31/12/2023
pensée de Jean Rostand - vérité des choses
*
(le petit garçon de trois ans vous avez deviné, c'etait moi)
"L'espèce humaine passera, comme ont passé les Dinosaures et les Stégocéphales. Peu à peu, la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante... Toute vie alors aura cessé sur la Terre, qui, astre périmé, continuera de tourner sans fin dans les espaces sans bornes... Alors, de toute la civilisation humaine ou surhumaine - découvertes, philosophies, idéaux, religions -, rien ne subsistera. En ce minuscule coin d'univers sera annulée pour jamais l'aventure falote du protoplasma... Aventure qui déjà, peut-être, s'est achevée sur d'autres mondes... Aventure qui, en d'autres mondes peut-être, se renouvellera... Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrice des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l'échec final et à la ténèbre infinie..."
(Jean Rostand)
27/12/2023
que deviennent les petits chats quand ils meurent ? voilà LA SEULE question vraiment importante, la plus importante et de loin !
oui, cette question ( et toutes celles similaires) est de loin la plus importante, la plus cruciale la plus poignante, la plus éternelle (la mort c'est éternel, vous avez oublié ?), la plus personnelle, existentielle.
tout le reste ne sont que des amusettes pour bourgeois (même la lutte des classes, même si c'est effectivement le principal facteur de l'histoire humaine, mais, relisez Jean Rostand, justement l'histoire humaine toute entière, et tout ce en quoi des consciences humaines mortelles auront découvert ou cru, n'est que "l'aventure falôte du protoplasma").
Si ne peut plus nourrir qu'une seule préoccupation qu'une question ce sera celle-là, et elle mérite de vous obséder en permanence.
26/12/2023
Leur cimetière est un lieu sans raison
« Leur cimetière est un lieu sans raison » (Paul ELUARD – à Saint-Alban)
Je regrette : Valéry a raison : les vers une fois écrits peuvent être interprétés par chaque lecteur comme il l’entend, le poète n’a plus de droit sur eux, et ne peut imposer sa vision, celle qui l’avait inspiré, le vers vit sa propre vie, et peut prendre plein de sens
Oui tout cimetière des hommes est un lieu sans raison, la Terre, la nature, que fait parler Vigny (dans La maison du Berger, relisez ce texte "incontournable") est un lieu sans raison.
« les inconnus sont morts dans la prison » pas seulement les asiles psychiatriques sont des prisons (et de nos jours de plus en plus la société toute entière ! c’est leur but) la vie, et la nature physique, en est une de prison ; le temps est une prison. La plus dure et fermée de toutes
03/12/2023
mon père
Sur la photo il a 73 ans, lors d'une "sortie" de la chorale de la paroisse.
La rue de Mouscron, et le café-épicerie où il est né : le "Café du Tribunal" http://www.mouscron.be/francais/presse/decem03/pljustice....
des photos, ici: http://miiraslimake.over-blog.com/article-579476.html
et ici : http://www.ipernity.com/doc/r.platteau/7383300
http://www.ipernity.com/doc/r.-platteau/33000593
http://www.ipernity.com/doc/r.platteau/30597405
pour un fichier pdf d'une de ses compositions musicales: http://www.ipernity.com/doc/r.platteau/album/40507
signe astrologique: capricorne
ses vestes sentaient le tabac froid, odeur âpre et agréable.
Il a passé énormément de temps à se ronger les ongles (il n'avait quasiment plus d'ongles à ses doigts tellement il se les rongeait des heures durant), en lisant des romans (surtout des romans d'espionnage, bien durs et macabres) assis auprès du feu continu.....
avant, quand il était jeune il avait lu des centaines de romans d'aventure, que par la suite, en bon catholique conservateur et imbu de ses responsabilités, il ne voulait pas que je risque de les lire, alors il les a tous brûlés, il y en avait un coffre tout plein, le coffre est resté dans la cour et on y a planté des plantes.
quand il ne faisait pas des mots croisés, ou des harmonisations de chants pour l'église, il avait aussi acheté le cours de composition de Vincent D'indy, et j'ai retrouvé une fugue en ut mineur qu'il avait composé.
il était très distrait, combien de fois n'a-t-il pas perdu ses clefs de maison !
