26/05/2013
un de plus beau poème de Roberts Frost
Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.
04/04/2013
Kafka
(Un autre livre qui mériterait de figurer parmi
les grands classiques de la littérature, c'est
La Course au mouton sauvage de Haruki Murakami)
Avez-vous lu « Le Château » ? Ce roman, le plus étrange, et en même temps le plus typique et le plus profond de Kafka qui commence par ce paragraphe inoubliable :
« Il était tard lorsque K. arriva. Une neige épaisse couvrait le village. La colline était cachée par la brume et par la nuit, nul rayon de lumière n’indiquait le grand Château. K. resta longtemps sur le pont de bois qui menait de la grand-route au village, les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides.»
Ce roman de 500 pages qui raconte les vains efforts d’un arpenteur, dont on ne sait rien qu’une initiale, K., pour obtenir un permis de séjour dans un village dominé par un mystérieux Château, est resté inachevé, par la mort de l’auteur (encore un symbole, même s’il est involontaire !) mais on sait comment il avait l’intention que finisse son roman :
L’« arpenteur » obtient finalement satisfaction, mais au moment où il meurt d épuisement. Autour de son lit de mort la commune se rassemble, et c’est à ce moment qu’arrive su Château une décision déclarant que K. n’a pas réellement droit de cité au village mais qu’on l’autorise tout de même à y vivre et y travailler par égard pour certaines circonstances accessoires.
Comme dit le procès-verbal de Momus :
« L’arpenteur K. devait d’abord chercher à se fixer au village. Ce n’était pas aisé, car personne n’avait besoin de ses travaux, personne ne voulait le recevoir, hormis l’aubergiste du Pont dont il avait surpris la bonne volonté, personne ne se souciait de lui. »
Si vous n’avez pas encore compris l’ami de Kafka, qui l’a édité, dit dans sa postface :
« on peut dire que ce « Château » où K. n’obtient pas le droit d’entrer et dont il ne peut même pas approcher comme il faut, est exactement la « Grâce » au sens des théologiens, le gouvernement de Dieu qui dirige les destinées humaines (le « village »), la vertu des hasards et des délibérations mystérieuses qui planent au-dessus de nous.
….
et comme l’homme épie, perplexe, tendant l’oreille aux bruits du monde qui ne répond que par le silence ou par les oracles les plus divers à son éternelle question concernant le bien et le mal, et comme pourtant l’espoir reste indéracinable au fond de son âme sur la seule voie qui lui soit destinée ! Jeux de cache-cache de l’intuition, retards, obscurités, donquichotteries, difficultés, impossibilités de la condition humaine, … et ce pressentiment qui transparaît quand même à travers toutes nos erreurs, d’un ordre qui doit nécessairement régner dans des sphères plus hautes.
Il évoque aussi le rôle que jouent les femmes dans tout ça :
Un passage du manuscrit, biffé (et c’est encore là une singularité de l’auteur : les passages supprimés paraissent aussi beaux que le reste, aussi essentiels), dit donc : « Il était obligé de s’avouer que, s’il eût trouvé ici Pepi au lieu de Frieda et qu’il lui eût supposé la moindre relation avec le « Château », il eût cherché à presser le mystère sur son sein du même cœur qu’il avait pressé Frieda. »
Et conclut par :
…
Cet «à faux » des efforts que l’homme entreprend pour comprendre Dieu, cette impossibilité où se trouve sa raison de lancer un pont sur l’abîme, ne pouvaient se trouver mieux rendus
Kafka – pour m’exprimer avec sa discrétion – a « beaucoup vu », il a vu beaucoup de choses qu’on ne soupçonnait pas avant lui.
(Max Brod)
Quand à Camus, dont les personnages semblent dans la même situation que K. il dit dans « Le Mythe de Sisyphe » :
« Lorsque K… téléphone au château, ce sont des voix confuses et mêlées, des rires vagues, des appels lointains qu’il perçoit. Cela suffit à nourrir son espoir, comme ces quelques signes qui paressent dans les ciels d’été ou ces promesses du soir qui font notre raison de vivre. »
Voici un passage du roman :
Olga :
« Il se tuait en pèlerinages et ces démarches qui, sans l’argent, eussent pris rapidement la fin qu’elles méritaient, traînaient en longueur grâce à nous. Comme on ne pouvait vraiment rien faire d’extraordinaire pour les suppléments qu’il payait, un secrétaire essayait quelquefois de lui donner un semblant de satisfaction en lui promettant une enquête et en laissant percer une allusion à certaines traces qu’on aurait déjà trouvées et qu’on suivait, non par devoir, mais par sympathie pour le père ; et le père, au lieu de se défier un peu plus, devenait un peu plus crédule. Quand il avait reçu ces promesses sans valeur, il revenait à la maison comme s’il nous eût apporté la bénédiction du Bon Dieu, et c’était supplice que de le voir grimacer derrière Amalia en ouvrant de grands yeux, en souriant d’un air fin et en nous la montrant du doigt pour nous donner à entendre que la réhabilitation de sa fille était sur le point de s’accomplir grâce aux efforts qu’il avait faits.
….
Il avait formé le dessein de se poster près du Château sur la grand-route à l’endroit où passaient les voitures des fonctionnaires et si l’occasion s’en offrait, de présenter sa demande de pardon. A parler franc, c’était un projet dénué de toute raison, même si l’impossible s’était produit et que sa prière fut parvenue jusqu’à l’oreille d’un fonctionnaire. ….. on peut passer des heures à la leur expliquer, ils remuent la tête poliment mais ils ne comprennent pas un mot. Et c’est bien naturel ; vous n’avez qu’à chercher à comprendre les petites questions administratives qui vous concernent personnellement, des affaires de rien du tout qu’un fonctionnaire règle d’un haussement d ‘épaule, cherchez à les comprendre à fond, vous aurez trouvé du travail pour toute votre vie et vous n’en viendrez pas à bout.
