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11/11/2014

Les causes de la Première Guerre mondiale ? Le partage du monde et la peur du mouvement social

Han SOETE, Nick DOBBELAERE, Jacques R. PAUWELS

Les causes de la Première Guerre mondiale étaient-elles l'attentat de l'archiduc d'Autriche ? Ou de nobles motivations de paix, de démocratie et de liberté ? Non, répond l'auteur et historien Jacques Pauwels. Depuis longtemps, les grandes puissances mondiales la voulaient, cette guerre. Pour s'approprier des colonies et pour en finir une fois pour toutes avec les idées révolutionnaires qui gagnaient de plus en plus toute l'Europe.

«  En général, on explique la Grande Guerre comme ceci : un coup de tonnerre dans un ciel bleu. On prétend que personne ne l’avait vue venir, que personne ne l’avait voulue... En réalité, les nuages de la guerre s’accumulaient depuis vingt ans. Une guerre était nécessaire. Et les élites politiques de l’Europe la voulaient, car elles estimaient qu’une guerre allait réaliser pour elles des choses fantastiques... »

Voilà des années que Jacques Pauwels est plongé jusqu’au cou dans l’histoire des révolutions et des guerres. Il a déjà publié de nombreux ouvrages sur le sujet. Aux éditions EPO vient de paraître, en néerlandais, son livre De Groote Klassenoorlog. 1914-1918 (« 1914-1918, la Grande Guerre des classes », qui sortira en français le 20 septembre, aux éditions Aden ; il sera donc en vente à ManiFiesta), un ouvrage incontournable sur la Première Guerre mondiale. Il voit deux causes principales à cette guerre : d’un côté, l’impérialisme ; ensuite, la peur de la révolution.

« Les grandes puissances industrielles, les grandes banques et les grandes entreprises voulaient de nouvelles colonies – ou des semi-colonies sur lesquelles elles auraient exercé un contrôle indirect pour leurs matières premières, leur main-d’œuvre bon marché et leurs possibilités d’investissement. Ici réside certainement l’une des principales raisons de la guerre. » Explications.

Replongeons-nous au début du 20e siècle. Le monde n’avait-il pas déjà été partagé ?

Jacques R. Pauwels. Pas tout à fait. La Chine, par exemple, un immense pays faible avec un énorme marché de débouchés, était encore totalement ouverte.

De plus, tous les pays n’étaient pas satisfaits de leur part. Sur le plan des colonies, l’Allemagne était le parent pauvre. Elle pensait pouvoir phagocyter la Belgique. La Grande-Bretagne était d’ailleurs prête à signer un accord à ce propos. Il ne fallait pas nécessairement en arriver à une guerre. La concurrence entre les pays impérialistes pouvait également être résolue par des accords mutuels. Parmi l’élite anglaise, il existait un groupe assez important qui aurait préféré collaborer avec l’Allemagne plutôt qu’avec la France. Pour satisfaire les Allemands, ces gens étaient prêts à céder le Congo belge à l’Allemagne.

Il est donc normal que la Belgique ait été impliquée dans cette guerre, puisque la Belgique était également un pays impérialiste.

Vous parlez également d’impérialisme social...

Jacques R. Pauwels. En effet. En acquérant des colonies, les pays pouvaient se débarrasser de leurs citoyens « gênants » : les classes inférieures qui, aux yeux de l’élite, étaient surpeuplées.

L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies.

Les gens trop pauvres, on pouvait s’en débarrasser en les envoyant dans ces colonies. L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies. De la sorte, ils se muaient en patriotes, au lieu de rester des emmerdeurs. En les laissant intervenir de façon agressive dans les colonies, ils ne posaient plus le moindre problème dans la métropole.

Il y avait, par exemple, pas mal de fils de fermiers sans travail, et ce, du fait que l’agriculture devenait trop productive. Ces gars, on pouvait les envoyer au Congo comme missionnaires. On a expédié là-bas une vingtaine de missionnaires de chaque bled agricole flamand. On leur a collé un uniforme sur le dos et, dès lors, ils ont pu aller jouer au patron chez les noirs.

Vous dites que l’enjeu, c’étaient les colonies. Pourquoi, dans ce cas, n’ont-ils pas mené la lutte dans les colonies mêmes ?

Jacques R. Pauwels. Cela a abouti à une guerre mondiale parce qu’il s’agissait de possessions impérialistes, mais cette guerre se déroula en Europe, parce que les pays impérialistes étaient principalement des pays européens. À deux exceptions près : les États-Unis et le Japon, qui ont pu se permettre de ne pas intervenir directement. D’autres pays ont un peu attendu – comme l’Italie et la Bulgarie, mais ils y sont finalement allés quand ils ont compris qu’il y avait quelque chose à gagner dans l’aventure.

Les pays qui n’étaient pas directement concernés n’auraient-ils pas mieux fait de rester neutres ?

Jacques R. Pauwels. Se confiner dans la neutralité n’était pas sans danger non plus. Pourquoi les États-Unis sont-ils entrés dans la guerre ? Pas pour sauver la démocratie ou une histoire du genre ; ça, c’est de la foutaise. En tant que pays impérialiste, ils guettaient une occasion pour s’étendre et la Chine se trouvait sur la liste de leurs desiderata. Non pas qu’ils aient voulu coloniser la Chine, mais ils voulaient y pénétrer sur le plan économique : il y avait des marchés de débouchés, des possibilités d’investissement, des contrats intéressants dans la construction des chemins de fer...

Les États-Unis devaient intervenir car, s’ils restaient neutres, ils allaient se retrouver les mains vides à la fin de la guerre.

Mais d’autres pays lorgnaient aussi la Chine, comme le Japon, par exemple. L’Allemagne et la France y avaient déjà des concessions, des mini-colonies. Le Japon, le grand concurrent des États-Unis, a déclaré la guerre à l’Allemagne sur un prétexte et ce qu’il a fait tout de suite, ç’a été de rafler en Chine ce morceau qui était à l’Allemagne. Ça n’a pas plu aux Américains. Les États-Unis devaient intervenir, car, s’ils restaient neutres, ils allaient se retrouver les mains vides à la fin de la guerre.

C’était comme une loterie : celui qui ne jouait pas ne pouvait pas gagner. En février 1917, en France, le président du Conseil (chef du gouvernement à l’époque, NDLR) avait déclaré que seuls les pays engagés dans la guerre auraient leur mot à dire dans le repartage du monde après la guerre. D’après moi, il y a un rapport entre cette déclaration et le fait que les États-Unis ont déclaré la guerre à l’Allemagne en avril de la même année. Les gagnants de la guerre avaient l’intention de se récompenser eux-mêmes, les perdants allaient perdre, mais les neutres ne recevraient rien. Au contraire, même, car ceux qui restaient neutres pouvaient être sanctionnés parce qu’ils n’étaient pas dans le camp des vainqueurs.