Quand (Lors de leurs cruelles disputes) il se mettait en colère il bégayait, ma mère avait l'habitude de le traiter d' "ahuri d'pomm' cuite ! " (lui l'appelait "ma panthère") je l'ai vu une fois pleurer et ça m'a beaucoup bouleversé, lui qui ne pleurait jamais (bien sûr, plus tard, à l'hospice il pleurait beaucoup - c'était même le seul, le seul des gens qui étaient là-dedans qui ne donnait pas l'impression qu'on lui ai fait l'ablation du coeur et du cerveau ! - ), dormait beaucoup l'après-midi, (bien sûr ! en tant que sacristain les dimanches étaient son jour de travail le plus long, mais en semaine après avoir préparé la messe de 6 heure du matin il n'avait souvent plus rien à faire) et parfois riait aux éclats "à gorge déployée", tellement fort qu'il en devenait tout rouge, et que ça me faisait peur qu'il ne meure d'apoplexie.
il a commencé par être clerc chez un notaire de Mouscron, et il a toute sa vie gardé une écriture soignée de clerc de notaire, même à l'hospice il ne savait plus écrire un seul mot ayant du sens (et s'en rendait compte et en pleurait), mais ses lettres avaient toujours leur forme soignée "de clerc de notaire" de toujours.
Puis s'en entiché du Congo Belge, s'est abonné à une revue coloniale et voulait y aller comme colon - s'il l'avait fait je ne serais pas né ! - puis il s'est entiché pour l'agriculture, et a tanné ses parents jusqu'à ce qu'ils acceptent de venir en France reprendre une ferme à Millonfosse. C'est à Saint-Amand-les-Eaux, près de Millonfosse qu'il appris l'orgue. Ce qui lui a permis plus tard, alors qu'il ne savait pas comment faire vivre sa femme et son enfant, de devenir Sacristain-chantre-organiste dans une église. En complément on était correspondants des Galeries Lafayette pour la vente sur catalogue, plus une pension pour ses trois doigts coupés, plus le loyer de la maison de maman, plus les chapelles mortuaires qu'il montait chez les gens pour l'entrepreneur de pompes funèbres de la paroisse, plus quelques chapardages divers, ça faisait qu'on pouvait vivre, mais on avait si peu de revenus à déclarer, qu'un jour un inspecteur des impôts est venu lui demander comment on pouvait vivre avec si peu.
il avait des yeux gris-bleu, très beaux.
Il avait un sourire bien à lui, que plus tard j'ai retrouvé chez ..... mon chien colley Eliott !
vidéo hyper-censurée !!!!
08/09/2023
c'est une chance comme dit l'éditorialiste de la revue MORPHEUS
"L'Ocident est secoué par un mal profond. La désacralisation de la vie est devenue paroxysmique. (Giuseppe Belvedere et les pigeons de Paris s'en sont bien rendus compte!) Le citoyen n'est plus potentiellement qu'une entité biologique qui devra être pilotée par l'intelligence artificielle, de l'incubateur à la tombe, dans une "Smart City". Toutes les expériences nanotechnologiques de transhumanisation et pire encore, sont permises. Si le citoyen européen nanti est peu éveillé sur ces faits en revanche 87% de la population mondiale l'a compris. L'Afrique et une partie de l'Amérique du Sud se réveillent. De fait, le monde se désolidarise du bloc occidental devenu fous.
C'est une chance, la fin de règne des mondialistes est proche....."
Je rappelle ce que je disais au terme de la comparaison entre le fascisme 1.0 (celui des années 30) et le fascisme 2.0 actuel (le covidisme et Klaus Schwab): c'est pire ! on a pu se libérer du fascisme 1.0 parce que ça a tourné à la guerre et qu'ils l'ont perdue. Mais ici ! c'est mondial. Et il n'y a pas de forces pour nous libérer, "Mgr. Vigano combien de divisions ?" demanderait ironiquement Staline !
