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10/07/2013

une larme bien oubliée, du temps où je savais pleurer

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01/04/2013

Poupoune aux yeux d'or

Poupoune aux yeux d'or

Poupoune aux yeux d'or
cette adorable petite persanne (2 kilos cinq d'amour!) aŭ yeŭ d'or candides s'appellait Poupounette (en fait d'abord Pomponnette, puis Poupounette, enfin Poupoune, alias "Amrrrou Macherie" alias Olga Poupounetskaya, alias "Mamie-sphérique", alias "Le petit Comité d'Acceuil", ce dernier surnom c'est Jacqueline qui le lui avait donné)

20/03/2013

VERCORS - Sylva

Parmi les innombrables émissions merveilleuses et inoubliables qu'il y avait autrefois à la radio, il y avait sur France IV, devenu, lors du commencement de la fin, "Inter-Variétés" au début de chaque fin d'après-midi à cinq heures une émission pour les femmes "Rendez-vous à cinq heures", et dans le cours de cette émission il y avait toujours un moment de lecture suivie d'un roman. J'en ai découvert plusieurs par ce moyen, et il y en a plusieurs que je n'ai pas oubliés, et que j'entends encore. L'un d'eux fut "Sylva" de Vercors. (NOUVEAU: il y a un site qui l'étudie de manière détaillée, ici http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/sylva.html) Roman sur le thème, central chez lui, de savoir quelle est la différence entre les hommes et les bêtes, qu'est-ce qui fait un homme? Dans ce roman il imagine qu'une renarde est devenue tout à coup, par un phénomène non expliqué, une femme.
Ce livre a en fait des défauts exaspérants: il pue le racisme social ainsi que les préjugés rancis de cette époque encore idéologiquement aveuglée au sujet des animaux par l'ideologie-Descartes/Malbranche et les rites verbaux (ah ce fameux "instinct"!) de plusieurs siècles de refus-de-voir crispé. Mais si j'y suis resté attaché, au point de l'acheter trente ans plus tard exprès ! ( c'etait l'édition originale, il n'a jamais été réédité, avec des pages à couper et il y en a que j'ai laissées en l'état) c'est bien sûr à cause du souvenir. Et puis aussi à cause de ce passage, qui m'avais bien sûr marqué à l'époque, quoiqu' il ne m'apprenait rien (justement parce qu'il ne m'apprenait rien, l'épouvante de la mort fut l'ombre majeure de mon enfance, et je ne comprends toujours pas, c'est une chose qui m'effare totalement, comment se fait-il que les gens puissent vivre "comme s'ils ne savaient pas" (A. Camus) et pourquoi il n'y a pas des milliers d'enfants qui se suicident à 10-13 ans, c. à d. une fois arrivés à l'âge de se rendre compte ?) le moment où Sylva, la renarde devenue femme, découvre la mort.
Voici, donc, justement, extrait de cette édition de 1961, le passage en question. Avec ce fameux et tellement classique "argument" pour rassurer les gens, le plus classique, et de loin le plus con ! - mais si souvent efficace, il se base sur la faiblesse infinie de l'intelligence humaine, et l'engourdissement encore plus infini de sa sensibilité (qui cause bien d'autres aberrations et inconsciences de la pensée, pas seulement celle-là !) parmi ceux qu'on nous sert pour "think positive !" sur ce sujet : celui qui ici appraît sous ces mots : "Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d’y penser ! "


« Quand nous la rejoignîmes un peu plus tard, elle avait en effet déterré le chien, mais elle ne l’avait pas touché. Après une journée passé en terre, il était devenu assez atroce : attaqué par les fourmis, les taupes, les nécrophores, il ressemblait déjà, au fond de son trou, à une vielle peau de bique toute mitée, usée, percée, au surplus maculée d’humeurs saignantes. L’odeur commençait à être peu supportable. Sylva regardait la charogne dans une immobilité impressionnante. Je m’approchai d’elle, l’entourai de mon bras, je dis doucement :

Tu vois, il est mort.


Sylva ne quittait pas des yeux son malheureux copain. Elle commença de trembler, très légèrement, mais sans arrêt. C’était plutôt un long frémissement interminable. Je la pressais bien fort contre moi. Enfin elle demanda, avec une espèce de difficulté, comme si elle avait eu du mal à faire usage de la parole :

- Plus… jouer… ?

Je dis avec autant de douceur que je pus :

- Non, ma petite Sylva. Pauvre Baron, plus jouer.

Sylva tremblait avec une intensité croissante. Et puis elle arracha son regard de la triste dépouille, et alors elle le posa sur moi. Ce n’était pas un regard questionneur. C’était plutôt une sorte d’examen aigu, étrangement aigu de mon visage. Comme une méditation profonde sur la signification d’une figure humaine. Mo, je la laissais faire, sans rien dire, n’osant ni tout à fait sourire, ni tout à fait montrer un visage trop grave, trop attristé. Je lui rendais son regard avec tendresse mais ce n’était pas mes yeux qu’elle regardait. C’étaient mon nez, mes lèvres, mon menton. Et à la fin elle demanda, mais sa voix était plate (1) et sans intonation :

- Bonny aussi, plus jouer ?

j’éclatai d’un rire discret, plus bas que haut, un rire émis seulement pour rassurer cette crainte singulière.

