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24/11/2014

le Poulet

La dinde qui était une viande de luxe est maintenant avec les élevages type Auschwuitz pour carnivores consuméristes, est devenue une viande industrielle de pauvres. Ce qui a aussi arrivé au poulet, autrefois viande de riches, maintenant type même de l'horreur du consumérisme et du cynisme moderne (l'esprit de la modernité comme dirait Zygmunt Bauman) :

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Avant  d'écrire ces livres de réflexion sur la biologie ou le pacifisme qui l'ont rendu célèbre, le jeune Jean Rostand, qui était né dans une famille riche et cultivée (Edmond Rostand était son père, Rosemonde Gérard sa mère), et qui connaisait bien pour l'avoir fréquenté le monde de la haute bourgeoisie, a écrit quelques ouvrages critiques sur ce milieux. L'un d'entre eux « Les Familiotes et autres essais de mystique bourgeoise », paru en 1925, est un petit bijou d'esprit mordant mais pince sans rire, à la manière de Voltaire, de Flaubert ou de La Bruyère. Un chef d'oeuvre malheureusement pas réédité, et trouvable seulement chez les brocanteurs (puisque de nos jours, n'est-ce pas? les bibliothèques municipales n'ont plus pour but de permettre que plus de gens aient un accès plus facile à plus de livres mais que moins de gens aient avec plus de mal accès à moins de livres)

 

Il faudrait donc que quelqu'un nous le scanne et le mette sur Gallica.

 

Et dans ce livre le texte le plus remarquable est "Le Poulet"

 

Outre sa verve et son jubilatoire don pince sans rire de mettre à nu le racisme social et le cynisme de la bourgeoisie, c'est un document historique qui permet de nous rendre compte que la viande de poulet qui est devenu de par les Auschwitz animaliers que sont devenus les élevages industriels de poulets aux hormones, une viande de pauvres, était jusqu'en 1920 un met de riches, et que quand les pauvres se sont mis à en consommer ce fut comme une révolution !

 

(remarquez, peut-être que laisseriez passer ce détail, mais les théatres d'alors étaient accessibles à TOUS, simplement les pauvres étaient dans les galeries, et les riches au parterre, mais tous y trouvaient place; tandis que maintenant  pour les non-riches c'est purement et simplement DEHORS ! il n'y a plus de place pour eux)

 

 

LE POULET

 

Aux jours d’alors c’était pour eux un sujet de scandale et de désolation que la manière dont le Pauvre, ce profiteur, dissipait inconsidérément d’iniques salaires. Tandis qu’eux-mêmes, inspirés par le plus pur souci de l’intérêt général et de l’économie domestique, admettaient que les jambes fines de leurs femmes se vêtissent de coton et imposaient à leurs estomacs délicats des viandes grossières, le Pauvre, lui, mangeait du poulet avec ostentation et faisait porter à son épouse des bas de soie.

 

Leur fureur affectait de trouver que la situation, par son excès même, atteignait au comique. Et ils mettaient une façon de point d’honneur à se résigner. Ils abdiquaient avec hauteur. Ne voulant pas engager avec la Pauvre une lutte somptuaire, ils lui abandonnaient provisoirement, puisqu’aussi bien le monde était renversé, les élégances et les nourritures coûteuses, dont il devenait en somme honorable de se priver depuis qu’il fallait les partager avec des indignes. Ils exagéraient volontiers leur dénuement et se rationnaient avec un ascétisme rageur, préférant  d’accentuer le paradoxe plutôt que de chercher à l’atténuer. Dans leur amertume, ils se faisaient gloire de leurs restrictions alimentaires et vestimentaires.

