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06/05/2024

fils ainés de la nature

http://miiraslimake.unblog.fr/2018/10/12/site-de-merde-2/

22/03/2024

Rolla

Si vous n'avez pas encore lu "Rolla" poème capital de Musset et du XIXè siècle ?

Lisez-le ! les problèmes vitaux et fondamentaux c'est bien plus important que toute l'écume des jours dons les "médias" nous gavent

 

Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terre

Marchait et respirait dans un peuple de dieux;

Où Vénus Astarté, fille de l'onde amère,

Secouait, vierge encor, les larmes de sa mère,

Et fécondait le monde en tordant ses cheveux?

Regrettez-vous le temps où les Nymphes lascives

Ondoyaient au soleil parmi les fleurs des eaux,

Et d'un éclat de rire agaçaient sur les rives

Les Faunes indolents couchés dans les roseaux?

Où les sources tremblaient des baisers de Narcisse?

Où, du nord au midi, sur la création

Hercule promenait l'éternelle justice,

Sous son manteau sanglant, taillé dans un lion;

Où les Sylvains moqueurs, dans l'écorce des chênes,

Avec les rameaux verts se balançaient au vent,

Et sifflaient dans l'écho la chanson du passant;

Où tout était divin, jusqu'aux douleurs humaines;

Où le monde adorait ce qu'il tue aujourd'hui;

Où quatre mille dieux n'avaient pas un athée;

Où tout était heureux, excepté Prométhée,

Frère aîné de Satan, qui tomba comme lui ?
Et quand tout fut changé, le ciel, la terre et l'homme,

Quand le berceau du monde en devint le cercueil,
Quand l'ouragan du Nord sur les débris de Rome
De sa sombre avalanche étendit le linceul, —

Regrettez-vous le temps où d'un siècle barbare

Naquit un siècle d'or, plus fertile et plus beau?

Où le vieil univers fendit avec Lazare

De son front rajeuni la pierre du tombeau?

Regrettez-vous le temps où nos vieilles romances

Ouvraient leurs ailes d'or vers leur monde enchanté?

Où tous nos monuments et toutes nos croyances

Portaient le manteau blanc de leur virginité?

Où, sous la main du Christ, tout venait de renaître ?

Où le palais du prince, et la maison du prêtre,

Portant la même croix sur leur front radieux,

Sortaient de la montagne en regardant les cieux?

Où Cologne et Strasbourg, Notre-Dame et Saint-Pierre,

S'agenouillant au loin dans leurs robes de pierre,

Sur l'orgue universel des peuples prosternés

Entonnaient l'hosanna des siècles nouveau-nés ?

Le temps où se faisait tout ce qu'a dit l'histoire;

Où sur les saints autels les crucifix d'ivoire

Ouvraient des bras sans tache et blancs comme le lait,

Où la Vie était jeune, — où la Mort espérait ?

O Christ! je ne suis pas de ceux que la prière
Dans tes temples muets amène à pas tremblants;
Je ne suis pas de ceux qui vont à ton Calvaire,
En se frappant le cœur, baiser tes pieds sanglants;
Et je reste debout sous tes sacrés portiques,
Quand ton peuple fidèle, autour des noirs arceaux,
Se courbe en murmurant sous le vent des cantiques,
Comme au souffle du nord un peuple de roseaux.
Je ne crois pas, ô Christ ! à ta parole sainte :
Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.
D'un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte;

Les comètes du nôtre ont dépeuplé les deux.

Maintenant le hasard promène au sein des ombres

De leurs illusions les mondes réveillés;

L'esprit des temps passés, errant sur leurs décombres,

Jette au gouffre éternel tes anges mutilés.

Les clous du Golgotha te soutiennent à peine;

Sous ton divin tombeau le sol s'est dérobé :

Ta gloire est morte, ô Christ et sur nos croix d'ébène

Ton cadavre céleste en poussière est tombé 1

Eh bien! qu'il soit permis d'en baiser la poussière
Au moins crédule enfant de ce siècle sans foi,
Et de pleurer, ô Christ! sur cette froide terre
Qui vivait de ta mort, et qui mourra sans toil
Oh! maintenant, mon Dieu, qui lui rendra la vie?
Du plus pur de ton sang tu l'avais rajeunie;
Jésus, ce que tu fis, qui jamais le fera?
Nous, vieillards nés d'hier, qui nous rajeunira?