Les moindres détails extérieurs hurlaient l’impossibilité de l’entreprise.
….
Le récit d’Olga lui découvrait la perspective d’un monde si grand, d’un univers si invraisemblable qu’il ne pouvait s’empêcher de la confronter un peu avec ses petites expériences pour se convaincre plus nettement de l’existence de ce monde aussi bien que du sien.
- C’est possible, dit Olga, mais … en tout cas aucun d’entre eux n’a de temps à perdre avec le père. Et puis le Château a plusieurs entrées : une fois c’est l’une qui est à la mode et tout le monde passe par-là, une autre fois c’est une autre et les voitures y affluent. D’après quelles règles ces changements s’opèrent-ils ? On n’a pas encore pu le trouver. D’ailleurs, comme le lieu des sorties, le nombres des voitures varie constamment lui aussi suivant des lois impénétrables. Il se passe souvent un jour entier sans qu’on en aperçoive une seule, puis elles processionnent sans arrêt. Et maintenant, en face de ce défilé, représentes-toi notre père. Vêtu de son plus bel habit qui sera bientôt le seul qui lui reste, il quitte la maison chaque matin, escorté de nos bénédictions. Il emporte un petit insigne de pompier – auquel, au fond, il n’a plus droit – pour l’arborer hors du village ; au village même il a peur de le montrer bien que cet insigne soit si minuscule qu’on ne le voit pas à deux pas ; mais le père s’imagine que ce brimborion va attirer sur lui l’attention des fonctionnaires qui passent au fond de leurs voitures ! Non loin de l’entrée du Château sont les jardins d’un maraîcher, un certain Bertuch, ce fut là, sur le rebord du mur étroit qui supporte la grille du jardin, que le père choisit une place.
…
Le père restait donc assis là tous les jours ; l’automne était morne et pluvieux.
…
Par la suite il cessa de raconter ces détails, il n’espérait sans doute plus rien, ce n’était plus que par devoir, pour faire son aride métier, qu’il allait à-bas passer sa journée. Ce fut à cette époque que commencèrent ses douleurs rhumatismales.
…
Jusqu’à ce qu’un beau matin le père ne put plus tirer hors du lit ses jambes raides ; il était désespéré ; il croyait voir dans son délire une voiture qui s’arrêtait justement devant chez Bertuch, un fonctionnaire qui descendait, le cherchait le long de la grille, et, dépité, remontait en hochant la tête dans sa voiture ;L père poussait alors de tels cris qu’on eût cru qu’il cherchait à se faire entendre du fonctionnaire de si loin et à lui expliquer combien il était peu coupable de son absence.
….
Et c’est fut alors que commença ce semblant de service dont je t’ai parlé. Barnabé pénétra pour la première fois au Château, ou , plus exactement dans le bureau qui est devenu pour ainsi dire le centre de ses opérations avec une facilité faite pour surprendre tout le monde.
….
Mais si moi, K., j’ai parfois dénigré ce service de messager, ce n’était pas dans l’intention de te tromper, c’était par peur. Ces deux lettres qui sont passées par les mains de Barnabé constituent depuis trois ans le premier signe de clémence qui ait jamais été adressé à notre famille. Ce revirement, si c’en est un et non une illusion – car ici les illusions sont plus fréquentes que les revirements – est en rapport avec ta venue.
….
- Pourtant, dit K., toi et Amalia, vous cherchez toutes deux à m'oter de plus en plus confiance dans les messages.
- Oui, dit Olga, c'est ce qu fait Amalia; et je l'imite. C'est l'effet de ce manque d'espoir qui nous accable. Nous croyons que l'absence d'intérêt des messages est une chose tellement évidente que nous ne risqons de faire aucun mal en en parlant, et qu'au contraire nous nous rendons par là plus dignes de ta confiance et de ta pitié, les seules choses dans lesquelles nous espérions au fond; Me comprends-tu? Voilà comment nous raisonnons. Les messages sont sans intérêt, on ne saurait y puiser directemen nulle force, tu es trop intelligent pour t'y laisser tromper, et, si nous pouvions te tromper, Barnabé ne serait qu'un porteur de mensonges.
......
- Non, dit Olga, tu t'y trompes et peut-être s'y laisset-il prendre lui aussi; à quoi est-il donc arrivé? Il a le droit d'entrer dans un bureau, et encore cette salle où il entre n'a même pas l'air d'être un bureau, c'est peut-être tout simplement l'antichambre des vrais bureaux, et peut-être même pas, c'est peut-être une pièce où l'on retient tous ceux qui n'ont pas le droit d'entrer dans les vrais bureaux; Il parle avec Klamm, .. mais est-ce Klamm, N'est-ce pas plutôt quelqu'un qui ressemble un peu à Klamm? un secrétaire peut-être, en mettant les choses au mieux, qui ressemble un peu à Klamm et qui travaille à lui ressembler encore plus, qui prend le genre endormi de Klamm et son air de rêver toujours; c'est par ce côté qu'il est le plus facile à imiter, aussi bien des gens s'essaient-ils de le copier en cela, laissant prudemment de côté le reste de l'original. Un homme aussi souvent recherché et aussi rarement atteint que Klamm prend facilement dans l'imagination des gens des sillouhettes différentes."
Quelques interprétations des symboles qu’on peut déduire du récit (la lecture de ce roman, comme vous vous êtes peut-être rendu compte, stimule l'intellect et l'intuition, et les met en recherche de significations symboliques cachées) :
l’Arpenteur = l’homme et sa raison
Barnabé : l’Église, les « Prophètes »
Les aides = les instincts
Klamm = Dieu
Sortini ? Le Christ ?
