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05/04/2017

DEUX faits-divers que je n’oublierai jamais

Vu sur le journal du 7 avril 1988 2 « faits divers » remarquables :

1° un enfant anglais de 13 ans a risqué sa vie pour sauver son petit chat blanc qui ne pouvait plus redescendre du pont sur la Tramer, estuaire entre le Devon et la Cornouaille, et miaulait de peur, il a grimpé sur une poutrelle à 60 mètres de hauteur et la suivi en équilibre au dessus du vide pour aller le chercher.

2° près de Brest (Bretagne), une femme de 68 ans a du être hospitalisée. Elle vivait seule dans une maison de 8 pièces, restait traumatisée par la mort de son père depuis 18 ans, et les pièces avaient fini par être entièrement envahies par des dizaines de mètres-cubes de détritus, qu’elle laissait s’entasser et pourrir.

02/04/2017

on ne nous apprend pas l'histoire

ça jamais dans les livres d'histoire on ne vous en parlait ! tout juste qu'il y avait eu une terrible guerre de tous ses voisins contre le Paraguay, qui l'avait réduit de vaste pays à l'état de petit pays, et causé des millions de morts. Mais on ne nous a jamais dit ce qu'il y avait DERRIERE !
Et on ne nous apprenait pas l'état de prospérité du Paraguay et de justice sociale que connaissait la Paraguay avant ! ni pourquoi !
Or :
http://www.monde-diplomatique.fr/communiques/141016.html

remarquez le rôle des banques !

ça rappelle la haine de l'OTAN envers la Yougoslavie en 89 ! la Yougoslavie ne se joignait pas au démantèlement du socialisme d'après Gorbatchev, il fallait la faire disparaître !
pareil pour la Syrie.
et pour la Lybie, qui en plus voulait aider l'Afrique à prendre son indépendance économique.
etc

Extrait du « Manuel d’histoire critique »

Et le Paraguay découvrit le libre-échange

Quand il trouve porte close, le libre-échange sait s’imposer par les armes. Adepte d’un protectionnisme rigoureux, le Paraguay en a fait la douloureuse expérience entre 1865 et 1870, lors de la guerre de la Triple Alliance qui l’opposa au Brésil, à l’Uruguay et à l’Argentine. Financés par les milieux d’affaires londoniens, ces trois pays sont parvenus à le soumettre à l’économie-monde britannique.

A la fin du XIXe siècle, la plupart des Etats d’Amérique latine dépendent presque entièrement du Royaume-Uni, la première puissance mondiale : ils se consacrent à la production des matières premières dont Londres a besoin et offrent aux industriels britanniques de nouveaux marchés pour écouler leurs marchandises. Reposant sur l’idéologie dominante du libre-échange – selon laquelle chaque pays doit renforcer ses « avantages comparatifs » –, un tel mode d’insertion dans l’économie-monde présente de nombreux problèmes : il entrave l’industrialisation des pays du Sud, concentre la richesse dans ceux du Nord et favorise les comportements parasitaires des oligarchies nationales. Bref, il condamne les pays de la périphérie au sous-développement.

Dans ce montage, le Paraguay fait figure d’exception.

Lorsqu’il prend le pouvoir, en 1814, le dirigeant paraguayen José Gaspar Rodríguez de Francia met en place un régime autoritaire. Pas dans l’optique d’opprimer la population, mais pour écraser l’oligarchie : s’appuyant sur la paysannerie, il exproprie les grands propriétaires. Alors que la plupart des pays comptent sur l’essor d’une bourgeoisie nationale pour piloter la création de richesses, Francia jette les bases d’un Etat fort et dirigiste. Veillant à se prémunir des flux internationaux de marchandises qui pourraient fragiliser sa propre production, le Paraguay instaure ainsi un protectionnisme rigoureux. Après la mort de Francia, en 1840, ses successeurs (Carlos Antonio López puis son fils Francisco Solano López) poursuivent sa politique. https://en.wikipedia.org/wiki/Paraguay#Lopez_family Vingt ans plus tard, les résultats sont considérables. La persécution des grandes fortunes a conduit à leur disparition : la redistribution des richesses atteint de tels niveaux que de nombreux voyageurs étrangers rapportent que le pays ne connaît ni la mendicité, ni la faim, ni les conflits. La terre a été répartie sur des bases qui rappellent les projets les plus avancés de réforme agraire du XXe siècle.