Nous sommes aussi vieux qu'au jour de ta naissance.

Nous attendons autant, nous avons plus perdu.

Plus livide et plus froid, dans son cercueil immense

Pour la seconde fois Lazare est étendu.

Où donc est le Sauveur pour entr'ouvrir nos tombes ?

Où donc le vieux saint Paul haranguant les Romains,

Suspendant tout un peuple à ses haillons divins ?

Où donc est le Cénacle ? où donc les Catacombes ?

Avec qui marche donc l'auréole de feu?

Sur quels pieds tombez-vous, parfums de Madeleine *?

Où donc vibre dans l'air une voix plus qu'humaine?

Qui de nous, qui de nous va devenir un Dieu?

La Terre est aussi vieille, aussi dégénérée,

Elle branle une tête aussi désespérée

Que lorsque Jean parut sur le sable des mers,

Et que la moribonde, à sa parole sainte,

Tressaillant tout à coup comme une femme enceinte,

Sentit bondir en elle un nouvel univers.
Les jours sont revenus de Claude et de Tibère;
Tout ici, comme alors, est mort avec le temps,
Et Saturne est au bout du sang de ses enfants;
Mais Pespérance humaine est lasse d'être mère,
Et le sein tout meurtri d'avoir tant allaité,
Elle fait son repos de sa stérilité.

En sorte que Rolla, par un beau soir d'automne,

Se vit à dix-neuf ans maître de sa personne, — [bref en cette époque d’héritages ! Et de patriarcalisme, ça veut dire : quand ses parents furent crevés et que le fils eut l’ARGENT ! Et le droit d’agir sans l’autorisation de son paternel!]

Et n'ayant dans la main ni talent ni métier.[comme tout bon aristo qui se respecte!]
Il eût trouvé d'ailleurs tout travail impossible;
Un gagne-pain quelconque, un métier de valet,
Soulevait sur sa lèvre un rire inextinguible.
Ainsi, mordant à même au peu qu'il possédait,
Il resta grand seigneur tel que Dieu l'avait fait.

Hercule, fatigué de sa tâche éternelle,
S'assit un jour, dit-on, entre un double chemin.
Il vit la Volupté [traduisez : les putes] qui lui tendait la main :
Il suivit la Vertu, qui lui sembla plus belle.
Aujourd'hui rien n'est beau, ni le mal ni le bien.
Ce n'est pas notre temps qui s'arrête et qui doute;
Les siècles, en passant, ont fait leur grande route
Entre les deux sentiers, dont il ne reste rien.

Rolla fit à vingt ans ce qu'avaient fait ses pères.

Ce qu'on voit aux abords d'une grande cité,

Ce sont des abattoirs, des murs, des cimetières;

C'est ainsi qu'en entrant dans la société

On trouve ses égouts. — La virginité sainte

S'y cache à tous les yeux sous une triple enceinte;

On voile la pudeur, mais la corruption

Y baise en plein soleil la prostitution.

Les hommes dans leur sein n'accueillent leur semblable

Que lorsqu'il a trempé dans le fleuve fangeux

L'acier chaste et brûlant du glaive redoutable

Qu'il a reçu du ciel pour se défendre d'eux.

Jacque était grand, loyal, intrépide et superbe.
L'habitude, qui fait de la vie un proverbe,
Lui donnait la nausée. — Heureux ou malheureux,
Il ne fit rien comme elle, et garda pour ses dieux
L'audace et la fierté, qui sont ses sœurs aînées.

[bref le nihilisme lui fit perdre toute notion de morale, mais pas son « sens des convenances » et ses préjugés sociaux!]

Il prit trois bourses d'or, et, durant trois années,
Il vécut au soleil sans se douter des lois;
Et jamais fils d'Adam, sous la sainte lumière,
N'a, de l'est au couchant, promené sur la terre
Un plus large mépris des peuples et des rois.

Seul il marchait tout nu dans cette mascarade
Qu'on appelle la vie, en y parlant tout haut.
Tel que la robe d'or du jeune Alcibiade,
Son orgueil indolent, du palais au ruisseau,
Traînait derrière lui comme un royal manteau.

