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09/06/2016

la mort

mort d'un chat persan

 

"Un dimanche matin, voyant ouverte la fenêtre du living-room, elle s’élança, calcula mal son élan, et
 tomba du septième étage dans le vide.

 Pendant vingt-quatre heures, Olympe sembla prostrée. Le lendemain on la porta sur mon lit : elle ne
 se plaignait pas, elle semblait dormir. Je pensais naïvement qu’elle allait se rétablir. Mais le
 lendemain soir, en lui caressant la tête, je perçu comme des craquements. Son poil semblait terne et
 collé.
Olympe, pauvre innocente, qui paye pour l’absurdité du monde, pauvre chérie qui n’a rien connu de la
 vie, morte vierge et – aussi stupide que cela paraisse à dire – morte sans péché, je ne puis croire que
 le souffle qui t’animait, que ton âme ait disparu à jamais. S’il y a une autre vie il est impossible que ce
 ne soit pas toi, d’abords, que j’y retrouve, parce que je t’ai aimée d’une façon plus vraie que bien des
 êtres rencontrés ici-bas

Oui, le monde est trop cruel pour ceux qui ont gardé une âme d’enfant. Il doit y avoir quelque part un
 lieu où toutes les injustices sont réparées, où toutes les abominations sont payées et effacées.
 J’entrerai dans ce paradis en te serrant sur mon cœur, ta fourrure noire et blanche sur ma poitrine
 nue, tandis qu’autour de nous monteront les chants séraphiques.

Nous descendîmes Olympe, une fois morte, dans le sous-sol de l’immeuble où sont alignées
 d’énormes poubelles. Je me suis réveillé sur le matin, à l’exacte minute où passait le corbillard  des
 boueux. Et j’ai vu partir Olympe, comme on voit s’éloigner un cercueil, dans une lumière éclatante.
 N’était-ce pas son esprit qui m’avait alerté ?

Je me demande pourquoi je n’ai pas pensé, sur le moment, qu’il m’était possible d’emmener le
 cadavre d’Olympe, de l’enterrer dans une forêt proche, au pied d’un arbre connu de moi seul, où je
 serais venu, par la suite, me recueillir.
Tout le jour, meurtri et désespéré, j’ai erré dans la forêt brune où j’aurais du creuser sa tombe. Que
 m’importaient les autres, toute cette agitation, tout ce bruit que font les autres autour de moi ?

Quoi qu’on pense du monde, quelle que soi la fin qu’on lui assigne, ce n’est pas, on en conviendra,
 une réussite. C’est une œuvre inadmissible, pour l’esprit qui la juge, parce qu’elle est d’une cruauté
 stupide et gratuite. Et comment s’empêcher de la juger? Une chatte qui tombe du septième étage,
 cela n’a pas de sens, cela est inutile. C’est un hasard: autant dire que ce qui nous arrive n’a aucune
 signification. Non, le monde n’est pas l’oeuvre de l’Amour. Le fait qu’il existe des sentiments purs
 et des affections sans nuages, comme celle que nous nous portions, ma chatte et moi, prouve qu’il y
 a, en chacun de nous, un principe étranger à l’univers, une beauté trahie, une pureté bafouée.

 Quelques jours après la mort d’Olympe, il me sembla la voir apparaître, tandis que je sommeillais.
 Elle avait son aspect des plus beaux jours, avec sa fourrure fraîchement pourléchée, sentant bon la
 toilette. Elle avait l’air de sourire et elle me disait: “je suis plus heureuse où je suis..”

Et j’étais rassuré de la savoir heureuse et libre... Jusqu’au moment où je me suis retrouvé seul, sa
 place vide, et comme creusée encore, à mon côté – avec cette idée intolérable que je ne la reverrai
 plus!"

 

(Gilbert Ganne – in Orgueil de la maison – 1964)

25/03/2016

l'inanité d'une vie, un néant sidéral et intemporel

sur la peur de mourir l'écrivain soviétique Valentin Kataïev (1897-1986 tu vois il est mort quand-même), l'auteur de la fameuse comédie "je veux voir Mioussov" n'était pas aussi con que tant d'autres et savait bien. Au début d'un de ses romans il écrit (traduction anglaise ! c'est tout ce que j'ai): "Petya was thirteen and, like all young boys, (oui c'est exact, lui aussi donc) he was terrified by thoughts of death. Whenever someone he knew died, Petya's heart would be gripped by fear and he would recover slowly as after a serious illness"

http://www.lib.ru/PROZA/KATAEW/kataev_hutorok_v_stepi_eng...

et encore avait-il pleinement conscience de ce que représente

l'inanité d'une vie, un néant sidéral et intemporel.