Asunción figure parmi les premières capitales latino-américaines à inaugurer un réseau de chemins de fer. Disposant d’une ligne de télégraphe, de fabriques de matériaux de construction, de textile, de papier, de vaisselle, de poudre à canon, le pays parvient à se doter d’une sidérurgie ainsi que d’une flotte marchande composée de navires construits dans des chantiers nationaux. Sa balance commerciale excédentaire indique quil ignore tout du problème de l’endettement (comme la Lybie sous Kadhafi ...) et peut se permettre d’envoyer certains de ses citoyens se former dans les meilleures universités européennes. (idem)

Population décimée

Londres voit d’un mauvais œil cette expérience unique de développement économique autonome d’un pays de la périphérie : Asunción échappe au libre-échange ! Très rapidement, la Couronne intervient dans un conflit frontalier entre le Brésil et le Paraguay et parraine la signature du traité grâce auquel l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay unissent leurs forces pour terrasser leur voisin : le traité de la Triple Alliance, qui donnera son nom au conflit qui éclate en 1865. Les trois alliés bénéficient du soutien financier de la Banque de Londres, de la Baring Brothers et de la banque Rothschild.

 

Cinq ans plus tard, le Paraguay est défait. Il a perdu 60 % de sa population et neuf hommes sur dix sont morts. Ceux que les combats n’ont pas fauchés ont succombé à la faim (toutes les forces productives ayant été accaparées par la guerre). A mesure que les soldats tombent, on enrôle les enfants, auxquels on fait porter de fausses barbes et qu’on équipe de morceaux de bois peints de façon à ressembler à des fusils lorsque les armes manquent. Au bout de quelques années, certains Paraguayens n’ont plus d’uniforme. Ils combattent nus.

Lors de la reddition de Solano López, en 1870, la plupart des infrastructures ont été détruites. Le Paraguay s’insère finalement dans le système économique mondial....

Sur la Wikipedia :  le docteur Francia, celui-ci, après avoir patiemment éliminé ses rivaux et tissé un réseau dans le pays, deviendra « dictateur » élu pour 5 ans le 3 octobre 1814. Il le restera jusqu'à sa mort survenue le 20 septembre 1840. Très controversé, son « règne », isolant presque complètement le pays du monde extérieur, a permis d'épargner au Paraguay les troubles constants qui ont agité les autres ex-colonies espagnoles et l'alphabétisation de la quasi-totalité de la population, même si l'enseignement était interdit, sauf exception, au-delà de ce que nous appellerions l'école primaire. La paix a permis à la population de jouir d'un relatif bien-être. Remplacé après sa mort par Carlos Antonio López, personnage aussi étrange, mais conscient que le pays ne pourrait demeurer éternellement fermé, celui-ci réitéra la proclamation de l'indépendance en 1842 afin de mettre un terme aux prétentions périodiques de Buenos Aires sur l'ancienne province. Il ouvrit précautionneusement les frontières, important des savoir-faire et des équipements modernes (chemin de fer, chantiers navals, etc.) et donna au pays une puissance économique sans comparaison avec celle de ses voisins. Le Congrès l'autorisa en 1856 à désigner un successeur intérimaire par pli scellé. Il décéda le 10 septembre 1862 et le successeur en question était l'un de ses fils, Francisco Solano Lopez, qu'il avait nommé à la tête de l'armée et qu'il avait envoyé conduire diverses ambassades auprès des puissances de l'époque. Il convoqua un Congrès pour le 12 octobre 1862 qui le « choisit » comme président. Fort des moyens économiques laissés par son père, il se prépara à la guerre qui devait éclater en 1865, le poids du Paraguay et son refus de plier devant les exigences du libre commerce[3] prôné par la Grande-Bretagne, relayée par l'Argentine et le Brésil, le grignotage par le Brésil des territoires à la frontière indéfinie du Nord-Est, la volonté de l'Argentine d'en finir avec les prétentions paraguayennes sur son actuelle province de Misiones, semblaient en effet conduire à une confrontation inéluctable, que Francisco Solano Lopez a en fait accélérée en prenant l'initiative militaire, décision compréhensible mais qui répondait aussi à ses rêves de gloire que la diplomatie, qui n'était pas de son goût, ne lui apporterait pas. Le Paraguay s'engagea dans la « Guerre de la Triple Alliance » contre ses trois ennemis coalisés, l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay (1865-1870), dont les buts de guerre inscrits dans le Traité de 1865 comprenaient l'attribution au Brésil et à l'Argentine des territoires qu'ils revendiquaient et l'imposition de la clause de la nation le plus favorisée, en finissant avec le protectionnisme qui avait permis le développement relatif du pays. Conduite imprudemment sur le plan stratégique dès le début de la guerre, quatre années ne furent que celles d'un lent repli avant la quasi-extermination de son peuple. Défait, l'acharnement principalement des armées brésiliennes et la résistance obstinée de Francisco Solano Lopez aboutit à sa mort au combat et à la dévastation complète de la partie peuplée du pays, les enfants d'environ quatorze ans étant enrôlés, à la réduction de sa population à une fraction de ce qu'elle était auparavant (probablement entre un tiers et la moitié), causant un déséquilibre démographique inouï entre les sexes (un homme pour deux à quatre femmes).

