of mice and men (29/12/2018)
Le sommeil quotidien, c’est le Néant qui te ressaisit. Chaque soir, le Néant te vient dire : Je t’ai laissé ouvrir les yeux devant l’Illusion éternelle ; hâte-toi, car tu es ma proie ; hâte-toi, car tes yeux mortels bientôt se fermeront à jamais.
Malgré le néant, où doit retomber ta personne humaine, malgré la cruauté de la vie, malgré la raillerie des choses, puisque de tous les êtres, par un mystère étrange, tu es le seul qui ait conçu l’idée de la vertu, l’idée du beau, et que ces idées te font grand et noble, garde précieusement cette noblesse qui t’oblige. Sois vraiment homme, c’est-à-dire un être nouveau dans la foule des êtres, qui s’est trouvé devant la dureté du Destin et n’a pas tremblé, devant l’Infini formidable et est resté debout, devant la Mort et l’a bravée, devant le Mal et l’a combattu, devant la laideur et l’a méprisée,
(Henri Cazalis)
"Alors elle (la souris) s’affola ; elle voulait fuir n’importe où et n’importe comment, elle tournait ou se lançait dans toutes les directions, et toujours, d’un coup de griffes, le chat la ramenait dans l’atelier. Il y eut un moment où l’on crut qu’elle allait se résigner à mourir, tant elle était tremblante et affaissée. Mais soudain, elle fit face à son bourreau. Elle s’était dressée si vite que son élan avait failli la renverser en arrière ; elle resta debout toute frémissante en agitant ses pattes de devant, tandis que sa petite gueule saignante laissait échapper des cris variés et suivis. Et chacune de nous comprit bien qu’elle accablait d’injures l’énorme monstre qui la regardait tranquillement assis en penchant la tête."
(Marguerite Audoux « L’atelier de Marie-Claire »)