Comment cela ?

Jacques R. Pauwels. Prenons le Portugal. En 1916, les Portugais eux aussi ont déclaré la guerre à l’Allemagne. Pas parce qu’ils croyaient devoir y être quand les prix seraient distribués à la fin de la guerre, mais parce qu’ils estimaient qu’ils allaient devoir payer le prix de leur neutralité s’ils n’y allaient pas. Ils savaient que, déjà avant la guerre, les Britanniques avaient proposé les colonies portugaises à l’Allemagne. Les Portugais s’étaient donc dit qu’ils allaient perdre leurs colonies s’ils restaient neutres. Le Portugais avait donc une peur bleue, en restant neutre, de tout perdre. Et qu’a-t-il fait ? Il a déclaré la guerre à l’Allemagne. Au grand dam des Britanniques. Le Portugal avait-il quelque chose contre l’Allemagne ? Non, absolument rien. Mais, pour ces raisons impérialistes, il ne pouvait se permettre de se cantonner dans sa neutralité.

On dit toujours que les Britanniques sont partis en guerre parce que la souveraineté belge avait été violée par les Allemands. Mais ce n’était sans doute pas la vraie raison ?

Jacques R. Pauwels. Non. Ils avaient tout simplement besoin d’une excuse, car la Grande-Bretagne voulait de toute façon la guerre avec l’Allemagne. En secret, elle avait déjà conclu un accord avec la France, obligeant l’armée britannique à venir en aide aux Français.

La Grande-Bretagne avait besoin d’une excuse, car elle voulait de toute façon la guerre avec l’Allemagne.

Pourquoi les Britanniques avaient-ils conclu ce marché avec les Français ? Parce qu’ils voulaient la guerre avec l’Allemagne et qu’ils savaient que l’Allemagne était l’ennemie de toujours de la France. Les Britanniques et les Français n’avaient jamais été amis. Ils le sont devenus parce qu’ils avaient un ennemi commun.

Pourquoi la Grande-Bretagne voulait-elle la guerre avec l’Allemagne ?

Jacques R. Pauwels. La puissance politique et économique de la Grande-Bretagne s’appuyait sur le contrôle des sept brtroops mesopotamiamers. Britannia rules the waves. La Grande-Bretagne règne sur les mers. La flotte britannique devait rester aussi importante que toutes les autres flottes ensemble, afin de pouvoir dominer n’importe qui. Mais, fin du 19e siècle, début du 20e, les Allemands se mirent eux aussi à construire des navires. Il s’agissait de navires modernes qui ne naviguaient plus au charbon, mais au pétrole. La Grande-Bretagne avait du charbon, mais pas de pétrole. Elle devait donc acheter ce pétrole aux États-Unis, à la Standard Oil. Mais, en tant que grande puissance, la Grande-Bretagne n’aimait pas dépendre des États-Unis, parce qu’ils étaient de grands rivaux, et même des ennemis.

Et cela servit les Britanniques que l’Allemagne envahisse la Belgique.

La Grande-Bretagne voulait une source indépendante de pétrole et elle s’est donc mise à chercher. D’abord du côté de la Perse, l’actuel Iran, où les Britanniques avaient conclu un marché avec les Russes pour se partager le pétrole. Du pétrole a ensuite également été découvert en grande quantité en Mésopotamie, l’actuel Irak, qui faisait partie de l’Empire ottoman, à l’époque l’homme malade de l’Europe. Déjà avant la guerre, les Britanniques avaient raflé une partie de ce pays et l’avaient appelée le Koweït. Les Britanniques y avaient installé un émir, qui était leur ami, sur le trône. Pas un démocrate, mais bien disposé à jouer le jeu.

Un peu plus tard, on trouva également du pétrole près de la ville de Mossoul : la Mésopotamie devint clairement l’objet de désir des Britanniques. Mais elle appartenait aux Ottomans. Et Mossoul se trouvait plus loin à l’intérieur des terres, il était difficile de s’en emparer. Mais que découvrirent alors les Britanniques ? Que l’Empire ottoman et l’Allemagne avaient un projet commun de construction d’une voie ferrée reliant Bagdad à Berlin. Les Allemands avaient donc l’intention d’acheminer ce pétrole de la Mésopotamie vers leur propre marine de guerre. Et cela, les Britanniques devaient l’empêcher coûte que coûte. Comment ? Par une guerre. Quand la guerre éclata, l’armée anglo-indienne, qui se trouvait déjà dans les parages, débarqua immédiatement en Mésopotamie.

Cela dit, l’armée britannique en Europe était trop faible pour combattre l’armée allemande. La Grande-Bretagne a donc eu besoin d’alliés. La France et la Russie, elles aussi ennemies de l’Allemagne, avaient des armées énormes. Et c’est ainsi qu’on en arriva à un accord militaire avec la France.

Voulez-vous dire qu’il ne manquait, en réalité, plus que l’occasion de partir effectivement en guerre contre l’Allemagne ?

Jacques R. Pauwels. Exactement ! Et cela servit les Britanniques que l’Allemagne envahisse la Belgique. Ils ont prétendu que la violation de la neutralité de la Belgique était un gros problème. Pourtant, lorsque les Japonais ont attaqué la concession allemande en Chine, les Britanniques sont allés aider les Japonais, et ce sans demander non plus à la Chine s’ils pouvaient la traverser. C’était également une violation. Ce que les Allemands avaient fait en Belgique, les Britanniques l’avaient fait eux-mêmes en Chine. L’idée que les Britanniques sont partis en guerre pour protéger la Belgique, c’était une grande fiction. Une excuse.

Dans votre livre, vous montrez qu’à côté du partage du monde, il y avait une seconde raison à la guerre : c’était une occasion de freiner le mouvement social.

Jacques R. Pauwels. En effet. L’impérialisme est un système qui fonctionne au profit des grands acteurs du système capitaliste : les banques et les grandes entreprises, ceux qui ont besoin des matières premières, des marchés, qui, sur le plan international, sont actifs dans le secteur minier, dans la construction des chemins de fer... Ces gens avaient des problèmes avec leurs travailleurs.

Mais même si cela n’aboutissait pas à une révolution, même si les socialistes devaient simplement gagner les élections et on s’en approchait –, l’élite craignait que tout ne change.

Ces travailleurs se sont mis à réclamer de meilleures conditions de travail, ils ont créé des syndicats, ils avaient leurs propres partis, ils voulaient des salaires plus élevés, plus de démocratie, le droit de vote... Ce mouvement social était une épine dans le pied pour les capitalistes. Les partis socialistes obtenaient aussi de plus en plus de voix. « Où cela va-t-il s’arrêter ? », pensait l’élite qui, manifestement, avait peur d’une révolution.