Ce n'était pour personne un objet de mystère

Qu'il eût trois ans à vivre et qu'il mangeât son bien.

Le monde souriait en le regardant faire,

Et lui, qui le faisait, disait à l'ordinaire

Qu'il se ferait sauter quand il n'aurait plus rien.

C'était un noble cœur, naïf comme l'enfance,
Bon comme la pitié, grand comme l'espérance.
Il ne voulut jamais croire à sa « pauvreté ».
L'armure qu'il portait n'allait pas à sa taille;
Elle était bonne au plus pour un jour de bataille,
Et ce jour-là fut court comme une nuit d'été.

 

Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encor sur tes os déchaînés ?
Ton siècle était, dit-on, trop jeune pour te lire;
Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés.
Il est tombé sur nous, cet édifice immense
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour.
La Mort devait t'attendre avec impatience,
Pendant quatre-vingts ans que tu lui fis ta cour;
Vous devez vous aimer d'un infernal amour.
Ne quittes-tu jamais la couche nuptiale
Où vous vous embrassez dans les vers du tombeau,
Pour t'en aller tout seul promener ton front pâle
Dans un cloître désert ou dans un vieux château?
Que te disent alors tous ces grands corps sans vie,
Ces murs silencieux, ces autels désolés,
Que pour l'éternité ton soufHe a dépeuplés?
Que te disent les croix? que te dit le Messie?
Oh! saigne-t-il encor, quand, pour le déclouer,
Sur son arbre tremblant, comme une fleur flétrie,
Ton spectre dans la nuit revient le secouer?
Crois-tu ta mission dignement accomplie,
Et comme l'Éternel, à la création,

Trouves-tu que c'est bien, et que ton œuvre est bon?
Au festin de mon hôte alors je te convie.
Tu n'as qu'à te lever; — quelqu'un soupe ce soir
Chez qui le Commandeur peut frapper et s'asseoir.

Entends-tu soupirer ces enfante qui s'embrassent?
On dirait, dans l'étreinte où leurs bras nus s'enlacent,
Par une double vie un seul corps animé.
Des sanglots inouïs, des plaintes oppressées,
Ouvrent en frissonnant leurs lèvres insensées.
En les baisant au front le Plaisir s'est pâmé.
Ils sont jeunes et beaux, et, rien qu'à les entendre,
Comme un pavillon d'or le ciel devrait descendre :
Regarde! — ils n'aiment pas, ils n'ont jamais aimé.

Où les ont-ils appris, ces mots si pleins de charmes,

Que la volupté seule, au milieu de ses larmes,

A le droit de répandre et de balbutier?

Ô femme! étrange objet de joie et de supplice!

Mystérieux autel où, dans le sacrifice,

On entend tour à tour blasphémer et prier!

Dis-moi, dans quel écho, dans quel air vivent-elles,

Ces paroles sans nom, et pourtant éternelles,

Qui ne sont qu'un délire, et depuis cinq mille ans

Se suspendent encore aux lèvres des amants ?

Ô profanation! point d'amour, et deux anges!

Deux cœurs purs comme l'or, que les saintes phalanges

Porteraient à leur père en voyant leur beauté!

Point d'amour! et des pleurs! et la nuit qui murmure,

Et le vent qui frémit, et toute la nature

Qui pâlit de plaisir, qui boit la volupté!

Et des parfums fumants, et des flacons à terre,

Et des baisers sans nombre, et peut-être, ô misère 1

Un malheureux de plus qui maudira le jour...

Point d'amour! et partout le spectre de l'amour!

Cloîtres silencieux, voûtes des monastères,
C'est vous, sombres caveaux, vous qui savez aimer!
Ce sont vos froides nefs, vos pavés et vos pierres,
Que jamais lèvre en feu n'a baisés sans pâmer.
Oh! venez donc rouvrir vos profondes entrailles

À ces deux enfants-là qui cherchent le plaisir
Sur un Lit qui n'est bon qu'à dormir ou mourir;
Frappez-leur donc le cœur sur vos saintes murailles.
Que la haire sanglante y fasse entrer ses clous.
Trempez-leur donc le front dans les eaux baptismales,
Dites-leur donc un peu ce qu'avec leurs genoux
Il leur faudrait user de pierres sépulcrales
Avant de soupçonner qu'on aime comme vous!