24/02/2016

Wisława Szymborska - kato en malplena domo

« Se ŝi nur revenus,
Se ŝi nur aperus. »
non, je ne ferais pas comme la chat dans la malplena domo, « sur tre ofenditaj piedetoj », je ne ferais pas de manières, je lui sauterais tout de suite au cou .........

 



23/02/2016

"accompagnement" qu'ils disent

De nos jours dans les sociétés et les régimes du type de ceux que nous connaissons actuellement c'est la grand mode de parler rituellement d' «accompagnement » des gens qui meurent, de les « accompagner » dans leur « fin de vie » (comme celle dont on parle pour les ampoules à incandescence et autres produits à obsolescence programmée ? ). Puante verbosité hypocrite de cyniques égoïstes psychanalysés, membre de la Secte des Adorateurs de la mort ! Ils meurent pas les "accompagnants" ! ils restent bien tranquillement vivants, et conscients. Et visiblement ils n'ont pas beaucoup de chagrin (de toutes façons dans notre société/idéologie actuelle le chagrin est tabou et interdit par la loi ! http://miiraslimake.over-blog.com/article-639302.html ….) Ouvrez votre dictionnaire, et votre bon sens, et votre conscience morale, et existentielle, la seule façon d'accompagner un mourant c'est comme dans la nouvelle de Tennesee Williams : http://miiraslimake.hautetfort.com/archive/2014/11/01/un-mauvais-pelerinage-de-la-chair-5400987.html
ou comme André Gorz et sa femme, ou comme cet anonyme couple du Nord, dont on a parlé sur La Voix du Nord une fois, ans les années 60, dont l'un d'eux avait une maladie mortelle et incurable, ils se sont tous les deux rendu en bordure d'un canal et ont précipité la voiture dans la canal. Ou tous ces couples de vieillards, ou ces chiens après la mort de leur maître, dont l'un suit la mort de l'autre par abattement  et par chagrin.
Ça oui on peut appeler ça accompagner un mourant, mais autrement non, c'est l'égoïsme de la « société lisse » dont parle Zygmunt Bauman, maquillé en idéologie elle-même maquillée en phraséologie (Comme tout, d'ailleurs ! dans la puante et faisandée société Libéral-fasciste actuelle).

 

deux autre liens sur des sujets ayant queuque rapport : http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/06/10/a-propos-de-vincent-lambert-5637612.html

http://miiraslimake.hautetfort.com/archive/2014/12/31/vis...



30/12/2015

c'est ça la mort

29/12/2015

elle est morte Poupounette

Mon minou tu restes là pour voir s’il n’y a pas une souris qui va sortir du tas de bois ? Tu fais comme Poupounette ? Mais elle est morte Poupounette ! sa chair s’est toute décomposée, et ses os aussi ont sans doute disparus ; et l’univers aussi est mort avec elle, il n’y en a plus, forcément, il est mort l’univers ! n’est-ce pas, Jacqueline ?

24/12/2015

quand fuir, se planquer est impossible, et que le seul avenir est la mort

* "un avortement décompléxé" pour qui ?

avortement.jpg

regardez les méthodes : http://laissezlesvivre.free.fr/sosfm/avortement.htm

  * c'est comme dans les années 1880-1900 quand on parlait de la regrettable mais inévitable disparition des "races inférieures" devant l'avancée de la "civilisation", les gens ne savaient pas comment concrètement ça se passait; voir le livre de Sven Lindqvist.

Et derrière l'es avortement savez-vous ce qu'il y a (à part la mort de ceux qui auraient pu exister) ? Eh ! vous oubliez les principes (absolument incontournables) de l'analyse marxiste : derrière les avortements il y a un marché, il y a des interêts financiers, il y a du fric à se faire, et ça se passe comme ça :

Au lien ci-dessous, la troisième vidéo secrètement filmée et publiée ce matin (mardi 28 juillet 2015) par le Center for Medical Progress dans le cadre de son enquête de longue haleine visant à infiltrer le colosse américain Planned Parenthood (PP). Ce document comporte notamment l’enregistrement d’une conversation avec la vice-présidente et directrice médicale de PP dans la région des Rocheuses, le « docteur » Savita Ginde. Celle-ci, installée à Denver, supervise les opérations d’exterminations d’enfants in utero à travers les quatre États du Colorado, du Nevada, du Nouveau-Mexique et du Wyoming.

