Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/09/2013

une citation très vraie et qui ouvre de vastes domaines de reflexion

« En dehors de l'enfance et de l'oubli, il n'y a que la grâce qui puisse vous
 consoler d'exister »
(Eugène Ionesco)


05/09/2013

Littérature - 1

Le problème dans une histoire, dans toute histoire, c'est toujours la fin, la source de tous les malaises, la moment où tout sombre dans le désespoir ou l'absurdité d'une fin mesquine, du temps qui, en fait ne s'arrête pas; une histoire c'est bien tant qu'on n'est pas à la fin. Le début c'est bien, le milieu c'est pas mal non plus, le hic c'est la fin, c'est elle qui empêche tout à coup d'être heureux, l'épine dans la chair, le péché originel, et on n'en sort pas.

21/08/2013

Claude Lévi-Strauss vidéo paradigmatique

regarder cette  vidéo est un plaisir et une joie (et une tristesse, vous avez vu que c'était en 1972, et ce vieux monsieur frais et alerte est maintenant mort).

Claude Lévi-Strauss et cet entretient est pour moi l'image même de la France et d'une Civilisation plutôt, une civilisation faite, d'intellligence bien sûr, mais surtout, de liberté et de maturité et de respect pour la  vie, la liberté et l'existence des autres, chose maintenant bien disparue dans notre monde Libéral-fasciste avec ses calotins sécuritaires et capitalistes, de parler clair, soigné et posé, mais sans affectation ni froideur, loin des fautes d'orthographe et de l'à peu près actuel, et dans la profonde beauté de la nature et des formes quelle recèle, la douceur ineffable d'un après-midi d'été.

(et aussi un visage du père du structuralisme différent du message qu'on a voulu lui faire porter dans les années 60, en fait il n'y avait pas de métaphysique "absurdiste" derrière son structuralisme, et même écoutez il dit de ces formes qu'il ne voyait pas comment elle pouvaient être le résultat dune évolution produite par le hasard, donc ?)

 

vidéo inoubliable


l'ensemble de ces vidéos :  http://www.youtube.com/watch?v=KApRdDeF_uw

LA MEME CHOSE AVEC UN PHYSICIEN   http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0060.gif


et n'oubliez pas d'avoir une pensée pour ces pauvres, si touchants, et si humains, Nambikwaras.

 

Nous somme tous des Nambikwaras !

 

et concernant les peuples qui disparaissent, oui des peuples disparaissent, appelez ça "génocide" ou "ethnocide" selon le cas, ou les deux, ça se passe en ce moment dans l'indifférence quasi générale :

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Vers-l-extinction-d...

ce qui fait que qq commente : "Quand j’entends une certaine communauté organisée qu’on n’a pas le droit de nommer qui parle de peuple martyr, là on en a un vrai qui souffre encore et qui à réellement disparu !!"

19/07/2013

pourquoi l'architecture contemporaine est-elle aussi moche ?

conférence de David Orbach

qui (écoutez là jusqu'au bout !) nous mène dans des réflexions philosophiques profondes, et dérangeanes, sur l'époque actuelle, sur les gens qui la peuplent - c'est à dire nous ! - et sur la vie et la morale elles-mêmes.

oh, au fait, pensez à relire ces chansons du groupe La Pafklik' :

http://lyrics.wikia.com/La_Pafklik:La_Povo
http://lyrics.wikia.com/La_Pafklik:Katakana

*

21/06/2013

Tant de vérités

dans ce poème de Paul Géraldy

et qui laissent rêveur

Mais ce qu'il dit là, ça vaut aussi à l'inverse ...... combien de gens ne rencontrent jamais l' "amour de leur vie", parfois à cause d'aussi infîmes hasards, combiens de gens qui auraient pu être tellement heureux, ne le seront jamais parce que la vie ne les aura jamais mis l'un en face de l'autre ....

 

CHANCE

Et pourtant, nous pouvions ne jamais nous connaître !
Mon amour, imaginez-vous
tout ce que le Sort dû permettre
pour que l’on soit là, qu’on s’aime, et pour que ce soit nous ?

 

Tu dis : « Nous étions nés l’un pour l’autre. » Mais pense
à ce qu’il a dû falloir de chances, de concours,
de causes, de coïncidences,
pour réaliser ça, simplement, notre amour !

 

Songe qu’avant d’unir nos têtes vagabondes,
nous avons vécu seuls, séparés, égarés,
et que c’est long, le temps, et que c’est grand, le monde,
et que nous aurions pu ne pas nous rencontrer.