Momus = le Pape
Erlanger = Vishnou endormi.
C'est un livre que certains jugeront sans doute ennuyeux et plein de détails et de propos oiseux (c'est voulu !) mais que beaucoup d'autres liront avec passion, enchantés et retenus par le mystérieux "je ne sais quoi" qui s'en dégage, et année après année toujours il éprouveront le désir de replonger dedans !
20/03/2013
VERCORS - Sylva
Parmi les innombrables émissions merveilleuses et inoubliables qu'il y avait autrefois à la radio, il y avait sur France IV, devenu, lors du commencement de la fin, "Inter-Variétés" au début de chaque fin d'après-midi à cinq heures une émission pour les femmes "Rendez-vous à cinq heures", et dans le cours de cette émission il y avait toujours un moment de lecture suivie d'un roman. J'en ai découvert plusieurs par ce moyen, et il y en a plusieurs que je n'ai pas oubliés, et que j'entends encore. L'un d'eux fut "Sylva" de Vercors. (NOUVEAU: il y a un site qui l'étudie de manière détaillée, ici http://vercorsecrivain.pagesperso-orange.fr/sylva.html) Roman sur le thème, central chez lui, de savoir quelle est la différence entre les hommes et les bêtes, qu'est-ce qui fait un homme? Dans ce roman il imagine qu'une renarde est devenue tout à coup, par un phénomène non expliqué, une femme.
Ce livre a en fait des défauts exaspérants: il pue le racisme social ainsi que les préjugés rancis de cette époque encore idéologiquement aveuglée au sujet des animaux par l'ideologie-Descartes/Malbranche et les rites verbaux (ah ce fameux "instinct"!) de plusieurs siècles de refus-de-voir crispé. Mais si j'y suis resté attaché, au point de l'acheter trente ans plus tard exprès ! ( c'etait l'édition originale, il n'a jamais été réédité, avec des pages à couper et il y en a que j'ai laissées en l'état) c'est bien sûr à cause du souvenir. Et puis aussi à cause de ce passage, qui m'avais bien sûr marqué à l'époque, quoiqu' il ne m'apprenait rien (justement parce qu'il ne m'apprenait rien, l'épouvante de la mort fut l'ombre majeure de mon enfance, et je ne comprends toujours pas, c'est une chose qui m'effare totalement, comment se fait-il que les gens puissent vivre "comme s'ils ne savaient pas" (A. Camus) et pourquoi il n'y a pas des milliers d'enfants qui se suicident à 10-13 ans, c. à d. une fois arrivés à l'âge de se rendre compte ?) le moment où Sylva, la renarde devenue femme, découvre la mort.
Voici, donc, justement, extrait de cette édition de 1961, le passage en question. Avec ce fameux et tellement classique "argument" pour rassurer les gens, le plus classique, et de loin le plus con ! - mais si souvent efficace, il se base sur la faiblesse infinie de l'intelligence humaine, et l'engourdissement encore plus infini de sa sensibilité (qui cause bien d'autres aberrations et inconsciences de la pensée, pas seulement celle-là !) parmi ceux qu'on nous sert pour "think positive !" sur ce sujet : celui qui ici appraît sous ces mots : "Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d’y penser ! "
« Quand nous la rejoignîmes un peu plus tard, elle avait en effet déterré le chien, mais elle ne l’avait pas touché. Après une journée passé en terre, il était devenu assez atroce : attaqué par les fourmis, les taupes, les nécrophores, il ressemblait déjà, au fond de son trou, à une vielle peau de bique toute mitée, usée, percée, au surplus maculée d’humeurs saignantes. L’odeur commençait à être peu supportable. Sylva regardait la charogne dans une immobilité impressionnante. Je m’approchai d’elle, l’entourai de mon bras, je dis doucement :
Tu vois, il est mort.
…
Sylva ne quittait pas des yeux son malheureux copain. Elle commença de trembler, très légèrement, mais sans arrêt. C’était plutôt un long frémissement interminable. Je la pressais bien fort contre moi. Enfin elle demanda, avec une espèce de difficulté, comme si elle avait eu du mal à faire usage de la parole :- Plus… jouer… ?
Je dis avec autant de douceur que je pus :
- Non, ma petite Sylva. Pauvre Baron, plus jouer.
Sylva tremblait avec une intensité croissante. Et puis elle arracha son regard de la triste dépouille, et alors elle le posa sur moi. Ce n’était pas un regard questionneur. C’était plutôt une sorte d’examen aigu, étrangement aigu de mon visage. Comme une méditation profonde sur la signification d’une figure humaine. Mo, je la laissais faire, sans rien dire, n’osant ni tout à fait sourire, ni tout à fait montrer un visage trop grave, trop attristé. Je lui rendais son regard avec tendresse mais ce n’était pas mes yeux qu’elle regardait. C’étaient mon nez, mes lèvres, mon menton. Et à la fin elle demanda, mais sa voix était plate (1) et sans intonation :
- Bonny aussi, plus jouer ?
j’éclatai d’un rire discret, plus bas que haut, un rire émis seulement pour rassurer cette crainte singulière.
- Mais si, Bonny jouera encore. Il n’est pas mort, Bonny ! Il se porte tout à fait bien.…
Et répéta, d’un ton impérieux :- Bonny aussi, plus jouer ?
…
- Mais oui, Bonny aussi, un jour… mais dans longtemps, longtemps, si longtemps que ce n’est pas la peine d'y penser!