 Cette vidéo comporte encore le témoignage d’une technicienne de laboratoire, Mme Holly O’Donnell, formée par Stem Express (fournisseur américain d’organes de bébés avortés, en pointe de la recherche biomédicale mondiale) au tri de tissus d’enfants morcelés par avortement. Objectif : préserver les meilleures pièces anatomiques propres à la vente (cerveaux, cœurs, poumons, foies, pancréas, etc.) !

 On y voit également l’un des enquêteurs, se présentant comme un acquéreur de produits biologiques humains, se joindre au docteur Savita Ginde pour lui-même procéder à une opération de sélection de reins d’un bébé avorté et de ses tissus cérébraux sur une boîte de Petri (9 min, 41 sec).

 Une assistante médicale, amusée, s’écrit alors (9 min, 50 sec) : « Cinq étoiles ! »

 Mme Savita Ginde fait savoir qu’elle est intéressée et souhaite maximiser les recettes pour chaque pièce anatomique d’un enfant avorté : « Je pense qu’une approche par objet pièce fonctionne un peu mieux, parce que nous pouvons ainsi mieux mesurer ce qu’on peut en tirer. » L’enquêteur identifie plusieurs parties fœtales qui rapporteraient en effet 200 à 300 dollars pièce à PP.

O’Donnell explique (1 min, 05 sec) : « Je pensais que j’allais simplement prélever du sang, non pas des tissus de fœtus avortés. » Lors de sa première journée de travail en 2012 (7 min, 30 sec), elle se souvient avoir assisté au vidage d’une bouteille de sang dans une passoire, dont le contenu fut subséquemment déposé sur une boîte de Petri. La technicienne de laboratoire en charge d’instruire O’Donnell commença d’extraire diverses parties de corps de bébés avortés disloqués. Elle lui dit (8 min, 38 sec) : « OK, voici une tête. Voici un bras. Puis une jambe. »

La technicienne en chef lui demanda alors si elle pouvait elle-même identifier les parties du corps.

O’Donnell explique encore (8 min, 46 sec) : « […] je pris les pincettes, car je ne voulais pas perdre ce travail […] je les plaçais dans le plat [boîte de Petri]. Je me souviens alors saisir une jambe et de me dire : « c’est une jambe… » Et, au moment de se faire, d’éprouver comme si la mort et la douleur se propageaient à travers tout mon corps. En somme, je finis par m’évanouir. » O’Donnell dû en effet être réanimée.

Une collègue essaya de la rassurer, en disant (9 min, 13 sec) : « Ne t’inquiète pas. Cela arrive encore à nombre d’entre nous. Certaines ne s’en remettent même jamais. »

O’Donnell finit par remarquer que les propriétaires d’entreprises derrière Stem Express (3 min, 29 sec) « étaient tout simplement à la recherche de quelqu’un qui puisse [les aider à] générer autant d’argent, autant d’échantillons [que possible]. »

(7 min, 02 sec) : « Planned Parenthood a besoin d’indemnisations. »

 La recherche médicale est donc le dernier de leur souci (ce qui, de toute façon, ne justifierait en rien de telles pratiques infâmes). Plus grande est la récolte en tissus valables (cerveaux, cœurs), plus grande est la rançon de ces charognes humaines.

Dans son témoignage, O’Donnell souligne en effet (5 min, 27 sec) que l’infirmière principale à PP ne s’intéressait qu’au profit généré par les activités de prélèvement à Stem Express (5 min, 39) : « Elle voulait s’assurer que tout allait au mieux pour nous, auquel cas tout allait également au mieux pour eux [à PP]. »

https://www.youtube.com/watch?v=Xw2xi9mhmuo

source : http://jre2014.fr/il-faut-agir/

 

  •  

    La barbarie, aux Etats-Unis, va encore plus loin que je pouvais le croire. Life Site vient de diffuser une vidéo où l’on voit une directrice du Planning familial discuter tranquillement de la façon dont on doit découper les fœtus dans le ventre de leurs mères pour pouvoir avoir des morceaux en bon état afin qu’ils soient vendables. Le morceau se vend entre 30 et 100$. C’est le foie qui est le plus demandé, bien que « beaucoup veuillent des cœurs intacts en ce moment ». Elle reçoit des demandes pour des poumons, et aussi pour des « extrémités inférieures », et elle ne sait pas trop pourquoi, sans doute « pour les tissus musculaires ».