 

As-tu jamais pensé, ma jolie aventure,
aux dangers que courut notre pauvre bonheur
quand l’un vers l’autre, au fond de l’infinie nature,
mystérieusement gravitaient nos deux coeurs ?

 

Sais-tu que cette course était bien incertaine
qui vers un soir nous conduisait,
et qu’un caprice, une migraine,
pouvaient nous écarter l’un de l’autre à jamais?

 

Je ne t’ai jamais dit cette chose inouïe :
lorsque je t’aperçus pour la première fois,
je ne vis pas d’abord que tu étais jolie.
Je pris à peine garde à toi.

 

Ton amie m’occupait bien plus, avec son rire.
C’est tard, très tard, que nos regards se sont croisés.
Songe, nous aurions pu ne pas savoir y lire,
et toi ne pas comprendre, et moi ne pas oser.

 

Où serions-nous ce soir si, ce soir-là, ta mère
t’avait reprise un peu plus tôt ?
Et si tu n’avais pas rougi, sous les lumières,
quand je voulus t’aider à mettre ton manteau ?

 

Car souviens-toi, ce furent là toutes les causes.
Un retard, un empêchement,
et rien n’aurait été du cher enivrement,
de l’exquise métamorphose !
Notre amour aurait pu ne jamais advenir !
Tu pourrais aujourd’hui n’être pas dans ma vie !…

 

Mon petit cœur, mon cœur, ma petite chérie,
je pense à cette maladie
dont vous avez failli mourir…                                                          (ça aussi)

 

Paul Géraldy (1885-1983)

regaredez, il a vécu 98 ans; ça lui fait une belle jambe ! ...

02/06/2013

c'est pas facile la vie

 

http://switchie2.files.wordpress.com/2013/03/odile_paques...



26/05/2013

un de plus beau poème de Roberts Frost

Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.





04/04/2013

Kafka

(Un autre livre qui mériterait de figurer parmi
les grands classiques de la littérature, c'est
La Course au mouton sauvage de Haruki Murakami)

Avez-vous lu « Le Château » ? Ce roman, le plus étrange, et en même temps le plus typique et le plus profond de Kafka qui commence par ce paragraphe inoubliable :
« Il était tard lorsque K. arriva. Une neige épaisse couvrait le village. La colline était cachée par la brume et par la nuit, nul rayon de lumière n’indiquait le grand Château. K. resta longtemps sur le pont de bois qui menait de la grand-route au village, les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides.»
Ce roman de 500 pages qui raconte les vains efforts d’un arpenteur, dont on ne sait rien qu’une initiale, K., pour obtenir un permis de séjour dans un village dominé par un mystérieux Château, est resté inachevé, par la mort de l’auteur (encore un symbole, même s’il est involontaire !) mais on sait comment il avait l’intention que finisse son roman :
L’« arpenteur » obtient finalement satisfaction, mais au moment où il meurt d épuisement. Autour de son lit de mort la commune se rassemble, et c’est à ce moment qu’arrive su Château une décision déclarant que K. n’a pas réellement droit de cité au village mais qu’on l’autorise tout de même à y vivre et y travailler par égard pour certaines circonstances accessoires.
Comme dit le procès-verbal de Momus :
« L’arpenteur K. devait d’abord chercher à se fixer au village. Ce n’était pas aisé, car personne n’avait besoin de ses travaux, personne ne voulait le recevoir, hormis l’aubergiste du Pont dont il avait surpris la bonne volonté, personne ne se souciait de lui. »
Si vous n’avez pas encore compris l’ami de Kafka, qui l’a édité, dit dans sa postface :
« on peut dire que ce « Château » où K. n’obtient pas le droit d’entrer et dont il ne peut même pas approcher comme il faut, est exactement la « Grâce » au sens des théologiens, le gouvernement de Dieu qui dirige les destinées humaines (le « village »), la vertu des hasards et des délibérations mystérieuses qui planent au-dessus de nous.
….
et comme l’homme épie, perplexe, tendant l’oreille aux bruits du monde qui ne répond que par le silence ou par les oracles les plus divers à son éternelle question concernant le bien et le mal, et comme pourtant l’espoir reste indéracinable au fond de son âme sur la seule voie  qui lui soit destinée ! Jeux de cache-cache de l’intuition, retards, obscurités, donquichotteries, difficultés, impossibilités de la condition humaine, … et ce pressentiment qui transparaît quand même à travers toutes nos erreurs, d’un ordre qui doit nécessairement régner dans des sphères plus hautes.
Il évoque aussi le rôle que jouent les femmes dans tout ça :  
Un passage du manuscrit, biffé (et c’est encore là une singularité de l’auteur : les passages supprimés paraissent aussi beaux que le reste, aussi essentiels), dit donc : «  Il était obligé de s’avouer que, s’il eût trouvé ici Pepi au lieu de Frieda et qu’il lui eût supposé la moindre relation avec le « Château », il eût cherché à presser le mystère sur son sein du même cœur qu’il avait pressé Frieda. »