La seule chose qui pourrait peut-être donner espoir c'est Poutine (qui n'est pas meilleurs que les autres, Staline non plus ! Mais Staline, l'URSS, en défendant son bout de gras, et en se libérant de Hitler, nous a libérés nous aussi!) et L'Afrique Noire. Je rappelle que plusieurs de ses chefs d'Etats ont été tués mystérieusement parce qu'ils avaient refusés la "vaccination". Les africains qui se soignent à l'Artemisia et rejoignent les BRICS et se rebellent contre le néocolonialisme seront-ils "les gardiens de l'humanité", comme disait le Pr Montagnier ("les non-vaccinés seront les gardiens de l'humanité" et au sens physique et au sens moral du terme) ? J'ai toujours vu Chavez et Kémi Seba comme des libérateur pour toute la planète. Espérons
15/07/2023
ma mère fut (fût ...) une cigarettière
voilà un métier utile, un métier vrai de gens normaux, pas de bourgeois péqu'neux imbus de racisme social à la Macron ! de vrais personnes humaines quoi ! (et utiles, qui - eux ! - produisent des biens et des services pour les autres personnes humaines, pas des parasites (comme dit si bien Bernard Friot) de cadres-sup' qui passent leur temps à réunionner, ou à "s'déplacer en taxi pour blablater sur LCI".
Voilà une chanson portugaise qui contient tout le drame de la vie :
(NB : depuis hier Youtube cet infâme engin répugnant du totalitarisme capitaliste, censure systématiquement TOUTES les vidéos intégrées dans un site de blog !!!!!!!!!! Il faut donc à chaque fois se DEPECHER, avant d'avoir le message de blocage, de cliquer sur l'icone qui fait regarder la vidéo directement sur le site de youtube, sinon vous êtes foutus ! vous ne verrez rien !
voici les paroles (car il est aberrant d'écouter une chanson sans en comprendre les paroles !) :
Minha mãe foi cigarreira
E tinha um porte bizarro
‘Inda vejo a sua imagem
No fumo do meu cigarro.
trad :
Ma mère était cigarettière
Et avait grande allure
Son image se forme encore
Dans la fumée de ma cigarette.
A sua alma branquinha
Honesta, modesta e franca
Envolvia a minha alma
Como a mortalha mais branca.
trad :
Son âme candide
Honnête, modeste et droite
Enveloppait mon âme
Comme le tabac dans son linceul de papier.
Coitadinha já morreu
Que o amor de Deus lhe valha
Foi concerteza pró céu
Envolta em branca mortalha.
trad :
La pauvrette n’est plus là
Que l’amour de Dieu la protège
Elle est sûrement montée au ciel
Enveloppée dans son drap blanc.
Minha mãe estrela perdida
‘Inda a vejo entre os abrolhos
Como se fosse envolvida
Na mortalha dos meus olhos.
trad :
Ma mère, étoile perdue
Je la vois briller du fond de mes tourments
Comme enveloppée
Dans le blanc de mes yeux.
Filipe Pinto (1905-1968). il est mort lui aussi ... Minha mãe foi cigarreira (1961).
Filipe Pinto (1905-1968). Ma mère était cigaretière, traduit de Minha mãe foi cigarreira (1961) L. & L. (et chanter le tabac aussi est un acte de résistance et de liberté)
Publié dans Ili eldetruis la domon, kie niaj koroj sangis, journalistes = propagande d'Etat, Goebbels, la vraie vie, les paranoïas ayatollesques, libertés, Liens interessants, Littérature - une outre de sang et de fade infini, Lutte des classes, mi iras limake, Philosophie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
14/02/2023
mort des vieux
Un couple de personnes âgées, un homme de 78 ans et une femme de 74 ans, a été retrouvé mort dimanche 12 janvier 2014 au soir à son domicile, étendu sur le lit de la chambre à coucher de la maison d’habitation sur la commune de Corrèze, dans le département de la Corrèze.
Un fusil de chasse est à leur côté. C'est leur fille qui les a trouvés et qui a donné l'alerte.