Mais même si cela n’aboutissait pas à une révolution, même si les socialistes devaient simplement gagner les élections et on s’en approchait, l’élite craignait que tout ne change. Il fallait mettre un terme à cela, faire régresser cette démocratisation.

Que pouvait-on faire contre cela ? Primo : les éléments les plus gênants furent déportés aux colonies. Cet impérialisme social résolut déjà une partie du problème. Le Britannique Cecil Rhodes dit que l’impérialisme était nécessaire pour éviter une guerre civile.

Mais on ne pouvait déporter tout le monde. Vers les années 1900 régnait parmi l’élite une « peur de la masse », la masse dangereuse qui connaissait une montée irrésistible. Pour endiguer ce danger, la guerre était une solution. L’élite voulait revenir au temps des seigneurs qui commandaient, et des esclaves qui obéissaient. Inconditionnellement. Le but était d’anéantir les idées révolutionnaires. Le retour en arrière. Précisément le genre de situation que l’on a dans l’armée : pas de discussion, pas de démocratie et un bel uniforme pour tout le monde. On voulait militariser la société. Il fallait donc une guerre. Et le plus tôt serait le mieux.

On était pressé ?

Jacques R. Pauwels. Tous les partis pensaient à ce moment qu’ils ne pouvaient pas perdre. Les Français, les Britanniques et les Russes avaient une alliance, la Triple Entente. Ils pensaient qu’ensemble, ils étaient invincibles. Les Allemands avaient l’Autriche-Hongrie dans leur camp, leurs généraux de génie et une industrie énorme derrière eux qui pouvait fabriquer les meilleurs canons.

Cet attentat à Sarajevo n’a pas été la raison de la guerre, c’était le prétexte pour enfin s’y lancer.

Plus encore : en attendant trop longtemps, il pouvait que, quelque part, les socialistes remportent les élections, et là, l’élite craignait la révolution. Les Britanniques et les Français, par exemple, ne pouvaient pas attendre trop longtemps, car ils craignaient qu’en Russie la révolution n’éclate. Dans ce cas, ils auraient perdu cet allié et n’auraient certainement plus pu être victorieux.

À un moment donné, on ne put plus attendre. Cet attentat à Sarajevo n’a pas été la raison de la guerre, c’était le prétexte pour enfin s’y lancer. Tout comme la violation de la neutralité belge n’avait pas été une raison de partir en guerre contre l’Allemagne. Ils avaient besoin d’un prétexte.

La guerre avait des causes géostratégiques et servait des intérêts nationaux. Mais c’est cruel d’envoyer des millions de gens à la mort pour ça, non ?

Jacques R. Pauwels. Oui, c’est cynique et particulièrement cruel. Mais, au début du 19e siècle, c’était la pensée social-darwinienne, qui prévalait. L’élite estimait qu’elle se trouvait tout en haut de l’échelle sociale, qu’elle était composée des meilleurs une fois pour toutes. Ils rationalisaient toute cette violence et tous ces morts : il y avait trop de monde et une guerre tomberait à point pour faire un peu de nettoyage, pour élaguer les classes inférieures.

C’est une erreur de penser que ces généraux étaient des sadiques. C’étaient des gens très normaux qui appliquaient ce qui, à l’époque, était une pensée commune, à savoir qu’il y avait une hiérarchie parmi les gens et qu’eux étaient tout en haut et que ceux d’en bas étaient gênants et dangereux et, en outre, bien trop nombreux. L’élite estimait qu’elle avait le droit de contrôler les autres. Et cela valait aussi pour l’élite belge ! Car ne l’oubliez pas : ce que les Belges ont fait au Congo est bien plus grave que ce que les Allemands ont fait en Belgique. Mais la Belgique martyre, c’est un beau thème pour nos manuels d’histoire...

Ce que les Belges ont fait au Congo est bien plus grave que ce que les Allemands ont fait en Belgique.

Quand on voit les choses de la sorte, on comprend pourquoi ces généraux envoyaient des centaines de milliers d’hommes à la mort. Non pas parce qu’ils étaient des gens cruels, mais parce qu’ils étaient convaincus de bien agir.

L’écrivain français Anatole France a dit à l’époque : « Nous croyons mourir pour la patrie, mais nous mourons pour les industriels. »

Jacques R. Pauwels. On a convaincu les gens que c’était quelque chose de noble que de mourir pour la patrie. Le curé le disait, le bourgmestre le disait. Et les gens le gobaient.

Le curé et le bourgmestre n’étaient pas les seuls à le dire. Les partis socialistes eux aussi l’ont dit, juste avant la guerre.

Jacques R. Pauwels. C’est en effet pourquoi tant sont partis à la guerre avec enthousiasme : parce que les socialistes le disaient aussi. Sauf dans quelques pays comme l’Italie. C’est d’ailleurs pour ça que les Italiens étaient moins enthousiastes vis-à-vis de la guerre.

Pourquoi les socialistes ont-ils viré de bord ?

Jacques R. Pauwels. Jusqu’en 1914, la plupart des socialistes étaient encore révolutionnaires en théorie, mais plus dans la pratique. Ils avaient travaillé au sein du système à des améliorations et à des réformes : il y avait un peu plus de démocratie, on avait élargi le droit de vote, les semaines de travail étaient moins longues... Progressivement, les socialistes estimèrent que les choses commençaient à aller mieux. Avec les bienfaits du colonialisme – faire travailler les noirs –, les travailleurs d’ici pouvaient être un peu mieux payés. De nombreux socialistes y voyaient donc un avantage. C’est ainsi que naquit ce que Lénine a appelé l’aristocratie ouvrière. Pour les simples travailleurs, les choses allaient mieux. « Faut-il encore faire la révolution ? », pensaient de nombreux socialistes. « Les choses vont plutôt bien comme cela, non ? »

Les dirigeants socialistes sont devenus de plus en plus bourgeois, ils faisaient partie du système.

Les dirigeants socialistes sont devenus de plus en plus bourgeois, ils faisaient partie du système. Le 21 juillet, ils ont pu aller serrer les mains au château...

Attention, tous n’étaient pas ainsi ! En Allemagne, il y avait des social-démocrates restés farouchement hostiles à la guerre, tout comme Lénine en Russie. Mais la majorité s’était assez embourgeoisée. Le sociologue allemand Robert Michels a étudié le SPD allemand à partir du début du XIXe siècle. La conclusion, c’est qu’une hiérarchie bourgeoise s’était développée au sein du parti ouvrier allemand. À terme, la direction du parti aurait eu bien trop à perdre avec une révolution. Ils voulaient ne pas perdre les bonnes choses qu’ils avaient obtenues. Finalement, ils se sont rangés du côté de la guerre.

Juste avant la guerre, les socialistes allemands s’étaient – réunis avec le socialiste français Jaurès, entre autres, pour se prononcer contre la guerre. Mais le lendemain, ils ont finalement tout de même approuvé les crédits de guerre.