Je rappelle que ce drame fut le second que connu le Paraguey, avant l'avidité capitaliste-impérialiste-raciste avait déjà frappé, quand les monarchies portuguaises et espagnoles eurent obtenu l'expulsion des jésuites, détruisirent toute leur oeuvre et réduirent le peuple guarani en esclavage :   http://www.moscati.com/Francais2/Fr_Rid_Paraguay2.html

http://www.google.fr/url?q=http://www.moscati.com/Francai...

26/03/2017

parmi les gens c'est comme ça

Catherine Baker « Balades dans les solitudes ordinaires » page 175

« Nous avons tous un si grand besoin de sécurité et d’amour que nous nous conformons inconsciemment au désir du plus grand nombre. Ironie de notre sort : par une espèce d’extraordinaire civilité, nous nous efforçons d’endiguer nos désirs pour que les autres n’aient pas à y répondre. Pour plaire il est tacitement convenu qu’on exigera des autres le moins possible. Faire comme tout le monde – eh oui – c’est manquer d’amour et se contenter de bien peu. Dans cette soumission aux aspirations de la foule, que de passions rentrées ! »

Oui, c’est effectivement ce que j’ai vécu

22/03/2017

très bonne question non ?

pour remettre les choses à leurs places - et faire apparaître ce qui se cache ... 

Sur « Le Point », qui consacre un « dossier spécial » à l'Iran, on voit, sous le titre qui donne à penser, beaucoup …) de « printemps iranien  » une photo d'un trottoir de Téhéran sur lequel un groupe de jeunes qui, vêtus de vêtements occidentaux et grattant sur des instruments occidentaux jouent du …. rock and roll. Commentaire du journaliste du « Point » : Un groupe de rock se produit dans la rue, comme dans n'importe quelle ville occidentale . »
Question : combien de d'occidentaux pratiquant la musique iranienne on voit se produire en Occident ?
C'est pas une bonne question ça ? Moi je trouve que c'est une bonne question ! (comme dirait Jacques Pauwels dans ses conférences)

Je trouve aussi que question pensée colonialiste on n'a pas progressé depuis le XIXè siècle mais que même on a encore régressé.

08/03/2017

les filtres de police ne servent à rien si ce n'est à CONDITIONNER les gens à la peur, à les habituer à la soumission, à l'obéissance à la suspicion, à la tyrannie et à l'humiliation et à trouver ça normal

c'est à la 36ème minute de la vidéo.


05/03/2017

le vrai racisme c'est celui-là, la vraie "parité" qui manque c'est celle-là !

**


*

26/02/2017

"plus impitoyable et plus infâme", ou une cause commune contre la mort

"celle qui avait inventé pour moi tant de bonnes paroles et de beaux regards"

celle qui avait inventé pour moi tant de bonnes paroles et de beaux regards

 

comme je dis dans la description de la couverture Henri Barbusse http://eo.wikipedia.org/wiki/Henri_Barbusse qui fut d'abord lié au milieux symbolistes, puis plongé, lui si sensible et si obsédé par le caractère sacré de la vie et l'horreur de la mort, dans l'enfer de la guerre 1914-18, est devenu au sortir de celle-ci communiste (et quand on lit "Clarté" , son livre majeur, on le comprend) - et aussi défenseur de l'Espéranto - La postérité n'a retenu de lui que son admiration, illusion alors pas rare, il faut se remettre dans le contexte, de Staline, et injustement oublié ses deux plus grands livres. Outre "Clarté" après la guerre, celui-ci, recueil de profondes et poignantes nouvelles (j'ai traduit l'une d'elle en espéranto http://r.platteau.free.fr/prozajtradukajxoj.html#Henri_Ba... ) dominées par la fraternité déchirante des être qui vivent, et qui meurent ...

Et le texte complet de ce livre, incroyablement non réédité, alors que c'est un chef d'oeuvre, d'émotion et de pensée, peut se lire dieu sait où !  Gallica  c'est de la merde ! on l'a supprimé !!! c'aurait été une bonne idée, en fait un "must" le BA BA de la démocratie e et de la République !!! que de mettre en téléchargeable gratuit tous les livres de la Bibliothèque Nationale, c'est ce qu'ils avaient ANONCE .... et au début ils l'ont fait mais  maintenant on ne voit PLUS RIEN DU TOUT sur leurs pages, et je pense que si on veut avoir accèes à quelque chose il faut PAYER ! le capitalisme cynique est en train de TUER la REPUBLIQUE et les valeurs républicaines, et les valeurs de CIVILISATION purement et simplement !

