moi en 2002 (06/01/2018)
écrit sur mon journal intime en 2002 :
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Je n’ai pas la fécondité littéraire d’un Cioran pour être capable d’exprimer cette souffrance, ce regret vain de ne pouvoir embrasser toutes les vies des hommes du passé (de l’époque 1800 par exemple) dans mes bras vains, de ne pouvoir les assimiler à ma chair vaine, ni d’avoir les vains sentiments à la mesure de cette vaine tâche. Et puis d’être trop petit pour toute la quantité de vie possible. Que tous les autres laissent de côté sans la voir.
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Voici venir la belle saison, i. e. le temps des brouillards, si beaux brouillards, la saison où je me retrouve seul au milieu des français-moyens à la con, larves sans vie annexées à leurs voitures. Le temps où il faut se taire. (4/11/92)
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Eliot, tu es une pauvre petite bébête. Et le pire c’est que c’est vrai. Pauvre petit rond de chair vivante ; mystère de l’être, du destin, de la conscience, du temps, de la création ; pauvres petits ronds de chairs vivantes de par l’espace.
4)S Les bonnes-femmes comme C. ça n’est pas étonnant qu’elles n’aiment pas les études et que la culture elles n’en aient rien à fiche. Les études c’est ce que font les enfants, donc c’est indigne d’un adulte ; la culture c’est ce à quoi sont initiés les enfants donc un adulte laisse ça de côté ( y compris la poésie, que notre époque a ravalé au rang de gadget pédagogique, et à part ça on s’en détourne complètement ; idem la philosophie, ce qui est sinistrement révélateur). Les ragots de couloirs et les papotages vides et oiseux : voilà qui est bien plus intéressant ! et les mesquineries irrationnelles, voilà la seule chose digne des adultes !
La joie, la curiosité, l’intérêt sérieux, la fantaisie imaginative, ce sont des trucs d’enfants ; aux adultes seuls siéent le rire gras ou raciste, les plaisanteries niaises de rigueur et la langue de bois et la négociation des magouilles.