, ke ĝi estas al si mem sia celo, ke ĝi ne nur intencas savi la mondon (ne nur savi la mondon !) sed nur ĉiam elpensi novajn pretekstojn al ĝia neprofitemo, al ĝia libera disvolviĝo mem. Renkonto de iu homo kaj iu hundo ĉiam estas renkonto de du liberaj mensoj, de du specoj de digneco, de du senutiligaj moraloj. La plej senutiliga kaj plej romantika renkonto.

. . .

Tiu estis la plej kara inter miaj fratoj, mia reala frato, tiu, kiu perfidas ne, tiu, kiu humiligas neniam. La frato kiu amas, kiu helpas, kiu komprenas, kiu pardonas. Nur tiu, kiu suferis longajn jarojn da ekzilo en sovaĝa insulo, kaj , revenante inter la homojn, vidas sin evitegita tiel, kiel leprulo far ĉiuj tiuj, kiuj, iam, kiam estos mortinta la tirano, mienos kiel herooj pri l’libereco, nur ĉi tiu scias, kion povas esti hundo al homa estaĵo.

. . .

Tiu estis malgaja hundo seriozokula. Ĉiuvespere ni restadis longajn horojn sur la alta ventoplena sojlo de mia domo rigardantaj la maron. . . . Ni rigardadis la maron, flarante amaran odoron de l’salo, fortan kaj ebriigan odoron de la oranĝujoj, odoron de la kaprolakto, de la juniperaj branĉoj fajrigitaj en la fajrejoj, kaj tiun varman kaj profundan odoron virinan, kia estas la odoro de la Sicilia nokto, kiam ekaperiĝas la unuaj steloj pale el la fono de l’horizonto.

Kaj iutage oni kondukis min, manojn katenitajn, de Lipari en alian insulon, kaj de tie, post longaj monatoj, Toskanion. Febo sekvis min demalproksime, kaŝiĝanta malantaŭ la anĉovoplenaj bareloj kaj ŝnuregaro sur la ferdeko de Santa Marina, la malgranda vaporŝipo, kiu ĉiusemajne veturas de Lipari Napolon, kaj inter la fiŝ- kaj tomat-plenaj korboj sur la motorboato, kiu veturadas ire kaj returne inter Napolo Iskia kaj Ponza. . . . Mi po foje retrorigardis por vidi, ĉu Febo sekvas min, kaj mi vidadis ĝin laŭtanĝi la murojn, la voston kuntiritan inter la kruroj, en la Napolaj stratoj, de l’Immacolatella ĝis Molo Beverello, kun ravigan malĝojon en ĝiaj helaj okuloj.

En Napolo, malsupreniĝante inter la karabenistoj la strato Partenope mi vidis du virinojn alproksimiĝantajn je mi ridetante : ili estas S-ino Benedetto Croce kaj Minnie Casella, l’edzino de kara mia Gaspare Casella. Ili salutis min per la patrineca gracieco de la italaj virinoj, ŝovis florojn inter miaj mankatenoj kaj la manartikoj, kaj S-ino Croce petis al la karabenistoj , ke ili min konduku ien por manĝi. Mi estis nemanĝinta de du tagoj.

« Almenaŭ igu lin piediri ĉe la ombro », diris S-ino Croce.

Estis monato junio, kaj la suno frapadis al mi sur la kapon kiel per martelo.

« Dankon, mi bezonas nenion, mi diris, mi nur deziras, ke vi donu al mia hundo ion por trinki.“

Febo estis haltinta kelkajn paŝojn disde ni, kaj rigardegis la vizaĝon de S-ino Croce per preskaŭ suferiga intenseco. Estis la unua fojo, ke ĝi estis vidanta la vizaĝon de l’homa bonkoreco, de la kompato kaj de la afableco virinaj. Longtempe ĝi flaris la akvo, antaŭ ol trinki. Kelkajn monatojn poste mi estis translokigita Toskanion, en Lucques. Oni enkarcerigis mi en la malliberejon de tiu urbo, kie mi restis longtempe. Kiam mi eliris el ĝi inter gardistoj, estonte kondukata al mia nova punekzilloko, Febo estis atendanta antaŭ la pordo de l’malliberejo, malgrasa kaj kotokovrita. ĝiaj helaj okuloj glimis je ia abomeninda mildo.




