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25/05/2022

Raymond Quenaud

peu connu peu reconnu, considéré comme un fantaisiste, donc pas sérieux (au contraire il a abondamment montré, comme son contemporain Jean Tardieu d'ailleurs,  qu'on peut être  en même temps fantaisiste et d'une grande profondeur), Raymond Quenau a l'air de rien distillé plein de grandes vérités. Commençons par sa définition de la poésie :

Raymond Queneau – Un poème

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème

Raymond Queneau (1903-1976 )

 

Réfléchisez ! c'est tout vrai !

20/05/2022

Le détail - bis repetita

Vous savez, dès fois dans des textes qu'on lit, comme ça, il y a un tout petit détail, qu'en général on ne remarque même pas, ou alors longtemps après, et qui est plein d'enseignements, et de poids.
(Un exemple ce fut http://miiraslimake.hautetfort.com/archive/2015/05/15/le-...
)

Je viens d'en remarquer un, à la deuxième lecture !

C'est dans un article de Danielle Bleitrach https://histoireetsociete.wordpress.com/2016/07/29/bydgos... sur son voyage en Pologne. Donc à un moment il est dit :

"Monika contemple le paysage de la vitre baissée du train et crie de bonheur : "j'en ai marre de ces films en noir et blanc" ..." etc

(nb : maintenant ce passage se trouve dans un livre, à la page 22 ! http://editionsdelga.fr/produit/3232/ )

Vous n'avez rien remarqué ? Rien qui vous a frappés, oh tristes contemporains de notre triste époque? Non ?

En Pologne on peut encore baisser les vitres des trains !

heureux polonais ! qui ont encore une vie normale, pour combien de temps ?

http://miiraslimake.over-blog.com/article-1504998.html

 

19/05/2022

un jardin moussu est bien plus beau qu'une pelouse !

les auteurs du XVIIIè siècle, qui savaient bien mieux que les gens de maintenant apprécier la nature, n'imaginaient pas un jardin sans  mousse.
Les japonais font des jardins faits rien que de mousses.
La mousse est un enchantement (et a en plus des vertus pratiques, lisez plus bas), c'est avec une stupéfaction mêlée d'horreur que j'apprends que certains mettent exprès des produits pour la tuer ! c'est fou ! c'est l'inverse qu'on devrait faire !

 

Les avantages de la mousse :
Elle se contente de très peu de lumière et d’un sol compact piétiné.
Elle attire de nombreux oiseaux qui l'utilisent pour réaliser leurs nids et plus particulièrement les mésanges, chardonnerets, troglodytes, merles, moineaux, rouge gorge, rouge queue etc.
La mousse sur les troncs d’arbres abrite les parasites mais en le même temps elle fournit aussi un couvert aux prédateurs.
Elle protège l’écorce contre les intempéries (le gel ou à la grêle).
Elle tapisse les vieilles pierres exposées à l’ombre. Elle crée un lien harmonieux entre le naturel et l’artificiel comme par exemple un bloc de ciment.
Elle supporte de longues périodes de sécheresse et repousse dès que l’humidité augmente.

Et puis c'est beau

17/05/2022

" - Voilà le plus heureux moment du monde" Et peut-être était-ce vrai

un extrait de "treize à la douzaine" l'autobiographie de Ernestine et Frank Gilberth sur leur famille nombreuse.

"Souvent, quand nous roulions, nous chantions à trois ou quatre voix et Papa et Maman nous accompagnaient, elle en soprano, lui en basse-taille. Les vieux airs populaires se succédaient.
- Qu'est-ce que des enfants ne peuvent pas faire à eux tout seuls ! pensions-nous.
Papa se renversait sur le dossier du siège et mettait son chapeau de travers. Maman se blotissait contre lui comme si elle avait froid. Les bébés s'étaient endormis. Maman se tournait vers nous entre deux chansons, et nous disait :
- Voilà le plus heureux moment du monde.
Et peut-être était-ce vrai."

 

02/05/2022

On découvre tant de générosité, tant de désir d'échapper à cette torpeur

01/05/2022

un "Testament" admirable et incontournable !