Et conclut par :

Cet «à faux » des efforts que l’homme entreprend pour comprendre Dieu, cette impossibilité où se trouve sa raison de lancer un pont sur l’abîme, ne pouvaient se trouver mieux rendus
Kafka – pour m’exprimer avec sa discrétion – a « beaucoup vu », il a vu beaucoup de choses qu’on ne soupçonnait pas avant lui.
(Max Brod)

Quand à Camus, dont les personnages semblent dans la même situation que K. il dit dans « Le Mythe de Sisyphe » :
« Lorsque K… téléphone au château, ce sont des voix confuses et mêlées, des rires vagues, des appels lointains qu’il perçoit. Cela suffit à nourrir son espoir, comme ces quelques signes qui paressent dans les ciels d’été ou ces promesses du soir qui font notre raison de vivre. »

Voici un passage du roman :

Olga :
« Il se tuait en pèlerinages et ces démarches qui, sans l’argent, eussent pris rapidement la fin qu’elles méritaient, traînaient en longueur grâce à nous. Comme on ne pouvait vraiment rien faire d’extraordinaire pour les suppléments qu’il payait, un secrétaire essayait quelquefois de lui donner un semblant de satisfaction en lui promettant une enquête et en laissant percer une allusion à certaines traces qu’on aurait déjà trouvées et qu’on suivait, non par devoir, mais par sympathie pour le père ; et le père, au lieu de se défier un peu plus, devenait un peu plus crédule. Quand il avait reçu ces promesses sans valeur, il revenait à la maison comme s’il nous eût apporté la bénédiction du Bon Dieu, et c’était supplice que de le voir grimacer derrière Amalia en ouvrant de grands yeux, en souriant d’un air fin et en nous la montrant du doigt pour nous donner à entendre que la réhabilitation de sa fille était sur le point de s’accomplir grâce aux efforts qu’il avait faits.
….
Il avait formé le dessein de se poster près du Château sur la grand-route à l’endroit où passaient les voitures des fonctionnaires et si l’occasion s’en offrait, de présenter sa demande de pardon. A parler franc, c’était un projet dénué de toute raison, même si l’impossible s’était produit et que sa prière fut parvenue jusqu’à l’oreille d’un fonctionnaire. ….. on peut passer des heures à la leur expliquer, ils remuent la tête poliment mais ils ne comprennent pas un mot. Et c’est bien naturel ; vous n’avez qu’à chercher à comprendre les petites questions administratives qui vous concernent personnellement, des affaires de rien du tout qu’un fonctionnaire règle d’un haussement d ‘épaule, cherchez à les comprendre à fond, vous aurez trouvé du travail pour toute votre vie et vous n’en viendrez pas à bout.
Les moindres détails extérieurs hurlaient l’impossibilité de l’entreprise.
….
Le récit d’Olga lui découvrait la perspective d’un monde si grand, d’un univers si invraisemblable qu’il ne pouvait s’empêcher de la confronter un peu avec ses petites expériences pour se convaincre plus nettement de l’existence de ce monde aussi bien que du sien.
-                     C’est possible, dit Olga, mais … en tout cas aucun d’entre eux n’a de temps à perdre avec le père. Et puis le Château a plusieurs entrées : une fois c’est l’une qui est à la mode et tout le monde passe par-là, une autre fois c’est une autre et les voitures y affluent. D’après quelles règles ces changements s’opèrent-ils ? On n’a pas encore pu le trouver. D’ailleurs, comme le lieu des sorties, le nombres des voitures varie constamment lui aussi suivant des lois impénétrables. Il se passe souvent un jour entier sans qu’on en aperçoive une seule, puis elles processionnent sans arrêt. Et maintenant, en face de ce défilé, représentes-toi notre père. Vêtu de son plus bel habit qui sera bientôt le seul qui lui reste, il quitte la maison chaque matin, escorté de nos bénédictions.  Il emporte un petit insigne de pompier – auquel, au fond, il n’a plus droit – pour l’arborer hors du village ; au village même il a peur de le montrer bien que cet insigne soit si minuscule qu’on ne le voit pas à deux pas ; mais le père s’imagine que ce brimborion va attirer sur lui l’attention des fonctionnaires qui passent au fond de leurs voitures ! Non loin de l’entrée du Château sont les jardins d’un maraîcher, un certain Bertuch, ce fut là, sur le rebord du mur étroit qui supporte la grille du jardin, que le père choisit une place.

