Francis Carco l'inégalable émotion (19/05/2020)
Autre Chanson
Tes yeux cernés, ta bouche avide
De baisers, ton corps svelte et droit
M’enchantent, mais j’ai l’esprit vide
Quand j’ai passé la nuit chez toi.
Aussi je m’en vais dans la rue
Où je traîne, rêvant, forgeant
Des vers, faisant le pied de grue
Devant des cafés, sans argent,
Et, lorsque après minuit je rentre
Dans ta chambre, tu sais très bien
Quel infernal et chaud lien
Nous r’accouplera ventre à ventre.
A BOHÊME ET MON CŒUR
Ah ! je t’aime ! Où donc es-tu
Ailleurs que dans mes poèmes ?
Voici l’hiver qui ramène
Mes chagrins noirs et têtus.
Les acacias frémissent
Quand le vent descend sur eux.
Tu te chauffais, sans chemise,
Toute nue au coin du feu.
La pluie battait la fenêtre ;
Le bois sifflait en brûlant…
… J’attends que le matin blanc
Se lève encor dans les vitres !
Français Carco (1913)
les Tilleuls, les Lilas d’Espagne…
à Michel Puy
Les tilleuls, les lilas d’Espagne et les sureaux
Sous l’averse chaude d’avril
S’épanouissent… Quand le soleil brillera-t-il ?
Ah ! quand chanteront les oiseaux ?…
L’herbe envahit le jardin tout entier…
Le chat s’endort dans le grenier
J’entends grincer la pluie en haut du toit
La girouette
Tourne sur elle trente-six fois
Et puis s’arrête…
Qui marche dans l’herbe mouillée,
Qui secoue l’arbre chargé d’eau,
Qui fait, sur ses vieux gonds rouillés,
Rouler la porte et qui touche au marteau ?..
Un volet bat. Du plâtre tombe dans les orties.
L’horloge sonne étourdiment,
Et, tout en écoutant le vent,
Je sens, contre les murs et les feuilles, la pluie
Continuer son rauque et doux crépitement…