15/09/2022
c'est tout à fait ce qui se passe ! en France, en Suède, et ailleurs
Les leçons des élections en Suède.
13 septembre 2022
Nous parlons de la Suède mais sur tout le continent européen, on assiste au même mouvement ce qui nous confirme qu’il y a là une stratégie du capital qui a accompagné la déshérence des partis communistes dans la débâcle "bobo", (qui s'est manifesté en France à partir de 1983, mais qui a sans doute été planiiée dés avent). C’est l’aboutissement d’une dérive qui avait commencé comme dans les autres pays en 1980 par une soumission totale à des politiques de privatisation et d’attaque contre le monde du travail, dans l’entreprise comme dans les modes de consommation assortie d’une adhésion de fait à l’OTAN et à l’UE de la social démocratie comme de la droite modérée. On retrouve la même dérive des ex-communistes pour des raisons d’intérêts carriéristes, la lutte des places à défaut de la lutte des classes, qu’ils confondaient volontiers avec la lutte contre l’extrême-droite… Il faut mesurer jusqu’où est allée la dérive y compris durant le COVID et le scandale de l’euthanasie dans les maisons de retraite. Le pays de l’alternative social-démocrate après la chute de l’URSS a montré à quel point la tolérance aux conquêtes social-démocrates dépendait pour le patronat de la peur du communisme. Mais tout cela est mené par le capitalisme financiarisé et mondialisé qui fait monter l’extrême- droite avec la complicité des “élites” médiatiques et politiques en plein consensus. C’est dans ce contexte-là qu’il faut analyser le choix de rallier l’OTAN dans la croisade anti russe.
LE GOUVERNEMENT DE CENTRE GAUCHE BATTU ET L’EXTRÊME-DROITE DEVIENT LE PREMIER PARTI DE DROITE
Selon les premiers résultats portant sur plus de 94% des bulletins dépouillés, le gouvernement de centre-gauche semble être battu par l’opposition de droite-extrême droite.
Ainsi, le Parti du centre (centre-droite) remporte 6,10% des voix et conserve 24 sièges (-7). Le Parti de gauche (Vänsterpartiet) remporte 6,63% des voix contre 8% en 2018, les anciens communistes qui ont suivi le chemin pro-européen et de liquidation qui était celui de la direction du PCF avant le 38e congrès perdent 5 sièges au parlement et conservent néanmoins 23 mandats. Enfin, le dernier parti allié gouvernemental, Parti de l’environnement Les Verts, progresse avec 18 sièges (+2) et 5,02% des voix.
C’est la coalition de droite-extrême droite qui s’impose avec 176 sièges et 49,8% des voix. À sa tête, les Démocrates de Suède avec 20,71% des voix et 73 sièges (+11). Les alliés de l’extrême-droite reculent. Le Parti modéré de rassemblement (centre-droite) remporte 19,09% des voix et 68 sièges (-2). Les Chrétiens-démocrates remportent 5,36% des voix et 19 sièges (-3) et les Libéraux recueillent 4,58% des voix et 16 sièges (-4). Depuis quelques années, les partis de droite ont systématiquement intégré l’extrême-droite et cela a eu lieu comme en France dans un basculement des “élites” politiques et médiatiques à droite.
Ces résultats indiquent que la coalition gouvernementale n’a plus de majorité au parlement avec seulement 173 sièges sur 349. Les autres formations ne franchissent pas le seuil électoral des 4%. La participation importante encore a été de 80,62%, en net recul par rapport à 2018 (87,18%).
L’ÉVOLUTION D’UNE SITUATION MONDIALE
En Suède l’opposition de droite a été menée par les modérés conservateurs, un bloc formé par les libéraux, les Démocrates chrétiens et elle intégrait une Extrême-droite minoritaire. Le fait est que ce bloc a basculé au profit de l’extrême-droite : les Démocrates de Suède qui deviennent comme le prévoyaient les sondages le premier parti de la coalition de droite et que sous cette poussée le centre gauche ait perdu sa majorité constitue un résultat qui ne surprendra personne tant le scénario se renouvelle.
Les Démocrates de Suède sont issus de la montée du mouvement néonazi en Suède à la fin des années 1980. Ils ont assaini leur image publique mais une étude récente du groupe de recherche Acta Publica a révélé que beaucoup de ceux qui se présentent aux élections sous l’étiquette Démocrates de Suède sont membres du Nordic Resistance Movement, l’organisation néonazie scandinave qui lutte pour établir un État nordique totalitaire, racialement et culturellement «pur». Jimmie Åkesson, chef des Démocrates de Suède depuis 2005, a décrit la minorité musulmane suédoise comme notre «plus grande menace étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale». Il dénonce «l’alliance impie entre les libéraux et les "marxistes" […] unis dans un mépris commun pour l’identité nationale». Depuis ces années 1980, ils sont passés de 1,4 % des voix de l’électorat (2002) à 5,7 % (2010), à 12,9 % (2014) puis à 17,5 % (2018) et 20,71% aujourd’hui. Ce parti dont la trajectoire, on le voit comme en France et sous les mêmes influences, a été largement promu, véritable épouvantail il est peu à peu apparu comme la seule alternative à des partis qui se conduisaient comme en France et témoignaient d’un alignement sur la collaboration de classe.
Tout était à l’avenant : l’École suédoise, considérée comme l’une des plus performantes et égalitaires du monde il y a trente ans, est devenue un contre-modèle. La cause ? Une logique de marché et une privatisation galopantes creusant les inégalités. C’est à ce contexte là qu’il faut sans cesse revenir pour juger des responsabilités dans la montée de l’extrême-droite.