La conclusion de l’autobiographie de Ginette Skandrani, c’est un manifeste, incontournable, et dont l’application se voit en ce moment à tout moment.  Texte écrit en 2015 Des phrases paraissent maintenant hélas excessivement optimistes, mais d’autre propos, on en prend de plus en lus conscience, auraient du être beaucoup plus radicaux, des rapports structurels et des vérités cachées dites. Elle est admirable et très sympathique cette Ginette Skandrani (née en Alsace, d'un père communiste, une mère anarchiste mi-juive mi-tzigane, en 1938).


« C’est cette agression si violente des sionistes organisés en bande qui est responsable de mon cancer. Ils ont voulu me tuer. Je ne me suis pas tue. Cette agression n’a fait que renforcer ma détermination à combattre toutes les injustices dont le colonialisme quel qu’il soit. Le combat continue. Le combat de mes parents, résistants, anti-colonialistes, luttant contre le racisme m’a suivi toute ma vie. Ils étaient critiqués, vilipendés, souvent isolés dans cette Alsace si propre et si blanche parce qu’ils recevaient des noirs et des bronzés chez eux. Mais ils n’ont jamais au grand jamais, connu ce genre d’agression physique si haineuse à laquelle j’ai été confrontée à mon âge. L’époque change, la haine envers ceux qui osent penser autrement se renforce.
Je termine ce livre avec moins d’énergie que lorsque je l’ai commencé, mais avec toujours la même rage au cœur contre tous ceux qui dirigent ce monde en laissant les trois-quart de l’humanité sur le carreau. Ces dirigeants qu’ils soient politiques,financiers, culturels ou stratégiques, d’ici ou d’ailleurs, veulent posséder, consommer, entasser tous les biens terrestres, détruire tout ce qui ne leur convient pas, polluer, coloniser, les terres et les esprits.
Mais plusieurs résistances restent tenaces, tout d’abords individuelles, comme la résistance verte en Lybie, puis plus organisées, en dehors des partis politiques et organisations de pouvoir. À travers Internet, les réseaux sociaux, nous savons que des gens se battent aux quatre coins de la planète : de l’Afrique à l’Asie, du monde arabe à l’Amérique latine, de l’Europe à la Russie. Nous sommes beaucoup de damnés de la terre, de l’impérialisme et du sionisme, à vouloir que ça change.
Ce qui me donne de l’espoir,c’est l’indépendance de l’Amérique latine qui commence à s’affirmer face aux USA. C’est d’une importance historique. Nous le voyons avec l’organisation du Sommet des Amériques à Panama. Dans les dernières réunions continentales les Etats-Unis ont été complètement isolés. C’est un changement radical par rapport à 10 ou 2à ans, lorsque les Etats-Unis trempaient dans les affaires latino-américaines. En fait, si Obama a fait ses gestes de « réconciliation » envers Cuba c’était pour essayer de surmonter l’isolement des Etats-Unis. Ce sont les Etats-Unis qui sont isolés aujourd’hui, et non pas Cuba, qui l’a été pendant des décennies. Cette attitude des pays latinos, c’est le combat qu’avait commencé à mener Chavez, le président du Vénézuela, si tôt disparu. Il n’a malheureusement pas pu le continuer,mais je vois que la relève est assurée.
Un dernier mot sur le combat de Kadhafi : l’assassiné est de plus en plus vivant, les leçons qui se dégagent de son parcours sont de plus en plus claires !
Je viens de voir le film sur Sarkozy/Kadhafi : « Le Président et le Dictateur » qui ‘a choquée et dont la présentation biaisée m’a mis mal à l’aise.
On se demande au vu et au su des événements passés, lequel des deux a été un Président ? Lequel des deux a une stature de Président ? Lequel des deux est le dictateur qui manipule tout le monde et veut se donner des airs de démocrate ?
Kadhafi était nettement plus intéressant que Sarkozy sur bien des points.
Sarköszy a perdu. Son Union Pour la Méditerranée, qui était son obsession, est aux oubliettes. Nous devons en féliciter Kadhafi qui ne voulait pas décapiter l’Afrique en lui enlevant le Maghreb. Kadhafi ne voulait pas d’une association où était intégré Israël, un pays colonisateur. Bravo Kadhafi, tu nous a évité le pire. L’Union Pour la Méditerranée ne pouvait se construire sans la Lybie.
Kadhafi a humilié celui qui voulait dominer l’Occident. Il a planté sa tente, amené ses chameaux près de l’Elysée pour bien montrer et démontrer au monde entier qu’il était africain et qu’il était invité en tant qu’africain. Quel est l’africain qui aurait faire cela ? Lequel des deux était le bouffon au final ?
J’étais à l’UNESCO lorsqu’il s’est adressé aux immigrés français et a dénoncé leur condition en France. Là aussi il a humilié le faux démocrate.
Les médias nous prennent toujours pour des assistés et nous présentent leur vision des faits. C’est à nous d’aller chercher, de comparer, de décortiquer, de critiquer tous les articles de tous les médias, car ils ont tendance à se copier les uns les autres pour nous présenter la même salade concoctée à Washington, Paris, Londres ou Tel-Aviv
Nous avons encore la chance de pouvoir utiliser internet et les réseaux sociaux pour essayer de pomper l’information là où elle se trouve, la débattre, la diffuser, au-delà de cette presse dont beaucoup de gens commencent à se méfier. Profitons-en !
Paris, le 1er mai 2015