Le père restait  donc assis là tous les jours ; l’automne était morne et pluvieux.

Par la suite il cessa de raconter ces détails, il n’espérait sans doute plus rien, ce n’était plus que par devoir, pour faire son aride métier, qu’il allait à-bas passer sa journée. Ce fut à cette époque que commencèrent ses douleurs rhumatismales.

Jusqu’à ce qu’un beau matin le père ne put plus tirer hors du lit ses jambes raides ; il était désespéré ; il croyait voir dans son délire une voiture qui s’arrêtait justement devant chez Bertuch, un fonctionnaire qui descendait, le cherchait le long de la grille, et, dépité, remontait en hochant la tête dans sa voiture ;L père poussait alors de tels cris qu’on eût cru qu’il cherchait à se faire entendre du fonctionnaire de si loin et à lui expliquer combien il était peu coupable de son absence.
….
Et c’est fut alors que commença ce semblant de service dont je t’ai parlé. Barnabé pénétra pour la première fois au Château, ou , plus exactement dans le bureau qui est devenu pour ainsi dire le centre de ses opérations avec une facilité faite pour surprendre tout le monde.
….
Mais si moi, K., j’ai parfois dénigré ce service de messager, ce n’était pas dans l’intention de te tromper, c’était par peur. Ces deux lettres qui sont passées par les mains de Barnabé constituent depuis trois ans le premier signe de clémence qui ait jamais été adressé à notre famille. Ce revirement, si c’en est un et non une illusion – car ici les illusions sont plus fréquentes que les revirements – est en rapport avec ta venue.
….
- Pourtant, dit K., toi et Amalia, vous cherchez toutes deux à m'oter de plus en plus confiance dans les messages.
- Oui, dit Olga, c'est ce qu fait Amalia; et je l'imite. C'est l'effet de ce manque d'espoir qui nous accable. Nous croyons que l'absence d'intérêt des messages est une chose tellement évidente que nous ne risqons  de faire aucun mal en en parlant, et qu'au contraire nous nous rendons par là plus dignes de ta confiance et de ta pitié, les seules choses dans lesquelles nous espérions au fond; Me comprends-tu? Voilà comment nous raisonnons. Les messages sont sans intérêt, on ne saurait y puiser directemen nulle force, tu es trop intelligent pour t'y laisser tromper, et, si nous pouvions te tromper, Barnabé ne serait qu'un porteur de mensonges.

......
- Non, dit Olga, tu t'y trompes et peut-être s'y laisset-il prendre lui aussi; à quoi est-il donc arrivé? Il a le droit d'entrer dans un bureau, et encore cette salle où il entre n'a même pas l'air d'être un bureau, c'est peut-être tout simplement l'antichambre des vrais bureaux, et peut-être même pas, c'est peut-être une pièce où l'on retient tous ceux qui n'ont pas le droit d'entrer dans les vrais bureaux; Il parle avec Klamm, .. mais est-ce Klamm, N'est-ce pas plutôt quelqu'un qui ressemble un peu à Klamm? un secrétaire peut-être, en mettant les choses au mieux, qui ressemble  un peu à Klamm et qui travaille à lui ressembler encore plus, qui prend le genre endormi de Klamm et son air de rêver toujours; c'est par ce côté qu'il est le plus facile à imiter, aussi bien des gens s'essaient-ils de le copier en cela, laissant prudemment de côté le reste de l'original. Un homme aussi souvent recherché et aussi rarement atteint que Klamm prend facilement dans l'imagination des gens des sillouhettes différentes."


