14/06/2025
la première fois
Je me souviens encore la première fois quand enfant j'ai pleuré dans mon lit, de trop de douleur et de chagrin de savoir que je n'étais venu au monde que pour mourir.
« Un silence tombe et à ma grande surprise, Mme Edmonde se met à pleurer. Sans lâcher le bras gauche de Robbie, elle pleure sans un sanglot, silencieusement, les larmes roulant sur ses joues et gâchant son maquillage. » (Robert Merle - Madrapour)
Bien sûr ce n'était qu'un début, le désespoir et l'épouvante par la suite devinrent bien évidemment beaucoup plus grands encore, ce n'était plus des pleurs.
toute ma vie
26/12/2024 Ma vie toute entière a été sous le signe de la mort. Un de mes tous premiers souvenirs a été du jour où en ? 1956 ou 57 peut-être quand on a annoncé à la radio qu’on avait mis au point un cœur artificiel (on devrait pouvoir retrouver la date en charchant sur internet) J’ai, je m’en souviens très bien cherché un bout de papier, écrit dessus “quand ma maman mourra je veux qu’on lui mette un cœur artificiel” et puis j’ai cherche où le cacher, je ne sais plus où. C’était de la plus grande importance. Et puis des années plus tard il y a eu le jour où frappé soudainement par la conscience qu’elle mourra je me suis aussitôt précipité dans le coumoir où elle était en train de wassinguer et que je me suis jeté sur elle en l’embrassant. Elle n’a jamais su pourquoi je faisais ça.
Et maintenant à l’autre bout de ma vie je viens de recevoir le livre de Christian Combaz sur les EMI “Tous les hommes naissent et meurent le même jour”, et commencé à le lire. Il a l’air très bien. C’et drôle: alors que dans les années 50 “il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Près”, Beckett et Ionesco, et tous, tous, c’était tellement évident et tout soupçon d’espoir tellement exclu, c’était par excellence, comme j’ai dit dans un billet traduit en Esperanto, l’époque de la Science et du désespoir, je finis ma vie dans cette époque où depuis le livre de Raymond Moody (traduit en français par Paul Misraki, qui avait grandi dans un monde ou on représentait pour amuser le public l’operette “La-haut” (où sont les lavabos, la-haut ? Est-ce qu’il y a le gaz et l’eau ? La-haut? , est-ce qu’on reçoit les journeaux ? La-haut”) la fin de toute vraisemblance religieuse, au point que je maudissait ceux qui font perdre la foi à ceux qui l’ont, car une fois perdue comment la retrouver: ?! Les dogmes religieux sont tellement absurdes, auto-contradictoires, impossibles et irrationnels, que seuls des débiles mentaux peuvent croire à ça, dès qu’on réfléchit le moins du monde ça devient totalement impossible), puis tous les livres et maintenant les émissions télé, et maintenant Pierre Jovanovic ça devient presque un espoir crédible. Va-t-on se retourver dans un époque où la foi en une vie après la mort sera revenue ? On n’aurait jamais cru ! Plus sainement on en vient à se dire : ça recouvre queuqu’chose tout ça, mais quoi ? Qu’en penser ?
Entre deux il y a eu tant de morts que je n’oublierai jamais : l’agonie de mon chien colley Eliott, le couple d’orvets que j’ai tué à coup de bêche avec acharnement, je ne me le pardonnerai jamais. La mort du petit chat noir aux jambes écrasées par mon volet roulant et qui s’est enfui terrorisé en dévalant l’escalier (et ses deux petits frères que je n’ai plus revus en sont certainement morts de chagrin, ça meurt de chagrin les animaux, il y a plein de récits là-dessus). La mort de mon père bien sûr et celle à laquelle je n’ose même pas penser.
Et bien quand j’ai pleuré de désolation dans mon lit en me rendant compte que je n‘étais venu au monde que pour mourir pour toujours, et quand j’ai hurlé de terreur dans la salle de séjour, Et toutes les journées, qui commençaient dans le bonheur illusoire du matin avant que la conscience ne ramène l’horreur du néant et la panique.