Toute votre histoire d’impérialisme et de crainte de la révolution n’est pas mentionnée, pour ne pas dire pas du tout, dans les commémorations de la Première Guerre mondiale. N’est-ce pas bizarre ?

Jacques R. Pauwels. Eh oui ! Pourquoi les quotidiens De Standaard et De Morgen ne m’ont-ils pas encore téléphoné pour une interview ? Ils ont d’autres choses à raconter aux gens, à savoir que ce fut une guerre pour la liberté, le droit et la démocratie. Qui aujourd’hui voudrait entendre que les Américains sont partis en guerre pour des objectifs impérialistes ? Qui ne préférerait pas de loin apprendre que c’était pour défendre la démocratie ? C’est ce qu’ils disent encore aujourd’hui. Mon récit ne colle pas dans le cadre actuel.

Mon regard sur l’histoire va à contre-courant. Mais les gens qui lisent mon livre estiment que c’est pourtant une façon de comprendre l’histoire. Si l’on examine l’histoire de cette façon, on commence à se poser des questions sur les guerres d’aujourd’hui. Et à se dire que nos dirigeants nous racontent généralement des mensonges. Et qu’ils disent même le contraire de ce qu’ils pensent réellement. La contre-révolution est appelée révolution, l’attaque est appelée défense. Nous vivons des temps orwelliens.

Mon récit ne colle pas dans le cadre actuel. Mon regard sur l’histoire va à contre-courant. Si l’on examine l’histoire de cette façon, on commence aussi à se poser des questions sur les guerres d’aujourd’hui.

Pour comprendre la Première Guerre mondiale, il nous faut comprendre le 19e siècle. La Première Guerre mondiale est la fille du XIXe siècle. Et le XIXe siècle lui-même est le fils de la Révolution française. Et la Première Guerre mondiale est la mère du XXe siècle.

Et cette guerre mondiale a déclenché une révolution qui, à son tour, a déclenché une révolution mondiale, car j’explique comment, via la révolution russe, la guerre a également eu une influence en Chine, en Inde, et plus loin.

Dernièrement, j’étais dans l’extrême sud du Chili, en Patagonie. Là-bas, en 1918, des grèves et des révoltes ont éclaté. Une mini-révolution qui a manifestement été inspirée par la révolution bolchévique. Cette révolution a été écrasée, mais pour en réduire le creuset, des concessions ont été faites. Le Chili a été le premier pays avec un État providence. Et la raison, c’était cela. Mais ce genre de choses, on ne les lira nulle part.

Ici, à l’occasion des commémorations, on ne nous parle que du Westhoek, de l’Yser, d’Ypres [ou de Thimister Clémont et du Fort de Loncin en région liégeoise, NDLR] et puis encore un peu de ce qui s’est passé de l’autre côté de la frontière, à Verdun et dans la Somme. Pourtant, ce fut une guerre mondiale !

Le livre de Jacques R. Pauwels sera de nouveau disponible mi-novembre 2014 aux Editions Aden.

En attendant la parution, on peut écouter sa présentation par Jacques Pauwels sur Radio Campus Lille.

»» http://www.solidaire.org/index.php++cs_INTERRO++id=1340++...
URL de cet article 27306
http://www.legrandsoir.info/les-causes-de-la-premiere-gue...

03/11/2014

« c’est de notre faute, nous n’avons rien dit quand on nous a imposé la fin de l’Union Soviétique, puis nous n’avons rien dit quand il y a eu l’attaque contre la Yougoslavie, qui aujourd’hui va descendre dans la rue pour nous défendre ? »

vous vous souvenez du pasteur Niemoller, qui s'est repenti trop tard ?
Qui nous défendra à notre tour?

01 nov 2014

Est-il possible déjà de tirer certains enseignements de ce que nous voyons dans cette malheureuse Ukraine? D’abord un état des lieux, le pays est en proie non seulement à la guerre civile,  à la crise économique sociale mais aussi à la peur face à d’inquiétantes figures. Comment vous dire à quel point cela est palpable ici à Odessa qui parait si tranquille…. On le sent dans le silence des habitants: ce chauffeurs de taxi qui se tait ou répond « ça va… un silence… si on peut dire » et dont on ne peut pas tirer un mot de plus… La ville entière paraît en pleine torpeur tandis que des jeunes gens, de la racaille, roulent les mécaniques, fixent des regards qui se baissent… Dans cette ville célèbre pour son impertinence… Le soir, dans la nuit des bandes de fêtards, on entend mal et on devine leur cri: « pour notre victoire! » et ils sautent…   Le fait que des partis fascistes n’aient pas obtenu des voix en masse  signifie comme l’abstention un désaveu, mais   toutes les listes présentées comme démocratiques, c’est-à-dire « pro-occidentales », ont en tête, éligibles,  des fascistes, parmi les plus excités il y a des « héros » de la répression dans le Donbass. Et surtout, les fascistes sont devenus partout les auxiliaires zélés de la politique des oligarques qui ont le pouvoir « à fiction démocratique ». Le bilan du Maïdan tient en ce résultat électoral : sur 250 anciens députés de la Rada, 200 ont été réélus, en revanche ont été exclus les communistes et ceux qui tentaient de combattre le FMI, l’OTAN… Voilà pour la Révolution… Et au quotidien, c’est cette enseignante que ses élèves interrogent sur le Donbass et qui le lendemain est renvoyée sur dénonciation de l’un d’entre eux… La « lustration », la purge, cette liste que l’on sait établie mais qui n’est pas encore diffusée… Ces mères qui ne peuvent obtenir justice et dont nous avons déjà parlé…Cette inquiétude devant ces adolescents, quand un peuple a peur de sa jeunesse …
Ce communiste sans parti nous dit: « c’est de notre faute, nous n’avons rien dit quand on nous a imposé la fin de l’Union Soviétique, puis nous n’avons rien dit quand il y a eu l’attaque contre la Yougoslavie, qui aujourd’hui va descendre dans la rue pour nous défendre ? » L’envie nous prend alors d’interpeller les communistes français, les antifascistes et ceux qui plus largement ont une autre vision de la France, de notre rôle dans le monde : qui nous défendra à notre tour?

Trois pistes de réflexion s’imposent :
LA RESPONSABILITE DE NOTRE GOUVERNEMENT ET DE L’UE
Il y a un fait incontournable, la responsabilité du gouvernement français comme de l’UE dans l’ouverture de cette crise ukrainienne.

suite de l'article : http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/11/01/qui-nou...

 

Le point sur la situation actuelle au Donbass, matérielle dans le vie des gens et stratégique au niveau de l'Europe etc :

 

les élections : http://gaideclin.blogspot.fr/2014/11/ukrainenovorossia-jo...