Quelques interprétations des symboles qu’on peut déduire du récit (la lecture de ce roman, comme vous vous êtes peut-être rendu compte, stimule l'intellect et l'intuition, et les met en recherche de significations symboliques cachées) :
l’Arpenteur = l’homme et sa raison
Barnabé : l’Église, les « Prophètes »
Les aides = les instincts
Klamm = Dieu
Sortini ? Le Christ ?
Momus  = le Pape
Erlanger = Vishnou endormi.

C'est un livre que certains jugeront sans doute ennuyeux et  plein de détails et de propos oiseux (c'est voulu !) mais que beaucoup d'autres liront avec passion, enchantés et retenus par le mystérieux "je ne sais quoi" qui s'en dégage, et  année après année toujours il éprouveront le désir de replonger dedans !

20/03/2013

VERCORS - Sylva

Parmi les innombrables émissions merveilleuses et inoubliables qu'il y avait autrefois à la radio, il y avait sur France IV, devenu, lors du commencement de la fin, "Inter-Variétés" au début de chaque fin d'après-midi à cinq heures une émission pour les femmes "Rendez-vous à cinq heures", et dans le cours de cette émission il y avait toujours un moment de lecture suivie d'un roman. J'en ai découvert plusieurs par ce moyen, et il y en a plusieurs que je n'ai pas oubliés, et que j'entends encore. L'un d'eux fut "Sylva" de Vercors. (NOUVEAU: il y a un site qui l'étudie de manière détaillée, ici http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/sylva.html) Roman sur le thème, central chez lui, de savoir quelle est la différence entre les hommes et les bêtes, qu'est-ce qui fait un homme? Dans ce roman il imagine qu'une renarde est devenue tout à coup, par un phénomène non expliqué, une femme.
Ce livre a en fait des défauts exaspérants: il pue le racisme social ainsi que les préjugés rancis de cette époque encore idéologiquement aveuglée au sujet des animaux par l'ideologie-Descartes/Malbranche et les rites verbaux (ah ce fameux "instinct"!) de plusieurs siècles de refus-de-voir crispé. Mais si j'y suis resté attaché, au point de l'acheter trente ans plus tard exprès ! ( c'etait l'édition originale, il n'a jamais été réédité, avec des pages à couper et il y en a que j'ai laissées en l'état) c'est bien sûr à cause du souvenir. Et puis aussi à cause de ce passage, qui m'avais bien sûr marqué à l'époque, quoiqu' il ne m'apprenait rien (justement parce qu'il ne m'apprenait rien, l'épouvante de la mort fut l'ombre majeure de mon enfance, et je ne comprends toujours pas, c'est une chose qui m'effare totalement, comment se fait-il que les gens puissent vivre "comme s'ils ne savaient pas" (A. Camus) et pourquoi il n'y a pas des milliers d'enfants qui se suicident à 10-13 ans, c. à d. une fois arrivés à l'âge de se rendre compte ?) le moment où Sylva, la renarde devenue femme, découvre la mort.
Voici, donc, justement, extrait de cette édition de 1961, le passage en question. Avec ce fameux et tellement classique "argument" pour rassurer les gens, le plus classique, et de loin le plus con ! - mais si souvent efficace, il se base sur la faiblesse infinie de l'intelligence humaine, et l'engourdissement encore plus infini de sa sensibilité (qui cause bien d'autres aberrations et inconsciences de la pensée, pas seulement celle-là !) parmi ceux qu'on nous sert pour "think positive !" sur ce sujet : celui qui ici appraît sous ces mots : "Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d’y penser ! "


« Quand nous la rejoignîmes un peu plus tard, elle avait en effet déterré le chien, mais elle ne l’avait pas touché. Après une journée passé en terre, il était devenu assez atroce : attaqué par les fourmis, les taupes, les nécrophores, il ressemblait déjà, au fond de son trou, à une vielle peau de bique toute mitée, usée, percée, au surplus maculée d’humeurs saignantes. L’odeur commençait à être peu supportable. Sylva regardait la charogne dans une immobilité impressionnante. Je m’approchai d’elle, l’entourai de mon bras, je dis doucement :

Tu vois, il est mort.


Sylva ne quittait pas des yeux son malheureux copain. Elle commença de trembler, très légèrement, mais sans arrêt. C’était plutôt un long frémissement interminable. Je la pressais bien fort contre moi. Enfin elle demanda, avec une espèce de difficulté, comme si elle avait eu du mal à faire usage de la parole :

- Plus… jouer… ?

Je dis avec autant de douceur que je pus :

- Non, ma petite Sylva. Pauvre Baron, plus jouer.

