12/11/2019
vous saviez ça ?
non seulement "on n'est pas contemporain de son époque" (qui purrait me retrouver l'auteur de cette phrase si lucide ? merci d'avance !) mais on n'est même pas contemporain des époques passées ! qui savait qu'il y avait un tel mouvement de désertion dans l'armée allemande du temps de Guillaume II ?
Une fois de plus relire, non seulement les vieux Readers Digest ,comme je l'lai montré dans un autre billet, et les vieux "Science et Voyage" mais tous les vieux journaux (et l'almanach Hachette de1907, comme je l'ai montré dans un autre encore) est une mine de remises en cause du passé ! (et aussi de s'apercevoir que "rien de nouveau sous le soleil" ! par exemple dans le rôle, que le gouvernement et le grand capital fait jouer à la presse ....)
Aperita en « La Voix du Peuple », Lausanne la 20a de januaro 1906 :
(dizertoj en la Wilhelma Germanio)
Outre qu'il nous est égal d'être appelés
Gaulois, Teutons ou Helvètes, alors que
nous restons des salariés en face de la
grande est unique nation des capitalistes
indigènes, exotiques ou cosmopolites, il y
a d'autres faits qui détruisent, même au
au point de vue nationaliste, l'argumenta-
tion bourgeoise : c'est que le travail de dé-
sagrégation de l'armée se poursuit avec
une semblable vigueur un peu partout.
L'Eclair (Metz, 13 décembre 1905) si-
gnale ainsi une véritable épidémie de dé-
sertions dans les régiments de la garnison
de Metz particulièrement. On compte une
moyenne de 5 déserteurs par jour ; diman-
che 10 décembre, il y en eut 8. Le 16 e corps
d'armée allemand n'a pas perdu moins de
1200 soldats de cette façon. D'autres faits
plus attristants, mais non moins sympto-
matiques, prouvent que la caserne ne se
supporte plus, qu'elle ne répond vérita-
blement plus à la mentalité des hommes.
Le comte Zéryn l'avoue comme suit :
« Un nombre incalculable de jeunes
gens se soustraient annuellement par l'é-
migration au service militaire, les révol-
tes des soldats sont très fréquentes, et les
suicides se sont multipliés au point que
l'armée fournit 23 °/„ du nombre total des
morts volontaires de la nation entière.
Les autorités mettent tout en œuvre pour
empêcher que le public, que la presse con-
naissent la marche progressive de ces sui-
cides, de ces condamnations pour insou-
missions, de ces désertions. L'aversion des
Allemands pour le service militaire est si in-
tense que, an par an, des milliers de jeu-
nes gens cherchent à se soustraire à l'ap-
pel sous les drapeaux en se mutilant ou
en commettant des crimes pour être chas-
sés de l'armée comme criminels. »
Quand un organe, par l'évolution, est
destiné à disparaître, tel un appendice
caudal dans le corps de l'homme, il n'est
aucun pouvoir qui puisse le réorganiser,
le maintenir, le perpétuer. Ainsi en est-il
de l'armée : le peuple a compris qu'elle
n'est utile qu'à ses maîtres ; il l'a prise en
horreur, il s'en dégoûte, il n'en veut plus.
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