 

« Eh bien, soit ! Que des ouvriers, que des balayeuses, que des gens de rien s’habillent et mangent comme nous ne pouvons plus manger et nous habiller ; qu’il nous faille nous arranger de menus et de costumes dont ne voudraient pas nos domestiques : acceptons courageusement l’offense du sort, et sachons accompagner d’un coup d’œil ironique la femme du peuple trop bien mise qui relève sa jupe sur des attaches que la soie fait paraître plus épaisses, comme par la vengeance du tissu déshonoré. »

* *

 

Stoïcisme de surface. Ils avaient beau se commander de sourire, c’était pour eux une souffrance incoercible que le Pauvre débutât dans le luxe, et surtout qu’il ingurgitât des poulets. A l’indignation que leur causait une vue si étrange leur ventre frustré mêlait une rancune physiologique : dépit de l’estomac, le plus fielleux qui soit. Ils évoquaient, ainsi que dans un cauchemar, toute l’odyssée du poulet, depuis son départ de la basse-cour natale jusqu’à son égorgement et jusqu’à ses métamorphoses ultimes. Et ils sentaient avec une vivacité criante la discordance de cette chair animale, si pâlement aristocratique, avec la chair humaine, rougeaude, et grenue, en quoi elle allait se convertir.

 

« Ah ! songeaient-ils, ce poulet, que les destins de sa race désignaient pour une honnête table bourgeoise, qui eut dû être préparé, assaisonné, rôti par ne cuisinière experte, artistiquement découpé par un maître d’hôtel aux favoris majestueux,  servi dans la pesante argenterie de famille aux chiffres entrelacés, ce poulet, ô déchéance ! après s’être dégradé au contact de la triste vaisselle graillonneuse, après s’être vu gauchement morcelé, autant dire assassiné, par des doigts noueux aux ongles sales, après avoir livré à une gueule profane sa consistance fondante et sapide, ce poulet s’en ira finir assimilé au fond d’entrailles prolétaires !

 

« Sans parti pris, est-ce du poulet qu’il leur faut ? Est-ce bien l’aliment convenable à des gens qui peinent et se dépensent ? Ce dont ils ont besoin, c’est de grosses viandes massives, garnissantes, et non pas de cette chair de luxe, neigeuse, aérienne, impondérable, inapte à rassasier. Le poulet revient de droit aux convalescents et aux oisifs.

 

« Ce poulet, le Pauvre n’y prend même pas de plaisir. Pour apprécier sainement un poulet, il faut des papilles instruites, formées à la longue par la pratique de mets fins et variés. Quand le Pauvre mange du poulet, c’est désir d’imitation ou esprit de taquinerie. Par goût naturel, il s’en tiendrait au fromage de cochon, au boudin à l’ail. Ce poulet, c’est un défi qu’il nous lance, c’est une gageure. Il vaut nous prouver qu’il peut faire comme nous, du moins comme nous faisions autrefois et ne pouvons plus faire.

 

« Si jamais, par une juste revanche des lois économiques, les salaires redescendent à un taux raisonnable, alors il se repentira de ses anciennes splendeurs culinaires ! Et s’il vient se plaindre à nous, ne serons-nous pas, en vérité, autorisés de l’accueillir par ce reproche laconique, mais péremptoire : « Et vos poulets ? » Ah ! qu’aux heures de privations et de chômage ces poulets lui soient un remords ; que la troupe de leurs spectres accusateurs défile dans ses rêves faméliques !

* *

 

« Et qui paye, au bout du compte, ces poulets ? Qui paye, en définitive, toutes les dépenses incongrues du Pauvre ? ses toilettes, ses alcools, son cinéma ? son théâtre où, désertant les galeries supérieures, il trône maintenant à l’orchestre ? D’où tire-t-il l’argent nécessaire ? De nous, n’est-ce pas ? Il faut bien, toujours, que l’argent de ceux qui n’en n’ont pas provienne de ceux qui en ont. C’est parce que le Pauvre mange des poulets que nous n’en mangeons plus. Le Pauvre nous ôte le poulet de la bouche !