kadhafi l'anticapitaliste antiimpérialiste avait compris :

 

 

15/04/2022

les plus terribles de tous les drames humains

un autre thème (et encore un des fléaux déclenchés par Macron d'ailleurs !) c'est celui de l'école à la maison, l'enseignement en famille.
Qui était autorisé en France (mais interdit - comme toujours ....  - en Allemagne ) et que Macron veut interdire. Et ces persécution peuvent engendre des drames ; voyez ce qui est arrivé en Suisse :
https://fr.euronews.com/2022/03/24/suicide-collectif-quatre-membres-d-une-famille-se-jettent-d-un-balcon-en-suisse?utm_source=vuukle&utm_medium=talk_of_town
apparemment la famille en question a décidé de se jeter, tous, depuis le 7ème étage et de mourir quand ils ont entendu la gendarmerie venir chez eux, sans doute pour leur enlever un enfant qui était éduqué en famille, (gâgeons que la presse du pouvoir ne donnera jamais de détails précis sur l'affaire, qu'elle cache déjà sous un discours administratif qu'il faut savoir décrypter pour comprendre !
Quand il y a eu le drame de Cestas, il y avait encore de la liberté et la presse a pu rendre compte de ce qui s'était passé, etc, on avait pu en discuter, mais maintenant la chape de plomb règne partout !

12/04/2022

Un texte très important et d'une richesse exceptionnelle

Bon, avant tout, une question : D'où sont sortis tout à coup ces 4 points de plus (âr rapport aux sondages sortie des urnes 1 heure plus tôt) du chapeau de prestidigitateur de Dominion ?

https://ns2017.wordpress.com/2022/04/11/alerte-et-mobilisation-svp-tous-avec-marine-le-pen-si-vous-ne-voulez-pas-revivre-5-ans-d-enfer-avec-un-tyran-qui-va-encore-vacciner-nos-enfants-de-force-la-retraite-a-65-ans-subir-sa/

 

Pour bien commencer le printemps, voici un texte à méditer et à commenter (issu d'un blog aparemment anecdotique, mais en fait non  http://sente-de-la-chevre-qui-baille.net/   d'un homme qui est malheureusement mort en octobre 2005) . Ce texte est d'une richesse incroyable, au détour de chaque paragraphe, d'une simple formule même, dans ce qui est sous-entendu et ce qu'implique telle ou telle déclaration, il montre un esprit d'une pertinence rare et ouvre des domaines de réflexion de la première importance, et souvent insuffisamment  parcourus.
(il y en a plein et je n'ai pas aujourd'hui le temps de les recenser, je préfère me fier à l'intelligence des lecteurs.)
quand  même quelque exemples:
*lien avec le thème importantissime actuel des fameux "droits de propriétés intellectuels" et du combat  des Navdanva, des Partis Pirates, etc, de la CIVILISATION!
*notre civilisation où les humains, comme les animaux ne sont considérés que comme des produits, jetables après obsolescence
*la "Guerre civile européenne"

etc, etc

La chèvre a été domestiquée par l'homme, il y a 10 000 ans, en Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, dans « Le Jardin du Paradis ».