Nous sommes donc devant un phénomène mondial qui tient à l’absence de perspective révolutionnaire.
Le capitalisme à ce stade aggrave l’exploitation interne et a une démarche de plus en plus belliciste. Faire de l’extrême-droite un repoussoir et en même temps le faire monter par une politique de collaboration de classe assure la promotion dont le capital a besoin et en Suède comme en France la social-démocratie et le parti qui n’avait même plus le nom de communiste, ne s’intéressait qu’au sociétal, a favorisé la montée de l’extrême-droite. C’est non seulement une alternative à l’alignement de la gauche et des communistes sur la politique de la droite, face à des travailleurs écœurés, divisés et désespérés.
Mais la démarche a été encore plus loin que nous en France mais on voit bien que c’est celle que Macron met en place. En Suède cela s’est passé en 2014, lorsque le parti social-démocrate comme Macron aujourd’hui a alterné avec la droite modérée, Stefan Löfven n’avait pas la majorité et a proposé de rompre avec le traditionnel clivage gauche droite de la politique suédoise et il conclu une sorte d’accord avec le regroupement quadripartite de la droite qui lui assurait une majorité à la condition qu’il applique une discipline budgétaire totale en ce qui concerne les services publics, les acquis des travailleurs, les salaires et des mesures anti-immigrés. Cette politique a permis aux Démocrates de Suède de regagner du terrain lors des élections de 2018. Löfven y a vu une approbation et a rendu plus étroits ses liens avec le centre et les libéraux dans un accord connu sous le nom d’«accord de janvier». C’est sur cette base que la Suède a été gouvernée lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé et que Stockholm est devenu l’un des principaux partisans de la stratégie meurtrière de «l’immunité collective» dans le monde plutôt qu’un effort de santé. La “gauche” anciens communistes n’ont pas pipé mot et ont suivi en s’accrochant aux avantages de carrière de ce choix.
LE BUDGET MILITAIRE ET L’ADHÉSION A L’OTAN
Mais si l’austérité était de mise en matière de services publics et de droits sociaux, il n’en a pas été de même en ce qui concerne le budget militaire et là aussi nous voyons bien ce qu’il en advient d’une gauche qui feint d’ignorer ce contexte militariste et suit l’OTAN, se range par pur opportunisme derrière l’envoi d’armes létales en Ukraine. La Suède a augmenté fortement les dépenses de défense, réintroduisant le service militaire et envoyant des armes pour soutenir la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine. Les sociaux-démocrates ont abandonné leur opposition traditionnelle à l’alliance militaire de l’OTAN et ont mené la charge pour l’adhésion de la Suède, contribuant à transformer la Scandinavie en un autre front dans la campagne des puissances impérialistes visant à soumettre la Russie au statut de semi-colonie. Les sociaux-démocrates de Suède ont également joué un rôle de premier plan dans la persécution du lanceur d’alerte Julian Assange, dont le travail a révélé les crimes de guerre de l’impérialisme américain et de ses alliés.
Après une crise gouvernementale, le parti social démocrate a fini dans une débâcle totale en acceptant de mettre en œuvre un budget rédigé par les modérés et les Démocrates de Suède, la première fois qu’un budget suédois était co-rédigé par le parti d’extrême-droite. Quant aux ex-communistes, ils ont été assez immondes en justifiant à chaque moment leur participation carriériste par le danger de l’extrême-droite dont ils acceptaient de cautionner le programme. C’est l’aboutissement d’une dérive qui avait commencé comme les autres en 1980 par une soumission totale à des politiques de privatisation et d’attaque contre le monde du travail, dans l’entreprise comme dans le monde du travail et de soumission à l’OTAN et à l’UE, pour des raisons d’intérêts carriéristes qu’ils confondaient volontiers avec la lutte contre l’extrême-droite… Il faut mesurer jusqu’où est allée la dérive y compris durant le COVID et le scandale de l’euthanasie dans les maisons de retraite. Le pays de l’alternative social démocrate après la chute de l’URSS a montré à quel point celle-ci dépendait pour le patronat de la peur du communisme.
Les communistes bien sûr ont prétendu s’opposer à l’adhésion à L’OTAN mais dans le même temps ils soutenaient l’Ukraine et refusaient de voir ce qui provoquait la guerre ; ils jouaient les idiots humanistes. Le chef du Parti de gauche Nooshi Dadgostar a déclaré: «Ma position est que nous sommes plus en sécurité en Suède si nous sommes en dehors de toute alliance militaire. Mais il est important que nous ayons un large consensus. Que nous le fassions ensemble comme un seul peuple et une seule nation. Je ne suis pas souvent d’accord avec Carl Bildt [un ancien premier ministre conservateur et défenseur de longue date de l’adhésion à l’OTAN], mais sur cette question, je le suis. Il y a la gauche et il y a la droite, mais l’armée suédoise, c’est tous les Suédois ensemble.» C’était une longue tradition que ce soutien de fait par exemple à la guerre en Libye. Même complaisance en matière de xénophobie et des dangers de l’immigration. Dans le même temps où tout en acceptant le démantèlement des services publics, l’austérité, le chômage et en cautionnant les guerres impérialistes de la politique à laquelle ils participaient ils trouvaient des boucs émissaires commodes à la crise de leur propre société.
Danielle Bleitrach
(ah ! Danielle Bleitrach a bien compris ce qui se passe, et ce qui s'est passé depuis 1983)
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