 

« On oublie vraiment un peu trop qu’à cause du nombre des Pauvres leurs moindres dépenses finissent par représenter pour nous des sommes effroyables. Que nous occupions seulement deux cent ouvriers dans une usine, et que chacun de ces ouvriers mange un poulet, un de ces petits poulets dont chacun n’a l’air de rien, eh bien ! c’est tout de suite deux cent poulets qu’il nous en coûte. Car, bon gré mal gré, nous entretenons le Pauvre. Nous pourvoyons à sa ripaille. Son poulet nous dépouille, nous détrousse. Quel contre-coup il a sur notre vie familiale ! C’est la dot de ma fille écornée, c’est mon appauvrissement, car on s’appauvrit dès qu’on cesse de s’enrichir selon une progression constante. J’avais droit cette année à ma soixante-dix chevaux, et il faut que j’en reste à ma cinquante. Il faut que pour un délai illimité je me refuse mon hôtel à Paris. Il faut que ma femme accepte encore d’être toisée par des porteuses de colliers plus gros que le sien. Il faut que tous les deux nous endurions encore la honte de piétiner à la porte de tel salon où ne donne accès qu’une certaine fortune. Il faut que jusqu’à nouvel ordre je continue de me sentir déférent devant des amis mieux rentés. On se figure qu’il n’y a que les Pauvres qui soient humiliés ; mais nous le sommes, nous aussi, et combien plus durement ! Étant donné mon point de départ et la courbe de mon ascension, je devrais être aujourd’hui sinon le plus riche, au moins un des plus riches de ma ville. Le poulet de pauvre, c’est l’écroulement de mes espoirs, l’anéantissement de mes rêves les plus légitimes, l’obligation, à mon âge, de marquer le pas, la condamnation à une patience dont j’ignore si je serai encore capable. Ce poulet, pour moi, c’est le coup de grâce !

 

« Peut-être mes fils auront-ils la chance de vivre en des temps meilleurs ; peut-être leur sera-t-il donné de reprendre et de parfaire l’œuvre de ma fortune, que je n’ai pu qu’ébaucher au milieu des circonstances adverses. Mais j’en doute. Ce blanc poulet me fait voir tout en noir. Plus on ira, et plus le Pauvre mangera du poulet !

 

« Que ce poulet, pour tous ceux qu’il vise et qu’il lèse, devienne un signe de ralliement ! Qu’on s’accorde à lui prêter l’attention qu’il mérite ! Petits rentiers, fonctionnaires, professeurs, intellectuels, tous ceux qui sont obligés de se restreindre, de combiner des menus économiques, de réchauffer les restes de la veille, qu’ils se joignent à nous pour regarder d’un œil d’envie le plantureux poulet qui fume sur la table du  Pauvre ! Et qu’à cette vue ils conçoivent une haine digne de leur appétit contrarié !

* *

 

« L’époque où le poulet commença de figurer à l’ordinaire du Pauvre inaugure une ère nouvelle, disons mieux, un changement de régime. L’âge du poulet marquera, dans l’histoire sociale de l’humanité, autant que dans la préhistoire celui du mammouth ou du renne. Aucune partie du territoire national n’échappe aujourd’hui à la contagion funeste. Ce n’est pas seulement, hélas ! dans la région parisienne que sévit le poulet, c’est jusque dans les plus lointaines provinces, jusqu’au fond des campagnes. Sans cesse on signale de nouveaux cas de poulets mangés par des Pauvres. Un ami m’écrit de Bayonne que sa femme de ménage en a, elle seule, mangé deux dans la semaine ! De tous les points de la France, le même cri d’alarme s’élève. L’ingestion du poulet s’étend, gagne de proche en proche, se généralise. ? Notre cheptel gallinacé est en voie de disparition. Que ne doit-on pas redouter de ceux qui s’adonnent ainsi au poulet ? Bientôt ils se croiront tout permis. Ce poulet, pour eux, c’est n programme, un symbole. Dans ce poulet, il y a toutes les révolutions futures. Tenons-nous prêts aux pires éventualités. Ne nous hâtons pas de renvoyer en Afrique nos troupes noires ! Que nos sergents de ville apprennent le maniement des mitrailleuses ! Comme l’augure antique dans les entrailles des volatiles sacrés, apprenons à lire dans ce poulet fatidique le présage de l’imminente catastrophe ! »

 