En France, la reine des champs fut la compagne affectueuse du monde rural jusqu'au milieu du XXe siècle. Par l'incomparable variété de ses richesses, la descendante d'Amalthée, la nourrice de Zeus, permet aux pauvres de subsister et par l'inégalable qualité de son lait, donc de son fromage, autorise les nantis à se régaler autour de la table du rite.

À quel autre animal l'être humain a-t-il confié le soin d'allaiter directement son enfant si ce n'est à la chèvre ! Longtemps les indigents ont bénéficié de droits d'usages, de communaux, vaines pâtures, parcours, pour alimenter leurs animaux et tout particulièrement la chèvre. Ces droits ont été contestés par les puissants de ce monde. Les mêmes qui furent les théoriciens du Libéralisme, on sait quoi penser de cette idéologie maintenant, relisez le livre de Domenico Losurdo. Par la révolution des « enclosures » qui, après l'Angleterre, dès le XVIIe siècle, a affecté une grande partie des campagnes européennes, la clôture des champs allait accompagner le passage d'une forme communautaire à une expression spéculative et capitaliste d'économie agraire.

L'Angleterre, qui incarnait aux yeux de la Seigneurerie la personnification du progrès, fut le premier pays d'Europe à poursuivre les miséreux qui ne possédaient qu'une ou deux chèvres pour sustenter leur famille. La Révolution des enclosures, qui punit de mort le vagabond et sa fidèle biquette, a fait que « La fille du soleil » fut traquée par la gentry de la « perfide Albion » [1].

En France, tout au long du XVIIIe siècle, « la guerre des communaux » fait rage. Finalement, la Révolution française se retourne contre les nécessiteux et leurs caprins, qui croyaient pourtant l'avoir emporté !

Les triomphateurs bourgeois leur promettent le Bonheur grâce à la naissance de « La Cité radieuse » enfantée par « Les Lumières », conséquence du Progrès et... de leur sacrifice momentané.

La première « Cité radieuse », que l'on peut approximativement situer de 1815 à 1914, est chantée par « L'Essai sur Bacon » de l'écrivain anglais Macaulay (1800-1859). Cet historien prédit, grâce au progrès de la science, la félicité pour l'Humanité. En effet, « La science a allongé la vie, elle a adouci la souffrance, elle a vaincu les maladies ; elle a augmenté la fertilité du sol (...). Ce ne sont là que quelques fruits de sa première récolte car c'est une philosophie que ne connaît pas le repos, qui n'est jamais rendue, qui n'est jamais parfaite. Sa loi, c'est le Progrès. »

« La science, la nouvelle noblesse ! Le Progrès. Le monde marche » proclame Arthur Rimbaud (1854-1891).

Epousant « le développement », au même moment naît la zootechnie, c'est-à-dire l'étude scientifique de l'élevage des animaux domestiques. (avant celui des hommes .... n'est-ce pas Klaus Schwab ?) Ses fondateurs certifient solennellement que « Les animaux mangent : ce sont des machines qui consomment, qui brûlent une certaine quantité de combustibles, d'une certaine nature. Ils se meuvent ; ce sont des machines fournissant un rendement pour une certaine dépense... Mais ces admirables machines ont été créées par des mains plus puissantes que les nôtres ; nous n'avons pas été appelés à régler les conditions de leur existence et de leur marche, et, pour les conduire, les multiplier, les modifier, nous devons les connaître, sous peine de les détruire et de les laisser prendre dans le jeu fatal de leur engrenage, nos peines, notre temps, nos capitaux. » [2]

(repensez à la définition du nazisme par Zygmunt Bauman ....)

Ainsi, bovins, ovins, porcins, chevaux, volailles, furent-ils améliorés au cours des XIXe et XXe siècles. La consommation de viandes, bourgeoise par excellence, fut exaltée, celle du cheval recommandée pour prévenir de la tuberculose, alors que son usage dans l'alimentation était interdit par l'Eglise depuis 732, sous le pontificat de Grégoire III.

Le naturaliste Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (1805-1861), fondateur de la Société d'Acclimatation de France, va jusqu'à écrire que « Le régime végétal, lorsqu'il constitue la règle alimentaire d'une population, mène promptement cette population à la dégénérescence et à l'abâtardissement » !