Sylva tremblait avec une intensité croissante. Et puis elle arracha son regard de la triste dépouille, et alors elle le posa sur moi. Ce n’était pas un regard questionneur. C’était plutôt une sorte d’examen aigu, étrangement aigu de mon visage. Comme une méditation profonde sur la signification d’une figure humaine. Mo, je la laissais faire, sans rien dire, n’osant ni tout à fait sourire, ni tout à fait montrer un visage trop grave, trop attristé. Je lui rendais son regard avec tendresse mais ce n’était pas mes yeux qu’elle regardait. C’étaient mon nez, mes lèvres, mon menton. Et à la fin elle demanda, mais sa voix était plate (1) et sans intonation :

- Bonny aussi, plus jouer ?

j’éclatai d’un rire discret, plus bas que haut, un rire émis seulement pour rassurer cette crainte singulière.

- Mais si, Bonny jouera encore. Il n’est pas mort, Bonny ! Il se porte tout à fait bien.


Et répéta, d’un ton impérieux :

- Bonny aussi, plus jouer ?


- Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d'y penser!

Et quand enfin elle retrouva son souffle, je crus que – comme un nouveau-né – elle allait se mettre à hurler. Et en effet elle se mit à hurler, mais elle hurlait des mots, des « Veux pas ! Veux pas ! … » sans fin avec des grimaces si douloureuses que son frais et charmant visage triangulaire devin d’une laideur simiesque (sic), tout plissé et tout cramoisi.


Elle avait murmuré : « Et Sylva ?… « et je n’avais pas osé répondre. D’ailleurs attendait-elle une réponse ? N’en était-ce pas une que sa question ? Elle dit « Et Sylva ?… » et regarda Nanny. Et en la regardant plutôt que moi, elle sentait bien, elle devinait bien, qu’elle se heurterait à une défense plus faible. Et en effet, sous ce regard, la pauvre Nanny faiblit, elle ne put cacher son émoi ni sa peine. Elle tendit vers Sylva ses deux bras avec une expression de pitié, d’affection consternées. Mais loin de se précipiter, la jeune fille bondit en arrière. Elle nous dévisagea l’un après l’autre, avec une espèce de haine. Sa bouche s’ouvrit, mais elle ignorait les injures. Alors elle tourna sur elle-même et s’enfui.



VERCORS « Sylva » - 1961 – p.222-2

19/03/2013

graveco de l'karesado

 

«Per l’haŭto ĉefe iĝis ni amantpovajn estaĵoj.» (Pr. HARLOW)

[ en « La patrina dorlota sistemo ĉe la rhesus simio » Rheingold Eld.]
“Haŭto estas emocifonto.” (Dro. Leleu)

„Karesi ne estas tuŝi aĵon, tio estas kiel knedi iom da animo mem.“ R.P.

 


Karesmanko ĉe la bestoj

 

Plej el la bestoj ŝatas karesojn de la homo ; la dombestoj – precipe hundoj kaj katoj – petas ilin. La sovaĝaj bestoj kvietiĝas pro efiko de milda mano. Ekzemple al la delfenoj plaĉas, ke oni gratas ilian dorson.

 

La haŭta stimulado plej grava ĉe la bestoj estas lekado. Ĉu ili sin lekas (memlekado), ĉu ili lekas siajn idojn (amlekado).

 

La eksperimentoj fare de Harlow pri simioj estas plej pruvefektaj. En kaĝo li lokigas sur unu ekstremo simiinaspektan manekenon el dratreto kovrita per densa lanaĵo kaj varmigita per elektra lampo. Sur la alia ekstremo li lokigas dratretan manekenon nudan kaj malvarman.

 

Dum unua eksperimento oni disponigas aŭtomate liverantan suĉbotelon en la lana manekeno : oni konstatas, ke la bebo pasis 18 horojn el 24 apud ĝi, kaj neniu apud tiu el nuda dratreto. Dum unu dua eksperimento oni lokigas la suĉbotelon en la patrina surogato el nuda dratreto ; la bebo pasigas unu horon apud ĝi, kaj 7 ĝis 16 horojn apud la lana !