Oui, à l’age de la Terminale philo j’ai un moment fait le pari de Pascal, et un moment fini par presque croire vraiment, mais ça na’a pas duré. Et de tous ces témoignages sur les EMI les souvenirs de réincarnation, Et sur les animaux, c’est ça le plus important forcément si c’est un phénomène naturel les animaux doivent être concernés, pas seulement les humains, le livre de 1599 Noël Taillepied, celui au XVIIIè de Pierre Massuet, “éléments de philosophie nouvelle” ses pages sur les animaux, Bozzano, Jean Prieur. Mais au bout, qu’en penser ? Comment répondre à Montaigne “ce qui n’est pas éternel n’existe pas”, et Jean Rostand la page sur “l’aventure falôte du protoplasma” que je cite si souvent. Pierre Jovanovic c’est bien joli, mais après ?
Lotfi Hadjat a eu la révélation de la vanité de tout à 4 ans, rien d’étonnent, les enfants ont plus de conscience des choses et de bon sens que les adultes, je m’en suis bien rendu compte moi aussi.
31/12/2024
tout le plaisir du monde
Il y a une operette d'Offenbach (qui avait été diffusé à la télé le soir du Nouvel-An en ? à la fin des années 90 ...
....quelqu'un sait-il s'il y en a une vidéo qq-part sur le Net?) "Les Brigands", qui m'avait frappé dès les années riches de l'enfance (à l'époque où il y avait en France une radio, une radio aux programmes qui faisaient vraiment une société, et qui transmettait tout, TOUT ce qui fait la culture d'une société et d'une civilisation, et tout le plaisir du monde !) et de cette époque le fameux choeur chanté à mi-voix: "J'entends un bruit de bot'-tes de bot'-tes de bot'-tes de bot'-tes
Ce sont les Cara'-biniers
Ce sont les cara'-biniers
Ce sont les bott'- es les bott'-es les bott'-es les bott'-es
Les bott-es des cara'-biniers!
des carabiniers!"
n'a cessé d'être un de mes airs favoris, un de ces airs qui, comme dirait Georges Pompidou (en parlant de vers), "me hantent"
Parmi les personnages de cette operette, il y a la fille du chef des brigands, qui vit dans la montagne avec son père, et toute la bande, une jeune fille, au généreux décolleté (dans la version télé), qui dès que vient le danger (fréquent dans une vie de brigands) s'exclame aussitôt (en chantant ! ):
"Sil faut se battre, me voilà !"
Voilà, c'est tout ce que j'avais envie de dire.
Ce n'est pas si innocent que ça. Cette fille du chef des brigands est un personnage admirable, et positif (rien à voir avec la société actuelle!), son personnage, son image et aussi son exclamation,
un seul vers,
le temps d'une mesure de musique sans doute, ou deux je ne sais pas bien reconnaître les rythmes musicaux, est aussi un bout de chant qui me hante! ....)
22/09/2024
"je n'apporte pas les réponses, j'apporte les outils de réflexion" (J-P Petit)
sur le problème de la place de la conscience dans le cosmos
Sur le problème des rapports de la conscience, des êtres conscients, et en particuliers les humains – mais, justement, il n’y a pas qu’eux! et l’apparition, apparemment inévitable et programmée, d’un ordre des choses si incommensurablement différent des autres « réalités » au bout ( ?) de l’évolution de cet étrange, (et apparemment inscrit dans la nature des choses), phénomène, nommé « la vie » est un phénomène curieux – du statut (et du destin) des consciences dans le cosmos, et de la pertinence des valeurs, des modes d’exigence que celles-ci proposent dans leur compréhension du réel, on est depuis déjà un bon bout de temps arrivé à considérer que celle-ci n’est qu’un « épiphénomène » produit par un pur hasard, non-significatif par le reste, et que le subjectivisme des êtres conscients est à rejeter d’une pensée rigoureuse, et qu’ils sont à complètement invalider.
Oui…
Oui MAIS. Quand même, la conscience existe, dans le Réel. C’est là ! Elle est même la seule chose dont on puisse être sûr de l’existence ! Et n’oublions pas que la matière et tout le reste, et le monde lui-même, ne sont que des hypothèses !