(tiun tezon pri moralo oni trovas ankaŭ centre en la analizoj de Zygmunt Bauman)

03/03/2013

La okuloj

Vidu, kiel dolĉe, kiel bone
estas ĉiuj kiel fratoj loĝi kune
Estas kvazaŭ rara oleo sur kapo fluanta
malsupren sur barbon sur vestokolumojn.
Kvazaŭ roso

malsupreniĝanta el de la montoj
Tie kuŝas viv' por ĉiam
tie kuŝas viv' por ĉiam

La okuloj restadis kontraŭ miaj
Ili ne volis foriri.
Mi diradis al ili: « iru for! »,
Ili restadis
fikse senmovaj
Tial
Mi pelis ilin per bastono,
per piedbatoj;
Sed kiam ilin oni forpeladis
tuj oni vidis ilin revenantaj galope
kaj vidis ilin sin posteni
kontraŭ la proprajn okulojn.
Kontraŭ la propran nazon mian.
Tial mi iris serĉi ajlon
mi tranĉis cepojn
kaj mi plorigis ilin !
Sed la okuloj restadis,
enradikiĝintaj kiel plantoj,
Ili nepre ne volis foriri.
Tial
ĉar mi komprenis ke,
Mi ne povos ilin forpeli,
Mi lasis ilin eniri en mian domon.
Ili manĝis ĉe mia tablo mian panon
kaj partigis ĉion, kion mi havis,
kaj ĉefe ĉion
Kion mi ne havis.
Tial
Tiuj okuloj iĝis miaj propraj
Kaj miaj propraj iĝis tiuj.

Vidu, kiel dolĉe, kiel bone
estas ĉiuj kiel fratoj loĝi kune
Estas kvazaŭ rara oleo sur kapo fluanta
malsupren sur barbon sur vestokolumojn.
Kvazaŭ roso
malsupreniĝanta el de la montoj
Tie kuŝas viv' por ĉiam
tie kuŝas viv' por ĉiam


Julos Beaucarne
Esperantigis R. Platteau

http://www.paperblog.fr/4644816/notre-vie-de-paul-eluard-...

19/02/2013

Foule sentimentale - Sentama homamas'

kanzono far Alain Souchon.

ĉi tie la muziko kaj la franca originalo : http://www.youtube.com/watch?v=7k9j7TQbNlg



kaj mia esperantigo :


Ho lala la roza viv'
Proponas roze al ni,
La varojn havi al ni,
Kiuj logas al ali'.
Jen oni kredigas nin,
Ke feliĉo 'stas en hav',
Havaĵo amase en ŝrank'.
Ho vanta vantaĵo pri ni, ĉar

(rekantaĵo :)
Sentama homamas'
Soifas pri ideal'
Logata de l'steloj, veloj
Nur aferoj nevaraj.
Sentama homamas'
Ve kiel oni traktas nin,
Kiel traktas nin.

Rampiĝas el
Tiuj kartonkestoj ve
Forlavaj sen ebla uz'
Homoj, sen gaj' sen avantaĝ'.
Trudaj al ni
Deziroj afliktantaj ni.
Traktakaj ni fek ! estas de, ke
Naskiĝis ni,
Kiel fekulojn, dum 'stas ni
La

al rekantaĵo

Ili nin Klaŭdja Ŝifer-(1)
as, nin Pol-Lu Sulicer(2)
Kiom malbon' al ni l'far';
Rustigis l'virinon el fer';
Al ni sopir' venas alval',
Al futur' infana pal',
Plibono, revo, ĉeval'
.

al rekantaĵo



(1) Claudia Schieffer (usona sex-symbol)

(2) Paul-Loup Sulitzer (verkisto de komercaj romanoj)



esperantigis Roland Platteau ?/2011-9/8/2012



23/01/2013

Francis Carco - L'Ombre

un des plus beau et tristes poème de Carco, à lire avec ce morceau ( à compléter un morceau de Mosalini au bandoneon, il faut que je trouve le lien) comme fond musical :


 

Quand je t'attendais, dans ce bar,
La nuit, parmi des buveurs ivres
Qui ricanaient pour avoir l'air de rire,
Il me semblait que tu arrivais tard
Et que quelqu'un te suivait dans la rue.
Je te voyais te retourner avant d'entrer.
Tu avais peur. Tu refermais la porte.
Et ton ombre restait dehors:
C'était elle qui te suivait.

Ton ombre est toujours dans la rue
Près du bar où je t'ai si souvent attendue,
Mais tu es morte
Et ton ombre, depuis, est toujours à la porte.
Quand je m'en vais, c'est à présent moi qu'elle suit
Craintivement, comme une bête.
Si je m'arrête, elle s'arrête.
Si je lui parle, elle s'enfuit.

Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe.
Elle disparaît et s'efface
Mais envahit tout, à la nuit.

Sous le métro de la Chapelle
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m'attend, derrière les piliers noirs,
Où d'autres ombres fraternelles,
Font aŭ passants, qu'elles appellent,
De grands gestes de désespoir.

Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n'a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystère
Soudain se ferme sur ses pas...

Et moi qui cherche où tu peŭ être,
Moi qui sais que tu m'attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et je viens, toute la nuit,
Je marche seul, comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie,
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi...

Cependant tu n'étais qu'une fille des rues,
Qu'une innocente prostituée,
Comme celle qui apparut,
Dans le quartier de Whitechapel,
Un soir, à Thomas de Quincy
Et qu'il chercha, plus tard, sans jamais la trouver,
De porche en porche et d'hôtel en hôtel...

Il le raconte dans un livre.

C'est là, que pour la première fois, que je t'ai rencontrée.
Tu étais lasse et triste, comme les filles de Londres,
Tes cheveŭ conservaient une odeur de brouillard
Et, lorsqu'ils te voyaient à la porte des bars,
Les dockers ivres t'insultaient
Ou t'escortaient dans la rue sombre.

Je n'ai pas oublié l'effet que tu me fis
Dans ce livre désespéré,
Ni le vent, ni la pluie, ni le pavé qui luit,
Ni les assassins dans la nuit,
Ni les feŭ des estaminets,
Ni les remous de la Tamise
Entre ses mornes parapets...
Mais c'est après bien des années
Qu'une autre qui te ressemblait
Devait, le long des maisons grises,
Me faire signe et m'accoster.

Ce n'est pas toi. C'est tout ce que tu me rappelles:
Comme j'étais triste, avant de te connaître,
Comme je m'enfonçais, avec délices, dans ma tristesse.
En marchant dans les rues, en entrant dans les bars,
En suppliant la nuit les ombres de parler,
Sans cesser d'errer et d'aller...

Mais partout il était trop tard.

Un air d'accordéon s'achevait en hoquet.
On décrochait, l'une après l'autre, les lumières
Et le passant, à qui je demandais du feu,
Me tendait un cigare éteint.
Où me portaient mes pas, c'était la même histoire.
J'allais toujours vers les sifflets des trains,
Sur un grand boulevard trouble et peuplé de fantômes.
Mais les trains passaient en hurlant,
Et cette attente avait l'air d'un départ.

Tu es venue pour t'en aller.
Je t'ai pourtant conduite en ces lieŭ désolés
Et tu m'as dit: « Quoi que tu fasses,
C'est moi, dorénavant, que tu verras parmi tous ces fantômes.
Tu me sentiras près de toi,
Tu penseras que je suis morte
Et jamais tu ne m'oublieras.»

Je t'écoutais, je te suivais sous les lumières.
Il n'y avait que nous de vivants en ces lieŭ,
Nous seuls mais je savais que des deŭ, la première,
Ce serait toi qui me dirais adieu.
Et j'avais beau ne pas vouloir,
Te retenir par ta petite main,
Le cri, le roulement et la fumée des trains,
Les rails et leurs feŭ en veilleuse,
Le pont noir tout retentissant
Du bruit des lourds wagons entre-choqués,
Par un présage obscur déjà nous séparaient.

Une autre fois, dans ce quartier sinistre,
Nous nous sommes assis sur un banc, à la nuit,
Et le vent qui chassait la pluie,
Les globes des hôtels meublés,
Les marlous aŭ chandails humides,
Les filles qui nous regardaient
Accumulaient, autour de nous, les maléfices
Dont le cercle se rapprochait.
Alors tu t'es mise à pleurer.

À m'expliquer, sans élever la voix,
Qu'un jour tu me délivrerais
De ces larves qui sont en moi...
Tu parlais et la pluie tombait.
C'était la pluie qui te faisait pleurer,
Comme un chagrin que rien n'apaise,
Comme une peine inconsolée.

Et la ronde des ombres et des feŭ des maisons
Tournait infatigablement
Avec ses voyous et ses filles,
Ses bars, où les phonos grinçaient,
En nous jetant quelquefois, par la porte,
Comme l'appel d'une voix morte...

La ronde que rien ne lassait,
Tournait et m'emportait, avec toi qui es morte,
Tourne et m'emporte encore, avec tout mon passé,
Hors du temps, hors du monde, hors de tout ce qui est
Ou qui n'est pas, mais que toi, dans l'ombre, tu sais...



Francis Carco

L’OMBRE


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