 

La patrina « funkcio » do ne reduktiĝas je sia nutriga tereno ; la funkcio estas ankaŭ liveri korpan agrablan kontakton. La mamnutrado plenumas ne nur nutran rolon, sed ankaŭ emocian rolon, kiel emfazas Harlow plivastigante je la homoj : « Ja la homo ne vivas nur el lakto » (1) Jes ĝi vivas el kontaktoj varmaj, koraj kaj mildaj. Tio estas « la lakto de tenereco ».(2)

 

Dum aliaj eksperimentoj Harlow metas nur manekenojn el simpla dratreto. La idoj tiam buliĝas sur sin kaj sinkas en obtuziĝo el kiu ili eliĝas nur por pasiege suĉi sian polekson kaj piedfingrojn, aŭ balanciĝi senfine. Ili iĝas agresemaj kaj memvundas.

 

Poste tiuj orfoj havos sociajn kaj seksajn kondutojn misregulitaj : ĉeestigitaj je siaj samspeculoj ili evidentiĝas malkapablaj al ludoj, kaj evitas kontaktojn ; ĉeestigitaj je virsimioj la simiinoj ne alprenas sekskuniĝan pozicion. Post la nasko ili ne plenumas sian patrinrolon kaj restas indiferentaj je siaj idoj.

 

Tiuj perturboj estus malpliaj aŭ ne ekzistus, se oni estus eniginta en la kaĝon de la orfaj beboj infansimiojn po unu horo tage. « Lekado aŭ ĝiaj samvaloraĵoj aliforme plezuraj, estas unu inter la faktoroj, kiuj kunlaboras al iĝo de la kapablo ami. » (Ashley Montagu)

 

Aliaj eksperimentistoj interesiĝante pri ratoj montris, ke la karesitaj individuoj estas malstresaj, kvietaj, fleksiĝemaj, fidemaj, kaj eĉ aŭdacaj ; ilia lernigado estas pli sukcesa, ilia kresko pli rapida, ilia eltenemo kontraŭ infektoj pli alta, ilia cerbo pli peza. Male la ratoj ricevantaj la nur necesaj prizorgadojn, en pura indiferenteco, estas stresaj, malkvietaj, streĉaj, timemaj kaj agresemaj.
(nu, nun pripensu la problemojn de la nuna socio …)

 


Ĉ
e la infanoj

 

Kompreneble ĉio ĉi des pli validas pri la homaj estaĵoj.

 

En la usonaj orfejoj, ĝis la komenco de ĉi jarcento (la XX-a), 90% el la infanoj mortis antaŭ aĝo de unu jaro, post malrapida konsumiĝo. Tamen la nutrado kaj higieno liveritaj al ili estis neriprocheblaj. Kuracistoj ekkonsciis, ke ili mortadis pro ammanko, kaj rekomendis al la laborantaro dorloti al ili samkiele al siaj propraj infanoj. La mortkvanto iĝis 10% .

 

En la malsanulejoj, kie ili loĝas longtempe, aŭ en la orfejoj, la infanoj montras malfruiĝon rilate sia kresko kaj psiko-mova malvolviĝo ; ilia haŭto estas mola kaj pala ; ila konduto estas stranga : ili rifuzas kontakton, restas rigidaj en brakumo, ne estas amumemaj ; ili suĉas sian polekson kaj balanciĝas. Tio ĉar al ili mankas la karesoj, sen kiuj estaĵo ne povas ekflori kaj plenumiĝi.

 

Kaj la plenkreskuloj

 

La furoro ĉe niaj samtempuloj je la « karesoj » de l’maro aŭ l’suno, evidentigas konjekteble, akrecon de la vivo kaj manko pri tenero ; kiel egale adopto pli kaj pli ofta je dorlotbestoj utilas kiel surogato je la karesado kaj varmo homaj.

 

Kaj oni trovas ĉi tie la plenan karavanon de la psiko-somaj malsanoj tiom bone studitaj de Freud, Grodeck kaj Balint.

 

Oni retrovas en la korpsinteno kaj la konduto de tiuj senkaresaj plenkreskuloj la samajn deteniĝojn, rigidecoj, kaj mallertecoj, kiuj ekmontriĝis ĉe infanoj, kaj kiuj plejaltas ĉe iuj maljunaj fraŭloj aŭ fraŭlinoj, aŭ ĉe la disputemaj edzinoj kaj frostmienaj edzoj.

 


 



(1) aludo al la diro de Jezuo Kristo « la homo ne vivas nur el pano, sed el la parolo de Dio ».

 

(2) konata esprimo de Ŝekspiro : « the milk of human kindness

 

esperantigis R. Platteau junio 2003