De plus on constate que le Cosmos apparaît comme qq chose de très lié et très cohérent. Où ce qui y existe n’y est pas « par hasard » mais fait partie d’un système très interconnecté (même si la « théorie de tout » dont rêvent certains physiciens n’est pas encore atteignable). Or l’existence d’une ??? comment appeler ça ? une « substance » ?! un « phénomène » ?! un « concept » ?! (aucun terme ne convient !) aussi fondamentalement différente du reste (incommensurablement, regardez ! il est même impossible d’employer pour elle le vocabulaire mis au point pour les « choses » !), et quand même fondamentalement importante (ne fusse que c’est elle qui – accessoirement ! - perçoit et pense tout le reste, ne peut pas être considéré comme un détail contingent de la cosmogénèse à l’instar de, par exemple, les mantes religieuses, ou les Malachius bipustulatus.
Alors on en revient à se dire qu’il faut quand même trouver une place pour la conscience (et qui peut affirmer que ce ne doit pas être en fait la première ?) dans l’économie du Cosmos, et donc dans la nature du Cosmos.
On tourne en rond, car de ce point de vue il n’y a rien de probant. (Et refuser purement l’entrée de la conscience, comme problème intéressant pour …. la conscience du savant ! est surtout une façon de se débarrasser de l’aporie, de faire comme si le problème n’existait pas)
Certaines intuitions d’il y a 2500 ans sont reprises par la science moderne (non seulement les atomes de matière des grecs, et, peut-être les cycles d’expansion et de destruction de l’univers, mais aussi les atomes de temps et d’espace des Jaïnistes !) quelles autres encore se révèleront être de bonnes pistes ?
Certains même là en viennent à la conclusion que « mind is a fundamental process in its own right, as widespread and deeply embedded in nature as light or elctricity ».
Ce qui semble, quand on regarde le monde, qu’on prend le temps de faire une pause, et réfléchit, finalement le bon sens même !
« Dans la nature, les portes sont toujours cachées, déguisées en autre chose. On ne les trouve – c’est une règle – que là où depuis des lustres on nous jurait qu’il n’y avait rien. » (Aimé Michel)
Et la parapsychologie ?
En tous cas, représentons-nous ce drôle de truc, l’univers, tel qu’on le connaît jusqu’à présent, c’est quand même une drôle d’histoire ! quel drôle de machin !
on ne peut pas prendre cette étrangeté à la légère, « ça cache queuqu’chose ! »
et là il faut rappeler la grande figure d'Aimé Michel (grand penseur insondable, qu'on n'a pas finit de redécouvrir)
je ne parlerait pas de tous ses aspects ici un texte capital :
et une remarque
"j'aimerais avoir le temps de me livrer ici à un parallèle cruel. Il s'agirait de
prendre telle revue de référence de l'intelligentsia de l'époque, Tel Quel par
exemple, et de dresser, tout simplement, la liste des problèmes qui y furent
traités, disons, entre 1958 et 1968 ; puis de se livrer à la même opération, et
pour la même période, avec Planète. On découvrirait que la plupart des
problèmes soulevés par Tel quel sont désormais des problèmes morts, et que
souvent les questions agitées alors par Planète sont celles qui, aujourd'hui,
travaillent le monde contemporain.
ah ! quand-même je voudrais faire découvrir une face d'Aimé Michel où il a particulièrement raison
il paraît qu’Aimé Michel Comme ses précurseurs Pierre Massuet et d’autres avait conscience du caractère inadmissible, aussi inadmisible qu’Auschwitz, de la souffrance animale et
"telle préface( refusée par les Editions du Cerf) où il s'en prend à la théologie catholique, avant garde teilhardienne comprise, coupable à ses yeux d' avoir fait l'impasse sur le problême de la souffrance animale...(8) Préface inédite à l'Animal, l'homme et Dieu, un beau livre de Michel Damien, paru aux éditions du Cerf.(1978)
et :
tel texte, par exemple, où il décrit un train de poulets en batterie promis à l'abattoir, qu'il observa par une nuit de gel intense, en gare de Dijon (7 texte inédit hélas communication personnelle de son ami) (en quelle année ? J’y ai vécu, n’est-ce pas - à Dijon, lors d’une certaine époque … et j’y ai passé plus d’une fois par cette gare, avec maman.)
07/09/2024
Maurice Carême (né à Wavre !)
Maurice Carême était-il hanté au fond de son âme par la peur de la mort comme moi ?
(comme Apollinaire aussi "Beaucoup de ces dieux ont péri/ C'est sur eux que pleurent les saules/ Le grand Pan l'amour Jésus-Christ/ Sont bien morts et les chats miaulent/ Dans la cour je pleure à Paris)
Lisez :
Dès qu’on t’abandonne à toi-même,
Tu redeviens cet enfant las
Qui pleurait dans le soir, tout bas,
En écoutant les sourds abois
D’une chienne rauque et lointaine.