Retour sur les élections "Kievistes" : comme dans ces élections il n'y avait pas de véritable choix, les candidatures disponibles étant de facto filtrées ! les résultats les plus significatifs sont le TAUX DE PARTICIPATION ! Regardez comme il varie selon les région, cette carte dit tout !

 

Elections-Kievites du 26oct2014tauxdeparticipations révélateur.jpg

 

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14/10/2014

Pri Esperanto - 4

ĉifoje - alia afero atingenda ! - vi ekzercu al kompreno parolojn ne nepre facilaj nek nepre klaraj, en videaĵoj ekzemple pli malpli bone registritaj, jen interesa sed beletra prelego de Humphrey Tomkin (kaj estas okazo konatiĝi, ne ne jam vi konas lin, kun tiu elstara prelegisto kaj klerulo de Esperanto, usona universitatano, specialisto de shakespeare) 

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Do, se vi ne ĉion komprenas, reaŭskultu ĝis vi povos perkrajoni ĉion sur papero, montrante, ke vi bone komprenis !

kaj ĉisube poemo aktuala, plurmaniere .... ni esperu, ke por ni la venonta jaro ne estos simila je 1940 ...

http://donh.best.vwh.net/Esperanto/Literaturo/Poezio/kalo...

24/09/2014

partout en France

Dans la France des années 40, comme la seule présence de magasins tenus par des juifs « donnait des boutons » à certains, ils se sont arrangés pour leur rendre la vie impossible et les ruiner, sans se demander qu’est-ce qu’ils pourraient devenir dans ces conditions ( enfin, on ne se le demandait pas encore ……….). De même, dans la France actuelle on rend les déplacements et la vie impossible aux Gens du Voyage, sans davantage s’inquiéter de leurs conditions de survie. Et de même que les grandes étoiles à la peinture blanche sur certaines vitrines étaient une vision typique de cette époque, les portiques surbaissés blanc et rouge à l'entrée de tout parking, et les gros blocs de pierre barrant l'entrée des terrains vagues, sont une vision typique de la notre !

14/09/2014

personnalités exceptionelles

Connaître l’histoire de l’Espéranto et des espérantistes c’est aussi découvrir des personnalités exceptionnelles , en voici deux (non, trois) :


Paul Berthelot :

Il était le fils naturel de quelqu’un qu’on ne connaît peut-être pas bien mais dont le nom revient souvent, surtout au fronton des collèges ! Paul Bert. C’est lui qui a organisé la première réunion internationale d’espérantistes de gauche, en 1906, en marge du deuxième Congrè Universel à Genève. Et en 1907 il fit paraître la première revue espérantiste de gauche (anarchiste il était) la Internacia Socia Revuo à Paris. Plus tard il alla au Brésil essayer de fonder une communauté coopérative utopique, qui n’a pas réussi. Il est tombé malade, la tuberculose, comme beaucoup de son temps, il a retrouveé la foi et est mort là bas dans un couvent de dominicains, passant les derniers mois de sa vie à rédiger une grammaire de l’Espéranto en latin!


Valdemar Langlet :

Il était suédois, né en 1872, et en 1995, il a fait ce qui est peut-être le premier voyage de jeune aventureux aidé par l’Espéranto ! à travers la Russie. (Et on en parle dans le roman « Sen Titolo » (tiel) d’Ivan Ŝirĵaev, lui aussi peut-être le premier roman écrit originalement en Espéranto). Il est sans doute aussi le premier cas de ce qu’on apelle en faisant un jeu de mot l’ “Edzperanto” (de edzo = époux et peranto = intermédiaire, truchement), c’est à dire qu’il a épousé, en secondes noces, une espérantiste ruse Nina Borovko (là ausi il y aurait beaucoup à dire sur elle et sur son père, et sur sa mère, Antonina Tchaikovskaya, sans doute la “mère” du terme “Esperanto” - le Dr Zamenhof avait appelé sa langue tout bonnement “internacia lingvo”)

En 1932 il est parti comme professeur de suédois à Budapest et en même temps haut fonctionnaire de l’ambassade suédoise. Ca ne vous dit rien? Sans doute! Arrive 1944, et beaucoup de vies deviennent menacées en Hongrie, en particulier celles des juifs... Ca ne vous dit toujours rien?

Alors avec l’aide et la protection de la Croix-Rouge suédoise, il s’est mis à les aider à tour de bras, distribuant asile, cachettes, aide médicale, nourriture, et, last but not least (krome kaj krone !) il obtenu des autorités suédoise l'autorisation d'imprimer 5000 petits livret, tout semblables à des passeports, disant que le titulaire était “lié aux intérêts suédois” et “sous la protection de la croix-Rouge suisse”; il en fit imprimer sans doute 25.000. Les “passeports” de Langlet risquant de finir par perdre toute valeur aux yeux des autorités hongroises, le gouvernement Suédois finit par envoyer un agent officiel, Raoul Wallenberg ( he oui! LUI, est devenu célèbre à cause de sa mystérieuse disparition et grâce au cinéma - et puis Valdemar Langlet n'était pas neveu de banquiers !  http://www.jweekly.com/article/full/3457/did-wallenberg-s... , mais l’apôtre, le héros c’était Langlet), qui émit des passeports édités cette fois au nom du gouvernement suédois. Après la guerre lui et sa femme rentrèrent au pays, sans un sou, ruinés par son action humanitaire, et la santé elle aussi ruinée. Il finirent leur vie (lui en 1960) très modestement dans un petit village, Lerbo.

Sa veuve Nina Borovko-Langlet a écrit le récit de ce qui s'est passé durant ces années sous le titre Kaoso en Budapeŝto :

http://www.glasnost.se/2001/kaoso-en-budapesto/


Je parlerai aussi de
Marjorie Boulton :. -  Marjorie Boulton, qui a maintenant 90 ans malheureusement, elles est née en 1924, a fait une carrière d’universitaire britannique, à Oxford, en qualité de professeur de littérature anglaise. Elle a aussi été dès 1951 une fervente et talentueuse espérantiste. C’est je pense le meilleur poète original en Espéranto. (Oui, je la préfère même à William Auld et à Kalocsay). Elle a su mettre dans ses poèmes un sens inné de l’harmonie, une authenticité et une profondeur d’émotion remarquables.

Dans ses poème elle pratique toutes sorte de style, de l’humour jusqu’à la tragédie. Elle y a aussi livré les tourments de son cœur dus à un amour impossible - un homme déjà marié, jamais elle n’a cherché à briser son ménage, à l’époque on savait respecter les êtres et les valeurs, et pourtant Dieu sait si elle souffrait – dans des poèmes parfois d’une délicate et poignante pudeur, mais aussi d’autres nés de ses rêves nocturnes sont presque pornographiques. Voici un de ses poèmes qu’elle a consacré  à l'enfant qu'elle n'a jamais eue :

Mia Filineto

Ne estas mi unu el noblaj koroj
virinaj, tre pensantaj pri infanoj;
infanoj estas zorgoj kaj laboroj,
etaj, mallertaj kaj malpuraj manoj.