J. Rostand – 1925

19/06/2014

ma vie

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le-chat-travail-a-faire.jpg

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07/03/2013

début de collection de noms calembours, pour bandes-dessinées et autres

Dans les bandes dessinées les personnages, ou les noms de lieu sont souvent des calembougs, qui ressemblent à un nom typiquemen français, anglais arabe russe, etc, et qui en même temps ont un sen en français, les rendant ainsi amusants. J'ai entrepris d'en constituer un stock - ça peut servir ! - voici un petit début :


et pour commencer pour un roi assyrien :

Télassepahunnazar 1er

des malgaches :

M. Irandrapasonparavan
M. Bartoifissacepahunnamy
Mme Iveupadirseukesonpèryvo

des turcs :
général Yatrodglü
M. Ismet Ouktühete

Un arménien :

le Dr. Inchachian

un flamand :
M. Vandekoleere

Un polonais : M. Tomislav Ilepaszek

Trois françaises :

les soeur Titgoutte : Anne, Justine et Corinne

des lieux : en norvège, le port de Skifefro
au maroc une station de sport d'hiver dans l'Atlas : Sidi Bou-Glagla
Au Canada un village iroquois : Innesttoutrashaké
Bon, le noms de lieux pour comprendre il faut être originaire du Nord-Pas-de-Calais !

07/02/2013

comment on voyait les chinois en 1930 ?

Article de journal (journal belge, vers 1930 ou avant) signé AJAX, titre de l'article :

"La Chine et les chinois tels qu'ils sont Un livre qui fait du bruit …"
Cet article présente un livre de Aimé-François Legendre http://fr.wikipedia.org/wiki/Aimé-François_Legendre
sans doute s'agit-il du livre : La Civilisation Chinoise moderne, Paris, Payot, 1926 ce qui daterait l'article de la même année ou la suivante.

(Pour ne pas avoir une vision caricaturale du Dr Legendre que cet article idéologique pourrait donner, voici la véritable pensée du véritable Legendre (sensiblement moins caricaturale que celle du perroquet nazi (un futur « rexiste » ?) qui a écrit l'article) : http://classiques.uqac.ca/classiques/legendre_aime_francois/far_west_chinois_setchouen/far_west_chinois_setchouen_preface.html )

extrait : ---------

"La Chine a connu, dans un passé lointain et bien oublié, une brillante civilisation. Mais il n'en existe plus aujourd'hui que des vestiges. Depuis l'époque où le chinois négroïde, le véritable type de la race jaune qui domine en nombre, quoique fortement métissé dans l'empire de Han, a assimilé et étouffé les dernières colonies de races aryennes qui se ruèrent, au temps des grandes invasions, à la conquête d'Asie, l'ancienne civilisation aryenne n'a fait que régresser; le chinois est redevenu lui-même, c'est à dire un être biologiquement inférieur, conservant à peine le souvenir des puissantes organisations de la race blanche à laquelle il s'était frotté sans pouvoir s'en assimiler ni le psychisme ni l'intelligence. D'après M. Legendre les plus beaux types, les plus entreprenants et les plus intelligents qui élèvent encore aujourd'hui la Chine au-dessus des pays primitifs, sont des descendants de ces conquérants d'il y a vingt siècles, fixés par petits groupes en Asie. Et voilà un premier fait ethnographique, que négligent généralement les observateurs superficiels, qui aide à mieux comprendre la civilisation ou plutôt l'absence d'une civilisation chinoise originale.

..............

Peuple primitif et peu évolué, campé aux confins de la barbarie – au sens propre du terme – il y a des milliers d'années d'années que l'intelligence chinoise a atteint son développement maximum.
"

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sic

Bon, on aimerait qu'il y ait une fée qui, d'un coup de baguette magique transporterait ce monsieur avec son assurance intellectuelle d'inculte directement dans la Chine actuelle, ça serait rigolo, je crois que là il attraperait une jaunisse !

un article que mon père avait découpé dans le journal et soigneusement conservé entre les pages d'un livre, sans doute impressionné et convaincu par cet article !

03/02/2013

relire les revues des années 30

Comme j'ai dit, j'ai des collections entières de revues d'entre-deŭ guerre (et des livres aussi, tels cette petite brochure éditée en 1935 (oui, oui 1935 !) et intitulée "C'est Pétain qu'il nous faut"), on y découvre des faits ou des photos très interessants, des propos aussi.