Oui, c'est un vaste amour qu'auibnd de vos calices
Vous buviez à plein cœur, moines mystérieux!
La tête du Sauveur errait sur vos cilices
Lorsque le doux sommeil avait fermé vos yeux,
Et, quand l'orgue chantait aux rayons de l'aurore,
Dans vos vitraux dorés vous la cherchiez encore.
Vous aimiez ardemment! oh! vous étiez heureux!

Vois-tu, vieil Arouet? cet homme plein de vie,
Qui de baisers ardents couvre ce sein si beau,
Sera couché demain dans un étroit tombeau.
Jetterais-tu sur lui quelques regards d'envie?
Sois tranquille, il t'a lu. Rien ne peut lui donner
Ni consolation ni lueur d'espérance.
Si l'incrédulité devient une science,
On parlera de Jacque, et, sans la profaner,
Dans ta tombe, ce soir, tu pourrais l'emmener.

Penses-tu cependant que si quelque croyance,

Si le plus léger fil le retenait encor,

Il viendrait sur ce lit prostituer sa mort!

Sa mort! — Ah! laisse-lui la plus faible pensée

Qu'elle n'est qu'un passage à quelque lieu d'horreur,

Au plus affreux, qu'importe ? Il n'en aura pas peur;

Il la relèvera, la jeune fiancée,

Il la regardera dans l'espace élancée,

Porter au Dieu vivant la clef d'or de son cœur!

Voilà pourtant ton œuvre, Arouet, voilà l'homme
Tel que tu l'as voulu. —
C'est dans ce siècle-ci,
C'est d'hier seulement qu'on peut mourir ainsi.
Quand Brutus s'écria sur les débris de Rome : «
Vertu, tu n'es qu'un nom! » il ne blasphéma pas.
Il avait tout perdu, sa gloire et sa patrie,
Son beau rêve adoré, sa liberté chérie,
Sa Portia, son Cassius, son sang et ses soldats;
Il ne voulait plus croire aux choses de la terre.
Mais, quand il se vit seul, assis sur une pierre,
En songeant à la mort, il regarda les deux.
Il n'avait rien perdu dans cet espace immense;
Son cœur y respirait un air plein d'espérance;
Il lui restait encor son épée et ses dieux.

Et que nous reste-t-il, à nous, les déicides?
Pour qui travailliez-vous, démolisseurs stupides,
Lorsque vous disséquiez le Christ sur son autel?
Que vouliez-vous semer sur sa céleste tombe,
Quand vous jetiez au vent la sanglante colombe
Qui tombe en tournoyant dans l'abîme éternel?
Vous vouliez pétrir l'homme à votre fantaisie;
Vous vouliez faire un monde. — Eh bien, vous l'avez fait.
Votre monde est superbe, et votre homme est parfait!
Les monts sont nivelés, la plaine est éclaircie;
Vous avez sagement taillé l'arbre de vie;
Tout est bien balayé sur vos chemins de fer,
Tout est grand, tout est beau, mais on meurt dans votre air.

 

 

 

De nos jours aussi écoutez chanter Georges Brassens (écoutez-le ! En vidéo, surtout la dernière phrase) :

Paroles de la chanson Le Grand Pan par Georges Brassens

Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégeaient les ivrognes
Un tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.

Mais se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée

Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament.

Aujourd'hui çà et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.[ de nos jours même plus !!!!!:!!!!! les politically-correct et leur société « hygiéno-sécuritaire », vertueuse et TOTALITAIRE l’ont INTERDIT !!!! et les BOBOs en auraient honte les sales cons!!!]
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.

Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond des Champs Elysées
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.

La plus humble amourette Était alors bénie
Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus,
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.

Mais se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament

Aujourd'hui çà et là, les coeurs battent encore,
Et la règle du jeu de l'amour est la même.
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.
Vénus est faite femme, et le grand Pan est mort.
Et quand fatale sonnait l'heure
De prendre un linceul pour costume
Un tas de génies l'oeil en pleurs
Vous offraient les honneurs posthumes.
Pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Charon, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l'âme était accordée,
Et le moindre mortel avait l'éternité.