    Le seul problème est qu’il faut le faire de façon à qu’on ne dise pas « la clinique vend des tissus et se fait de l’argent avec cela ».

    Elle pratique elle-même des avortements à Los Angeles jusqu’à la 24e semaine. Elle explique qu’elle tient une petite réunion chaque matin pour déterminer quelles parties du corps sont demandées (les clients remplissent un formulaire) et quelles sont les « patientes » qui ce jour-là auront des bébés sur lesquels on pourra faire les prélèvements. Ainsi les avorteurs pourront adapter leurs gestes de façon à ne pas endommager les organes à vendre ce jour-là. « Pour cette raison, la plupart des fournisseurs – sic – se font guider par échographie, afin de déterminer où ils vont mettre les forceps. Ils se disent : “Je ne vais pas écraser cette partie, je vais écraser en dessous, et au-dessus, et je vais voir si je peux avoir ça intact.” Certains changent la façon dont le fœtus se présente, de sorte qu’il ne vienne pas par la tête, parce que vous ne pouvez pas obtenir la dilatation suffisante. Si vous le faites à partir de la présentation par le siège, par les jambes, alors vous pouvez finir par avoir le crâne intact. »

    La loi fédérale américaine interdit l’avortement par démembrement depuis George Bush, et la vente d’organes. Mais, dit Deborah Nucatola, « les lois sont sujettes à interprétation. Si je vous dis d’emblée que je n’ai pas l’intention de faire cela, ce qui arrive après n’a pas d’importance. »

    Il faut regarder cette vidéo, car on y voit Deborah Nucatola raconter cela comme elle raconterait ses vacances, sans l’ombre d’une hésitation, sans la moindre pudeur, entre une fourchetée de salade et une gorgée de vin… Il me semble que n’importe qui de normal ne peut que se demander comment c’est possible.

 

 

le bien-être du plus faible :

http://desiebenthal.blogspot.fr/2015/10/le-bien-etre-du-p...

15/12/2015

al mia filineto

Al mia filineto

 

Vi ja forpasis

kaj mi kun peno trapasis

la barieron de l'tempo.

Mi triste ploras,

ĉar via korpo...

sub blanka ŝtono

ripozas.

Aŭdas mi kiel la morto furoras,

kaj ekde nun mi tre solas

kaj sur la grunda tombejo

kie regas nur mistero

mi vin memoras

kaj per senlimaj larmetoj

mi malsekigas la teron

kie burĝonoj ekfloras.

 

 

Arquillos 24-10-14

29/11/2015

morto

 Vladimir VYSOCKIJ: Li el batal’ ne revenis (trad. A. Averbuĥ, N. Lozgaĉev)

Kial ĉio ŝanĝiĝis? Ja same, en ver’,

la ĉielo en sor’ ekserenis,

samas akvo, arbaro, kaj samas aer’,

nur li el batal’ ne revenis.

 

Kiu pravis el ni? – Ne divenos mi nun,

En disputoj mi lin ne komprenis

Ni eksentis la mankon pro l’ misa fortun’:

kiam li el batal’ ne revenis.

 

Li maltrafe silentis kaj kantis sen ritm’,

ĉiam li sinaltrude min ĝenis,

li malhelpis dum dorm’, frue vekis li min,

tamen jen – el batal’ ne revenis.

 

Lasu trakti ni lin, tio estas neni’.

Estis du ni, mi tion komprenis.

Kvazaŭ vent’ lignofajron estingus ĉe mi,

kiam li el batal’ ne revenis.

 

La printemp’ bonaŭgure freŝigas per vent’,

mi erare apuda lin prenis:

„Donu fumi, amik’, - sed responde – silent’...

La amik’ el batal’ ne revenis.

 

La mortintoj ne lasos nin solaj en plag’,

la falintoj por ni – sentineloj…

La ĉielon reflektas arbar’ kiel lag’

bluaj arboj similas al veloj.

Loko en terkabano sufiĉis por ni,

kaj la tempo por ambaŭ ni penis…

Ĉio nun por mi sola, sed ŝajnas al mi,

ke mi mem el batal ne revenis.