Mi ne kapablas plu por hejmaj amoj,
ne ŝatas ĝenojn kaj sendankan strebon
sed nun, malofte, sur dezertaj mamoj,
la korpo kreas sian ombran bebon.

Mi ne deziras vin, infano mia,
mi nun libera, iomete riĉa,
komforte vivas -- restu vi nescia
en la mallumo, eble pli feliĉa.

Kara, vi eĉ malamus min, patrinon,
malindan min; kuŝiĝu en eterno!
Kvankam mi nun karesas halucinon,
ĉu vere estas vi mia koncerno?

Sur mia sino dum moment' siestu,
frukto de ombra amo, frukto honta;
foriru poste, filineto, restu
eterne en la mondo ne-estonta!

Etaj manplatoj, rozkoloraj plandoj --
ho, etulino! Sed okuloj brilas
jam larme -- superbolas per demandoj
pri l' vivo -- al la patro vi similas!


                                    1952



(en poemaro Kontralte 
kie legeblas dekoj da tiaj ĉefverkoj - nepra en ĉiu esperantista biblioteko)

 

Boultonavecchat.jpg

Plus tard il semble qu'elle se soit consolée de sa solitude auprès des chats

Mais, savez-vous, c’était dans les années 50... C’était à l’époque où il y avait encore une France ( et j’imagine une Angleterre), une Civilisation, où étaient impensables à tout esprit la seule idée qu’une église puisse être fermée, qu’une rue puisse être surveillée par des caméras de vidéo-surveillance, quand on n’avait pas encore inventé les autoroutes (à part Hitler), où il y avait encore des trains, des trains avec des quais, et même des fenêtres aux vagonoj, et bien sûr du brouillard, car les gens ne roulaient pas encore en voiture et n’étaient pas encore devenus cons (et insociables), quand on pouvait parler d’amour, sans que ça soit taxé de « violence sexuelle », quand on pouvait parler de fidélité sans qu’on vous rie au nez.
(et pourtant c ‘était déjà après Hiroŝimo, la plej grava terorismaĵo en la modermnaĝo)

Et elle a aussi beaucoup écrit en prose, par exemple  ici elle traite du problème de la morale en littérature, et ne manque pas avec son bon sens et son humanisme de mettre les pieds dans le plat et d'envoyer aux pelotes quelques préjugés  !!
http://www.donharlow.org/Esperanto/Literaturo/Revuoj/nlr/...

 

 

Et ici si vous voulez savoir l'ambiance en URSS vers 1957 quand après la mort de Staline l'Espéranto fut de  nouveau "permis" (tout juste!) - je rappelle que à partir de 1937 on fusilla ou envoya au Goulag tous les espérantistes soviétiques (et ils étaient fort nombreux)

 

 

Et en prime voici l'histoire -vraie- d'un soldat italien durant la Deuxième Guerre Mondiale en Yougoslavie qui, capturé par des partisans, a eu la vie sauve parce qu'il parlait Espéranto, et qu'un espérantiste parmi les yougoslaves a plaidé pour lui disant que s'il était espérantiste il ne pouvait être tout à fait mauvais :

Jen, nu, historio pri Attilio Giovannini, itala militisto en Jugoslavio, dum la unuaj jaroj de la dua mondmilito, ŝoforisto de la 54. artileria grupo de armeo. “(…) Post ke ni atingis stacidomon de Plavno, ni estis devigataj atendi trajnon de la flanko de Zemagna (…). Mi konis tiun zonon, ĉar mi jam trairis ĝin multfoje kaj mi sciis ke la popolo estas gastema. Sed tiun tagon mi trafis partizanan grupon tiel decidemajn pafi min. Tia kritika situacio petis ĉiun pacienteman spiriton mian: tiel, kuraĝigante min, mi komenci paroli al ili kaj abrupte komencis paroli per la vortoj de Sankto Paulo al la Korintanoj kaj eĉ mi parolis esperante, aldonante ke mi estis nur soldato, malsana kaj senarmigita, kaj ke ĉu ili konus min pli profunde ili ne trovus min malamikon sed homon kiel ili, devigatan al la milito pro eventoj.
Tiam unu el ili kriis: “Tiu estas esperantisto, li ne povas esti malamiko: ni ne devu pafi lin!”. Kiel simplaj homoj li komprenis mian spiriton: nur eventoj portis min en ilia lando kiel soldato sed ene de mi estis nur volo doni kaj ricevi komprenadon kaj ili montris al mi amikecon. Ili bonvenigis min min en iliajn hejmojn, doni al mi fromaĝon kaj infano oferis al mi pomon dirante al mi esperante: “Jen por manĝi” kaj poste liberigis min”.
Tiel mi ŝuldas al esperanto vivon kaj konadon de grandaj humanaj valoroj, spontanaj en homa konscio infana kaj pura”

04/09/2014

"il faut éviter tout débat" c'est ce à quoi nous avons à faire !

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28/08/2014

petit entrefilet qui en dit long - lycéens ! complément à vos cours d'histoire !

ceci est un entrefilet d'un journal de l'époque (la Révolution Française), souvent cité dans ses conférences par l'historien Henri Guillemin, une phrase qui révèle BIEN DES CHOSES ! un vrai paradigme, et qui est à l'oeuvre actuellement, pas mal de personnages politiques en sont victimes actuellement, et des journalistes, etc, c'est toute une ambiance ..... 

« Mr Robespierre est monté à la tribune de l’Assemblée. On s’est vite rendu compte qu’il allait encore parler au nom des pauvres, et on lui a coupé la parole »

 

 

Pendant qu'on y est à parler de robespierre, l'incorruptible d'Arras, voici qq extraits d'un texte très intéressant posté par un dénommé AVIC sur le site "Les grosses orchades et les amples thalamèges" :

Amis financiers et spéculateurs du XXIème siècle, je veux vous compter cette sombre période de notre Histoire de France où vos ancêtres, dont fait partie votre serviteur, ont failli vaciller.

Tout s’était si bien déroulé en cette année 1789. Comme prévu, notre bourgeoisie d’affaire était arrivée au pouvoir sous couvert d’une révolution populaire. On avait détruit les privilèges de ces profiteurs du Clergé et de la Noblesse en lançant la foule des gueux en première ligne. Une foule à qui on aurait pu faire avaler n’importe quoi. Il est vrai que l’homme descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation alors qu’il se mêle à la foule.

On allait enfin pouvoir se partager le gâteau hexagonal.