Mais se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament

Aujourd'hui çà et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.
La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.

Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types."
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste.

 

29/02/2024

un très beau poème, à condition...

Dans un volume de poésies 2005 contenant plus de 100 poèmes d’amateurs, je n’en ai trouvé qu’un de bien, et encore à condition que suivant les conseils de Musset dans ses lettres de Dupuis et Cotonet on raye tous (ou presque) les adjectifs (et assimilés). https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_de_deux_habitans_d...

https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_de_deux_habitans_d...

Comparez, j’ai laissé en haut la version d’origine, et le texte sobrifié plus bas, lisez, et sentez comme il est plus évocateur (si ! absolument !) plus fort et plus poétique que le premier !

 

Solitude

J’avais relevé les lourds rideaux afin d’admirer la lune brillante et j’étais appuyé sur la balustrade, face au vent d’ouest. L’haleine de la nuit m’arrivait, toute imprégnée des senteurs troublantes de l’automne.

Le jade rosé du fleuve envahissait à l’horizon le jade vert du vide. Au pied des herbes chantait le grillon, tandis qu’au-delà du ciel, retentissaient des cris d'oiseaux.

Les souvenirs du temps passé me reviennent et me reviennent toujours. Et, ce soir encore, personne n’est là pour partager mes pensées.

Pareil à un vol de flèches, le vent furieux traverse les rideaux. Une pluie froide se met à tomber obliquement et à résonner comme le gong d’un match de boxe.

La poitrine glacée, je suis appuyée sur mes coussins mais ne puis m’endormir. Mes entrailles sont pesantes comme du fer, mes larmes coulent sans arrêt. La pluie, de la toiture, ruisselle sur les fleurs. La nuit ne finira jamais.

Seule dans l’obscurité, perdue dans le froid grandissant, je me sens accablée d’innombrables tristesses. Par instants, mon cœur se divise en éclats de douleur.

Comment pourrais-je écarter ces angoisses ?

La fenêtre gémit…

Dans ma solitude, je renferme une mélancolie épaisse et amère, sans un beau rêve…

 

(Chantal MONNIER)

 

Solitude

J’avais relevé les lourds rideaux afin d’admirer la lune et j’étais appuyé sur la balustrade, face au vent. L’haleine de la nuit m’arrivait, toute imprégnée des odeurs de l’automne.

Le jade du fleuve envahissait à l’horizon le jade du vide. Au pied des herbes chantait le grillon, tandis qu’au-delà du ciel, retentissaient les cris des oiseaux.

Les souvenirs du passé me reviennent et me reviennent toujours. Et, ce soir encore, personne n’est là pour partager mes pensées.

Pareil à un vol de flèches, le vent traverse les rideaux. La pluie se met à tomber obliquement et à résonner comme le gong d’un match de boxe.

La poitrine glacée, je suis appuyée sur mes coussins mais ne puis m’endormir. Mes entrailles sont pesantes comme du fer, mes larmes coulent sans arrêt. La pluie, de la toiture, ruisselle sur les fleurs. La nuit ne finira jamais.

Seule dans l’obscurité, perdue dans le froid, je me sens accablée d’innombrables tristesses. Par instants, mon cœur se divise en éclats de douleur.

 Comment pourrais-je écarter ces angoisses ?

 La fenêtre gémit…

 Dans ma solitude, je renferme une mélancolie épaisse et amère, sans un beau rêve…

 

tel qu'il est comme ça ce poème mérite d'être appris par coeur (donc d'être lu !  )

30/12/2023

"fronting the dead wall" - Bartleby, l'homme qui "would prefer not to be a little reasonable"

http://www.bartleby.com/129/


l'interprétation de Bartleby est je trouve facile à trouver, elle se trouve dans des rapprochements avec des personnages comme le Caligula de Camus, ou "Les chaises" de Ionesco, ou Beckett, La clé est bien entendu dans cette "sequel" présenté, avec une négligence voulue, comme tout à fait accessoire, par l'auteur, ces "dead letters" qui montrent la vanité totale de toute vie, même celle des  "kings and counsellors", Bartleby à sa manière fait comme les personnages de Verlaine dans "En sourdine".
Comme l' "homme exigeant" de  Jean Tardieu
"... pour ne pas céder
Alors les yeux grands ouverts
...
Il est mort."