Voici ci-dessous quelques phrases extraites d'un article paru le 1er mai 1930 dans une revue intitulée « VOYAGES à travers l’actualité mondiale » sous le titre

« La situation aŭ Indes »

J'ai longtemps hésité entre deŭ options: ou bien j'y ajoutais toute une série de commentaires narquois, d'ironie socratique, de comparaisons avec la réalité du temps, de questions, mais ça aurait risqué de noyer le texte d'origine, (par moment chaque mot mérite d'être décortiqué), ou bien je le laissait comme ça, "brut de décoffrage".

J'ai finalement choisi la deŭième. Voilà:

....

 

L’Angleterre ne se fait aucune illusion sur la gravité de la menace. Mais, fidèle à sa tradition, elle ne saurait admettre que les lois, à la faveur de l’agitation, fussent violées, et méconnus les droits de la Grande-Bretagne sur l’Inde, à laquelle elle a donné la paix et la prospérité.

 

….

 

La jeunesse des écoles est naturellement à la tête des défilés et cortèges. Elle anime les meetings par ses argumentations passionnées et, dans le compte-rendu que nous donne la presse anglaise de leurs discours et de leurs manifestes, nous retrouvons ces attaques contre l’impérialisme blanc, ces affirmations sentimentales qui ne se soucient pas des faits, toute une phraséologie révolutionnaire à laquelle nous ont accoutumés, depuis quatre ans, les évènements de Chine. Derrière ces intellectuels, fort capables de payer de leur personne pour la diffusion de leurs idées, il y a les millions d’hommes, de femmes, de toutes castes, que les doctrines de Gandhi ont longuement travaillés et chez qui le nationalisme n’est encore qu’à sa forme primaire : la xénophobie.

 

…..

 

Une agitation naquit qui ne trouva pas d’aliment auprès des masses, que le bien-être consécutif à une excellente situation financière éloignait des soucis politiques.

 

….

 

« Notre vice-roi est un peu trop orienté vers la Métropole où le vent souffle au libéralisme. Ici c’est un mot néfaste. Il ne saurait être question que de fermeté, cette fermeté tutélaire que vous avez su employer à l’égard des berbères et des arabes.

 

….

 

Les masses sont chauffées à blanc par les discours. Une hystérie collective anime les auditoires. Et un beau jour, les plus couards se découvrent une âme de martyrs, se jettent sur les baïonnettes et les mitrailleuses. Et alors c’est la catastrophe. On ne sait plus quand l’affaire s’arrêtera.

 

- Certes, c’est là le risque de la longanimité. Pour des peuples si différents de nous, qui ne nous connaissent qu’avec les attributs de la force illustrant ceŭ de la puissance, la patience est une faiblesse et le signe de la crainte. Ah ! s’il ne tenait qu’à nous, nous qui sommes de vrais amis des peuples soumis à l’empire et qui, parce que nous les connaissons, voulons les sauver malgré eŭ, nous saurions prendre les mesures de rigueur qui frappent de stupeur et, au prix d’un peu de sang, garantissent l’avenir.

 

….

 

- Il y aura cependant en Europe des esprits de qualité qui sentiront bien que vous défendez alors l’Europe même, sa civilisation, son génie.

 

- Ouais ! le beau billet ! Mais nous vaincrons néanmoins parce que nous n’avons pas fini de jouer notre rôle »

 

….

 

Nous ne saurions nous désintéresser de ce qui se passe là-bas. Non pas seulement pour les résonances que l’agitation hindoue peut éveiller en Indochine, mais encore pour cette seule raison que l’Angleterre, soldat de l’Europe en Asie, mérite d’avoir pour elle l’approbation des nations blanches, conscientes de leurs destinées. Toutes les nations d’Europe qui ont choisi d’être, pour des races différentes, incapables de progresser par leurs propres moyens, des protectrices et des éducatrices, sont étroitement solidaires. Et l’ennemi qui les menaces toutes est celui-là même qui, par delà les montagnes du Pamir, nourrit, sous couleur de nationalisme, les appétits des populations de l’Inde.