C'est ainsi que « La Cité radieuse » bourgeoise fit passer la consommation de viandes en France par habitant et par an de 18 kg en 1800 à 40 kg en 1900 ! Quant à la chèvre, répudiée parce qu'étant « la vache du pauvre », elle fut tout simplement oubliée par la zootechnie et le culte du progrès bourgeois. Elle était néanmoins très présente dans notre pays, plus de un million et demi de têtes en 1900. Elle s'avère toujours redoutée et accusée de posséder une « bouche venimeuse ». Ses chevriers(ères) sont toujours dénoncés pour utiliser abusivement des anciens droits de vaines pâtures et ainsi ne pas obéir aux impératifs de la clôture de la propriété individuelle.

Heureusement pour « La mère du monde », son lait est recherché par ses détracteurs afin de perpétuer leur bonne santé et celle de leur progéniture. En outre, la présence d'un bouc dans l'étable assure à la commune la protection contre les épizooties. La chèvre échappa ainsi à la première tentative de « Cité radieuse », celle de la Bourgeoisie, qui s'acheva lors de la guerre civile européenne entre 1914 et 1945. Présente sur la quasi-totalité de notre territoire, l'espèce caprine permit à de nombreuses familles de survivre et même d'améliorer leur santé lors de la guerre 1939/45.

La deuxième cité radieuse : les hommes de savoir prennent le pouvoir ("La clique au Professeur Nimbus" disait Brassens)

À partir de la première révolution industrielle, un mouvement d'idées persuada un nombre toujours croissant de la population occidentale que « les meilleurs, c'est-à-dire les hommes de savoir », devaient s'emparer du pouvoir.

Ne pourraient-ils pas enfin concrétiser l'avènement de « La Cité radieuse », raté par la Bourgeoisie. Il s'agit en priorité d'éradiquer la pauvreté, source du mal. L'incarnation de la misère se révèle, aux yeux des technocrates, l'existence même de « la vache du pauvre ». Il faut donc éliminer les biquettes de la campagne, comme le firent le Anglais, habitants de la Nation-modèle à imiter, pour aller vers la prospérité. Ainsi, le Scientisme imagina de transformer les malheureux chevriers en valeureux ouvriers, œuvrant pour l'édification de la cité radieuse promise.

Le fascisme, par arrêt de Mussolini en 1923 en Italie tente de décourager les éleveurs de chèvres en imposant une taxe par animal ! [3]

Le communisme en Pologne agit promptement. Ce pays, qui compte 831 000 chèvres en 1948, n'en possède plus que 104 000 en 1971. « La hausse du niveau de vie a entraîné un désintérêt pour les chèvres, car on avait tendance à les associer à la pauvreté et à l'obscurantisme agricole ! » "image" "image" quand tu nous tiens ![3]

« Le temps des chèvres », l'envoûtant roman de Luan Starova, nous conte, dans sa capitale Skopje, la résistance macédonienne à l'ordre d'extermination des chèvres, dicté par le pouvoir socialiste du Maréchal Tito dans l'ancienne grande Yougoslavie en 1945. En 1974, cette fédération de pays ne comptait plus que 150 000 chèvres, alors que la seule Bosnie en comptabilisait 1 550 000 en 1900 ! Tito essaya de transformer le chevrier en ouvrier, artisan de la Cité radieuse qui ne doit plus compter un seul nécessiteux, donc une seule chèvre.

L'Allemagne possèdait plus de 3 millions de chèvres en 1900. Les deux Allemagnes, RFA et RDA, n'en totalisent plus que 118 000 en 1970 !

La grandiose cité radieuse, celle promise par le Scientisme et la Technocratie : la vache du pauvre devient celle de l'ingénieur

En France, l'exploitation intensive de la chèvre débute dès la fin du XVIIIe siècle, dans les communes du Mont d'Or dans le Lyonnais. 18 000 chèvres sont enfermées par lots. Ce type d'élevage, qui se terminera par un désastre, est cependant vanté par « Le Tour de France par deux enfants », de G. Bruno, en 1877. Il exerce par contre la méfiance de Gustave Flaubert (1821-1880) dans « Bouvard et Pécuchet ». Selon cet écrivain, « La science est faite selon les données fournies par un coin de l'étendue. Peut-être convient-elle pas à tout le reste qu'on ignore, qui est beaucoup plus grand et qu'on ne peut découvrir. »

Néanmoins des éleveurs, notamment Joseph Crépin, appuyé par des personnalités scientifiques, comme Edmond Perrier, Directeur du Muséum, réhabilitent la chèvre... En la faisant entrer dans le processus intensif.