…
Et quand enfin elle retrouva son souffle, je crus que – comme un nouveau-né – elle allait se mettre à hurler. Et en effet elle se mit à hurler, mais elle hurlait des mots, des « Veux pas ! Veux pas ! … » sans fin avec des grimaces si douloureuses que son frais et charmant visage triangulaire devin d’une laideur simiesque (sic), tout plissé et tout cramoisi.…
Elle avait murmuré : « Et Sylva ?… « et je n’avais pas osé répondre. D’ailleurs attendait-elle une réponse ? N’en était-ce pas une que sa question ? Elle dit « Et Sylva ?… » et regarda Nanny. Et en la regardant plutôt que moi, elle sentait bien, elle devinait bien, qu’elle se heurterait à une défense plus faible. Et en effet, sous ce regard, la pauvre Nanny faiblit, elle ne put cacher son émoi ni sa peine. Elle tendit vers Sylva ses deux bras avec une expression de pitié, d’affection consternées. Mais loin de se précipiter, la jeune fille bondit en arrière. Elle nous dévisagea l’un après l’autre, avec une espèce de haine. Sa bouche s’ouvrit, mais elle ignorait les injures. Alors elle tourna sur elle-même et s’enfui.
VERCORS « Sylva » - 1961 – p.222-2
19/03/2013
graveco de l'karesado
«Per l’haŭto ĉefe iĝis ni amantpovajn estaĵoj.» (Pr. HARLOW)
[ en « La patrina dorlota sistemo ĉe la rhesus simio » Rheingold Eld.]
“Haŭto estas emocifonto.” (Dro. Leleu)
„Karesi ne estas tuŝi aĵon, tio estas kiel knedi iom da animo mem.“ R.P.
Karesmanko ĉe la bestoj
Plej el la bestoj ŝatas karesojn de la homo ; la dombestoj – precipe hundoj kaj katoj – petas ilin. La sovaĝaj bestoj kvietiĝas pro efiko de milda mano. Ekzemple al la delfenoj plaĉas, ke oni gratas ilian dorson.
La haŭta stimulado plej grava ĉe la bestoj estas lekado. Ĉu ili sin lekas (memlekado), ĉu ili lekas siajn idojn (amlekado).
La eksperimentoj fare de Harlow pri simioj estas plej pruvefektaj. En kaĝo li lokigas sur unu ekstremo simiinaspektan manekenon el dratreto kovrita per densa lanaĵo kaj varmigita per elektra lampo. Sur la alia ekstremo li lokigas dratretan manekenon nudan kaj malvarman.
Dum unua eksperimento oni disponigas aŭtomate liverantan suĉbotelon en la lana manekeno : oni konstatas, ke la bebo pasis 18 horojn el 24 apud ĝi, kaj neniu apud tiu el nuda dratreto. Dum unu dua eksperimento oni lokigas la suĉbotelon en la patrina surogato el nuda dratreto ; la bebo pasigas unu horon apud ĝi, kaj 7 ĝis 16 horojn apud la lana !
La patrina « funkcio » do ne reduktiĝas je sia nutriga tereno ; la funkcio estas ankaŭ liveri korpan agrablan kontakton. La mamnutrado plenumas ne nur nutran rolon, sed ankaŭ emocian rolon, kiel emfazas Harlow plivastigante je la homoj : « Ja la homo ne vivas nur el lakto » (1) Jes ĝi vivas el kontaktoj varmaj, koraj kaj mildaj. Tio estas « la lakto de tenereco ».(2)
Dum aliaj eksperimentoj Harlow metas nur manekenojn el simpla dratreto. La idoj tiam buliĝas sur sin kaj sinkas en obtuziĝo el kiu ili eliĝas nur por pasiege suĉi sian polekson kaj piedfingrojn, aŭ balanciĝi senfine. Ili iĝas agresemaj kaj memvundas.
Poste tiuj orfoj havos sociajn kaj seksajn kondutojn misregulitaj : ĉeestigitaj je siaj samspeculoj ili evidentiĝas malkapablaj al ludoj, kaj evitas kontaktojn ; ĉeestigitaj je virsimioj la simiinoj ne alprenas sekskuniĝan pozicion. Post la nasko ili ne plenumas sian patrinrolon kaj restas indiferentaj je siaj idoj.
Tiuj perturboj estus malpliaj aŭ ne ekzistus, se oni estus eniginta en la kaĝon de la orfaj beboj infansimiojn po unu horo tage. « Lekado aŭ ĝiaj samvaloraĵoj aliforme plezuraj, estas unu inter la faktoroj, kiuj kunlaboras al iĝo de la kapablo ami. » (Ashley Montagu)
Aliaj eksperimentistoj interesiĝante pri ratoj montris, ke la karesitaj individuoj estas malstresaj, kvietaj, fleksiĝemaj, fidemaj, kaj eĉ aŭdacaj ; ilia lernigado estas pli sukcesa, ilia kresko pli rapida, ilia eltenemo kontraŭ infektoj pli alta, ilia cerbo pli peza. Male la ratoj ricevantaj la nur necesaj prizorgadojn, en pura indiferenteco, estas stresaj, malkvietaj, streĉaj, timemaj kaj agresemaj.
(nu, nun pripensu la problemojn de la nuna socio …)
Ĉe la infanoj
Kompreneble ĉio ĉi des pli validas pri la homaj estaĵoj.
En la usonaj orfejoj, ĝis la komenco de ĉi jarcento (la XX-a), 90% el la infanoj mortis antaŭ aĝo de unu jaro, post malrapida konsumiĝo. Tamen la nutrado kaj higieno liveritaj al ili estis neriprocheblaj. Kuracistoj ekkonsciis, ke ili mortadis pro ammanko, kaj rekomendis al la laborantaro dorloti al ili samkiele al siaj propraj infanoj. La mortkvanto iĝis 10% .