- Mais si, Bonny jouera encore. Il n’est pas mort, Bonny ! Il se porte tout à fait bien.


Et répéta, d’un ton impérieux :

- Bonny aussi, plus jouer ?


- Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d'y penser!

Et quand enfin elle retrouva son souffle, je crus que – comme un nouveau-né – elle allait se mettre à hurler. Et en effet elle se mit à hurler, mais elle hurlait des mots, des « Veux pas ! Veux pas ! … » sans fin avec des grimaces si douloureuses que son frais et charmant visage triangulaire devin d’une laideur simiesque (sic), tout plissé et tout cramoisi.


Elle avait murmuré : « Et Sylva ?… « et je n’avais pas osé répondre. D’ailleurs attendait-elle une réponse ? N’en était-ce pas une que sa question ? Elle dit « Et Sylva ?… » et regarda Nanny. Et en la regardant plutôt que moi, elle sentait bien, elle devinait bien, qu’elle se heurterait à une défense plus faible. Et en effet, sous ce regard, la pauvre Nanny faiblit, elle ne put cacher son émoi ni sa peine. Elle tendit vers Sylva ses deux bras avec une expression de pitié, d’affection consternées. Mais loin de se précipiter, la jeune fille bondit en arrière. Elle nous dévisagea l’un après l’autre, avec une espèce de haine. Sa bouche s’ouvrit, mais elle ignorait les injures. Alors elle tourna sur elle-même et s’enfui.



VERCORS « Sylva » - 1961 – p.222-2

16/03/2013

les choses qu'on croit être ...

« Etre jeune c’est peut-être cela : croire que le monde est fait de choses inséparables. » (in "Indochine" de Régis Wargnier)


Pourquoi on ne vit plus comme on vivait - on-vi-vait - à Bailleul ? quand on était inquiets parce que papa ne revenait pas à l'heure de l'eglise parce qu'il y avait eu une fuite d'eau à la sacristie et qu'il avait du batailler toute la soirée, quand on le voyait passer sur la chaussée tirant la baladeuse à bras avec laquelle il emportait le matériel pour faire des chapelles mortuaires chez les gens, quand on l'entendait travailler à harmoniser sur son piano des chants pour une prochaine messe - ils sont où ses doigts coupés ? - quand on était réveillé le matin par les hirondelles et les volets roulants de la vieille voisine, dont on n'avait pas peur, dans cette France non encore flico-fasciste, des coups dans le mur quand on faisait trop de bruit, même qu'on retapait à notre tour de plus belle, quand on suivait les résultats des élections à la radio, quand ils jouaient aux cartes en trichant et en se chamaillant en riant aux éclats.

Eh oui, c'est parce que c'était le début; eh oui la vie des paysans des vieux Wargniez avait bel et bien pris fin et était disparue, et je ne pensais pas que celle-ci, ici et maintenant, allait elle aussi disparaître et mourir sans laisser de traces.

Et la société a évolué autour de nous, faisant disparaître la radio et les pavés, et les chevaux de ferme, et les pannes d'électricité, et les feux continus, et les enfants (oui, regardez il n'y en a plus), et les vieilles bigottes, et les magasins, et même la vente par correspondance, et les mariages et les enterrements.



"même les plus chouettes souvenirs ça vous a une de ces gueules" comme disait Ferré "on oublie le visage et on oublie la voix" "dans la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort" "lautre pour qui on avait peur, pour un rhume pour un rien" ou pour une voiture repartie seule sur la route de Sain-Pol et à qui on pensait à acheter des bijoux dès qu'on en voyait de beaux, etc, chanson paradigmatique.


01/03/2013

écrit en mars 88

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L’émotion des douleurs amorties, calmes et ouatées, mais sous lesquelles on sent palpiter, comme des eaux sombres, la chair d’une plaie à vif. Et sous un tapis de gazons le gouffre objectif d’une détresse sans bornes.

28/01/2013

La maison

oilà, Quand j’habitais rue Noël T******, je passais bien sûr d’abord dans la rue Saint-M***** sur laquelle elle donne. Une rue très bourgeoise. Et au n°5 il y avait une vieille grande maison bourgeoise comme ça, sauf qu’elle était complètement à l’abandon.
Aussi quelle ne fut pas ma surprise de voir


quelle ne fut pas ma surprise de voir (et ce fut plusieurs fois par la suite) une vieille femme portant un sac à provision y entrer: Elle y habitait ! Et quand je mettais alors par curiosité l’œil à la fenêtre sans rideaŭ, je ne voyais qu’un pièce sombre complètement vide et à l’abandon, pleine de poussière. Je ne sais pas comment elle faisait pour vivre là-dedans! la maison semblait complètement abandonnée. Je ne sais pas qui elle était, était-elle une veuve ou la fille, vieille-fille, de parents morts depuis longtemps, et qui continuait à vivre dans sa maison ?