 

 

VENGEANCE

Dans cette loge d’artiste de cirque, au milieu des pauvres oripeaux luxueux, des glorieuses affiches de papier, des débris de décors, la petite dompteuse était étendue, glacée. On l’avait posée sur des tentures et des draperies, comme sur des espèces de drapeaŭx ; et je veillais seul, ayant gardé mon costume de dompteur.

Ma douleur ne servit à rien. Elle tait morte, ma compagne, ma femme, mon enfant, celle qui avait inventé pour moi tant de bonnes paroles, et de beaux regards. Depuis des heures que frissonnait sur elle la lueur de la bougie et que je sanglotais, sa petite figure devenait de plus en plus immobile.

C’était la dernière nuit qu’elle passait sur la terre. Cette nuit encore, bien que morte, elle était là, à côté de moi. Cette nuit encore, bien que morte, elle souriait : ses traits reposés avaient repris leur vraie forme, leur habitude, et alors, naturellement, elle s’était mise à me sourire. Cette nuit encore, j’aurais pu la toucher. Mais demain, elle irait dans la terre ; puis, cachée et seule, elle changerait.

Et tout mon deuil, mon impuissance, se répétaient dans une prière inutile, une invocation de fou que je proférais en tremblant :

- Ah ! si ce drame n’avait pas eu lieu ! Si elle n’était pas entré dans la cage !… Oh ! mon Dieu ! si …

Et je pensai, en un frisson affreux, à celui qui l’avait tuée… Lui…

Le grand lion.

Dans un angle de la cage, je ne sais pas comment – l’abominable chose fut si rapide – un coup de mystérieuse colère avait jeté l’énorme monstre sur elle, et tout de suite, elle avait été tuée.

Pourtant, elle était si riante et si fraîche ! Tandis que j’étais là, n’osant pas la regarder, à cause du peu de moments que nous avions, ses sourires et ses grâces étaient ce qui m’obsédait le plus. J’étais torturé par la finesse de sa voix, la légèreté de sa marche, la petitesse de ses mains. Et je me débattais…

Le lion… Le lion !…

Alors, vers minuit, dans une crise, je fus pris d’une fureur désespérée contre le grand lion maudit. Une idée s’implanta, farouche, dans mon cerveau : me venger, le tuer !

Et je me levai en chancelant, pour aller le tuer.

Je parcourus un couloir, le long de la toile oblique du cirque, et j’arrivai aŭ cages, avec ma lampe allumée et mon revolver.

Je ne me souviens plus des détails. Au fond, tout contre les barreaŭ, la forme monumentale remua. Puis, gêné dans la souveraineté de son sommeil, le lion se leva en s’étirant, hostile, sauvage ; sa griffe déchira le plancher, un grondement rauque passa dans l’enfer de sa gorge.

Une rage folle me monta à la tête. J’étendis le bras. Une fois, deux fois, six fois, je fis peu.

Le fantôme hideux et colossal se dressa tout entier, comme une maison qu’une mine fait sauter. Il se secoua terriblement, il fit trembler, comme un ouragan, la cage et toute la baraque et, eût-on dit, la terre elle-même.

Puis il exhala un petit miaulement plaintif où l’on sentait une intime souffrance. Il souffla s’écroula, et je l’entendis lécher ses plaies.

Il devait avoir le cœur haché par les balles. En un instant son sang emplit la cage et s’égoutta au dehors.

J’étais glacé, hébété ; je ne savais plus rien.

Mais tout d’un coup, un remords aigu, déchirant, inouï, s’empara de moi. J’entrai dans la cage, j’allai à lui, je m’agenouillai, et j’entendis mes lèvres qui lui demandaient pardon. Il s’arrêta de se lécher, demeura un instant immobile, puis il s’appuya doucement sur moi, me présentant la blessure énorme d’où son sang coulait comme d’une source.

Nous restâmes ainsi tous les deux, côte à côte, à ne pas comprendre.

Le grand corps continuait à répandre son sang et à jeter un très léger râle, voilé, étouffé, comme destiné à moi seul. Ah ! ce cri trop petit qui semblait me parler tout bas !… La face gigantesque, hérissé, pleine de nuit, s’inclinait peu à peu vers le sol, et on voyait baisser comme une lampe les fanaux verts de ses yeux.