Un petit coup de novlangue par-ci en s’autoproclamant Tiers-état. Quelques récalcitrants mâtés dans le sang par-là, à l’aide des soldats de La Fayette. Il a toujours aimé amuser la galerie celui-là ! Et l’affaire était ficelée. La vision politique de Voltaire était exhaussée : une nation bien organisée est celle ou le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui et le gouverne.

Chacun était enfin libre d’exploiter son prochain. Que d’émotions cette révolution populaire. Pas le droit de vote pour les pauvres, pas d’union des travailleurs possible. Du haut de votre siècle, José Manuel Barroso doit en faire des rêves érotiques, le fripon.

Seulement voilà qu’un avocat de province, chef de famille à 9 ans, vint jouer le donneur de leçon. .....

Maximilien était définitivement trop dangereux pour nous autres, exploiteurs de tous bords. Fallait l’acheter comme on l’avait fait avec ce truculent Danton pour qui les livres scolaires francs-maçons et libéraux auront diablement plus de considération. Peine perdue. « On n’y réussira pas, proclama Mirabeau, c’est perdre son temps que de vouloir corrompre Robespierre, cet homme n’a pas de besoins, il est sobre et a les mœurs trop simples. »

En effet, après réflexion, comment voulez-vous corrompre un homme affublé de tous les pouvoirs qui se permet l’outrance de vivre dans une seule pièce ?

Cependant, le pire restait à venir. Ce vulgaire demanda la peine de mort contre les accapareurs et les spéculateurs de denrées de premières nécessités. Il alla même jusqu’à s’offusquer que le responsable des finances en personne fomente cet agiotage. Si les financiers ne peuvent plus spéculer, autant qu’ils se fassent boulanger ! Il proposa aussi, ce mécréant du profit inique, que la constitution républicaine marque les limites au droit de propriété, sous prétexte que la limite de la propriété c’est la vie ou la dignité d’autrui. Je vous entends déjà du haut de votre XXIème siècle : « Mais alors, c’est vrai, des gens de gauche ont vraiment existé ? »

Face à ces idées monstrueuses, Mirabeau et son panache ont à nouveau eu le courage de se lever :

 « Monsieur Robespierre est disqualifié pour la politique car il croit tout ce qu’il dit ! »

Toutefois, avant de décapiter ce sanglant orgueilleux, et de pouvoir annoncer sous la voix de monsieur Boissy d’Anglas qu’ «  un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre social », nous avons mobilisé nos peu de reste de charité parfois chrétienne pour lui permettre d’exprimer ses dernières volontés…

Nous voulons une patrie qui procure du travail à tous les citoyens ou les moyens de vivre à ceux qui sont hors d’état de travailler.
Nous voulons une cité où les transactions seront la circulation de la richesse et non pas le moyen pour quelques-uns d’une opulence fondée sur la détresse des autres.
Nous voulons une organisation humaine où les mauvaises passions seront enchaînées : l’égoïsme, la cupidité, la méchanceté.
Nous voulons substituer la droiture aux bienséances, substituer le mépris du vice au dédain du malheur. »

Quand on sait qu’il croyait vraiment à ce qu’il disait…cela fait froid dans le dos.

Chers descendants rapineurs du XXIème siècle, ne nous plaignez point en conjecturant que cette épreuve fut douloureuse. A vrai dire, elle a même eu un mérite. Celui, de nous inciter à passer à la vitesse supérieure. Et, c’est avec l’appui d’un petit général corse que nous créerons dans la foulée une banque privée, La Banque de France. Oui, j’ai bien écrit « privée ».

 

24/08/2014

La réalité ukrainienne

Unue, por la esperantistoj, jen bonega artikolo, kiu ebligas kompreni la problemojn de Ukraino :

http://www.ipernity.com/blog/pedroesperanto/709475

 

Très important !la contre-attaque ! mise à jour du 26 août, un rapport de la situation :
http://cassad-eng.livejournal.com/73022.html#cutid1

EN FRANçais par Jacques Sapir : http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/08/26/la-situation-militaire-par-jacques-sapur/

la estonta respubliko, post kiam la popolo estos leviĝinta ĉie :

 14091326999741.jpg

pendant ce temps réunion de Minsk sur la situation en Ukraine… On parle chiffre, un discours auquel le roi du chocolat risque d’être d’autant plus sensible que ses propres sources de revenu lié aux échanges avec la Russie  sont en train de fondre sans que pour autant sa position politique soit le moins du monde assurée tant la situation est devenue instable avec l’échec de sa guerre. Face à la rupture des relations que de fait exige l’union européenne avec la CEI, l’Ukraine se retrouve face à la situation qui avait poussé le président démis par le Maydan à renoncer à l’alliance avec l’UE !

La homologación a las normativas de la UE costará muy caro a Ucrania

Publié par le août 2, 2014

Les états-uniens trouveraient mauvais si Poutine intervenait en Ukraine, mais eux-même interviennent !

Malgré l’intensification de la présence de l’OTAN pour l’entrainement des forces ukrainiennes avec un financement des Etats-Unis de 33 millions de dollars, l’armée de Kiev prend des coups de plus en plus meurtriers. Vus les dégâts qu’ils subissent quotidiennement, il est évident qu’ils ont en face d’eux des hommes plus que déterminés et de mieux en mieux organisés. Les dégâts matériels montrés dans la vidéo ci-après, à eux seuls, peuvent nous expliquer pourquoi tant de soldats ukrainiens préfèrent se rendre ou fuir vers la Russie où ils sont reçus à bras ouverts. Les américains, conseillers actifs dans les combats, commencent à goûter à ce qu’est une vraie guerre et doivent revivre de vieux souvenirs leur rappelant les rizières du Vietnam. En effet, une colonne dans laquelle il y avait des instructeurs de l’armée américaine a été attaquée le 29 juillet par les forces d’autodéfense du Donbass. 3 officiers-instructeurs ont été tués et, parmi les blessés, il y avait le général américain Randy Alan Key qui dirigeait l’opération punitive dans le Sud-Est de l’Ukraine. Ils faisaient partie des 180 Rangers débarqués récemment à Kiev. En une semaine, 10 des 180 instructeurs sont déjà morts, le dernier en date ayant été abattu à Marioupol dans la journée du 30 juillet.

http://reseauinternational.net/larmee-americano-ukrainien...

 

Quant à la propagande de guerre des médias occidentaux (et surtout des médias britanniques dont les titres sont d'une haine propagandiste hallucinante ! on dirait les 2 minutes de la haine" dans 1984 d'ORWELL) haineuse et bourrée de mensonges !!! ça rapelle des souvenirs aux serbes ...