En la malsanulejoj, kie ili loĝas longtempe, aŭ en la orfejoj, la infanoj montras malfruiĝon rilate sia kresko kaj psiko-mova malvolviĝo ; ilia haŭto estas mola kaj pala ; ila konduto estas stranga : ili rifuzas kontakton, restas rigidaj en brakumo, ne estas amumemaj ; ili suĉas sian polekson kaj balanciĝas. Tio ĉar al ili mankas la karesoj, sen kiuj estaĵo ne povas ekflori kaj plenumiĝi.
Kaj la plenkreskuloj
La furoro ĉe niaj samtempuloj je la « karesoj » de l’maro aŭ l’suno, evidentigas konjekteble, akrecon de la vivo kaj manko pri tenero ; kiel egale adopto pli kaj pli ofta je dorlotbestoj utilas kiel surogato je la karesado kaj varmo homaj.
Kaj oni trovas ĉi tie la plenan karavanon de la psiko-somaj malsanoj tiom bone studitaj de Freud, Grodeck kaj Balint.
Oni retrovas en la korpsinteno kaj la konduto de tiuj senkaresaj plenkreskuloj la samajn deteniĝojn, rigidecoj, kaj mallertecoj, kiuj ekmontriĝis ĉe infanoj, kaj kiuj plejaltas ĉe iuj maljunaj fraŭloj aŭ fraŭlinoj, aŭ ĉe la disputemaj edzinoj kaj frostmienaj edzoj.
(1) aludo al la diro de Jezuo Kristo « la homo ne vivas nur el pano, sed el la parolo de Dio ».
(2) konata esprimo de Ŝekspiro : « the milk of human kindness
esperantigis R. Platteau junio 2003
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18/03/2013
conte sénégalais / senegalia rakonto
(E-a traduko pli sube)
J'ai lu un conte sénégalais qui dit:
Un singe un jour apperçu un poisson dans l'eau. Il se dit:
"Mon Dieu! ce poisson est en train de se noyer! Vite, sauvons-le!"
Et il le saisit et le retira de l'eau. Le poisson se débattait; Le singe en conclut que ça voulait dire qu'il était content, qu'il se trémousait de joie.
Puis le poisson mourut. Alors le singe se dit:
"ça c'est parce que j'ai intervenu trop tard; j'aurais du pouvoir arriver plus tôt."
voilà !
Moi je trouve que cet apologue est plein d'enseignement. Et que plein de choses en ce monde se passent comme cette histoire.
Mi iam legis senegalian fabelon, kiu diras:
Iam simio ekvidis fiŝon en la rivero. La simio pensis tuj:
"Terure! tiu fiŝo estas dronanta! Mi savu ĝin!"
Kaj ĝi kaptis ĝin, kaj ĝin tiris el la akvo. la fiŝo baraktis pro sufero. La simio el tio konkludis, ke ĝi estas dancanta pro ĝojo.
Kaj la fiŝo mortis. Tiam la simio diris al si:
"Tio okazis ĉar mi ne agis sufiĉe frue
Mi pensas, ke multaj aferoj okazas tiel en la mondo, ĉu ne?
20/02/2013
qui se souvient d'Elian Finbert ?
et dire que pendant des siècles on a qualifié les pires instincts des HUMAINS de "bestialité" !
ils avaient TOUT FAŬ les philosophes !
http://miiraslimake.over-blog.com/article--bestial--38179...
Kiu memoras pri Elian Finbert ? http://eo.wikipedia.org/wiki/Elian-J._Finbert Ĉi sube post la franclingva prezento vi trovos rakonton de lia unua porĉiame stampa sperto kun bestoj.
Oui, qui se souvient de ses émissions à la radio et de ses chronique sur la revue "La Vie des Bêtes" où il racontait de si captivantes, curieuses et émouvantes "plus belles histoires de bêtes"?
20 février, Ste Aimée, aujourd'hui je vais évoquer la figure d'Elian-J Finbert, l'homme des "plus belles histoires de bêtes":
Né en 1899 (il est mort en 1977) dans une famille de juifs francophones en Egypte, où il passa toute sonenfance et sa jeunesse (dans la ville de Minet-el-Gamh), il se consacra à la littérature en commençant par des romans et livres de voyages sur l'Egypte. Il se fit chamelier dans le Sahara, puis berger transhumant dans les Alpes de haute-Provence, et à chaque fois en tira plusieurs livres. Par la suite, il publia toutes sortes de livres et de traductions (proverbes africains, Guide Bleu sur Israël, etc,). Il trouva "sa voie" quand il se mit à écrire des livres sur "les plus belles histoires de bêtes" qui devinrent sa spécialité. et pendant toute une décennie il fut à la radio la voix qui raconte des histoire de bêtes.
J'ai essayé de retrouver la liste de ses livres, en voici une non exhaustive:
- Sous le règne de la licorne et du lion (1925)
- Le batelier du Nil (1928)
- Le Fou de Dieu (1929)
- Le Nil, fleuve du Paradis (1932)
- La vie du chameau, vaisseau du désert (1938)
- La brebis et la vie pastorale (1942)
- Les plus belles histoires de chiens (1953)
- De la fourmi à l'éléphant, les plus belles histoires de bêtes (1953)
- Vies des chiens célèbres (1954)
- Les plus belles histoires de chats
- les plus belles histoires d'oiseaux (1956)
- Histoires de singes
- Comment les bêtes font l'amour ?