Penché, plié sur lui, je le regardais, et j’étais saisi par une sorte d ‘émerveillement à le voir créé si grand, si fort et si beau.

Je scrutais l’émeraude crépusculaire du regard, je contemplai de près les formes de son corps, ramassées, tassées et sculptées sous leur velours épais : l’admirable organisme assemblé pour une destinée extraordinaire, d’aventures et de victoires. J’étendis la main, et je touchai la tête, l’énorme tête inerte et obscure, et qui était tout de même un monde.

… Je le voyais de mieux en mieux, de plus en plus ; mon regard descendait en lui comme dans un décor nocturne. J’adorai sa gloire si simple, son ardeur, son amour féroce de la vie, la plénitude menaçante de son sommeil et l’étirement souple des faisceaŭ de sa chair, et la fête de ses repas, et sa fauve habitude native du désert avec les mirages, le jour, de l’oasis, et la nuit, des étoiles.

Et j’effleurai la patte posée trop doucement par terre, et mes doigts se mêlèrent aŭ griffes à demi sorties. Ses griffes ! C’étaient celles-là…Il l’avait tuée, elle, avec ces griffes. Il avait souillé la chair exquise avec ces griffes hideuses et criminelles.

Criminelles ?… Non ! innocentes. Il n’y avait qu’un criminel : moi !….

Et presque étendu sur ce corps dont les battements s’espaçaient, devenaient immenses, j’enlaçai de mes bras le colossal mourant, et je le serrai en tremblant contre moi, tandis qu’il abandonnait sa tête contre mon cœur !

Alors, comme un dormeur qui se réveille, comme un aveugle délivré, je vis la vérité changer de forme. Je me mis à démêler des choses plus terribles et plus douces que celles que j’avais jusque-là rêvées : le prix incalculable de la vie, du mouvement, de tout ce que, par une décision de mon jugement infirme, j’avais jeté à la boue, à la pourriture, à la poussière.

J’avais ajouté cette immobilité à l’autre – à celle du petit ange posé là-bas comme un crucifix. J’avais rendu la mort plus impitoyable et pus infâme.

Tout était pire qu’avant. Le meurtre de l’enfant et le meurtre du lion n’avaient aucun rapport, aucun. Dans un prodigieux effort, j’essayai de rapprocher ces drames, de les attacher l’un à l’autre, de les changer l’un avec l’autre, de ne pas les ajouter l’un à l’autre. Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas !…

Il faut être fou pour poursuivre une vengeance. Pourquoi ? Parce qu’un malheur ne peut pas effacer un malheur. Pourquoi ? Je ne sais pas ; mais la vengeance n’est pas une chose humaine.

Et lorsque, malgré l’immensité et l’acharnement de mon regret, il mourut, moi, dans un pauvre cauchemar de fièvre, je ne pus m’empêcher de me balbutier qu’il était allé au paradis !

Depuis, j’ai rôdé bien des années… Mais si misérable que je sois devenu, j’ai gardé en moi un incomparable remords. Il y a quelque chose de profond que je sais et que j’ai vu : moi qui ai tué quelqu’un – non, pas quelqu’un… si, quelqu’un ! – je contiens un tel respect de la vie que je ne peux plus me tromper sur ce sujet-là, et lorsque, dans quelque champ, à l’écart, immobile comme un épouvantail, je vois des chasseurs, ou bien des enfants lâchés contre des papillons, ou même des pêcheurs, qui n’en savent pas autant que moi, je plains ces pauvres gens.

Parfois ma croyance m’oriente dans un autre sens, et je voudrais crier contre l’erreur de se venger et vous supplier tous de briser cet affreux lien que vous essayez de mettre entre les douleurs.

Il est difficile d’apercevoir la vérité, de la tenir dans son regard. Il faut, pour cela, une préparation et aussi un concours de circonstances. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir, une fois dans la vie, par hasard, contemplé assez parfaitement une créature – fût-ce un animal – pour voir qu’il y a peu de vraie différence entre tous ceŭ qui peuvent souffrir. Dans le courant des jours, tout se trouble, l’erreur pèse d’un poids brutal, et nous sommes si petits que nos petites pensées nous cachent l’infini.





Henri Barbusse « nous autres » Flammarion 1914

22/02/2017

une bien grande vérité, mais qu'on ne découvre souvent que trop tard

 

« Accept the things to which the fate binds you, and love the people with whom fate brings you together, but do so with all your heart. »

(Marc-Aurèle)

 

 

18/02/2017

la manipulation des cerveaux


10/02/2017

Dimitri Yani Natacha et moi - l'amitié c'est un peu comme le vin


la merveilleuse époque où on pouvait voyager en wagons-lits, disparue  ...