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26/10/2014

l'américano

Toujours, je me souviendrai de ces deux personnes, ce couple, qui descendaient 
je crois (ou bien ils montaient ?), dans l’autocar (à cette époque là il y avait
encore des lignes d’autocars, la France existait encore, et était encore un pays,
équipé, sociable et avec une épaisseur, ce n’était pas encore le désert du
SarkoLand libéral-fasciste) un matin, ou était-ce le soir ? il faisait crépuscule
en tous cas, quelque part dans la campagne entre Lille et Armentières je crois.

C’étaient un homme et une femme, tout à fait « populo » ces gens, et l’homme
proposait à la femme « ils ont des Americanos, tu ne veux pas prendre un
Americano ? c’est bon un Americano !" Et la femme l’air tragique lui disait à peu
près que c’était cher, et qu’il ne devait pas jeter par les fenêtre le peu d’argent
qu’ils avaient comme ça.

Je ne sais pas s’ils ont pris l’Americano.
C’était en ? 1973, 74 peut-être, à l’heure qu’il est ils sont certainement morts
(ils n’étaient déjà plus tout jeunes). Ecoutez : ils sont certainement morts à
l’heure qu’il est...
Et ces deux là je ne les oublierai jamais - à quoi ça tient ! - jusqu’à mon dernier
jour (une si passagère « rencontre », un si infime souvenir !) ; ils étaient si
touchants, humains, tragiques (oui, tragiques, c’est tragique la vie souvent, même
avant de finir), korŝiraj, les deux: la femme parce qu’elle était catastrophé par
l’irresponsabilité de son homme, toujours prêt à gâcher (et compromettre ?) les
maigres, sans doute, ressources du ménage pour des luxes tels que boire un
cocktail, et l’homme, parce que ce désir, cet appétit indestructible pour les petits
plaisirs de la vie, surtout dans une vie ingrate, même si c’est « irresponsable », eh
bien c’est ça la vie, sinon pourquoi naître, pourquoi être ? et il n’était pas égoïste,
il l’aimait bien sa moitié, raisonnable et menant sans doute une dure vie, et il ne
pensait qu’au plaisir de partager une bonne chose avec elle, c’est ça aussi l’amour !
Voilà ! je ne sais pas, je n’ai jamais su, et ne saurai jamais quelle fut leur
vie. Mais je me souviens toujours de ce moment d’autocar dans le demi-jour.

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