- Renard le malaimé (1960)
- Chevaux (1962)
- Les plus belles histoires de singes et d'éléphants (1962)
- Noâra mon amour (1962)
Ces livres ont été écrit dans les années 50, quand l'empreinte des préjugés anthropocentriques et de l'attitude de Descartes là-dessus était encore très forte, et où on n'osait qu'avec moult craintes et tremblements mettre en cause le dogme d'un MUR ESSENTIEL entre l'homme (pardon! l'Homme ) et les autres animaux, et où reconnaître aux bêtes une forme d'intelligence, et même la capacité de "mentir", et de ruser, et même simplement la conscience d'exister, des passions, des sentiments, aparaissait comme une hérésie un insulte à l'absolue dignité de l'Homme (j'ai pas oublié cette fois!), ou était expulsé d'un haussement d'épaule comme manifestations de "sensiblerie" ou d'"anthropomorphisme" naïfs. Aussi on voit tout le long de ces livres Elian Finbert, malgrè le témoignage absolument extraordinaire que représentent ces histoires, timidement, presque en s'excusant, suggérer que les attitudes extraordinairement "humaines" mises en évidences par ces histoires (réelles, il ne s'agit pas du tout de littérature, mais de témoignages vécus par lui-même ou collectés) ne peuvent s'expliquer par le seul "instinct", ce mot magique qui à l'époque était idéologiquement "de rigueur" pour expliquer de A jusqu'à Z le comportement et le psychisme des animaux (non humains ), alors que si on regarde ces histoire sans préjugés, ça saute aux yeux!
soit dit en passant voici un singe Bonobo qui fait du FEU (du feu, le symbole classique de la naissane de l'humanité !) l'allumant avec une allumette et faisant cuire son diner ! http://www.telegraph.co.uk/news/picturegalleries/howabout...
Quoique tous ces témoignages soient des "histoires" arrivées telle fois de la part de tel animal, et racontés par un tel, et non des expériences scientifiqes en laboratoire (mais comment faire des expériences scintifiques, avec protocole expérimental et tout et tout sur des choses comme ça? impossible ! Doit-on en conséquence les laisser de côté?! à ce compte-là la plus grande partie de capacités humaines devrait être non reconnue scientifiquement! ), ils constituent une source exceptionnelle et précieuse sur les "pointes" des capacités psychologiques des animaux et mériteraient d'petre étudiés et pris en compte. Comme a dit Rupert Sheldrake "la somme de connaissances acquises par les divers posseseurs de bêtes au sujet du comportement animal est généralement considéré par les scientifiques comme anecdotique et par conséquent non utilisée par la recherche formelle" Mais c'est un tort car c'est perdre un fond considérable de données des plus importantes.
En tous cas je vous recommande, si vous n'en avez pas déjà, d'essayer de vous procurer, chez des marchands de livres anciens, au moins un ou deux de ses livres, vous ne le regeretterez pas! ce sera même dans doute une "révélation".
Son "histoire d'amour" avec les bêtes date de sa plus tendre enfance en Egypte.
Voici son expérience d'enfant, qui peut-être fut son premier contact "d'homme à homme" avec les bêtes, je l'ai lue en français, dans un des ses livres, mais je la donne ici en Espéranto; comme lot de consolation pour ceux qui ne comprendront pas j'ajoute en bas de la page une de ses histoires en français.
Mia amikeco al tiu legend-a birdo kun la elneĝaj per nokto borderitaj flugiloj elvenas el mia infaneco, infaneco parte pasigita en Nilo-valo, kie ĝi travintras.
Ĉar okazis iam, troviĝante sur teraso de nia domo, kien mia pasio pri kajtoj ĉiam min allogis, ke majesta cikonioflugaro pasis super mi, kun streĉitaj koloj, ŝvebaj flugiloj. Kaj jen, unu inter la birdoj subite disiĝas el la bando, implektiĝas, se tiel diri konvenas, en siaj plumoj, turniĝadas en la ĉiel’ kaj, blanka kaj nigra maso, falegas kaj alteriĝas ĉe miaj piedoj. Mi estis kompreneble ektimigata, sed samtempe ekzaltita de tiu aera vidaĵo, kaj de la cikonio, kiu klopodas remeti sin surpiede, kaj finfine sukcesas. Mi tiam forlasis mian kajton, kaj rapidege iris serĉi savhelpon.
Mi jam iom konis tiun birdon, estinte ĝin sekvinta malantaŭ la sobra plugilo aux eĉ plej simpla plugpioĉo de la fellah-o en kampoj, ekkaptanta jen koleopteron, jen larvon, bufon, muson, aŭ marĉbordajn ranojn.
Mi do kunportis hakitan viandon, kaj ĝin donacis al mia bela birdo, kiu okulumis al mi per sia nigra, tiom inteligenta, okulo kvazaŭ pludesegnita de du strekoj el kohl , sed kiu nur post multe da tempo konsentis proksimiĝi. Videble ĝi certe estis vundita, tamen vidis mi neniom da sangospuro. Nia ĝardenisto, spertulo, alveninte, sciigis min, ke cikonioj, pro tiomlonga restado en malsekaj terenoj kaj tiomofta tretado en malprofundaj marĉoj, finfine maljuniĝantaj iĝadas reŭmatismaj, tiel, kiel la homoj. Mi neniam povis kontroli la verecon de tiu diagnozo, sed tiam ĝi sufiĉis al mi kaj mi decidis, kunligiĝi je tiu birdo, flegi ĝin kaj resanigi ĝin.
