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22/06/2024

Oscar de Lubicz Milosz

Les Sept Solitudes, 1906


 
Aimez-vous l’odeur vieille des bruines de printemps ?
C’est le mois où sent bon la poussière des très vieux livres.
Un peu d’ennui d’ombre et de vent sous les grands saules frais
Et puis dormir, oublier ce qui fut, ce qui sera...
 
L’eau tinte, le lointain pleure et rit, les fleurs sont si faibles.
La jument blonde gaiement dévore un tout petit arbre
Et don Juan cherche la bouteille dans son bissac,
Don Juan, le maigre cavalier aux éperons d’or.
 
Une mouche drôle sur un brin d’herbe se balance.
Toutes les maîtresses extravagantes sont si mortes,
En nombre plus que suffisant se pendent les amis,
Et les naïfs alexandrins ne chantent plus dans l’âme.
 
Et l’on a fait bien bravement le pas qui séparait
Le sublime joli du tendre et triste ridicule.
Tout s’est envolé, décidément tout ! Ô toi fidèle
Bouteille, pourquoi donc n’as-tu plus ton goût de jadis ?
 
— Et voici — malgré la solitude du paysage
(Car les hirondelles ne sont pas encor revenues)
Juan Tenorio cache son visage dans ses mains.
— C’est le mois où sent bon la poussière des très vieux livres.

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