Le procureur de la République a saisi le groupement de gendarmerie « affaire criminelle ». Décrire en termes administratif glacés ce destin humain apparaît surréaliste....
«Apparemment, le mari aurait tué sa femme et se serait donné la mort». Il y aurait un homicide suivi d’un suicide.
Des constatations précises de la police scientifique et technique indiquent une blessure à la nuque pour la femme et une blessure à la bouche pour l’homme, toutes deux causées par une arme à feu.
«Une enquête de voisinage et des témoignages révèlent que l’homme avait un caractère dépressif, [c'est à dire lucide ...] mais que rien ne laissait présager un tel acte. ».
L’arme de calibre 16 est un fusil de chasse, qui appartenait à la famille. Elle aurait été rechargée après le premier tir. La femme aurait pu être tuée dans son sommeil.
Le couple vivait seul, dans une maison isolée. Le dernier contact téléphonique, le même jour, avec la famille, n’a rien laissé transparaître. Pourtant plus tard, d’autres appels resteront sans réponse. Voilà pourquoi leur fille se serait déplacée. Une autopsie sera réalisée certainement aujourd’hui, à Limoges. La chronologie n’a pas été établie.
Etc,etc
choses qui ne sont plus » (MONTAIGNE)
29/12/2022
Jean Rostand texte écrit en 1954 - j'avais 5 ans
Jean Rostand, Pensées d’un biologiste, 1954.
Comme Montaigne qui dans son apologie de Raymond de Sebondes rappelle que ce qui n'est pas éternel n'existe pas, car sa disparition, son anéantissement, rétrospectivement fait disparaître tout ce qu'il a pu vivre, et comme il le rappelle dans un autre texte : " le plus et le moins ne peuvent pas s'appliquer à ce qui n'existe plus", Jean Rostand est conscient des vérités élémentaires, que les hommes prennent tant de soin à se cacher à coup de sophismes freudiens.
"D'où vient l'homme? L'homme n'est rien moins que l'oeuvre d'une volonté lucide, il n'est même pas l'aboutissement d'un effort sourd et confus. Les processus aveugles et désordonnés qui l'ont conçu ne recherchaient rien, n'aspiraient à rien, ne tendaient vers rien, même le plus vaguement du monde. Il naquit sans raison et sans but, comme naquirent tous les êtres, n'importe comment, n'importe quand, n'importe où. La nature est sans préférences, et l'homme, malgré tout son génie, ne vaut pas plus pour elle que n'importe laquelle des millions d'autres espèces que produisit la vie terrestre. Si la tige des primates avait été sectionnée à sa base par quelque accident géologique, la conscience réfléchie ne serait jamais apparue sur la terre. Il est possible d'ailleurs que, dans le cours des siècles, certaines lignées organiques aient été éliminées qui eussent donné naissance à des formes plus accomplies que la nôtre.
Quoi qu'il en soit, l'homme est apparu... D'une certaine lignée animale, qui ne semblait en rien promise à un tel destin, sortit un jour la bête saugrenue qui devait inventer le calcul intégral et rêver de justice. ... qui traverse la vie dans l'épouvante de la mort, qui s'attache sans mesure à d'autres créatures éphémères, qui, trop bestiale ou trop peu, souffre quand elle réprime ses instincts et ne souffre pas moins quand elle y cède, qui ne sait pas défendre son coeur contre les rêves que lui interdit sa raison...
C'est donc que, statistiquement tout au moins, les hommes préfèrent l'être au non-être. Et c'en est assez pour que triomphe l'optimisme, qui se contente de peu..
L'espèce humaine passera, comme ont passé les Dinosaures et les Stégocéphales. Peu à peu, la petite étoile qui nous sert de soleil abandonnera sa force éclairante et chauffante... Toute vie alors aura cessé sur la Terre. Alors, de toute la civilisation humaine ou surhumaine - découvertes, philosophies, idéaux, religions -, rien ne subsistera. Il ne restera même pas de nous ce qui reste aujourd'hui de l'Homme de Néanderthal, dont quelques débris au moins ont trouvé un asile dans les musées de son successeur. En ce minuscule coin d'univers sera annulée pour jamais l'aventure falote du protoplasma... Aventure qui déjà, peut-être, s'est achevée sur d'autres mondes... Aventure qui, en d'autres mondes peut-être, se renouvelera... Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrice des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l'échec final et à la ténèbre infinie...