Ĝi fariĝis la de l’teraso konstanta gasto, kie ĝi senmoviĝadis longajn horojn sur unu piedo, kun pripensa kaj solena mieno, aŭ ĝin primarŝadis ĵetante siajn krurojn antaŭen per larĝaj egalaj paŝoj, dum pririgardante al ĉiel' kun arĉita kolo. Ekde ĝi ekvidadis min, ĝi venadis al mi, kaj mi tristiĝis kaj humiligiĝis pro ne kompreni la sekan kaj ripetan bruon de ĝiaj bekklakadoj, kiuj konjekteble esprimis la intimajn pensojn de ĝia tristiĝinta koro. Por plaĉi al ĝi, mi rezignis flugigi mian roz-kaj-verd-koloran kajton, ĉar tiu ludilo ĝinsimila timigis ĝin.
Mi ofte vizitiris al ĝi, kaj mi estis certa, ke ĝi atendis pri mi ĉiujn tagojn, eĉ pli, je ĉiaj horoj de tago. Ĝi plej facile rekonis miajn paŝojn, kiam mi supreniris la ŝtuparon po du ŝtupoj kune, ĉar mi trovis ĝin tie starante ĉe la pordo alterasa, kun ĝiaj intensrigardaj okuloj, lertaj kaj sagacaj, ĝia svelta flugmaŝina korpo kaj ĝiaj nigrelakitaj flugiloj brilaj kaj bonorde refaldigitaj. Mi opinias, ke longajn momentojn ni pasigis kune apude, kaj iam dormiĝinte, meze la ega varmo, sterniĝanta sur la kahelŝtonoj, mi vekiĝis kun apud mi, flugilojn ŝirme malfalditajn, la cikonio atenta kaj patrineca, rigardadanta al mi kun vartemo, vartemon, kiun mi divenis pro ĝia zorgema mieno.
Mi iradis enkampe serĉi al ĝi lokustojn, kaj ĉe la lagetoj por ĝi rankapti. Kiam mi malĉeestis tro longtempe, ĝi ne malsciis, ke tio estis ĉar mi estis serĉanta ĝian nutron, kaj mi trovis ĝin malsupre de la ŝtuparo, kiun ĝi estis lerninta malsupreniri kaj suprengrimpi per skuaj paŝoj, kaj eĉ antaŭ ol mi estis ĝisvenina surterasen, ĝi jam serĉfosadis en mia flanksako per sia longa akra kaj malmola beko, kiu ekglutis la bestetojn avide.
Okazis tion, kio okazendis, sed tio estis for de mia penso. En mia infanmenso, la cikonio estis por ĉiam ligita al nia domo, kiel feliĉportanta amuleto. Ĝi estis mia amiko tiel, kiel mi estis ĝia amiko. Iun matenon mi trovis la terason malplena. Mi tuj komprenis, ke estinte refortiĝinta, kaj ĝiaj reŭmatismoj for, ĝi estis ekfluginta al ĉiel’.
Tio estis al mi tiel, kiel perfido, kaj ankaŭ estis mia unua aflikto. Vane mi rigardegis al l’lazura ĉielo, kie krozis milvoj, kie turniĝadis la kolombaroj. En la kampoj, surborde de Nilo, ĉe la lagetoj mi restadis longe, kaj gvatis la cikoniojn, sed nenie mi trovis mian, kiun mi estus rekoninta inter mil.
Mi reekludis la kajton, ĝin mi flugigis alten kaj foren pensante, ke eble la birdo ĝin rekonos, kaj revenos, kiel al alkuniĝsigno.
Kaj poste la temposablo fluis, fluadis. Sed la teras’ tamen plu restis mia havenloko, mia plejŝata tereno, kie jam soleco estis mia mistera aliancito, des pli ke, kaŝe kaj obtuze mi atendis, ke la cikonio revenos.
Kaj jen fakte ĝis revenis, en la posta septembro, tempo kiam la fruktkvastoj de niaj daktilarboj en ĝardeno ekmaturiĝadis siajn sukcenkolorajn fruktojn.
En la ŝtupar’ mi aŭdis sistrajn ruladojn, kiujn mi tuj rekonis. Mi impetis. Jen estis ĝi. Ĝi ne estis forgesinta min, ĝi plu aspektis kia ekstempe solena maljuna malvulgara sinjorino, kaj ĝi ekgrakadis milde tirante la kolon malantaŭen kaj antaŭen, dum malfaldigante siajn ravajn ĉefplumojn. Parolis ĝi al mi, flustris al mi, se tiel diri konvenas, pri aferoj de nur ĝi kompreneblaj. Kaj jen kiam mi al teraso atingis, mirigita mi ekestis : ĝi estis superŝutita per cikonioj! kiuj ekvidinte min leviĝis fluge malalten, kaj poste remetiĝis ĉien, silentaj, flugilojn ekpretajn, timantaj kaj samtempe fidaj, ĉiuj ope salutantaj per turniĝoj de l’longaj koloj, laŭmaniere de koranaj deklamistoj.
Mi, infano, vivantis legendon, legendon iĝintan realaĵon. Fabelmondo eksturmintis mian vivon. Estis tia kia inicia sakramento.
Mi sciis, ke tamen tio daŭri ne povis, ke tiu unika momento estis dia favoro. Ekestis en la aro de nigraj kaj blankaj plumoj ordonvorto, kiu flugis de bird’al birdo. Kaj subite tumulto flugila kaj makzela ekaŭdiĝis. Mi estis surdigita. Mi vidis sinlevi la altaj purpurgantitaj kruroj, kiuj surfaldiĝis dummomente sub la vostoj tiel, kiel la suriĝ-ekipaĵo de aviadiloj, poste fariĝis pendantaj, kaj jen la amaso alten flugimpetis, vojiris cirklojn, ŝvebis, malkovrinte la sorigantajn aerfluojn, kaj malaperis el vido en la egipta diamante malmola helego.