 

 

26/12/2023

Leur cimetière est un lieu sans raison

« Leur cimetière est un lieu sans raison » (Paul ELUARD – à Saint-Alban)
Je regrette : Valéry a raison : les vers une fois écrits peuvent être interprétés par chaque lecteur comme il l’entend, le poète n’a plus de droit sur eux, et ne peut imposer sa vision, celle qui l’avait inspiré, le vers vit sa propre vie, et peut prendre plein de sens
Oui tout cimetière des hommes est un lieu sans raison, la Terre, la nature, que fait parler Vigny (dans La maison du Berger, relisez ce texte "incontournable") est un lieu sans raison.


« les inconnus sont morts dans la prison » pas seulement les asiles psychiatriques sont des prisons (et de nos jours de plus en plus la société toute entière ! c’est leur but) la vie, et la nature physique, en est une de prison ; le temps est une prison. La plus dure et fermée de toutes

23/12/2023

moi aussi ! je le comprend, et l'approuve, en tout. C'est ça la vie ...

très beau poème de Ichikawa Takuboku ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Takuboku_Ishikawa ):

 

«  Quand j’ôte le bouchon, l’odeur d’encre fraiche

descend dans mon ventre affamé

et me rend triste

J’ai fait cette prière : Tous ceux

rien qu’une fois, qui m’ont fait baisser la tête

je voudrais qu’ils meurent

On a beau travailler, et travailler encore

la vie ne s’éclaire d’aucun bonheur

Je contemple mes mains

Ce soir

j’ai envie d’écrire une longue lettre

qu’on lira en pensant à moi

La montre que brutalement j’ai jetée

contre une pierre du jardin

comme j’aime cette colère d’autrefois

Vent d’automne

Je ne parlerai plus désormais

à l’homme que je méprise »

 

Ishikawa Takuboku

L’Amour de moi

Traduit du japonais par Tomoko Takahashi et Thierry Trubert-Ouvrard

 Préface d’Alain Gouvret

 Arfuyen, 2003

21/12/2023

ma vie

« Mangeant son pain, mangeant ses larmes,
mangeant sa haine et son désir,
Sans y penser : pour se nourrir. »

 


(Jean Rousselot)

04/12/2023

j'ai relu "Le grand menu" de Corinne Hoex

un livre très intéressant en tant que portrait inimitable (ça doit être inspiré de personnages réels, autobiographique ?) de bourgeois belges, et, encore plus, en tant que contraste entre le caractère des hommes et des femmes.
Mais ce n'est pas vraiment de ça que je vais parler.

Au détour de mes réflexions en lisant ce livre, je me suis souvenu des caractères de mes parents. Ma mère,http://r.platteau.free.fr/LouiseWARGNIEZ.html , elle, avait (comme l'homme du couple décrit par Corinne Hoex !) de la personnalité et du « punch », avait des envies, de l'originalité, des rêves, de la fantaisie, même carrément de la loufoquerie; du caractère « féminin » typique elle avait surtout la propension à mentir effrontément et avec naturel, la logique passionnelle (donc la mauvaise foi), la nervosité colérique; mais elle avait du cœur et de la sensibilité, de la vraie, et beaucoup de tendresse; mais, donc, elle avait un don de création, et d'originalité, il est probable que si elle avait vécu dans une époque et un milieu qui lui aurait permis de faire des études elles serait peut-être devenue une artiste, qui sait ? Mon père http://r.platteau.free.fr/AlbertPLATTEAU.html lui était un flamand, et l'esprit lourd, bebête, distrait et pas dégourdi (ma mère n'arrêtait pas de le traiter d' « ahuri d'pomme cuite !»; et lui l'appelait « ma panthère ») raisonnable, conservateur, surtout par l'influence de son milieu, car par la suite, au fil de l'évolution des mœurs et de la société, il a changé sur certains domaines, mais dans sa jeunesse du moins lui aussi rêvait, car il s'était abonné à « Sciences et Voyages » et autres revues comme ça, lisait énormément de livres (surtout livres d'espionnages et policiers), avait étudié la musique et a même acheté le cours de composition de Vincent d'Indy et composé une fugue http://www.ipernity.com/doc/r.platteau/album/40507/docs , je l'ai retrouvée. Mais toujours les préjugés petits-bourgeois conservateurs bien sûr, dans les années 60 il s'est couvert sans s'en rendre compte de ridicule devant un couple de futur-mariés auxquels il demandait comme se fait-il que, le jazz on dit que c'est une musique de sauvages (les noirs) et pourtant on en met partout ! Et dans le fond profondément sentimental, mais ne savait pas l'exprimer (ça c'est typiquement masculin), le syndrome de la fable « l'âne et le petit chien », si vous voyez.