Sera-t-il du moins permis à l'homme éphémère, englouti dans le cosmos démesuré, de se regarder comme le dépositaire d'une valeur privilégiée, qui défierait les normes de la durée ou de l'étendue ? Tout ce à quoi il tient, tout ce à quoi il croit, tout ce qui compte à ses yeux a commencé en lui et finira avec lui. Il est seul, étranger à tout le reste. Nulle part, il ne trouve un écho, si discret soit-il, à ses exigences spirituelles.
Tel est, semble-t-il, le message de la science. Il est aride. La science n'a guère fait jusqu'ici, on doit le reconnaître, que donner à l'homme une conscience plus nette de la tragique étrangeté de sa condition, en l'éveillant pour ainsi dire au cauchemar où il se débat.
Jacques Prévert (1900 - 1977) - Paroles
Le désespoir est assis sur un banc
Dans un square sur un banc
Il y a un homme qui vous appelle quand on passe
Il a des binocles un vieux costumes gris
Il fume un petit ninas il est assis
Et il vous appelle quand on passe
Ou simplement il vous fait signe
Il ne faut pas le regarder
Il ne faut pas l'écouter
Il faut passer
Faire comme si on ne le voyait pas
Comme si on ne l'entendait pas
Il faut passer presser le pas
Si vous le regardez
Si vous l'écoutez
Il vous fait signe et rien ni personne
Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui
Alors il vous regarde et sourit
Et vous souffrez atrocement
Et l'homme continue de sourire
Et vous souriez du même sourire
Exactement
Plus vous souriez plus vous souffrez
Atrocement
Plus vous souffrez plus vous souriez
Irrémédiablement
Et vous restez là
Assis figé
Souriant sur le banc
Des enfants jouent tout près de vous
Des passants passent
Tranquillement
Des oiseaux s'envolent
Quittant un arbre
Pour un autre
Et vous restez là
Sur le banc
Et vous savez vous savez
Que jamais plus vous ne jouerez
Comme ces enfants
Vous savez que jamais plus vous ne passerez
Tranquillement
Comme ces passants
Que jamais plus vous ne vous envolerez
Quittant un arbre pour un autre
Comme ces oiseaux.
Roberto Ardigo
Roberto Ardigo, philosophe positiviste italien, qui a fini par se suicider :
« par suite du refroidissement progressif de la terre notre monde doit mourir, lui aussi, avec tous les êtres auxquels il donne vie ; et si c’est là le sort extrême de tous les mondes disséminés dans l’univers, à quoi sert donc l’élévation progressive de l’humanité ? à A quoi bon le culte de l’art, du Beau, du Bon ? La fièvre de savoir, de se consacrer à un idéal ? à quoi sert la vie ? A quoi servent tant de douleurs matérielles et morales, souffertes par les êtres auxquels a été accordé, sans qu’ils l’aient demandé, le don sadique de la vie ? »
Quelle immense déception pour une âme élevée telle que celle de Roberto Ardigo (ou celle de Miguel de Unamuno aussi, lisez le ! il est incontournable, et combien ça change des conneries sophistiques égoïstes et nécrophiles qu’on entend de nos jours) ! Il ne pouvait s’empêcher de contempler, épouvanté, l’abîme de la vanité infinie de tout. Il ne pouvait s’empêcher de se révolter en présence de cette ironie tragique du sort. Il valait donc mieux défier fortement la destinée de la seule façon permise à un vivant : se libérer, par le suicide, du supplice moral de contempler, impuissant, la tragédie de l’être, et sa propre prochaine disparition éternelle. Robert Ardigo a été conséquent avec lui-même. Les philosophes qui partagent ses convictions matérialistes, et qui, malgré cela, ne finissent pas comme lui par le suicide, sont heureusement inconséquents.