 

Vladimir Vysockij: La birdo GAMAJUN Sverdlovsk, Sezonoj, 1989, paĝo 23-24.

kaj fek al iper merda nity merda comercstalina ejo

17/11/2015

l'universel tombeau

Émile VERHAEREN (1855-1916)

Celui du rien

Je suis celui des pourritures grandioses
Qui s'en revient du pays mou des morts ;
Celui des Ouests noirs du sort
Qui te montre, là-bas, comme une apothéose,
Son île immense, où des guirlandes ,
De détritus et de viandes
Se suspendent,
Tandis, qu'entre les fleurs somptueuses des soirs,
S'ouvrent les grands yeux d'or de crapauds noirs.

Terrains tuméfiés et cavernes nocturnes,
Oh ! mes grottes bâillant l'ennui par les crevasses
Des fondrières et des morasses !
A mes arbres de lèpre, au bord des mares,
Sèchent ton coeur et tes manteaux baroques,
Vieux Lear ; et puis voici le noir Hamlet bizarre
Et les corbeaux qui font la cour à son cadavre ;
Voici René, le front fendu, les chairs transies,
Et les mains d'Ophélie, au bord des havres,
Sont ces deux fleurs blanches - moisies.

Et les meurtres me font des plans de pourriture,
Jusqu'au palais d'où s'imposent les dictatures
De mon pays de purulence et de sang d'or.

Sont là, les carcasses des empereurs nocturnes ;
Les Nérons fous et les Tibères taciturnes,
Gisant sur des terrasses de portor.
Leur crâne est chevelu de vers - et leur pensée
Qui déchira la Rome antique en incendies
Fermente encor, dans leur tête décomposée.
Des lémures tettent les pustules du ventre
Qui fut Vitellius - et maux et maladies
Crèvent, sur ces débris leurs poches de poisons.

Je suis celui du pays mou des morts...

Et puis voici ceux-là qui s'exaltaient en Dieu ;
Voici les coeurs brûlés de foi, ceux dont le feu
Etonnait les soleils, de sa lueur nouvelle :
Amours sanctifiés par l'extatique ardeur
" Rien pour soi-même et sur le monde, où s'échevèlent
La luxure, l'orgueil, l'avarice, l'horreur,
Tous les péchés, inaugurer, torrentiel
De sacrifice et de bonté suprême, un ciel !
Et les Flamels tombés des légendes gothiques,
Et les avares blancs qui se mangent les doigts,
Et les guerriers en or immobile, la croix
Escarbouclant d'ardeur leurs cuirasses mystiques,
Et leurs femmes dont les regards étaient si doux ;
Voici - sanguinolents et crus - ils sont là, tous.

Je suis celui des pourritures méphitiques,

Dans un jardin d'ombre et de soir,
Je cultive sur un espalier noir,
Les promesses et les espoirs.
La maladie ? elle est, ici, la vénéneuse
Et triomphale moissonneuse
Dont la faucille est un croissant de fièvre
Taillé dans l'Hécate des vieux Sabbats.
La fraîcheur de l'enfance et la santé des lèvres,
Les cris de joie et l'ingénu fracas
Des bonds fouettés de vent, parmi les plaines,
Je les flétris, férocement, sous mes haleines,
Et les voici, aux coins de mes quinconces
En tas jaunes, comme feuilles et ronces.

Je suis celui des pourritures souveraines.

Voici les assoiffés des vins de la beauté ;
Les affolés de l'unanime volupté
Qui fit naître Vénus de la mer toute entière ;
Voici leurs flancs, avec les trous de leur misère ;
Leurs yeux, avec du sang ; leurs mains, avec des ors ;
Leurs livides phallus tordus d'efforts
Brisés - et, par les mares de la plaine,
Les vieux caillots noyés de la semence humaine.
Voici celles dont l'affre était de se chercher
Autour de l'effroi roux de leur péché,
Celles qui se léchaient, ainsi que des lionnes -
Langues de pierre - et qui fuyaient pour revenir
Toujours pâles, vers leur implacable désir,
Fixe, là-bas, le soir, dans les yeux de la lune.
Tous et toutes - regarde - un à un, une à une,
Ils sont, en de la cendre et de l'horreur
Changés - et leur ruine est la splendeur
De mon domaine, au bord des mers phosphorescentes.

Je suis celui des pourritures incessantes.
Je suis celui des pourritures infinies ;
Vice ou vertu, vaillance ou peur, blasphème ou foi,
Dans mon pays de fiel et d'or, j'en suis la loi.
Et je t'apporte à toi ce multiple flambeau
Rêve, folie, ardeur, mensonge et ironie
Et mon rire devant l'universel tombeau.