L'apôtre de la chèvre des Alpes regroupe, au début du XXe siècle, des chèvres en stabulation permanente au Val Girard dans le 14e arrondissement de Paris, sortant pendant la belle saison deux heures en parcours réduit !

Il faut cependant attendre les années 1960 pour que, répondant à la décision de « modernisation » de l'élevage, « la production animale » (sic) fasse entrer la chèvre dans une filière spécialisée d'exploitation industrielle, permettant au petit herbivore ruminant de devenir la vache de l'ingénieur.

La fin de notre civilisation paysanne a précipité et amplifié le mouvement de concentration caprin sur des bassins de production et de confinement de population caprine dans des forceries de plus en plus importantes.

De nos jours, la reine des champs n'est-elle pas nourrie avec les mêmes concentrés que vaches et brebis laitières ? Sous-produits industriels contenant des farines de viandes, de plumes hydrolysées, de graisse ou d'urée, que recommande d'utiliser, pour son rendement en lait, « La conférence caprine internationale » tenue à New-Delhi en 1992 et réunissant 750 scientifiques de haut niveau, représentant 50 Nations. [4]

La science productiviste fait d'ailleurs « bénéficier » la chèvre de techniques toujours nouvelles de sélection, d'insémination artificielle, de synchronisation des chaleurs, de traite mécanique, voire de transplantation embryonnaire...

Les résultats, nous les connaissons : en 1946, 1 600 000 chèvres réparties dans des centaines de milliers de foyers. En 2000, plus que 800 000 chèvres, accueillies dans seulement 28 000 foyers... En fait, il n'existe plus qu'environ 10 000 exploitants professionnels !

En Poitou-Charentes, région qui représente environ 35 % de notre cheptel, ne subsistent plus que 2 000 troupeaux caprins, contre 13 900 en 1979 ! Quant à la belle chèvre de race Poitevine, elle a quasiment disparu : en 2000, 0,5 % des troupeaux du contrôle-laitier des Deux-Sèvres, soit 706 chèvres contrôlées !

En fait, faisant fi des ethno- et écosystèmes, la productivité scientiste de la chèvre a décidé de ne retenir que les chèvres des Alpes. Ainsi, en trois décennies ont disparu races et variétés, richesses de nos terroirs, et sont menacées, la Poitevine, la Pyrénéenne, la Rove, sauvées jusqu'à ce jour grâce à la ténacité de quelques courageux éleveurs.

Bien que n'accomplissant qu'une très courte carrière, la chèvre de la « modernité » est abattue en moyenne à 3 ans et 8 mois (2,6 cycles de lactation). Aussi, celle qui fut la reine des champs s'avère-t-elle frappée de plein fouet par les maladies de la civilisation, liées à l'industrialisation de leur exploitation.

Aussi, depuis les années 1980, sévit la « Caprine Arthritis Encephalitis » (CAEV), virus à l'évolution lente qui infeste largement le cheptel français. Selon Jean-Christophe Corcy, « L'uniformisation des races caprines lui a facilité une expansion rapide. Terrible caractéristique des rétro-virus, qu'il s'agisse du Sida humain, de la leucose bovine, du maëdi, ou du CAEV, un individu contaminé peut rester plusieurs années avant d'extérioriser sa maladie, mais ce porteur sain est d'ores et déjà à même contaminer son entourage. » [5]

Ainsi, parle-t-on de nos jours de sécurité alimentaire : « En fabrication au lait cru, les menaces sont nombreuses, et en premier lieu les contaminations par les pathogènes - Listeria, Staphylococcus aureus, Salmonelles, Escherichia coli ; aussi les transformateurs demandent-ils une démarche qualité qui se doit de privilégier la mise en place de stratégies préventives. » [6]