Kompreneble, mia cikoniio sekvis la aron, sed dum tempeto, pli forpasema ol fulmo, en mia kredama fidema animo, mi kredis, ke ĝi revenintis por neniam plu min forlasi. Kaj plus la una ĉagreno, kiu min alvenis el ĝi, aldoniĝis dua pli dolora. Dume la fakto, ke la preterpasanta birdo memorintis min kaj nian hejmon, kie mi estis ĝin akceptinta, nutrinta, fleginta, por kies zorgo mi estis oferinta mian sveltan kajton, igis min ĝin respektegi.
Tri sinsekvajn jarojn ĝi revenis, kunportante min mesaĝon de sia amikeco, ĉiufoje en la tempo, kiam turtoj vokadis supre de l’daktilujoj niaĝardenaj, meze la ruĝajn grapojn da mielecaj fruktoj.
Poste ankaŭ mi obeis migradojn de mia destino, je iroj kaj returnoj misteraj tra la mondo.
Sed mia penso plu konservas stampon de la paso de l’stilzobirdo en mia infanvivo, tiu infano, kiun mi neniam ĉesis esti, iom flugila, iom grunda, portante en mi la hieroglifan signifon de cikonio, kies senco estas « kompato ».
Elian-J. FINBERT (« La plej belaj okazaĵoj pri birdoj » 1957)
Un jars s’était tellement attaché aux membres de la famille du fermier à qui il appartenait qu’il allait à leur rencontre du plus loin qu’il les apercevait, en leur témoignant force marques d’affection.
De par les sentiments qu’il montrait aux humains, le volatile était devenu le proscrit de sa tribu. Vivant séparé de ses congénères, ceux-ci finirent par le bannir. Chaque fois qu’il s’aventurait à faire quelques avances aux oies, celles-ci le dédaignaient et le chassaient. On le voyait souvent, après ces rebuffades, venir chez ses amis, les humains, cherchant à se consoler en posant sa tête sur leurs genoux comme pour quémander leur sympathie.
Le jars la prit sous sa protection et s’en fit le gardien. Lorsqu’il jugeait convenable qu’elle prît un bain, il saisissait doucement son cou dans son bec et la conduisait ainsi, quelquefois assez loin, jusqu’au bord d’une mare. Une fois son amie lancée et ramant, il la suivait partout, nageait à ses côtés et lui faisait éviter les endroits dangereux, en la maintenant par le cou dans la bonne direction. Puis, lorsque la promenade avait assez duré, il choisissait un atterrissage commode et, de nouveau, la guidait comme auparavant, le cou délicatement pris dans son bec.
Quand elle avait des oisons, le jars les conduisait fièrement au bord de l’eau, et si l’un d’eux s’empêtrait dans un trou de vase, il lui passait doucement le bec sous le corps et le ramenait à la surface.
(c'est comme ça que ça se passe souvent aussi dans la société des hommes vous ne trouvez pas ?
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01/02/2012
oeillères
- février 1996 L’incompréhension et la fermeture des gens envers la métaphysique et le mysticisme est frappante (ce n’est même pas un rejet, car ils ne for même pas le geste de comprendre de quoi il s’agit vraiment) . En expliquant les religions, ils finissent par raccourcir leurs propos en disant et concluent « oui ! ce sont des œillères » alors qu’en l’occurrence ce sont eux qui font preuve d’œillères ! c’est même frappant !
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27/01/2012
c'est ça l'amour
- 27/1/1996 Ma chatte persane « Pomponette » quand on plonge sa main dans ses poils soyeux tout chauds et tout flous, on dirait qu’on plonge sa main dans son être même, que c’est son être même qu’on pétrit. C’est une illusion (encore une ….) mais c’est métaphysique, c’est ça l’amour.
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19/12/2010
comme disait Montherlant
19/12/2010 comme dirait Montherlant : Il y a toujours deux mondes impénétrables l'un pour l'autre. Le monde des prisonniers et le monde des hommes libres. Le monde des malades et le monde des bien-portants. Le monde des vainqueurs et le monde des vaincus. Le monde de ceux qui aiment et le monde de ceux qui n'aiment pas. Je suis du monde de ceux qui aiment, et je ne suis même que de ce monde-là. Les français-moyens ne sont pas de ce monde, et n'ont pas notion de ce qu'il est.
01/09/2010
peut-être le poème le plus important qu'a écrit Kalman Kalocsay
(pour les français: voici comment en 40 il parle de l'invasion de la France)
Aŭ eĉ en la tumulto de l’popol’,
Subite ne atakis vin la sento,
Ke estas vi en sol’, en surda sol’ ?
Ke via kor’, turmente pro senpovo
Frapadas sur la ŝton’ de via sin’
Kiel sub tero, post la katastrofo,
Ministoj en la enfalinta min’ ?
Kormilionoj sub la sama fato
Baraktas, signas per obtuza bat’ !
La am’, la am’, jen estas tia bato,
Kaj tia bato astas kompat’ !
Potencaj batoj sonas, ho, sed svene,
Senforte mortas sub la surda ter’,
Kaj tamen ĉiam sonas batoj pene,
Jen kun espero, kaj jen sen esper’.
Ho, se alvenus sopirata savo,
Kiu la korojn portus al la lum’ !
En ĝoj’ ebria, en eterna ravo
Nin en dancringon fandus fratbrakum’ !
Espero trompa ! Tiu savo ne venas,
Profunde kuŝas enfalinta min’.
La kor’ fermita malespere penas,
Inter la poemoj de Streĉita kordo (legeblaj ĉi-tie:
http://egalite.hu/kalocsay/strecxita.htm )
je vous conseille en particulier Maja Idilio :
http://egalite.hu/kalocsay/strecx/maja idilio.htm
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