Cette chienne elle est toujours là,
Mais c’est dans ta chair qu’elle aboie. (L’heure de grâce, 1957)
07/08/2024
la polonaise militaire de Chopin - Albert Platteau
c'était le morceau de bravoure que parfois jouait mon père sur son piano. Je l'ai plusieurs fois entendu résonner en dessous de moi, depuis mon lit.
Il avait appris la clarinette, qu'il a joué au sein de l'harmonie "Conservatrice" de Mouscron (à l'époque il y avait une harmonie par parti politique en Belgique ! Socialiste, Libérale, Démocrate-chrétienne et Conservatrice, comme la famille de mon père était des flamands bigots, la seule possible c'était la Conservatrice ! aux yeux des bigots les Démocrates-chrétiens sentaient déjà le souffre !!), puis celle de Saint-Amand-les-Eaux en France, puis le piano, puis l'orgue (dans une salle du beffroi de Saint-Amand-les-Eaux), qui qui lui a permis après son mariage de trouver un emploi en qualité de chantre-organiste-sacristain.
14/07/2024
la force d'éprouver du chagrin est un privilège de la jeunesse
de Sophocle, dans Oedipe à Colonne : « Puis à la fin,tombe sur nous l'ennemi entre tous redoutable la vieillesse impuissante, insociable, privée d'amis, en qui viennent tous les maux se réunir. On n'a plus d'autres compagnons que le chagrin. »
- Même pas ! La force d'avoir du chagrin est un privilège de la jeunesse.
« Ewig rein bleibt nur die Träne »
28/02/2024
la culture de base
11/9/2020 je regrette mais dans les années 50 la culture de base ça comprenait toutes les choses que tout le monde entendait régulièrement à la radio, Non seulement Rhinocéros mais Turcaret ça faisait partie de la culture courante (pas du tout celle des amateurs de littérature ni des universitaires, celle de la vie commune !), Intermezzo, Ondine, le Docteur Knock, mais aussi Topaze, Volpone, Ciboulette, le théatre de Musset, La Reine Morte, tout Molière bien sûr ! et les meilleures pièces de Labiche ou de Courteline.
(et bien sûr, car on était modernes ! le tcha-tcha-tcha et "où sont passées mes pantoufles" ! et "elle était trop grosse pour son bikini, trop grosse")
04/01/2024
chien souriant
Oui ! les chiens peuvent avoir un sourire, certains, quand ils ont une paire de lèvres de chaque côté de la gueule, regardez :
or , mon père avait je trouve un sourire très spécial, et il l'avait même conservé, ou au moins certaines façons de faire des mines, sur son lit d'hôpital, à moitié paralysé.
Or ce sourire je l'ai retrouvé chez mon chien Colley. rapportez-vous à la photo ce-dessus.
Et maintenant, mon père :
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31/12/2023
pensée de Jean Rostand - vérité des choses
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(le petit garçon de trois ans vous avez deviné, c'etait moi)
"L'espèce humaine passera, comme ont passé les Dinosaures et les Stégocéphales. Peu à peu, la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante... Toute vie alors aura cessé sur la Terre, qui, astre périmé, continuera de tourner sans fin dans les espaces sans bornes... Alors, de toute la civilisation humaine ou surhumaine - découvertes, philosophies, idéaux, religions -, rien ne subsistera. En ce minuscule coin d'univers sera annulée pour jamais l'aventure falote du protoplasma... Aventure qui déjà, peut-être, s'est achevée sur d'autres mondes... Aventure qui, en d'autres mondes peut-être, se renouvellera... Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrice des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l'échec final et à la ténèbre infinie..."
(Jean Rostand)
29/12/2023
écrit dans mon journal intime en juillet 2008
Dans la maison de retraite de Saméon ou se trouve mon oncle Gérard, pendant tout ce temps où je restais à côté de lui j'entendais dans la salle de séjour voisine une vieille qui n'arrêtait pas de répéter encore et encore:"viens me mettre dans mon lit, je suis fatiguée - je n'ai plus de maman, elle est morte. - viens me chercher et me mettre dans mon lit".