Dans « Zoom sur le développement de la filière caprine », Niort 2000, la Chambre d'Agriculture des Deux-Sèvres constate que les orientations prises par les éleveurs et la filière caprine dans son ensemble laissent supposer une poursuite de cette « mécanisation au service de la productivité humaine » et met en garde les producteurs : « Cette évolution ressemble à s'y méprendre à celle réalisée dans le passé sur les productions « hors-sols ». Les filières avicoles ont, elles aussi, connu cette évolution voilà 20 ans maintenant. Sous la pression des consommateurs, ces filières ont opté ces dernières années pour un retour à l'extensification de certains élevages, et pour une distinction des produits par des marques, labels ou AOC. Quelle leçon doit tirer la filière sur cette constatation sur les élevages « hors-sols », sachant que le lait de chèvre possède encore une bonne image de marque. »

La chèvre libératrice

Décidément, n'en déplaise au scientiste présomptueux, l'ultime « Cité radieuse » ne se réalisera pas. La « vache du pauvre » ne deviendra jamais « la vache de l'ingénieur ». Notre biquette ne sera jamais le produit d'une filière. Elle a besoin d'aimer et d'être aimée. Elle se révèle en effet malade des prisons dorées, des systèmes alimentaires au fil des modes de l'agrobusiness, des ensilages, des rations sèches, de son univers concentrationnaire (197 têtes par troupeau en moyenne au contrôle laitier des Deux-Sèvres en 2000 !), de la synchronisation des chaleurs, de sa traite mécanique. L'espèce caprine veut à nouveau gambader en liberté surveillée, pour la grande joie de vivre des humains, pour la qualité de ses immenses bienfaits dont on se demande si les hommes s'en aperçoivent encore !

La chèvre nous appelle au secours. Elle veut retrouver son chevrier, sa chevrière, ses promenades quotidiennes d'au moins six heures, à travers landes, vallons, bocages, bois, forêts, jachères, friches. Elle veut entendre la voix de son maître(esse) qui lui lit un livre passionnant ou bien lui fredonne une chanson ou, mieux encore, l'enchante au son du pipeau.

La nourrice de Zeus appelle l'être humain à se débarrasser des diktats de la machine et de la chimie qui font qu'insensiblement, hommes et animaux ne sont plus considérés par le système technocratique que comme des produits, jetables après obsolescence !

Ainsi, la traite mécanique de plus en plus rapide a-t-elle rompu les relations homme-animal, symbole de la domestication. Sa violence blesse les mamelles de nos bienfaitrices. La traite à la main de l'herbivore ruminant me paraît le fondement de l'élevage, symbole de l'attachement réciproque de l'homme et de l'animal. Elle marque de plus la reconnaissance de l'être humain envers la créature vivante, sensible, sentimentale qui prodigue cette merveille : son lait ! D'ailleurs, bien souvent, en signe d'amour et de reconnaissance, la chèvre rumine et, en manifestation de très grande affection, lèche et pourlèche son maitre, sa maîtresse. En échange, et en signe de gratitude, l'être humain caresse la biquette. Geste qui se perpétua en France pendant 9 480 ans. En effet, la traite mécanique généralisée ne date que d'il y a 20 ans !

L'Institut national de la recherche agronomique (Inra) qui, dès sa création en 1946, a fondé les bases de l'exploitation industrielle des animaux de la ferme, se révèle dans l'embarras. Cette Académie publie, coup sur coup, deux ouvrages : « Les filles d'Ariane » et « Les animaux d'élevage ont-ils droit au bien-être ? », Inra Éditions 2000 et 2001. Dans une préface pathétique à la bande dessinée, intitulée « Les filles d'Ariane », Robert Dantzer, Jean-Marie Aynaud, Pierre Le Neindre, Jean-Paul Renard et Xavier Vignon avertissent les Pouvoirs Publics : « Il est évident que les contraintes exercées par l'élevage intensif sur l'organisme animal sont à l'origine d'importantes altérations de l'état de santé et du comportement. En élevage de vaches laitières, par exemple, la fréquence des mammites et des boîteries augmente avec le niveau de production pour affecter jusqu'à un animal sur deux dans les élevages les plus productifs. Corrélativement, la durée de vie des animaux se raccourcit, puisqu'elle est de l'ordre de 2,5 cycles de lactation dans ces mêmes élevages », et de réclamer de « restituer à l'animal sa dignité d'être vivant sensible ».

La parution des derniers ouvrages de l'Inra prouve que la science s'interroge et remet en question l'élevage intensif des animaux de la ferme.