 

Vladimir PoutineVladimir Poutine

Le haro contre Poutine est d’une intensité qui ne serait guère différente s’il était à la tête des bolcheviques, il y a de ça quelques décennies, avant la chute de mur. Certains hommes politique occidentaux n’hésitent pas à dire que cette fois ci, il a vraiment dépassé les bornes. Les tabloïds titrent, l’un « Poutine a tué mon fils » (sic) et un autre « Les terroristes de Poutine ont tué deux familles britanniques ». [ en l'occurence les terroristes ce sont ceux qui bombardent les civils de Slaviansk Donets Lougansk ... ] Pendant ce temps-là, des journaux sérieux (ou prétendus tels) veulent savoir quand les USA vont enfin "punir" Poutine.

Aux affirmations russes selon lesquelles le système de défense balistique ukrainien était en fonction au moment du crash et qu’à proximité de l’avion malaisien se trouvait un avion militaire ukrainien, Kiev rétorque avec des accusations qualifiant Poutine et les séparatistes de « fascistes » : ainsi le Premier ministre Arseni Iatseniouk déclare que Poutine est un « guerrier qui pactise  avec le Diable » et l’ancien ambassadeur britannique à Belgrade, Charles Crawford, déclare même que ce comportement russe est en dessous de tout ce qui est normal et honorable..

En Serbie, les lecteurs gardent de vifs souvenirs des années 90 et de la campagne médiatique anti-serbe. Pour cette raison, j’attire leur attention sur le langage que les politiciens et les médias occidentaux utilisent actuellement lors des récents événements ukrainiens, car c’est du pareil au même que le langage qui était utilisé à l’époque contre les Serbes.

Lorsqu’ils accusent les pro-russes à Donetsk et Lougansk d’être responsables de la tragédie qui s’est produite dans le ciel au-dessus de l’Est ukrainien, ils les appellent « des séparatistes » et « des terroristes », qui, selon eux, ne respectent pas l’intégrité de l’Ukraine. On notera la grande différence de langage par rapport aux bandes armées d’Albanais au Kosovo, que les occidentaux avaient surnommés les « combattants pour la liberté ».

Ainsi, quand l’UE et les USA exigent que la minorité russe en Ukraine soit intégrée à l’État ukrainien, ils font le contraire de ce qu’il ont fait avec la minorité albanaise en Serbie, puis qu’il prônaient alors le séparatisme.

Ce double standard est ainsi mis par écrit par le britannique Timothy Garton Ash, professeur en études européennes à l’Université d’Oxford. Il critique Poutine de se sentir responsable pour la minorité russe hors de la Russie et de vouloir protéger leurs droits.

Et il faut se souvenir de « l’ingérence humanitaire » de Bernard Kouchner, qui avait été suivie en 1999 par l’intervention de l’Otan et justifiée par les Occidentaux comme le devoir de protéger les Albanais au Kosovo.

Les citoyens serbes peuvent ainsi faire le parallèle entre les événements d’aujourd’hui et leur histoire récente.

Rappelons-nous du diplomate américain William Voker, qui affirma avec certitude que les victimes de Racak [massacre de 45 albanais du Kosovo, le 15 janvier 1999, NdT] avaient été toutes tuées d’une balle dans la nuque et à bout portant.  Plus tard, l’équipe finlandaise des médecins légistes, dont Helena Ranta faisait partie, a déterminé qu’aucune des victimes n’avait été tuée d’une balle dans la nuque. Or « la communauté internationale » n’a même pas mentionné cette constatation. Bien au contraire, elle s’est empressée de sataniser les Serbes en les accusant d’horribles crimes.

Et quelle similitude avec Victor Ianoukovytch, accusé  l’hiver dernier par l’Union européenne d’avoir ordonné les tirs des snipers contre des manifestants sur la place Maidan. Après que les preuves accablantes sont apparues, ainsi que l’enregistrement de la conversation entre Catherine Ashton et Urmas Paet, le ministre des Affaires étrangères de l’Estonie,  laissant entendre que les snipers ayant tiré sur les manifestations étaient sous les ordres des « pro-européens ». Catherine Ashton a promis de former une commission d’enquête, mais, à ce jour, nul ne sait si cette commission a été formée et ce qu’elle a conclu !"

Jelena Stevanovic
Publié dans « Politika », journal de Belgrade le 23/07/2014
Traduit par Filo pour vineyardsaker.fr

Source : Лов на Путина

pour comparer : 

si on peut lui reprocher quelque chose c'est au contraire d'être trop "mou", trop arrangeant envers les agresseurs état-uniens et néo-nazis de Kiev, et de laisser tuer les gens du Donbass sans intervenir, ceux-ci désespèrent et sont en colère contre lui alors qu'il les laisse périr !

« L’ennemi n’a aucune limite. Il emploie tous les moyens pour notre destruction. Les fascistes tuent notre peuple avec des armes prohibées utilisées de manière indiscriminée, ils détruisent nos maisons, brûlent nos champs. Nous demandons des forces de paix russes : frères venez sur notre territoire ! “.V.Bolotv 29/07/20142

 

L’homme sur l’affiche ci-dessous se nomme Viacheslav Kovshun ,il était secrétaire du Parti Communiste Ukrainien dans la ville de Glinka à Donetsk . Il a été torturé puis assassiné dans la nuit du 22 juillet . Une pratique qui n’a rien d’exceptionnel de la part de ces brutes. Mais leur propagande ou du moins le silence fait sur leurs crimes est total en France.

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 les drapeaux :

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eh oui ! dans le Donbass on se souvient de l'Union Soviétique, et avec nostalgie. Leur constitution se réfère de nouveau à ses principes et valeurs : propriété nationale du sol, nationalisation des grandes entreprises, etc; si ces républiques arrivent à survivre leurs efforts de reconstruire une société au service du peuple sera intéressante à suivre !

C'est la guerre Froide qui continue ! les USA continue sur la base du fameux livre de Brzezynski :

Des soldats américains à nouveau repérés à Chisinau (Moldavie)
que concoctent-ils là ?
http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/08/26/unen-no...

11/08/2014

quand on a regardé cette vidéo de Henri Guillemin on n'a plus besoin de lire Marx - on comprend tout

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Encore mieux, le choix de la défaite, comme dit Annie Lacroix-Riz :

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04/08/2014

les années 70 vous vous souvenez ?

Mai 68 et l'époque qui a suivi, l'époque des hippies, du psychedélique, des vestes afghanes, des cheveux longs, des groupuscules d'extrème-gauche, des néo-bergers dans les Cévennes, etc, non seulement c'est passé, mais on dirait même que ça n'a carrément jamais eu lieu ! L'époque actuelle est devenue tellement puritaine, tellement flicarde, tellement totalitaire, usonoeuropéiste ! Tellement conformiste, morne, noire ! aux vêtements moches et informes, soumise au patrons et à l'insécurité (dans l'entreprise) hypermarché-isée, polluée, tellement bien-pensante, alignée, intolérante, constipée, qu'on ne peut plus imaginer que ces années aient pu avoir lieu !