Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/11/2021

odeur âcre, vivifiante et agréable, odeur de bois vert qui flambe

Des oliviers, roulés en boules comme des chats, dévalaient les pentes bleutées, de vieilles maisons couleur de maïs souriaient sous leurs tuiles fleuries. Et, continuant ce coteau, une autre colline apparaissait, d’autres encore, toutes se levant et se suivant à la file comme si elles faisaient un pèlerinage vers l’Occident. Dans la campagne s’allumaient des feux de feuilles mortes. De chacun de ces brûlots montaient des tourbillons de fumée. Ils étaient massifs, d’abord, comme une colonne ; puis s’amenuisaient, se fondaient peu à peu, s’en allaient en filaments ténus, en flocons bleus, en traits estompés qui se mêlaient au brouillard, si bien qu’on ne pouvait savoir si ce rideau qui tombait peu à peu était fait de brume ou de fumée. Et l’odeur des feuilles se mêlaient à l’air : odeur âcre, vivifiante et agréable, odeur de bois vert qui flambe.

Edmond JALOUX (Fumées dans la campagne, Fayard, édit)

lire aussi :
http://www.esprit-europeen.fr/etudes_europassion.html#pas...

 


 
Ce n'est pas tout il y a ausi les cheminées sans lesquelles une maison n'est pas une maison !

PLAISIR DES SENS

Un feu de cheminée commence par ces bûches que l’on choisit soigneusement, jaugeant de la main leur taille, leur humidité résiduelle ; que l’on place avec art puis triture, sourcil froncé, du bout du tisonnier. « Une magie s’installe et transforme l’ordinaire, résume Joël. Les petits craquements, la chaleur naturelle… Surtout quand il neige dehors et qu’on peut laisser la fenêtre ouverte près du feu... Il y a cette lumière tremblotante, qui est si belle. Et l’odeur de campagne. »A l’heure du coucher, lumières éteintes, feu se mourant doucement, demeure « une luminosité orangée, comme un coucher de soleil », qui ravit Brigitte, une parisienne de 52 ans, résidant rive gauche de la Seine. « Je suis d’origine corse. Je fais griller au feu les figatelli que la famille nous envoie. A la poêle, elles n’ont pas du tout le même goût. »
 
Avec un bon verre de vin ou une tasse de thé, un livre, un chat sur les genoux, un disque, des enfants enfin calmes, la pluie, la neige ou le ciel bas, dehors… Une flambée, nous dit-on, se savoure comme un petit bonheur du quotidien aux vertus apaisantes. Une parenthèse d’oisiveté volée aux emplois du temps trop chargés des bourgeois modernes "efficaces"! où les pensées vagabondent. Une « façon de résister à la folie urbaine », selon Mireille.« On bouquine, témoigne Brigitte, et au bout d’un moment, on lâche le livre, on regarde, on écoute le feu. On ne fait plus rien. On part dans ses pensées ».Marie, « luxe absolu », dispose d’une cheminée dans sa chambre. Elle y allume parfois un feu pour lire des manuscrits. « Le meilleur moment de la semaine… Après toutes les agressions de la ville, le temps se ralentit. La chaleur vous détend, vous enveloppe, vous anesthésie, vous rassure. C’est mieux que tous les tranquillisants, toutes les consultations psy. Encore plus fort que la musique pour créer une énorme bulle de bien-être. D’ailleurs, on parle de feux de joie. C’est évocateur, non ? »Pour Joël, qui s’installe une petite table devant le feu pour écrire, ou dîner, seul, « rêvasser pendant des heures, sans rien faire d’autre, sans s’ennuyer non plus, puisque l’imaginaire fonctionne », le feu de cheminée est « un état d’esprit ». « Un peu comme la terrasse au soleil, l’été, quand on prend un petit café en regardant les passants. Le temps est différent, suspendu, dans ce monde où l’on répond habituellement à dix mille choses en même temps…C’est goûter le temps qui passe ».

ENSEMBLE

La cheminée qui rougeoie a le pouvoir rare de faire sortir les enfants de leurs chambres, et même lever les yeux des tablettes, apprécie S......., père de trois enfants de 8 à 16 ans. « On se retrouve ensemble dans le salon, ce qui est relativement rare. On fait les devoirs, la petite dessine sur la table basse. On regarde le feu comme on regarde la mer, il a ce même mouvement perpétuel déstressant. On parle de moins en moins. Le volume sonore baisse. On pourrait s’endormir. » Davantage que la télévision, qui n’aimante plus guère les ados, la cheminée est le centre du foyer chez B...
.Convivial, intimiste, chaleureux… Avec les invités, le succès est presque trop facile. « Ça marche à tous les coups », nous assure-t-on. Après le « Oh, il y a un feu ! », chacun vient se chauffer le dos, puis demeure à proximité, verre à la main. Dans une pièce où se consume du bois règne une ambiance particulière qui se perçoit d’emblée, avant même que l’on ait repéré l’âtre. Et quand vient le moment de dîner, sait Joël, « si on ne parle pas, ce n’est pas grave. On regarde, on est bien