Le scientisme a cru pouvoir se passer du savoir et du savoir-faire paysan, transmis dans notre pays de parents à enfants depuis 10 000 ans. Aussi lui faut-il, en ce début du XXIe siècle, avoir l'humilité de faire appel aux rescapés du désastre, paysannes et paysans, qui savent encore, tout en relisant les livres anciens qui ont transmis ce savoir.

La chèvre se révèle l'animal qui peut encore sauver les soldats perdus que nous sommes, victimes du syndrome des « Trente glorieuses ». En effet, la reine des champs peut être la compagne de toutes les familles habitant nos campagnes. Elle se contente de peu pour se nourrir : il suffit, pour l'alimenter, de rétablir dans chaque commune ses droits d'usage immémoriaux de « Bois, herbage, feuillage, ramage » pour qu'elle propère et donne un merveilleux lait de terroir. Ainsi, une multitude de familles pourraient-elles apprendre la domestication et ses secrets, qui ne sont d'ailleurs que d'amour. « La mère du monde » libératrice aura une fois de plus indiqué le chemin de la libération. Enfin, hommes et chèvres, réconciliés, pourront-ils à nouveau dandiner ensemble.

Jean Domec, 2002


[1] Zeus, nourri par la chèvre Amalthée, écrasa Albion sous une pluie de pierres.

[2] Barral - Dictionnaire d'Agriculture, Hachette, 1892.

[3] Réalités économiques et techniques des filières caprines européennes ; UCARDEC, Paris, le 02/03/1995.

[4] Morand-Fehr P. - Compte-rendu de la conférence caprine internationale à New-Delhi, La Chèvre, 1992, n° 190.

[5] Corcy J.C. - La chèvre ; La Maison Rustique, Paris, 1991.

[6] Verneau D., de la laiterie Triballat - Démarches-qualité ; Chambre d'Agriculture des Deux-Sèvres, 3 mai 2001.

28/03/2022

on ne voit plus jamais

) On ne voit plus jamais d’amoureux s’embrasser dans la rue.

Je suis persuadé que si il arrivait encore à des gens de la faire, ils seraient aussitôt arrêtés par la police (qui leur passerait les menottes - « pour des raisons de sécurité » - et les mettrait en garde à vue, où ils leur regarderaient dans le trou du cul parce que c’est « la procédure »…) et l’homme serait envoyé en prison pour violence de porc machiste, et la femme en hôpital psychiatrique pour l’aider à se guérir de ses tendances perverses hétérosexuelles !

Autrefois les gens s’embrassaient en veux-tu en voilà, y compris entre hommes, en famille, et autre, les hommes se promenaient bras dessus bras dessous, les enfants se tenaient tous par la main, c’était des marques basiques de chaleur humaine.

Maintenant on considère s’embrasser exclusivement comme un préliminaire à l’acte de la copulation !

21/03/2022

peut-être la plus belle phrase du livre

Dans "Le Petit Prince" de Saint-Exupéry (qui est par ailleurs un livre profondément nihiliste. Vous ne le saviez pas ? c'est que vous ne l'avez pas lu !) la plus belle phrase du livre est peut-être

"Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince.

- S'il te plaît, apprivoise-moi, dit-il"

en hindi ça se dit à peu près

"Lomri tchoup ho gaya, aor bahout der tak tchhota radjkoumar ko dekhti rahi.
- agar toumhara man karé to apna lo ne mudjhé, ousne kaha"
ceux qui savent lire le dévanagari sauront reconnaître l'endroit où ça se trouve sur cette page :

le petit price en hindi.jpg

mi uzis ĝin por "laborigi" mian hidian konon, provante legi kun la franca teksto apud !
laŭ la eluzo de l'paĝoj vi povas diveni, ke tiujn mi multege foliumis !

bon, comme c'est le 21 mars début de l'année dans le calendrier indien, voilà, c'était Le Petit Prince édité en Hindi dans une collection des grandes oeuvres de la littérature mondiale, on y trouve "Premier amour" (pahala pyar) de Tourgeniev par exemple, etc

ah au fait , pour mieux connaître Antoine de Saint-Exupéry, l'auteur paraît-il le plus traduit au monde :

https://www.youtube.com/watch?v=2pFiQIzU5sI