1983-84

Puis j’ai fini par ne plus la voir ….

Plus tard la maison a du être vendue (et le grand jardin qui était derrière, on voyait les arbres dépasser quand on passait par l’arrière) au garage-station-service qui était à côté et faisait le coin sur la rue Constant D********. Et ils ont tout démoli, ne laissant que la facade du rez-de-chaussée sur la rue, le terrain en fait ils ne l’utilisaient « à rien », juste pour entreposer des voitures. Et maintenant (2007) le garage lui-même vient d’être démoli ! Et il ne reste que la facade du 5 rue Saint-M*****. (après, aŭ n°7 et 9 et suivantes il y des maison plutôt petites du genre ouvrier, puis un petit café-hotel (fermé depuis plusieurs années lui-aussi maintenant … combien de fois j’ai pris mon petit-déjeuner là-dedans, et c’est là qu’on le prenait avec Claude quand il logeait chez moi)

Donc, pensez un peu au destin de cette femme, maintenant complètement oubliée de tout le monde ……..

Sans doute déjà sans plus de famille elle était.

Mais pensez à la vie de cette vieille femme et à sa disparition dans la nuit noire du temps éternel !
Comment comment ne pas en être ému, tourmenté ? Il faudrait lui élever un monument. De même qu’à tous les clochards retrouvés un jour morts de froid dans un coin de trottoir et dont on n’a même pas retrouvé le nom.

Aussi j'ai finit le 14 juillet de l'année passée 2008 par aller la prendre en photo:

 

et, maintenant pensez : là c'était l'intérieur, c'était chez elle ...

 

13/01/2013

j'ai encore connu quelqu'un qui n'avait pas appris à lire !

ma tante Céline !


«Ma tante Céline", comme je l'ai toujours entendue nommer, était donc en fait ma grand' tante, la tante de maman, elle est sur internet dans une base généalogique.(Aurait-elle cru ça ! Elle ne savait bien sûr pas ce que ça serait, même un ordinateur elle ne savait pas non plus ce que c'était.)

LECOMPTE Celine Marie

Père : LECOMPTE Emile Jean Baptiste Mère : DELATTRE Celine
Naissance : Date : 5 avril 1874 - Lieu : Nord France - Malincourt, 59372, Nord-Pas-de-Calais
Décès : Date : 4 mars 1961 - Lieu : Aisne France - Saint Quentin (à l'hopital j'imagine, car autrement elle n'a jamais bougé de sa maison.)

elle habitait rue d'Hordain pas très loin de la maison (celle de maman, le 18 rue d'Hordain) dans une ancienne ferme dont la cour était constellée de fientes de poules, je répugnais toujours à la traverser, à l'étage il n'y avait pas de plancher mais du carrelage, ça m'a toujours paru bizarre et désagréable. Elle couchait dans une vieŭ lit très haut, mais dans un sens c'est pratique: c'est moins dur pour se coucher , et pour se lever, quand on est vieŭ on est tout de suite presque à niveau, et les gens qui soigneraient une personne dedans aussi auraient moins de mal, les gens d'autrefois avaient plus de sens pratique.



C'est une personne que j'ai toujours connue le visage tout fripé et très, très vieille (calculez, en 1954 elle avait 80 ans) Il paraît qu'elle ne savait pas lire ni écrire, car dans son enfance l'école n'était pas encore obligatoire, et ses parents qui avaient besoin d'elle pour le travail de la ferme ne se souciaient pas de l'envoyer à l'école.



Je l'ai vu rarement, et à chaque fois la terreur pour moi c'était qu'en partant on allait me demander de l'embrasser, or je fus durant toute mon enfance d'une timidité maladive, et embrasser quelqu'un (à part maman) m'intimidait énormément.



Elle est morte sous les auspices de la belle-soeur de maman, la femme d'Alfred, qui s'est arrangé pour capter l'héritage !



Voilà. Qui se souviens encore d'elle ?

05/01/2013

le frère


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06/07/2011

le pays du bonheur

ce que je pourrais dire si j'avais des somnifères chez moi (et que j'ai dit dans le dernier rêve que j'ai fait ce matin) :
J'en prendrais un, j'irais chercher mon petit chat avec moi, me recoucherait avec lui dans mon lit, et je partirais pour le pays du bonheur.

05/05/2010

l'explication du titre

Pour ceux qui se demandent d'où vient le titre de ce blog.
  C'est en Espéranto.
C'est dans la traduction en E-o d'un poème portugais;
l'E-o
c'est  une langue comme une autre, contrairement à ce que s'imaginent certains!!  ( tel le fameux Aillagon-piège-à-cons-! ):

Lumoj de ekmiroj


Mi iras limake,

sen destino,

verŝante mian ploron ,

rampante sur la grundo.

Mi forlasas miajn markojn,

mi ne scias ĉu neviŝeblajn,

en la lumo de la ekmiro,

kiu eklumas en la soleco.




                Silverio da Costa (el la portugala : Geraldo Mattos)


les sept soleil verts:

http://r.platteau.free.fr/TradukitajPoemoj.htm#La_sep_sun...