02/11/2023

Lamartine peut-être le plus vrai et le plus profond de nos poètes

il n'est pas assez lu, peut-être décourage-t-il par ses longueurs et sa rhétorique, mais si on prend la peine de lire quelques phrases choisies, et de les méditer, on s'apperçoit soudain à quel point elles sont vraies, et profondes.

par exemple


Un jour, les yeux lassés de veilles et de larmes,
Comme un lutteur vaincu prêt à jeter ses armes,
Je disais à l'aurore : « En vain tu vas briller ;
La nature trahit nos yeux par ses merveilles,
Et le ciel coloré de ses teintes vermeilles
Ne sourit que pour nous railler.

« Rien n'est vrai, rien n'est faux; tout est songe et mensonge,
Illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge.
Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs.
Cet éclair dans nos yeux que nous nommons la vie
Brille à peine un moment à notre âme éblouie,
Qu'il s'éteint et s'allume ailleurs.

« Plus nous ouvrons les yeux, plus la nuit est profonde ;
Dieu n'est qu'un mot rêvé pour expliquer le monde,
Un plus obscur abîme où l'esprit s'est lancé ;
Et tout flotte et tout tombe, ainsi que la poussière
Que fait en tourbillons dans l'aride carrière
Lever le pied d'un insensé. »


Je disais ; et mes yeux voyaient avec envie
Tout ce qui n'a reçu qu'une insensible vie
Et dont nul rêve au moins n'agite le sommeil ;
Au sillon, au rocher j'attachais ma paupière,
Et ce regard disait : « A la brute, à la pierre,
Au moins que ne suis-je pareil ? »


n'aurait-on pas envie de les apprendre par coeur et se les réciter chaque matin ?

12/10/2023

poésie et civilisation

Dans le récit de plusieurs chinois contemporains, ayant subis les persécutions la période dite "Révolution Culturelle"  Jung Chang, dans son autobiographie « Les cygnes sauvages », et d’autres encore je crois, racontent que à certains moments de leur vie pour se donner du courage ils récitaient (ou composaient aussi) les chef-d’œuvres de la poésie chinoise.
Heureux peuple dont la culture est vivante et chez qui la poésie est un élément culturel de tous les jours !
comme elle devrait être, normalement, partout ! (1)

Misérable France ! où ce n’est pas le cas et dont la culture n’est plus qu’un cadavre mort et où les adultes de maintenant considèrent comme de choses tout juste bonnes pour les enfants (!) toutes les domaines les plus élevés :
*la tendresse,
*le savoir,
*la poésie,
ne se réservant, comme choses « sérieuses », « adultes », que tout ce qui est le plus vil et le plus vulgaire !

 

et comme si ça ne suffisait pas il y a maintenant cette culture du « Il faut arriver à gérer ses émotions », de la part des psy péteux dans leur monde illusoire en carton pâte, ou des "managers" ubuesques, ou d’un référent pédagogique style formateur, d’un penseur du dimanche… Bref, d’un ressortissant de cette armée de sous-chefs « cools » pour un dressage « cool » mais qui est un esclavage qui ne laisse aucun répit !… Une colonisation psychologique qui va mettre des barbelés jusqu’aux sentiments les plus primaires, les plus naturels, les plus innocents… afin de propulser l’être vers le néant, pour le réduire au néant matérialiste et robotisé…

(1) or Laurens van der Post nous dit : « Art poetry and music are matters of survival. They are guardians and makers of the unbroken chain of what’s oldest and first in the human spirit. »
Donc, la France est un pays foutu, une culture qui a choisi de mourir ! et les gens avec bien sûr,  relisez la citation

« La culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité. » (GAO Xingjian)