PEGUY
" .. sauver de l’Absence éternelle
Les âmes des damnés s’affolant de l’Absence,"
On ne lit plus assez SALACROU
« Alors, là nous sommes tous en plein cauchemar depuis l’instant où nous avons compris que nous étions vivants. Vous souvenez-vous, Monsieur Lenoir, de l’instant précis où, tout à coup, petit garçon, vous avez eu cette révélation : « Je suis un vivant, j’aurais pu ne pas exister, et je vais mourir. » Non ? moi, si. Et je me suis évanoui. C’était une charge intolérable sur les épaules de ce petit enfant. » (Armand SALACROU, in « L’archipel Lenoir »)
oui, j'ai toujours été ébahi, n'ai jamais compris comment se fait-il qu'il n'y ai pas plein d'enfants qui se suicident à l'age de raison (disons 12 ans)
comment peut-on vivre encore étant adulte, où théoriquement c'est pire, et toutes les autres sujets de douleurs métaphysiques, personnelles, sentimentales, et sociales qui vous tombent dessus ? et quand on est vieux ?
Ben, il y a un détail auquel je n'avais pas encore prêté attention, mais Simone de Beauvoir si !
il y a dans les mémoires de Simone de Beauvoir une remarque très importante et dont je prend maintenant conscience de la justesse, c'est quand elle dit « Quand je me jetais dans le malheur, c'était avec toute la violence de ma jeunesse, de ma santé, et la douleur morale pouvait me ravager avec autant de sauvagerie » etc
eh oui ! C'est comme ça que ça se passe; et aussi comme quand on est enfant on est plus conscient, plus sensible, plus intelligent, plus en contact avec la réalité que les adultes, et ça va constamment en se dégradant quand on devient adulte, puis en vieillissant. Il y a aussi comme une fainéantise de la conscience, et de la douleur qui ravage tout. Et on souffre dans la même mesure qu'on est vivant en fait et qu'on en a la santé ! La santé. Même le désespoir et l'abattement demandent de la santé, quand on est trop engourdi on ne sait même plus être désespéré, que dis-je même plus être abattu.
n'empêche que
c'est effarant à quel point comme disait Camus les gens font "comme s'ils ne savaient pas". Il règne sur ce sujet un tabou, j'te dis pas !!
03/11/2022
N'oubliez jamais !- devoir de mémoire
le drame de Cestas, vous vous souvenez ?
Si non relisez les témoignages d'époque sur internet.
Et puisque les autorités ont bien soigneusement veillé à tout détruire et bien effacer, pour qu'il ne reste aucun trace - le néant total, comme la mort ..... - de peur que des gens ne viennent s'y recueillir, le seul lieu de mémoire est Internet. Remplissez-le.
01/11/2022
les héros inconnus
c'aurait été une très juste illustration de la fête de la Touusaint, vous trouvez pas ?
C’est un poème aux héros inconnus
Ceux dont on n’a pas conservé mémoire
Ceux dont personne n’écrira l’histoire
Qui sont passés sans que nul ne l’ait su
Ceux qui sont morts à la guerre pour la perdre
Ceux qui peinaient sans être admirés
Ceux qui vivaient dans les rues retirées
Ceux qu’une idée a couchés seuls dans l’herbe
Les créateurs qu’on ne célèbre pas
Les musiciens de symphonies muettes
Qui souffrant trop choisirent le trépas
Qui pleuraient tant qu’ils ont perdu la tête
Les vraies amantes aux coeurs de cornaline
Sombres Juliette ou livides Guenièvre
Qu’on a jugé laides lassantes ou mièvres
Et déchirées d’un mot ou d’une ligne.
Les grands soldats sans galons ni médailles
Les humbles saints jamais canonisés
Et les Marie dont le fruit des entrailles
Crucifié n’est pas ressuscité
C’est un hommage à ceux du camp adverse
Tous les mauvais les faillis les damnés
Tous les exclus les fous et les perverses
Ceux que j’aurai profondément aimés.
Eric Tellenne
(la Clé des Chants page 166) Achetez ce livre vous ne le regretterez pas, pourquoi les français ont perdu leur culture poétique ???