en souvenir de Claude (17/07/2018)
priez pour lui ! (il était athée mais ça ne fait rien)
Claude R., né le 17 juillet 1940, mort le 19 mai 1992.
Famille aristocratique de petite noblesse italienne, région de Mondovi (Piémont) franc-alleu au Xème siècle.
Grand-oncle Général M. R. commandant du corps expéditionnaire italien (fasciste) dans la guerre d’Espagne, se trouve (j’ai la photo, de dos, sur une revue d’histoire, et il avait la même calvitie que Claude !!) parmi les négociateurs italiens de l’armistice de 1940 avec la France, ministre de l’Intérieur de Mussolini, a protégé la fuite de roi d’Italie en 1943. s’est enfui en pyjama, a été jugé comme criminel de guerre.
Famille très à droite: l’un a dit que « Le Figaro c’est un journal de gauche », vont à la messe du 21 janvier à la mémoire de Louis XVI.
Lui était marxiste révolutionnaire et Tiers-Mondiste, membre d’un parti trotskiste. (Mais plus intéressé par la généalogie des rois que par le l’histoire du mouvement ouvrier ! … et plus motivé par ses spéculations en bourse (et le soucis de laisser un héritage à ses petits-neveux) que par la défense des salariés agricoles, qui était la tâche de son dernier métier (contrôleur du travail agricole)
A, selon ses dires, a eu l’occasion de voir Mohammar Kadhafi et d’aller au Nicaragua au moment de la révolution Sandiniste. Dans sa jeunesse à été reçu en audience par le Pape, et à été présenté à la princesse Margaret, l’a rencontrée, et reconnue, en Martinique où elle voyageait incognito, lors d’une de leurs conversations elle lui aurait confié que des hommes ont été tués par les Services britanniques dans le but de protéger la fortune privée de la reine.
Sa nièce a épousé le Prince J. de B.-P., on la trouve dans l'arbre généalogique des B-P sur internet,(histoire : « bonjour Mons »…(-eigneur) – « Appelez-moi Jean ! », Plaisanteries sur "Grand-papa Louis XIV".
Il disait que l'ambiance dans sa famille ressemblait à celle chez les Duquesnoy dans le film "la vie est un long fleuve tranquille". Aimait raconter d'interminables anecdotes sur les menus (très menus !) incidents de ce milieu.
Mère née à Nyons, vieille famille de noblesse provençale, parente avec Condorcet.
Fiancé à 20 ans avec une jeune fille de son monde. Elle est morte dans un accident de voiture. Immense chagrin. Ce n’est que 30 ans plus tard qu’il commençait, comme il me l’a une fois confié, d’être capable d’en parler. Pendant ce temps il devait continuer à travailler, comme « acheteur » chez la filiale francaise d'une célèbre marque US d'automobiles, où tous les cadres devaient parler anglais (! …). Quand sa firme a acheté un service consistant à ficher les idées politiques de ses employés, a transmis l’information (hautement confidentielle !) au syndicat. Ca s’est su et il a été (par son oncle même !) marqué sur la "liste noire" du patronat. Ses possibilités de carrière en tant que cadre dans le privé étaient fichues. A étudié l’arabe aux « Langues O. » et est devenu guide touristique en Egypte et Tunisie. Se souvient, à ce qu’il aimait raconter, d’une nuit où invité dans la maison du guide égyptien, il a vu en enfant mourir, de misère, dans le quartier à deux pas des pyramides.
Contaminé par le virus du SIDA en Martinique, où il a donné des cours de droit à l'université puis a monté une agence immobilière. Y vivait avec une noire nommée E. (je l’ai vue quand on y est allé avec Denise).
Le premier repas ensemble à la pizzéria Don Camillo où il m’a dit « toi tu as la vie devant toi, moi elle est derrière moi », et j’étais étonné alors ne comprenant pas pourquoi il disait ça.
Retour en France en 1985. (pour devenir contrôleur du travail agricole sous la pression de sa mère qui craignait pour son avenir)
Aimait « déconner », le gros rire et la provocation.
Aimait imiter Fernand Raynaud et l’accent stéphanois (région "berceau" de sa famille au moment de sa naissance et enfance, lieu d’habitation de ses parents) Son père est mort en 1986 je crois (Il gérait les placements en actions du Saint-Siège). Vouvoyait sa mère.
Vivait rue Bellot (XIXème arrondissement quartier Stalingrad, alors en pleine rénovation) au 5ème étage sans ascenseur, quartier pauvre, immeuble miteux. Son appartement, un studio dont la cuisine était extrêmement petite (un boyau affreusement étroit!) valait 16 « millions » de francs (160 000 NF), quand il l’a acheté en 1985, quand il l’a revendu en 1991 : 32 millions ! (le prix d’une maison à Arras !) avec la même situation et seulement une douche intérieure et un WC chimique en plus !
Je me souviens, à chaque fois que c'était la pleine lune il regardait et me le faisait remarquer : http://www.ipernity.com/doc/16384/1449931?from=1449932
Passait parfois les nuits à aller de bar en bar le soir dans ce quartier et à jouer au seul jeu électronique existant à l'époque: le casse-brique. Parfois il s'amusait à surprendre les arabes en s'adressant à eux dans leur langue! (j'y ai assisté, et aussi à une discussion politique qu'il eu avec un stalinien palestinien sur la parvis de Beaubourg dans un de ces groupes informels de discussion, comparables à "Hyde park corner", qui se formaient spontanément en ce lieu....)
Sensible, aimait et respectait les êtres innocents, les animaux, les enfants.
Dernière visite chez lui, seul, à l’automne 1991, vu ensemble un film, puis je m’apprêtais à rentrer, a insisté pour que je reste encore manger avec lui (peur de la solitude). Quand je l’ai quitté dans son escalier en lui disant d’être en forme pour pouvoir m’accueillir en Guadeloupe, où il comptait s’installer et disait vouloir m’inviter (et il projetait déjà de me faire visiter la Dominique, hélas! maintenant je ne la verrai jamais) , je le regardais une dernière fois persuadé que je ne reverrai jamais et qu’il allait bientôt mourir. En fait je l’ai revu, il est encore revenu une fois chez moi , c’est cette fois qu’il m’a saisi par le bras en disant « laisse ! j’ai peur. » jusque sa peur soit passée. Il est allé voir Isabelle à Saint-Pol/Ternoise et regretté de ne pouvoir caresser son chat car les médecins le lui interdisaient.
Je l’ai conduit à la gare l’ai vu prendre le train : c’était la dernière fois. Par la suite je l’ai eu une ou deux fois au téléphone depuis la Guadeloupe, la dernière fois il disait « je suis en train de devenir aveugle » . puis ça n’a plus répondu, et je n’ai eu qu’un noir qui m’a déclaré « il est en métropole ». En mai 1992 au chateau de Chambord je lui acheté une carte postale avec l’arbre généalogique des B.-P. et l'ai envoyé à l’adresse de sa mère. La réponse était dans une enveloppe qui n’était pas de son écriture. J’ai compris avant même d’ouvrir.